| 4 janvier 1880 On nous écrit le 2 janvier.
 La débâcle de la Vezouse a occasionné l'inondation partielle de 
				la ville de Blâmont jeudi matin, malgré les travaux qui avaient 
				été exécutés d'après les ordres de la municipalité qui cependant 
				avait pris toutes les mesures de prudence usitées en pareil cas.
 Grâce au dévouement et à l'activité de M. Brice, maire, qui a 
				passé la plus grande partie de la nuit sur les lieux menacés, on 
				a pu éviter des dégâts plus considérables.
 Il y avait 0,80 c. d'eau sur la place principale et la rue de 
				Domèvre était transformée en un véritable cours d'eau charriant 
				des glaçons énormes.
 Une passerelle établie en aval de la ville a été rompue, malgré 
				toutes les précautions prises pour la préserver.
 On s'accorde généralement à penser qu'un débouché plus 
				convenable du pont construit sur la route nationale, dans 
				l'intérieur même de Blâmont, aurait pu diminuer sensiblement les 
				effets de l'inondation.
 
 17 janvier 1880Le 12 janvier, dans la soirée, un cultivateur de Nonhigny, M. 
				Boudot, revenait à son domicile. A quelque distance du village, 
				son cheval s'emporta et la voiture fut renversée. Des gendarmes 
				témoins de l'accident, relevèrent M. Boudot qui était grièvement 
				blessé, et, aidés de plusieurs habitants, le transportèrent à 
				son domicile. Le docteur Mayeur appelé aussitôt, déclara que la 
				vie de M. Boudot, n'était pas en danger, malgré la gravité et le 
				nombre de ses blessures.
 
 1er février 1880INCENDIE A BLAMONT. - Le jeudi 29 courant, à quatre heures du 
				matin, un incendie s'est déclaré à Blâmont, dans une maison 
				située dans la Grande-Rue.
 La population, éveillée par le son des clairons et celui du 
				tocsin, s'est portée en foule sur le lieu du sinistre, où les 
				pompiers s'étaient déjà rendus avec les pompes de la ville. M. 
				le maire, la gendarmerie et les agents de police ont organisé 
				immédiatement des chaînes, en attendant que la pompe aspirante 
				et foulante, qui ne pouvait manoeuvrer à cause de la gelée, car 
				on avait une température de 20 degrés au-dessous de zéro, fût 
				mise en état d'alimenter les autres pompes qui travaillaient 
				déjà.
 Tous ont rivalisé d'ardeur. Les pompiers principalement, sous 
				l'habile direction de leurs officiers, ont fait des prodiges et 
				sont parvenus à concentrer l'incendie dans son foyer. En une 
				heure, ils se sont rendus maîtres du feu. Une seule maison a été 
				la proie des flammes ; mais les deux voisines sont légèrement 
				avariées.
 Les pompiers de Frémonville et de Barbas étaient accourus avec 
				leurs pompes, qui n'étaient plus indispensables au moment de 
				leur arrivée, et dont on n'a pas fait usage, mais ils n'en 
				méritent pas moins la reconnaissance de la population, ainsi que 
				les pompiers de Repaix et de Gogney, qui se sont joints à eux et 
				lui ont fourni leurs secours manuels.
 Par suite de ce sinistre, six familles se trouvent sans abri et 
				se recommandent à la sympathie publique.
 Le propriétaire et deux locataires seulement étaient assurés aux 
				compagnies de l'Aigle, de la Générale et de la Nationale. Les 
				pertes sont évaluées à environ 17,000 francs, dont 15,000 à la 
				charge desdites compagnies. La rumeur publique prétend que la 
				malveillance ne serait pas étrangère à ce fatal événement ; mais 
				on ne peut rien dire de positif à cet égard.
 
 8 février 1880Le 1er février, à Emberménil, on a volé dans une chambre de M. 
				Morche, une bague en or estimée 38 fr.
 
 10 février 1880Notre compatriote, M. E. Marin, de Blâmont, chef d'escadrons au 
				8e hussards, vient d'être appelé à l'état-major général du 
				ministre de la guerre.
 
 - Le 3 février un incendie a éclaté à la ferme de Grandseille, 
				écart de Verdenal. Le feu a détruit un bâtiment contenant les 
				fourrages. Les pertes évaluées à 7,300 fr sont assurées. La 
				cause de l'incendie est inconnue.
 
 11 février 1880BIENFAISANCE. - A l'occasion du décès de Mme veuve Lemant 
				Lazard, sa mère, M. Léo Lemant, sous intendant militaire de 1re 
				classe, a versé au nom de la famille une somme de cent francs à 
				l'hospice et une autre de 50 francs au bureau de bienfaisance de 
				la ville de Blâmont.
 
 17 février 1880La compagnie d'assurance l'UNION a fait remettre à M. le maire 
				de Blâmont la somme de cinquante francs, pour être versée à 
				titre de gratification à la caisse de la compagnie des 
				sapeurs-pompiers de cette ville.
 
 20 février 1880Une douzaine d'individus qui s'étaient échappés de la prison de 
				Haguenau et qui sont détenus à la maison d'arrêt de Nancy seront 
				reconduits demain à Avricourt pour être remis à l'autorité 
				allemande.
 
 12 mars 1880LITTÉRATURE CLÉRICALE. - On nous communique une brochurette 
				immonde qui sort des presses cléricales. On nous affirme qu'elle 
				a été distribuée aux élèves d'une école congréganiste de 
				Blâmont. Nous prions les journaux de la congrégation de nous 
				dire si le fait est vrai, oui ou non.
 En attendant leur réponse, voici des extraits de ce pamphlet 
				dirigé contre les francs-maçons. On y verra de quelle façon les 
				cléricaux entendent la polémique.
 « Cet animal là (le franc-maçon) a l'instinct du calcul ; il ne 
				vit que pour éteindre et empoisonner toute vie.... Cette société 
				d'hommes hait la lumière... L'église a le grand jour... La 
				franc-maçonnerie vise à l'âme pour la corrompre, et la débaucher 
				en l'éblouissant... Elle flatte perfidement toutes les bassesses 
				du coeur humain... Les francs-maçons sont les stercoraires de 
				l'humanité. .. L'église est la vérité même, la franc-maçonnerie 
				est le mensonge incarné... On entrevoit, dans ces forcenés, un 
				esprit étranger... C'est satan qui vit en eux... Grâce à ces 
				vendus, il y a entre l'abyme et la terre d'atroces 
				familiarités... Le père du mensonge semble leur verser dans les 
				veines un fluide brûlant.
 Leur regard n'est pas celui de tout le monde; il y a dans le 
				leur du furtif,du fauve, du sombre. Derrière ce regard est une 
				âme satanisée. La franc-maçonnerie commence par proscrire les 
				religieux et les ordres de l'Eglise qui donnent 
				l'enseignement.... Rien ne les arrêtera plus (les 
				francs-maçons). Malheur aux riches, aux propriétaires grands ou 
				petits, malheur aux familles... Le monde sera livré au pillage 
				et à la guillotine!... Ils veulent débrider toutes les passions 
				pour qu'elles boivent à tous les ruisseaux. Ils hennissent sans 
				pudeur aux brûlantes lubricités. Sous le nom de divorce, leur 
				lascif projet précipite l'imagination dans la fange du porc et 
				du bouc... Sous l'oeil du premier grand-maître, Satan, sont 
				débattus les plans les plus criminels contre toute autorité 
				légitime !... L'histoire de la franc-maçonnerie est semée de 
				dates funèbres. 93, le 21 janvier, la Terreur, 1830 (!!!), 
				1848... »
 Ces citations montrent quelle haine venimeuse et répugnante est 
				concentrée dans certaines publications religieuses.
 
 18 mars 1880LA SOEUR DE BLAMONT . - Nous avons demande la semaine dernière 
				aux journaux de la congrégation si, oui ou non, la soeur qui 
				dirige l'école de Blâmont a distribué aux enfants une brochure 
				aussi malpropre qu'odieuse dirigée contre les francs-maçons.
 Nous apprenons à l'instant que la chère soeur a été révoquée 
				après une enquête administrative, au cours de laquelle on a 
				découvert entre les mains des élèves d'autres brochures du même 
				genre.
 
 19 mars 1880Petite Guerre
 M. la préfet a fait bonne et prompte justice : la soeur de 
				Blâmont qui a distribué aux enfants de son école cette ignoble 
				brochure dont le Progrès a publié des extraits, a été révoquée. 
				Il reste à savoir si elle est seule coupable, si d'autres 
				congréganistes n'ont pas commis la même faute.
 Ce n'est pas la soeur de Blâmont qui a pris l'initiative de la 
				distribution de ces pamphlets orduriers : c'est un comité qui 
				fonctionne à Nancy. Ce comité a-t-il réservé ses faveurs à la 
				soeur de Blâmont ou bien a-t-il dans sa munificence, expédié des 
				ballots analogues à d'autres institutrices : tout porte à le 
				croire.
 L'institutrice congréganiste est entre les mains du parti 
				clérical et monarchique comme un instrument : C'est le canal par 
				lequel les anciens partis pénètrent jusqu'à l'enfance. Ils 
				comptent sur elle pour déposer dans l'esprit des enfants les 
				germes de la foi légitimiste, pour inspirer aux jeunes 
				générations la haine des institutions libres.
 Les institutrices congréganistes sont d'autant plus monarchistes 
				qu'elles sont plus ignorantes. Un inspecteur primaire demandait 
				un jour aux élèves de l'une d'elles en quelle année la première 
				République avait été proclamée en France. Comme aucune d'elles 
				ne répondait, la soeur, qui n'était pas brevetée, intervint et 
				dit : « M. le curé me défend d'enseigner ces choses-là. »
 Placé entre l'autorité universitaire et l'autorité 
				ecclésiastique, l'institutrice congréganiste n'hésite jamais; 
				elle prend toujours parti contre l'autorité universitaire. Elle 
				donne ce singulier spectacle d'une subordonnée qui n'accepte pas 
				de subordination.
 L'action de l'inspecteur est presque nulle sur le personnel des 
				soeurs : c'est dans les écoles des bonnes soeurs, que pénètrent 
				en dernier lieu les nouvelles méthodes d'enseignement. Nous 
				avons sur ce point le témoignage formel de plus de dix 
				inspecteurs d'académie.
 Grâce à la vigilance des administrateurs républicains, les 
				progrès scolaires ne seront plus longtemps entravés. La lettre 
				d'obédience sera supprimée et pour avoir le droit d'enseigner, 
				il ne suffira plus de rouler les grains d'un chapelet, il faudra 
				de plus savoir. Voilà bien l'esprit révolutionnaire : obliger de 
				bonnes soeurs, qui veulent enseigner, à apprendre quelque chose.
 Il n'en est pas moins vrai que si l'affaire de Blâmont s'était 
				passée sous le 16 mai, la solution eût été très probablement 
				tout autre. D'abord la soeur, au lieu d'être révoquée, aurait 
				été félicitée, peut-être lui eût-on conféré les palmes 
				d'officier d'académie. Puis on lui aurait conseillé d'intenter 
				un procès au Progrès. Comme la preuve de la distribution est 
				toujours difficile, on eût fait venir les parents des élèves et 
				on les aurait circonvenus. Puis ce cher Progrès aurait été 
				condamné une fois de plus à payer quatre mille francs d'amende, 
				et à subventionner, bien malgré lui, l'enseignement 
				congréganiste.
 Le clérical a une force de négation prodigieuse : pris en 
				flagrant délit, il commence toujours par nier.
 Quand nous avons annoncé l'autre jour la distribution de la 
				soeur de Blâmont, les journaux cléricaux de Nancy ont commencé 
				par nier.
 Dans l'affaire du curé de Gironcourt, ils ont nié également.
 Germiny pris en flagrant délit d'horlogerie sous cutanée nia de 
				même.
 J. K.
 
 23 mars 1880ECOLE DE BLAMONT . - Le conseil municipal a été appelé à 
				examiner la situation faite à l'école des filles par la 
				révocation méritée de la soeur qui avait distribué des brochures 
				ordurièrés. Il a décidé que les soeurs seraient remerciées et 
				s'est prononcé pour leur remplacement par des institutrices 
				laïques.
 
 31 mars 1880Le 24, un incendie a endommagé quatre hectares de la forêt de 
				Leintrey. Les pertes sont estimées à 2,000 fr. On pense que 
				l'incendie est dû à un charbon qui serait tombé d'une locomotive 
				sur les herbes sèches.
 
 7 avril 1880L'INSTITUTRICE DE BLAMONT . - Mlle Robert, institutrice laïque à 
				Lebeuville, est nommée à Blâmont, en remplacement de la soeur 
				qui avait distribué des brochures malsaines aux enfants de son 
				école.
 
 5 mai 1880Le 1er mai, à Gondrexon, le feu s'est déclaré dans une forêt 
				appartenant à M. Morlot, marchand de bois à Nancy, et y causé 
				des dégâts pour une somme de 500 francs.
 
 19 mai 1880POMPIERS DE BLAMONT. - La compagnie des pompiers de Blâmont qui, 
				seule de notre département, avait envoyé une subdivision au 
				concours de Bar, a obtenu une des sept médailles d'argent 
				accordées par le ministre de l'intérieur. Cette distinction 
				méritée restera un titre d'honneur pour cette brave compagnie 
				dont nous avons plus d'une fois l'occasion de louer le 
				dévouement.
 
 20 mai 1880Le 15 mai, à Reillon, on a trouvé dans un ruisseau le cadavre 
				d'un enfant nouveau-né. Le docteur Virlet de Blâmont a déclaré 
				que l'enfant était né viable et que la mort remontait à près de 
				quinze jours. Une domestique, soupçonnée d'être l'auteur du 
				crime, a quitté le pays.
 
 25 mai 1880Le 20, à Blâmont, le feu a détruit une meule de paille 
				appartenant à M. Boubel. Perte non assurée, 260 francs.
 
 Le 20, un coquetier de Xousse, M. Veltin, est tombé d'une 
				voiture qu'il conduisait sur la route d lgney. Les roues lui ont 
				passé sur le corps et lui ont fait de graves blessures aux 
				reins.
 
 29 mai 1880Dans la nuit du 24 au 22 des malfaiteurs ont essayé de fracturer 
				les portes d'une maison appartenant à M. Vanier, notaire à 
				Blâmont.
 
 12 juin 1880La foudre est tombée sur la gare de Deutsch-Avricourt et sur une 
				ferme aux environs de Gogney et a causé un commencement 
				d'incendie.
 
 15 juillet 1880Le 10, un garçon meunier de Lunéville, nommé Pierre Meunier, est 
				tombé de voiture près de Domjevin. Les roues lui ont fait de 
				graves contusions au genou droit et à la tête.
 
 18 juillet 1880CONSEIL GÉNÉRAL
 Elections du 1er août 1880.
 CANTON DE BLAM0NT.
 M. Brice adresse aux électeurs du canton de Blâmont la 
				circulaire suivante :
 Mes chers concitoyens,
 Le mandat que vous m'avez confié il y a six ans est expiré, je 
				viens de nouveau solliciter vos suffrages pour vous représenter 
				au conseil général.
 Je n'ai pas à renouveler une profession de foi ; vous savez tous 
				que je suis franchement républicain, et que, agriculteur, je 
				suis à même de connaitre les besoins de la plupart d'entre vous.
 Mes adversaires, profitant de ce qu'une circonstance malheureuse 
				m'a obligé de m'absenter quelquefois, répandent le bruit que je 
				dois quitter le pays et que si je suis élu, vous n'auriez plus 
				de représentant habitant le canton; ne croyez rien de ces 
				assertions mensongères qui ne sont répandues que dans 
				l'intention bien évidente de nuire à ma candidature.
 Je continue à habiter Blâmont et je suis toujours, comme par le 
				passé, tout disposé à me dévouer à vos intérêts.
 Vive la République.
 BRICE,
 Agriculteur, maire de Blâmont, conseiller général sortant.
 
 20 juillet 1880M. d'Hausen.
 Jusqu'à présent le parti monarchique de Meurthe-et-Moselle n'a 
				réussi à nous opposer qu'une seule candidature pour le conseil 
				général. C'est celle de M. d'Hausen dans le canton de Blâmont. 
				Ce choix est maladroit s'il en fut, car il est en con tradiction 
				absolue avec les principes que nos adversaires se flattent de 
				défendre.
 Les monarchistes de Meurthe-et-Moselle ont toujours prétendu que 
				les cantons agricoles doivent être représentés au conseil 
				général par des agriculteurs. De notre côté, chaque fois qu'un 
				agriculteur a bien voulu accepter la candidature, nous la lui 
				avons offerte. C'est ainsi que, notamment dans le canton qui 
				nous occupe, M. Brice a été choisi. Le conseiller général de 
				Blâmont n'est pas, comme certains conseillers monarchiques, un 
				agriculteur de fantaisie : il a passé sa vie dans les rudes 
				travaux des champs. Il a manié la charrue et la herse. Il 
				connaît les besoins de l'agriculture comme un industriel connaît 
				les besoins de son industrie.
 Si donc nos adversaires avaient quelque sincérité, ils se 
				garderaient bien de combattre un tel homme et surtout de lui 
				opposer un candidat qui n'est rien moins qu'agriculteur.
 Ils éviteraient de présenter un ingénieur dans un canton 
				agricole, de donner un démenti à leurs principes, de prouver que 
				leur dévouement à l'agriculture est tout à fait artificiel et 
				qu'ils ne sont pas sérieusement partisans de la représentation 
				des cultivateurs par un cultivateur.
 Nous espérons en tout cas que désormais,, s'il nous arrive 
				d'appuyer dans certains cantons, à défaut de candidatures 
				exclusivement agricoles qui font parfois défaut, des médecins ou 
				des notaires, les monarchistes auront la bonne foi de ne plus 
				nous le reprocher. Car nos médecins, nos notaires, nos 
				propriétaires, vivant à la campagne, connaissant ses besoins, se 
				mêlant à la population, n'ayant aucune morgue aristocratique, ne 
				se flattant pas d'appartenir a une aristocratie supérieure au 
				peuple, sont mieux en situation de défendre les intérêts de la 
				culture que les candidats qui ne voient dans un siège au conseil 
				général qu'un piédestal pour combattre de plus haut les 
				institutions républicaines.
 
 REMISE D'UN DRAPEAU.- M. le maire de Frémonville a prononcé 
				l'allocution suivante devant la compagnie des sapeurs-pompiers :
 Messieurs,
 En venant chercher votre drapeau, vous me permettrez de vous 
				rappeler ce qu'il signifie. Cet étendard aux trois couleurs 
				signifie union de toutes les classes de la société, il est pour 
				tous le symbole du devoir, de l'honneur et du dévouement à la 
				patrie.
 Célébrons joyeusement cette première fête de la République, que 
				le Parlement vient d'instituer, et qui se répétera tous les ans.
 Cette date mémorable du 14 juillet 1789 marque dans l'histoire 
				le commencement de notre grande Révolution; elle fut le point de 
				départ de l'émancipation du peuple français.
 En vous rendant à l'appel que je vous ai adressé, vous montrez 
				combien vous êtes soucieux du respect de la loi en même temps 
				que vous faites acte de patriotisme.
 Le soir, un banquet réunissait le maire et les pompiers. L'un de 
				ceux-ci porta le toast suivant : Monsieur le maire, 
				permettez-moi de vous exprimer notre gratitude pour l'honneur 
				que vous nous avez fait en assistant à notre fête. C'est celle 
				de la nation mais aussi en particulier la fête de la fraternité 
				qui unit tous les hommes de cette compagnie. Comme vous l'avez 
				si bien dit ce matin, notre drapeau nous rappellera toujours 
				notre devoir. Nous serons heureux de le remplir longtemps sous 
				votre sage administration, nous efforçant à l'heure du danger de 
				toujours mériter votre approbation et votre estime !
 
 Ogéviller. - On nous écrit de cette commune :
 Le 13 juillet, des salves furent tirées; la plupart des édifices 
				communaux étaient pavoisés de drapeaux aux couleurs nationales. 
				M. Roussel, maire d'Ogéviller et membre du conseil 
				d'arrondissement, avait désigné lui-même les points où devaient 
				être placés les drapeaux.
 Le jour de la fête, des salves ont été tirées sans interruption 
				depuis trois heures du matin jusqu'à dix heures du soir. Dans la 
				soirée, brillantes illuminations; des lanternes vénitiennes, 
				placées avec goût, produisaient un effet charmant. En aucune 
				circonstance, l'affluence des promeneurs n'a été aussi 
				considérable.
 Un jeune homme, connaissant la musique, a excité l'entrain en 
				jouant la « Marseillaise. » Il a été accompagné par toute la 
				jeunesse.
 Plusieurs personnes, parmi lesquelles on compte un certain 
				nombre de conseillers municipaux, se sont distingués par un 
				empressement, digne d'éloges, à pavoiser et à illuminer leurs 
				demeures.
 Les employés des douanes et des postes ont fait de même.
 Un abonné.
 
 21 juillet 1880COLLÈGE DE BLAMONT. - Depuis un certain temps, des personnes 
				intéressées ou mal intentionnées font circuler dans les 
				campagnes des bruits peu flatteurs pour le collège de Blâmont, 
				dont elles annoncent la chute prochaine. Ce sont des 
				insinuations mensongères dont elles voudraient profiter. Jamais 
				cet établissement n'a été plus prospère, et aucune institution, 
				proportion gardée, n'obtient autant de succès dans les examens. 
				Dernièrement encore un de ses élèves de quatrième, le jeune 
				Colin, a concouru avec des élèves des classes supérieures pour 
				l'obtention d'une bourse au lycée : il a été admis avec le no 5.
 Au reste, les jeunes gens qui ont quitté, jusqu'à présent, le 
				collège, pour poursuivre leurs études, occupent presque toujours 
				les premières places dans les établissements où ils se rendent 
				pour les compléter.
 Le conseil municipal, voulant montrer au directeur, M. Gérardin, 
				combien il apprécie ses efforts et ses succès, ainsi que les 
				services qu'il rend, non seulement à Blâmont, mais à toute la 
				région, vient, par une délibération du 24 mai dernier, qui sera 
				soumise à l'approbation préfectorale, de lui continuer, jusqu'au 
				15 août 1887, la direction de son collège.
 
 28 juillet 1880L'élection de Blâmont
 L'élection du canton de Blâmont présente un intérêt particulier. 
				C'est le seul canton où nos adversaires aient osé poser une 
				candidature monarchique en face du conseiller général 
				républicain qui occupe le siège. Partout ailleurs ils se bornent 
				à défendre leurs positions ; ici, ils essayent de nous enlever 
				une des nôtres.
 Ils n'y réussiront pas : le terrain de la lutte est mauvais pour 
				eux. Le canton de Blâmont est républicain : il ne veut être 
				représenté au conseil général que par un républicain. M. 
				d'Hausen ne l'est pas, loin de là. Il se présente aux électeurs, 
				appuyé sur cette coterie turbulente qui a fait le 24 mai et le 
				16 mai, qui a failli acculer le maréchal de Mac-Mahon à un coup 
				d'État et qui ne désespère pas encore, en ce moment, malgré les 
				leçons qui lui ont été données, de restaurer la monarchie.
 Or des rois et des empereurs, nous n'en voulons plus : nous 
				savons ce qu'ils coûtent. La monarchie c'est la révolution, 
				l'empire c'est la guerre. Révolution et guerre sont la ruine 
				pour le pays.
 Nous voulons vivre en paix, ne plus nous exposer aux aventures, 
				conserver pour nos représentants, c'est à-dire pour nous, le 
				droit de ne pas déclarer la guerre, de ne pas nous laisser 
				engager malgré nous par une femme comme en 1870. M. Brice 
				représente l'idée républicaine; M. d'Hausen, l'idée monarchique. 
				M. Brice prend le mot d'ordre de ses électeurs. M. d'Hausen 
				prend le mot d'ordre d'un parti dont le chef est hors de France. 
				M. Brice ne songe qu'à faire les affaires de ses électeurs ; M. 
				d'Hausen fera les affaires de son parti.
 En nommant M. Brice, les électeurs de Blâmont nomment un des 
				leurs, un enfant du peuple, un homme qui ne doit rien qu'à son 
				travail, un homme qui n'a nul souci des particules nobiliaires, 
				des hochets de la vanité mondaine, un homme qui croit que tous 
				les hommes sont égaux en droit, que les vieilles distinctions 
				aristocratiques ont fait leur temps, que la classe de la société 
				qui se dit noble est toujours portée à s isoler, qu'en dehors 
				des périodes électorales, elle ne se plaît pas à fréquenter les 
				travailleurs des champs, qu'elle reste en un mot une classe 
				infatuée d'elle-même et désireuse d'être, comme elle dit, une 
				classe dirigeante.
 Nos pères ont fait 1789 pour établir l'égalité civile, pour en 
				finir avec les distinctions arbitraires, pour faire de tous les 
				Français des citoyens. Restons fidèles à cet esprit et quand 
				nous avons le choix entre un candidat vraiment libéral et un 
				candidat d'ancien régime, nommons le premier : c'est la vraie 
				manière de servir nos propres intérêts.
 
 30 juillet 1880BLAMONT. - Dans son numéro du 27 juillet, le Journal de la 
				Meurthe prétend que M. Michaut a eu la majorité des voix dans le 
				canton de Blâmont ; c'est .une erreur : M. Michaut a eu 1615 
				voix, M. Cosson 1776. La majorité du canton est donc 
				certainement républicaine et du reste, dans les 1615 voix de M. 
				Michaut il faudrait en déduire un certain nombre qui ont été 
				obtenues par les moyens que l'on sait.
 - On fait à M. Brice un grief, de la transformation de l'école 
				congréganiste en école laïque. On oublie lés circonstances 
				particulières qui ont imposé ce changement. Une soeur avait 
				distribué à ses élèves un odieux pamphlet contre les 
				institutions actuelles. Quels sont parmi les électeurs de la 
				campagne, même religieux pratiquants, ceux qui approuveront une 
				soeur d'école qui fait de la politique en classe, et quelle 
				politique !
 M. d'Hausen invoque beaucoup les souvenirs laissés dans le 
				canton par M. Mathis de Grandseille, son beau-père ; c'est une 
				maladresse. M. Mathis n'était rien moins que populaire. Il 
				s'était même créé pendant la guerre des difficultés très gravés 
				avec certaines communes du canton qui ne le lui ont pas encore 
				pardonné aujourd'hui.
 
 31 juillet 1880BLAMONT. - Il n'est pas de bruit absurde que les partisans de M. 
				d'Hausen ne mettent en circulation. Ainsi ils ont prétendu ces 
				jours derniers que si M. Brice était élu nous aurions la guerre.
 C'est une calomnie qui ne mérite même pas d'être discutée. Le 
				gouvernement républicain auquel est dévoué M. Brice est le 
				gouvernement pacifique par excellence, tellement pacifique que 
				l'envoi de six officiers en Grèce ayant été commenté de diverses 
				façons, cet envoi a été immédiatement contremandé. La mission 
				n'est pas partie et ne partira pas. Ce fait, absolument 
				incontestable, prouve avec quel soin scrupuleux le gouvernement 
				de la République évite de s'engager dans les questions de 
				politique extérieure.
 Non seulement nous ne ferons pas la guerre, mais encore nous ne 
				fournirons à personne, l'occasion de nous chercher querelle.
 Le gouvernement républicain ne commettra jamais les imprudences 
				commises par le gouvernement de l'ordre moral. Si la paix 
				pouvait jamais être menacée, ce ne serait pas par la victoire 
				des candidats républicains, ce serait par la victoire des 
				monarchistes, car on sait que les monarchies cherchent toujours, 
				dans des expéditions extérieures, une diversion à leurs embarras 
				intérieurs. Quant à l'agriculture, elle trouvera dans M. Brice 
				un défenseur plus convaincu et plus pratique que dans M. 
				d'Hausen. M Brice croit, avec tous les agriculteurs de 
				profession, que la meilleure manière de protéger l'agriculture 
				c'est de diminuer les charges qui pèsent sur elle. La diminution 
				est commencée, mais pour qu'elle continue, pour qu'on arrive à 
				dégrever efficacement le foncier, il faut la tranquillité à 
				l'intérieur. Toute agitation monarchique qui mettrait en péril 
				l'existence de la République compromettrait l'oeuvre des 
				dégrèvements. Les cultivateurs qui voteront pour M. d'Hausen 
				voteront donc contre leurs propres intérêts. C'est comme s'ils 
				disaient au gouvernement :
 nous ne voulons pas que vous continuiez à diminuer nos impôts et 
				que vous dégreviez le foncier.
 
 5 août 1880Le 29 juillet vers 5 heures du soir M. Huin, boulanger, à 
				Blâmont, descendait la rue du Château pendant l'orage. La pluie 
				et la grêle l'empêchèrent de voir une voiture qui stationnait et 
				contre laquelle il vint se heurter. Il s'est fait une assez 
				grave blessure au front. Le docteur Guérard a donné ses soins au 
				blessé.
 
 8 août 1880Le bureau d'Avricourt-station est ouvert à l'importation dès 
				machines et mécaniques, des fils de lin et de chanvre, des fils 
				de coton, etc., comme le bureau précèdent. Les autres 
				attributions dont le bureau d'Avricourt est actuellement pourvu 
				sont et demeureront maintenues. Le même bureau est ajouté à là 
				nomenclature de ceux qui ont été ouverts par le décret du 30 
				décembre 1873 à l'importation des huiles et essences de pétrole 
				et de schiste.
 
 14 août 1880Avricourt. - On exécute actuellement dans la gare 
				d'Igney-Avricourt, des modifications de voies qui intéressent la 
				ligne d'intérêt local en ce sens que le service des trains de 
				cette ligne, au lieu de s'effectuer dans la cour des voyageurs, 
				se fait maintenant en avant du bâtiment, sur la voie principale 
				montante des trains de l'Est.
 
 18 août 1880COLLÈGE DE BLAMONT . - La distribution des prix aux élèves du 
				collège de Blâmont a eu lieu à l'hôtel de ville, le 5 août, sous 
				la présidence de M. Barthélemy, adjoint, délégué par M. Brice, 
				maire et conseiller général, en l'absence de ce dernier.
 Après un excellent discours du directeur de l'établissement, 
				terminé par un bon conseil à ses élèves, qu'il exhorte à 
				s'occuper uniquement de leurs études, en laissant aux hommes 
				faits le soin et le souci des affaires, mais néanmoins en aimant 
				la France et ses nouvelles institutions, le président, avant de 
				proclamer les noms des lauréats, rappelle les résultats des 
				examens auxquels ont pris part les jeunes gens formés sous la 
				direction de M. Gérardin depuis 1870. Six ont subi avec succès 
				l'examen pour le certificat de grammaire, parmi lesquels deux 
				avec le n° 1, deux avec le n° 2, un avec le n° 3 et un avec le 
				n° 7.
 Sept élèves ont été admis, dans l‘administration des postes et 
				télégraphes, deux ont été admis, après concours, comme boursiers 
				de la compagnie de l'Est, l'un avec le n° 4 sur 85, l'autre avec 
				le n° 1 sur 68.
 Trente huit élèves ont obtenu le brevet d'instituteur, dont sept 
				avec addition d'une ou de plusieurs séries ; un élève a été 
				admis à l'école normale primaire, seize sont entrés dans les 
				bureaux des chemins de fer et quatre dans les contributions 
				indirectes.
 Enfin, cette année, Un autre élève vient d'être classé le 5e sur 
				quarante-trois candidats admis au concours des bourses des 
				lycées, 5e série de l'enseignement secondaire.
 li a ensuite proclamé les noms des vainqueurs pendant l'année 
				classique. Dans les classes latines, les élèves le plus souvent 
				nommés sont : MM. Constantin, Ischt, Mallet, Bastien, Flavenot 
				et dans les classes d'enseignement secondaire spécial, MM. 
				Fulhart, Dubois, Cabocel, Calais, Pensch, Cuny et Deubel.
 La rentrée est fixée au 5 octobre.
 
 19 août 1880DISTRIBUTION DES PRIX A BLAMONT. - La distribution solennelle 
				des prix aux élèves dés écoles primaires de Blâmont s'est faite, 
				cette année, avec un éclat inaccoutumé, le dimanche 29 août,
 à 4 heures, dans la grande salle de l'hôtel de ville, sous la 
				présidence de M. Brice, maire de la ville;
 conseiller général du département, délégué à cet effet par M. le 
				.préfet de Meurthe-et-Moselle. Toute la municipalité et tous les 
				fonctionnaires ont tenu à assister à cette solennité, rehaussée 
				par la présence de M. l'inspecteur primaire de Lunéville, qui a 
				bien voulu, malgré ses nombreuses occupations, donner ce 
				témoignage de sympathie à la population.
 M. le maire a ouvert la séance par le discours suivant :
 Mes chers enfants.
 C'est un grand plaisir et une bien douce satisfaction pour 
				l'administrateur de la Cité, de se trouver entouré de ses 
				enfants d'adoption et de partager avec leurs familles la joie 
				des innocents triomphes qui les attendent ; il ne se produit pas 
				de plus douces émotions que celles qui rappellent à l'homme, 
				pendant toute sa carrière, des souvenirs qui lui sont si chers ; 
				car tout ce qui se rattache à l'enfance, à ses occupations comme 
				à ses plaisirs, à ses triomphes comme à ses disgrâces, se 
				retrace avec attendrissement à sa mémoire aux différentes 
				époques de son existence. Ses travaux, ses graves préoccupations 
				peuvent absorber son attention, mais ne sauraient parfois le 
				distraire de ces simples et tendres retours vers un passé, objet 
				de son intérêt, et plus souvent de ses regrets.
 La municipalité puise dans cette solennité non seulement les 
				espérances qui doivent soutenir et stimuler son zèle, mais 
				encore l'occasion de vous encourager dans vos travaux, devons 
				féliciter de vos progrès, de remercier vos maîtres de 
				l'intelligence et du dévouement avec lesquels ils remplissent 
				leur tâche souvent si aride; elle y trouve aussi le moyen de 
				vous témoigner une fois de plus; devant un public nombreux,ses 
				sincères sympathies pour tout ce qui concerne l'instruction, et 
				enfin de vous adresser quelques conseils dont vous comprendrez, 
				je n'en doute pas, la bienveillante intention;
 Nous pouvons dire que nulle part on ne fait plus de sacrifices 
				pour l'instruction; que si la gratuité n'existe pas complètement 
				dans nos écoles, il est très, facile de l'obtenir: le conseil 
				municipal a, depuis longtemps, émis un vote renouvelé chaque 
				année, par lequel la gratuité est accordée à tous ceux-qui la 
				demandent, et lés fournitures classiques sont largement 
				distribuées à ceux dont les parents ne peuvent en faire la 
				dépense. Nous venons de réédifier l'école des garçons dans des 
				conditions telles que M. l'inspecteur d‘Académie, dans son 
				rapport annuel, la désigne comme modèle d'installation scolaire. 
				Mais ce n'est pas tout : il nous reste à établir un gymnase, 
				complément indispensable de son aménagement. Soyez persuadés que 
				la municipalité, dans sa sollicitude pour tout ce qui touche à 
				l'instruction, y pourvoira avant peu, et qu'avec le concours si 
				précieux du gouvernement, nous aurons doté cette, ville d'une 
				école de garçons aussi complète que celle dés plus grands 
				centres.
 Nous nous préoccupons aussi vivement de la mauvaise 
				installation, de l'école des filles qui est vicieuse sous bien 
				des rapports : l'air et la lumière n'y pénètrent pas 
				suffisamment ; mais nous espérons être à même de présenter, dans 
				quelque temps, une combinaison qui nous permettra, avec les 
				faibles ressources dont nous pouvons disposer, de mettre cette 
				école en rapport .avec les besoins de sa population et de faire 
				en sorte qu'elle soit aussi complète que son aînée.
 Chers enfants; remerciez avec nous vos maîtres si dévoués, qui 
				comprennent si bien leurs devoirs, qui sacrifient leur existence 
				pour vous conduire les uns et les autres dans les sentiers du 
				bien; pour vous former à l'amour du travail et de la vertu, 
				véritables sources du bonheur.
 Je remercie nos invités et particulièrement M. le curé doyen, et 
				M. l'inspecteur primaire qui a bien voulu, par sa présence, 
				rehausser l'éclat de cette solennité. Je remercie M. le 
				directeur du collège, qui a mis à notre disposition l'excellente 
				musique de son établissement .Je remercie les amateurs dont le 
				précieux concours nous est acquis, chaque fois qu'une fête de 
				circonstance nous permet de nous réjouir.
 Le temps n'est plus, heureusement, où l'on pouvait craindre 
				d'exprimer sa- pensée; aussi, permettez-moi, malgré votre 
				légitime impatience, de vous, dire encore quelques mots. Notre 
				glorieuse Révolution, en détruisant lés privilèges, nous donna à 
				tous la faculté de parvenir; la République, en propageant 
				l'instruction, vous donne l'instrument qui doit vous élever 
				c'est à vous de savoir vous en servir. Dans toutes les occasions 
				de la vie, n'importe à quelle classe de la société qu'on 
				appartienne, l'instruction est nécessaire.
 Vous vous rappelez que de cruelles épreuves, n'ont point été 
				épargnées à notre chère patrie ; si nous avons pu les supporter 
				et arriver au point où nous en sommes, c'est à l'heureuse 
				influence de l'instruction qu'il faut en rendre hommage.
 Instruisez-vous donc, mes chers enfants ; travaillez avec 
				ardeur; que les récompenses de ce jour soient, pour les uns, un 
				nouvel encouragement à bien faire, et pour les autres, un sujet 
				d'émulation. - Je vous dirai, à vous, jeunes garçons, 
				préparez-vous à devenir des citoyens utiles, des électeurs 
				éclairés ; car dans un pays de démocratie, le privilège n'a pas 
				de place : c'est le mérite personnel qui fait la destinée ;- par 
				le travail, vous pouvez prétendre à tout. Oui, dans une 
				République qui est le gouvernement de tous, le devoir dés 
				citoyens est de savoir pour bien gouverner.
 Et à vous, jeunes filles, respectueuses envers vos maîtresses, 
				dociles à leur voix, soyez tendrement attachées à vos parents ; 
				efforcez-vous par votre conduite, d'être toujours l'honneur de 
				notre école. Après avoir été des filles sages ét laborieuses, 
				vous deviendrez dés mères estimables, et le dévouement de vos 
				institutrices recevra la récompense qu'il ambitionne.
 Je ne veux pas vous retenir plus longtemps ; vous attendez avec 
				une impatience que jé comprends, ces couronnés dont nous allons 
				ceindre vos fronts : elles ne sont pas stériles, car chacune 
				d'elles nous promet un membre dévoué, en état d'enrichir bientôt 
				notre grande famille du produit de son travail et de ses vertus. 
				Venez donc les recevoir ; qu'elles, soient pour tous, un 
				encouragement à persévérer dans la bonne voie où vous êtes 
				engagés, à rester dignes dés soins affectueux et dévoués qui 
				vous sont donnés, dignes de la patrie dont vous êtes 
				l'espérance.
 Après ce discours vivement applaudi, M. le président a donné la 
				parole à M. l'inspecteur, lequel a adressé aux élèves une 
				allocution très remarquable dont lés principaux passages ont été 
				l'objet de bravos bien mérités que ne lui a pas ménagés 
				l'intelligente assemblée qui l'écoutait avec un profond silence. 
				Il a commencé par démontrer aux jeunes enfants que le 
				gouvernement de la République fait de l'instruction primaire 
				l'objet de sa constante sollicitude. Ils lui doivent de la 
				reconnaissance ainsi qu'à leurs maîtres et à la municipalité qui 
				ne recule devant aucun sacrifice pour leur rendre agréable le 
				séjour de l'école. A cette occasion, il rappelle le dernier 
				rapport qu'il a fait sur la situation de l'instruction primaire 
				dans l‘arrondissement de Lunéville.
 « La ville de Blâmont, dit-il dans ce rapport, mérite une 
				mention spéciale. L'école des garçons a été établie dans une 
				maison neuve ; les classes sont magnifiques ; elles sont dotées 
				d'un mobilier perfectionné, et éclairées au gaz pour l'étude du 
				soir et les cours d‘adultes. Le maître a un logement remarquable 
				et un jardin, les élèves possèdent une cour ét un préau ; un 
				gymnase-va être établi. » Nous devons cette situation modèle à 
				la générosité, aux dispositions libérales dû conseil municipal,
 puis à l'intelligente activité et à la persévérance de M. Brice, 
				maire et conseiller général, si heureusement secondé par M. 
				l'adjoint, homme d'expérience en matière scolaire surtout, et 
				dont la collaboration, est si précieuse pour vos études. 
				(Applaudissements.)
 Il continue à donner aux enfants des conseils éloquents sur la 
				persévérance dans leurs études; il leur montre qu'en quittant 
				les bancs- de l'école, ils doivent continuer .à: étudier dans 
				leurs-moments de loisir. Il faut lire beaucoup, mais de bons 
				ouvrages. Un bon livre est-un bon ami.- Il faut lire pour 
				s'instruire, pour se corriger, pour se consoler. Puis, abordant 
				la question du travail physique, il leur dit qu'il est la source 
				de la considération et de l'estime publique ; que quelle que 
				soit la profession qu'on embrasse, il n'est personne, si humble 
				qu'il soit, qui ne donne à ses. Semblables l'exemple de 
				l'assiduité au travail, comme de la tempérance et de 
				l'honnêteté.
 Le travail du plus humble manœuvre contribue d'une manière 
				quelconque à l'accroissement du bien-être. Il n'est pas pour 
				l'homme de pain plus savoureux que celui qu'il doit à son 
				travail. Le travail, mes enfants, dit-il en terminant, fait 
				notre noblesse ; il fait l'homme de coeur; c'est lui qui nous 
				offre sur terre le bonheur et la liberté.
 La proclamation des lauréats, faite par M. l'adjoint, a été 
				entrecoupée par les chants des jeunes enfants (garçons et 
				filles) et les meilleurs morceaux du répertoire de la musique du 
				collège, entre autres la « Marseillaise» et le «Chant du départ. 
				»
 Cette fête de famille a laissé un bien agréable souvenir à la 
				foule qui y a assisté.
 
 20 août 1880On vient d'arrêter à Dieuze un employé de la poste d'Avricourt 
				soupçonné du détournement d'une lettre recommandée renfermant 
				1100 m. en billets de 100 m., et quatre lettres de change d'une 
				valeur totale de 2.568 m., qu'une maison de banque d'Avricourt 
				avait remises le 6 août dernier au bureau de poste.
 
 11 septembre 1880INCENDIE. - A Vaucourt, dans, la nuit du 6 au 7, un incendie a 
				détruit deux maisons habitées par cinq propriétaires et un 
				locataire. Vers 7 heures 1/2 du soir, Mme Clément a vu tomber 
				des flammèches dans l'écurie de M. Leclère, son voisin. 
				Immédiatement MM- Leclère et Clément ont couru. On à jeté de 
				l'eau sur un tas de paille qui brûlait; mais inutilement, Le 
				foin a pris feu et le reste a été dévoré. M. Clément a perdu son 
				mobilier et ses récoltes. Il ne possède plus que quelques 
				linges, Les pertes, évaluées 6,000 fr, sont assurées à la 
				France.
 M. Leclère, manoeuvre, âgé de 66 ans, évalue ses pertes à 3,000 
				fr. qui sont assurées à la Confiance.
 La dame Schmitt a aussi tout perdu. Dans l'après-midi, elle 
				avait chauffé le four pour cuire un gâteau de noce, mais le feu 
				était éteint. Du reste, dit-elle, le mur qui séparait mon four 
				de l'écurie Leclère était solide. Mme Schmitt perd 3,000 fr. 
				assurés à la Confiance.
 M. Crouvizier, domicilié dans la même maison, a pu sauver un peu 
				de mobilier. Il perd 2,000 fr, assurés, à la Paternelle.
 Mme veuve Mirgon n'a presque rien sauvé; mais son dommage est 
				couvert par une compagnie d'assurances dont elle ignore le nom, 
				ses papiers, étant brûlés.
 Enfin M. Simon, préposé de douanes, n'a sauvé que quelques 
				effets. Les pertes, évaluées à 200 fr., nesont pas assurées.
 
 17 septembre 1880ÉMIGRANTS. - Soixante-six émigrants dont soixante 
				Alsaciens-Lorrains et six Américains sont partis 
				d'Igney-Avricourt, le 14 septembre, pour le Havre, à destination 
				de l'Amérique.
 
 10 octobre 1880Ces jours derniers, à Verdenal, une rixe s'est elevée entre deux 
				parents, l'oncle et le neveu, nommés L... Ils se sont frappés à 
				tour de bras ; l'oncle a reçu d'assez graves contusions, et la 
				gendarmerie a consigné dans un procès-verbal cette petite scène 
				de famille.
 
 14 octobre 1880Le 9, à Bréménil, M. Gondrexon, de Nonhignÿ, était venu dans une 
				carrière pour charger un bloc de pierre du poids de 1,000 kilogs 
				environ. Pendant le chargement, une chaîne en fer se rompit et 
				atteignit M. Gondrexon, qui a eu la jambe droite fracturée.
 
 16 octobre 1880Le 11, à Herbéviller, un incendie a éclaté dans la maison de M. 
				Coster, marchand épicier. La cause en est inconnue. Les per tes, 
				qui s'élèvent à 16,000 fr., sont assurées en grande partie.
 
 19 octobre 1880Le fils de M. Braun, préposé des douanes, à Ogéviller, a quitté 
				le domicile de ses parents depuis le 1er octobre.
 Voici son signalement : Agé de seize ans, taille un mètre 25, 
				cheveux blonds, le nez marqué d'une petite lentille, blouse et 
				pantalon gris, casquette en drap noir, tricot bleu.
 
 31 octobre 1880- Le 26, à la gare d'Avricourt, 85 émigrants sont partis pour le 
				Havre, à destination d'Amérique:; Sur ces 85 émigrants, il y 
				avait 55 badois, 19 alsaciens, 8 bavarois, 2 américains et un 
				wurtembergeois.
 
 12 novembre 1880COLLÈGE DE BLAMONT. - M.Constantin, qui a quitté le collège 
				libre de Blâmont au mois d'avril dernier, vient d'obtenir le 
				diplôme du baccalauréat ès-sciences.
 Deux autres élèves du même établissement, Edmond Flavenot et 
				Joseph Clément, ont obtenu les numéros 1 et 3 à l'examen du 
				certificat de grammaire.
 
 30 novembre 1880Le 24, à Herbéviller, un incendie dont la cause est inconnue a 
				détruit le moulin de M. Lemoine, dont M.Schenzétait locataire. 
				Les pertes s'élèvent a 19,900 fr. Il y a assurance.
 
 1er décembre 1880Le 24, à Leintrey, une petite fille âgée de 12 ans, nommée Zélie 
				Dumas, s'étant trop approchée du foyer pour se chauffer, a 
				communiqué le feu à ses vêtements. Sa mère, qui rentrait à ce 
				moment, parvint à éteindre les flammes qui entouraient la pauvre 
				petite dont le corps a été couvert de brûlures. Le docteur 
				Mayeur, de Blâmont, a déclaré que l'état de l'enfant ne 
				présentait pas de gravité.
 
 3 décembre 1880Le 26 novembre, à Xousse, un incendié à détruit en partie la 
				maison, le mobilier et les récoltes appartenant à M. Baptiste.
 Les pertes, évaluées à 2,200 francs, sont assurées. Le feu a été 
				communiqué au plancher du premier étage par le tuyau d'un 
				fourneau.
 
 4 décembre 1880La semaine dernière, à Gondrexon, Mme Vouriot, voulant remettre 
				de l'essence dans sa lampe allumée, a communiqué le feu au bidon 
				qu'elle tenait et qui contenait près d'un litre de pétrole. 
				Effrayée, elle le laissa tomber par terre ; l'essence se 
				répandit sur le plancher et enflamma les vêtements de Mme 
				Vouriot, qui s'enfuit en criant au secours.
 Des voisins accoururent et purent éteindre le feu ; mais Mme 
				Vouriot avait éprouvé déjà de très graves brûlures. M. Virlet, 
				médecin à Blâmont, a été appelé pour donner ses soins à la 
				blessée.
 
 8 décembre 1880TENTATIVE D'ASSASSINAT A SAINT MARTIN. - Le 4 décembre, une 
				journalière de Croismare, nommée Marguerite Beau, âgée de vingt 
				et un ans, se rendit à Saint-Martin (canton de Blâmont),
 où elle avait une tante, la veuve Voinot, brave femme de 
				soixante-douze ans, qui l'accueillit avec bienveillance.
 Il était trois heures de l'après-midi quand elle arriva. Elle 
				dit à sa tante qu'elle avait l'intention d'aller jusqu'à 
				Avricourt où se trouvait une de ses amies qu'elle désirait voir. 
				Mais comme il était déjà tard, elle lui demanda de passer la 
				nuit dans sa maison. La veuve Voinot qui était pauvre et mal 
				logée accueillit cependant la demande de sa nièce et lui offrit 
				l'hospitalité. Elle prépara à souper ; les deux parentes 
				causèrent de choses et d'autres et, le soir venu, elles allèrent 
				se coucher toutes les deux dans le même lit. Quelques heures 
				après, Marguerite Beau qui avait formé un projet sinistre se 
				leva sans bruit, chercha dans l'obscurite un fichu qu'elle avait 
				apporté avec elle et aussitôt qu'elle l'eut trouvé revint près 
				du lit où dormait sa vieille tante. Elle explora à tâtons le 
				chevet du lit, chercha la tête de la pauvre femme et essaya de 
				lui glisser autour du cou le fichu avec lequel elle voulait 
				l'étrangler.
 La vieille femme, réveillée par ce mouvement, demanda à sa nièce 
				ce qu'elle avait. Celle-ci lui répondît avec un affreux Cynisme 
				: « Je vais te mettre un médaillon au cou », et, en même temps, 
				réunissant les deux extrémités du foulard, elle serra de toutes 
				ses forces pour étrangler la malheureuse. La vieille femme 
				poussa des gémissements et se débattit. Sa nièce, craignant que 
				le bruit ne fût entendu, tira sa victime avec violence, la jeta 
				hors du lit et la traîna par le cou, dans la chambre, en lui 
				frappant la tête sur le sol.
 Elle l'emmena ainsi jusque dans la cuisine et là, voyant que la 
				malheureuse femme vivait encore et pensant qu'elle ne pourrait 
				l'étouffer assez vite au moyen du fichu, elle se mit à genoux 
				sur la poitrine de sa victime, et lui serra le cou avec ses 
				mains en disant « Il faut que tu y passes et que je te tue 
				aujourd'hui. » La veuve Voinot, retrouvant des forces dans son 
				désespoir se débattit avec énergie contre son assassin et put se 
				dégager. L'obscurité était profonde, c'est à cette circonstance 
				qu'elle dut de pouvoir se sauver.
 Pendant que Marguerite Beau, affolée par le crime et perdue dans 
				les ténèbres, cherchait à ressaisir la victime qui venait de lui 
				échapper, celle-ci eut assez de sang froid pour se glisser sans 
				bruit vers une porte que sa nièce ne connaissait pas ; elle 
				l'ouvrit et traversant l'écurie, elle alla appeler du du secours 
				chez les voisins. Pendant ce temps la fille Beau avait trouvé 
				une allumette, l'avait enflammée, et à sa lumière s'était rendu 
				compte de l'endroit par où sa tante s'était enfuie.
 Elle s'élança vers l'écurie, pensant pouvoir, rejoindre sa 
				victime, mais celle-ci était en sûreté; les voisins qu'elle 
				avait appelés s'apprêtaient à sortir de leurs maisons. En 
				entendant ces bruits, la-fille Beau songea à se cacher; elle 
				monta dans un grenier, se dissimula sous un tas de regain, mais 
				ses précautions furent inutiles : quelques minutes après, les 
				voisins la découvrirent dans sa cachette et l'arrêtèrent. 
				Interrogée, elle a fait des aveux complets et a déclaré que, 
				soupçonnant sa tante d'avoir de l'argent caché, elle avait 
				résolu son crime pour s'en emparer. Elle a été conduite à la 
				maison d'arrêt de Lunéville. Mme Voinot, dont l'état est très 
				grave, porte autour du cou de nombreuses meurtrissures et dés 
				traces bleuâtres, indices de la strangulation ; elle a aussi 
				plusieurs contusions à la figure et sur le crâne.
 
 14 décembre 1880Deux déserteurs allemands se sont présentes a la gendarmerie de 
				Blamont dans la journée du 10.
 
 POSTES ET TÉLÉGRAPHES. - M. le directeur des postes et 
				télégraphes nous fait l'honneur de nous adresser la lettre 
				suivante :
 Nancy, le 11 décembre 1880.
 Monsieur le directeur.
 Vous vous êtes fait l'interpréte, dans un récent article du 
				Progrès, des desiderata, au point de vue du service postal, des 
				habitants de la section de la commune d'Igney, voisine de la 
				gare.
 J'ai l'honneur de vous informer que, par décision du 2 décembre 
				courant et sur ma proposition, l'administration des postes et 
				des télégraphes a concédé à la commune d'Igney, sans conditions,
 un bureau de poste qui sera installé à la gare d'Avricourt.
 La mise en activité de ce bureau n'est donc plus subordonnée 
				qu'à la possibilité de trouver un local propre au fonctionnement 
				du service et à l'habitation du titulaire.
 Agréez, je vous prie, monsieur le directeur, l'assurance de ma 
				considération très distinguée.
 Le directeur des postes et des télégraphes,
 CH. BORSSAT.
 Il nous reste à remercier monsieur le directeur pour 
				l'empressement avec lequel il a déféré au désir exprimé par le 
				groupe commercial d'Igney-Avricourt et proposé à 
				l'administration centrale une création qui est appelée à rendre 
				d'incontestables services.
 
 31 décembre 1880INCENDIES A VERDENAL . - Les habitants de Verdenal ont eu des 
				émotions dans la nuit du 26 décembre, pendant laquelle deux 
				incendies se sont déclarés à peu près à la même heure dans la 
				commune.
 Le premier a eu lieu dans un grenier de la maison de M. Gérard, 
				propriétaire. La rapidité des secours a empêché le feu de 
				prendre de grandes proportions. Les pertes s'élèvent à 150 
				francs et il y a assurance.
 Peu de temps après, un nouvel incendie se déclarait dans une 
				autre maison appartenant aussi à M. Gérard. Cette maison était 
				occupée par M. Marchand, épicier et boulanger, gendre du 
				propriétaire. Le feu, qui avait pris naissance dans la grange, 
				envahit bientôt toute la maison qui fut complètement détruite. 
				On put sauver cependant le bétail et une partie du mobilier. Les 
				pertes, qui s'élèvent à 27,000 francs, sont assurées. Ces 
				incendies, éclatant simultanément dans deux maisons appartenant 
				au même propriétaire, sont attribués à la malveillance.
 
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