L'univers israélite - 21
février 1936 La réplique d'un Juif lorrain à la « Badonviller-Marsch »
On n'a pas oublié que le dictateur allemand a fait choix, avec un tact qui mérite d'être souligné, de la « Badonviller-Marsch » comme hymne officieux, sinon officiel, et qui doit être exécuté lors de chaque déplacement du
Führer.
La « Badonviller-Marsch » fut composée au soir de la bataille du Donon, au début d'août 1914, alors que les Bavarois du prince royal, avant de s'illustrer un peu plus tard et dans les tristes conditions que l'on sait, à Gerbéviller, soutinrent, contre une poignée de chasseurs du 20e bataillon, un combat particulièrement dur.
Outrés de la résistance des diables bleus, les Bavarois se vengèrent d'une façon honteuse sur la population civile de Badonviller, où ils entrèrent après la retraite de la courageuse arrière-garde française.
La ville fut pillée, puis incendiée, et nombre de ses habitants, dont la femme du maire, passés par les armes.
On voit que la « Badonviller-Marsch » est, pour les Allemands, un symbole dont ils ont lieu de s'enorgueillir.
C'est pour relever le gant, qu'un de nos bien sympathiques coreligionnaires, M. André Veil, industriel à Blamont, a composé, à son tour, une nouvelle marche militaire « La Revanche de Badonvïller ».
M. André Veil est une personnalité très connue en Meurthe-et-Moselle. Ancien combattant, officier de réserve, il est, en outre, membre du comité de patronage du Collège de Jeunes Filles de Lunéville, et proche parent de M. Pierre Caen, le distingué président de la communauté israélite de Blamont.
La première audition de « La Revanche de Badonviller » a donné lieu à une imposante manifestation patriotique, organisée sur les lieux mêmes où s'exerça, il y a 22 ans, la fureur germanique.
Accompagnée de M. André Veil et d'une délégation du Conseil municipal de Blamont, la fanfare « la Blamontaise » s'est rendue dimanche 16 février à Badonviller, faisant hommage de la première audition de « La Revanche de Badonviller » aux glorieuses victimes militaires et civiles de la cité martyre.
Nous sommes heureux de joindre nos félicitations à celles, très nombreuses, qui furent prodiguées dimanche à M. André Veil.
P. LANG
Est-Républicain
8 février 1939
L'HISTOIRE de « La Marche de
Badonviller »
On sait que la « Marche de Badonviller » est l'hymne chéri du
chancelier Hitler et que, le 15 janvier dernier, il l'éleva par
décret au rang des hymnes nationaux allemands. Tout le monde
connaît le morceau pour l'avoir entendu au moins une fois à la
T.S.F. mais très peu de gens en connaissent
l'histoire.
Un Lyonnais, M. Eugène Berger, président de l'Amicale des
anciens combattants du 358e R.I. et l'un des quatre citoyens
d'honneur de Badonviller, donne, sur les origines de la marche
fameuse des explications qui ont une valeur de témoignage.
« Le lundi 10 août 1914, nous dit M. Eugène Berger, les villages
de Parux et de Bréménil brûlaient. Le lendemain, le feu était
encore allumé par les Allemands à Malgréjean et, le 12 août, au
cours de scènes de carnage, de vol et d'atrocités diverses,
Badonviller voyait brûler son église et 84 maisons. Le feu fut
mis par les Bavarois, au moyen de torches, maison par maison. En
même temps et sans raison, ils assassinaient douze civils, âgés
de 15 à 81 ans. Ils brûlaient vifs les prisonniers français,
blessés et laissés dans la cité.
« C'est à ce moment précis, le soir du 12 août, que Georges
Furst, chef de musique du 16e régiment, composa une marche qu'il
appela « Badenweiler Marsch » et qui, dans la suite, devait
acquérir le retentissement que l'on sait.
« Le capitaine von Bothmer écrivait aussitôt, sur cette musique,
des couplets dans ce goût :
O Badonviller, ville belle
Toi, perle des Vosges !
Maints de ceux qui t'ont courtisée
Dans un accès de courage impétueux
Ne recouvreront jamais la santé !
« Et le caporal Sanktus mêlait à la chose son lyrisme personnel
dans le couplet suivant :
Pour leurs frères et leurs fils
Feu... les femmes et les enfants crient !
Ceux qu'ils ont aimés ne sont plus
Par leur sang les cadavres de nos braves sont vengés !
Malheur à toi, joli Badonviller !
« En dehors de l'intention, le couplet évidemment ne signifie
rien.
« Georges Furst donna la primeur du « Badenweiler Marsch » le 25
décembre 1914, au cours d'un concert militaire sur la place du
marché de Péronne. L'armée allemande l'adopta et l'auteur fut
décoré.
« Il y a sept ans, au début de février, mourait à Passing, près
de .Munich, le kappelmeister Georges Furst, issu d'une famille
de compositeurs. Il avait composé lui-même 46 marches
militaires.
« Le Führer, qui servit, dans les derniers temps de la guerre,
au 16e régiment d'infanterie bavarois (Leib Régiment), autrement
dit « Régiment des Gardes du corps », retint cette marche. Il la
rendit officielle dans l'armée dès qu'il prit possession du
pouvoir. Par décret du 15 janvier 1939, il prescrit aux chefs de
musique militaire de ne jouer la « Marche de Badonviller » qu'au
cours des cérémonies officielles.
« On sait que Badonviller a donné à cette manifestation la
réplique qui convenait.
« M. André Veil, ancien combattant, industriel à Blâmont, a
composé un hymne : « La Revanche de Badonviller », qu'il a dédié
aux morts et martyrs de la cité. Cet hymne, d'une remarquable
inspiration musicale et d'une vibrante puissance patriotique, a
reçu sa consécration au cours des fêtes organisées à
Badonviller, en février 1936.
« Le but poursuivi par l'auteur « se souvenir dans la dignité et
sans haine », a été excellemment réalisé.
Le Matin - 12 avril 1939
La Marche de Badonviller,
hymne préféré du Führer fut écrite en 1914 en France par un chef
de musique allemande
NANCY. 11 avril. - Téléph. Matin. - On sait que la Marche de
Badonviller est l'hymne préféré du chancelier Hitler et que, le
15 janvier dernier, il l'éleva par décret, au rang des hymnes
nationaux allemands En réalité, très peu de gens en connaissent
l'histoire.
Un des quatre citoyens d'honneur de Badonviller - la
cité-martyre de Meurthe-et-Moselle - M. Eugène Berger, président
des anciens combattants du 358e R. I., nous a donné, sur les
origines de la marche fameuse, des explications :
- Le 12 août 1914, Badonviller voyait brûler son église et
quatre-vingt-quatre maisons. Le feu fut mis par les Bavarois, au
moyen de torches, maison par maison. En même temps et sans
raison, ils tuaient douze- civils, âgés de 15 à 81 ans.
Le 13 août, l'ennemi se repliait sous la pression de nos
troupes. Or, la veille de ce départ, trois soldats du régiment
d'infanterie du roi de Bavière, voulurent trouver un dérivatif
aux scènes d'horreur de la journée
C'est, à ce moment précis, le soir du 12 août 1914, que Georges
Furst, chef de musqique du 16e régiment, composa une marche
qu'il appela « Badenweiler Marsch » et qui, dans la suite,
devait acquérir le retentissement que l'on sait.
Le capitaine von Bothmer et le caporal Sanktus écrivirent
aussitôt, sur cette musique, des couplets qui en dehors de leur
intention guerrière, ne signifient rien.
Georges Furst donna la primeur du « Badenweiler Marsch » le 25
décembre 1914 au cours d'un concert militaire, sur la place du
Marché, à Péronne. L'armée allemande l'adopta et l'auteur fut
décoré.
Le Führer, qui servit, dans les derniers temps de la guerre, au
16e régiment bavarois d'infanterie - autrement dit le « Régiment
des gardes au corps » devait retenir cette marche.
La ville de Badonviller a donné à cette manifestation la
réplique qui convenait. Un ancien combattant, M. André Veil,
industriel à Blâmont (Meurthe-et-Moselle), a composé un hymne «
La revanche de Badonviller », qu'il a dédié aux morts et aux
martyrs de la cité.
NDLR : La Badonviller-March, l'une des plus célèbres marches allemandes du XXème siècle, a été composée en 1914 par le musicien militaire bavarois Georg Fürst (1870-1936) pour le régiment royal d'infanterie bavaroise (Königlich Bayerisches Infanterie-Leib-Regiment).
Le titre rappelle la « bataille » du 12 août 1914 à Badonviller en Lorraine, considérée comme une première victoire contre les Français, alors qu'en réalité les troupes bavaroises se sont livrées
ce jour là à des exactions contre des civils, en prétendant agir par représailles contre des
francs-tireurs. Les paroles de la marche évoquent un combat inégal opposant les braves soldats allemands et l'ennemi caché et sournois :
« Da weicht der Gegner : Sieger sind die Bayern,Obgleich sie kämpfen gegen Übermacht :Doch solche Helden schreckt nicht Zahl noch Tücke,Sie siegen oder sterben in der Schlacht ! »
(« La l'adversaire est repoussé : Les vainqueurs sont les Bavarois, bien qu'ils se battent contre des forces écrasantes: Mais de tels héros ne sont effrayés ni par le nombre ni par la perfidie, Ils vainquent ou
meurent au combat! »)
Cette marche était effectivement la préférée d'Adolf Hitler. Elle sera très souvent
exécutée lors de la période nazie et le titre original sera remplacée par celui de consonance allemande « Badenweiler-Marsch »
On lit même dans le Times du 5 juin 1939, qu'Hiltler se réservait l'usage de cette marche pour ponctuer ses apparitions publiques : «
Goose-stepping Nazis have long marched smartly to the brassy, thumpy music of the Badenweiler march. No. 256 in the catechism of German Army marches, it was composed on the battlefield in 1914 by Bandmaster Georg Furst of Adolf Hitler's Bavarian Regiment. Herr Hitler first heard it at the Munich Hofbrauhaus, whose themesong it was. Bawled out by leather-lunged Bavarians while beer mugs banged the tables, the Badenweiler soon became a favorite of Führer Hitler.* Later as a prop for such doggerel as:
Swastika shines from rock to sea,
Brethren to work, true to the Führer.
it was used to herald Chancellor Hitler's arrival at big Nazi meetings.
Last week Propaganda Minister Goebbels signed a police order, forbidding the Badenweiler march to be played except at functions Führer Hitler is attending, and only in the Führer's presence. Penalty for playing it without Hitler: 150 marks fine or six weeks in a Nazi jail.
* Worried musical observers report that Adolf Hitler is forsaking Wagner for such tuneful fluffiness as Franz Lehar's The Merry Widow.
»