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                 Concernant le passage de 
				Saint Basle à Buriville, le texte du résumé donné par la Croix 
				de la Drôme, reproduit ci-dessous («  Il passe à Buriville, au diocèse 
				de Nancy, et fait jaillir en ce lieu une source miraculeuse »)
				 est une approximation de ce qu'écrit réellement E. Queutelot, 
				qui n'indique pas si la source était préexistante ou non au 
				passage de Saint Basle. 
					
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						 Saint Basle et le monastère de Verzy 
				E. Queutelot 
				Ed. Reims, 1892 
						Là où il s'arrêtait quelque temps, il s'établissait dans un 
				bois, non loin du village, y bâtissait une cellule et élevait un 
				calvaire. Près de chacune de ces stations, on voit une source, 
				soit qu'il se soit établi près d'une fontaine déjà existante, 
				soit qu'il en ait fait jaillir une par ses prières, comme il 
				avait fait à Verzy. 
				A Villeroncourt, on n'a jamais cessé d'apporter à la fontaine de 
				saint Basle les enfants malades ou chétifs, pour obtenir, par 
				son intercession, santé et vigueur. 
				Nous le voyons ensuite à Buriville, annexe d'Ogéviller, au 
				diocèse de Nancy. Là, une fontaine de saint Basle est aussi un 
				lieu de pèlerinage où les mères viennent prier pour obtenir la 
				guérison de leurs enfants atteints de convulsions. Cette source 
				est assez abondante pour former un ruisseau qui conserve le nom 
				de saint Basle et qui traverse le village de Buriville.  | 
					 
				 
				 
				Supplément à la Croix de la Drôme - 20 novembre 
				1892 
				 
				SAINT BASLE, ERMITE EN CHAMPAGNE 
				Fête le 26 novembre 
				  
				 
				UNE VOCATION Childebert régnait en Austrasie, et Chilpéric était roi de 
				Neustrie. C'était vers l'année 582. Chilpéric chargea 
				l'archevêque de Reims, Gilles, d'une mission auprès du roi 
				d'Austrasie. Gilles était l'ami de Childebert et le soutenait 
				dans sa politique : ce qui lui valut plus tard les disgrâces du 
				souverain de Neustrie. C'était, du reste, un pieux évêque, qui 
				remplissait avec zèle et sagesse le ministère sacré de son 
				épiscopat : sa parole était tout évangélique; il ne l'épargnait 
				pas lorsque le besoin des âmes ou la gloire de Dieu la 
				réclamaient. Il partit pour l'Aquitaine et s'arrêta quelques 
				jours à Limoges. Dans ces âges de foi, l'arrivée d'un évêque 
				dans une ville soulevait tout le peuple et le portait à la 
				rencontre du ministre de Dieu pour recevoir ses bénédictions. 
				Les habitants de Limoges firent au successeur de saint Remi le 
				plus enthousiaste accueil : Gilles dut parler et leur raconter 
				les merveilles de la vie de son saint prédécesseur, les miracles 
				qui s'accomplissaient à son tombeau. Il rappela que Léonard, le 
				saint vénéré des Limousins, baptisé par saint Remi, avait vécu 
				pendant quelque temps sous sa direction, et de là était venu se 
				construire un ermitage à côté de Limoges, et qu'aussitôt après 
				la mort de saint Remi il avait élevé aux portes de la ville un 
				petit oratoire en son honneur. 
				Il y eut parmi ses auditeurs les plus attentifs un jeune homme 
				dont l'âme fut comme saisie et éclairée devant de si grands 
				exemples. Il lui sembla que la voix de Dieu se faisait entendre 
				et l'appelait à la sainteté. 
				Ce jeune homme se nommait Basle et appartenait à une famille 
				noble, illustre dans la contrée, mais qui se faisait encore plus 
				remarquer par ses vertus chrétiennes. Le père avait tenu à 
				donner l'hospitalité au pieux évêque et Dieu sans douté voulut 
				récompenser sa charité en se choisissant un serviteur parmi ses 
				enfants. Non seulement, en effet, Basle reçut la lumière en 
				écoutant la prédication de Gilles, mais surtout à la maison 
				paternelle, dans de saints entretiens, il sentit se développer 
				en lui la volonté de tout quitter pour n'appartenir qu'à Dieu. 
				II n'y avait encore rien dans son âme de bien dessiné, car il 
				est rare que Dieu, en jetant les premiers rayons de sa lumière 
				dans un coeur, exprime tout d'un coup ses desseins et trace 
				d'une façon précise et évidente la route de la vocation. Basle 
				sentit que Dieu le voulait à lui et pour lui seul; il reconnut 
				que le Seigneur ne souffrirait pas de partage dans ses pensées 
				et ses affections; il entrevit déjà tous ses sacrifices ; 
				combien il devrait déployer de force et de volonté pour suivre 
				les appels divins ; mais n'osant découvrir à personne les 
				projets de son coeur, il resta dans quelque incertitude et une 
				certaine obscurité; non pas tant vis-à-vis de la réalité de sa 
				vocation que sur les moyens qu'il emploierait, et le but 
				déterminé vers lequel tendraient ses pas et sa vie. 
				L'archevêque Gilles, après quelques jours de repos à Limoges, 
				continua sa route afin d'accomplir sa mission. 
				LE DÉPART 
				Ce choix divin était motivé et déjà préparé, Basle, dès son 
				enfance, avait manifesté un goût singulier pour les choses de 
				Dieu. Il avait toujours aimé à entendre les merveilleux récits 
				de la vie des Saints, leurs miracles, les grandes vertus qu'ils 
				avaient pratiquées, et plus d'une fois il avait aperçu au fond 
				de son coeur les secrets désirs de devenir un saint. 
				Pendant quelques années, obligé de porter les armes, il s'était 
				montré dans la milice, non seulement un parfait soldat, mais un 
				chrétien grave et recueilli qui, au milieu de beaucoup 
				d'entraînements et de faiblesses, sut se garder dans les 
				sentiments les plus purs et conserver intact un coeur qui ne 
				devait jamais appartenir qu'à Dieu. 
				A la maison paternelle, il fut l'exemple de tous dans la 
				pratique des vertus. Sa piété apparaissait dans toutes ses 
				actions par une modération et une douceur qui faisaient déjà 
				présager sa sainteté future. Il aimait les pauvres, il les 
				soulageait lui-même, leur disait des paroles d'encouragement et 
				de consolation; la meilleure part des revenus dont on lui 
				laissait la libre jouissance était employée à venir en aide à 
				leur misère; il ne gardait que peu de choses pour lui, 
				s'exerçant déjà à pratiquer l'abnégation et le dénument héroïque 
				qu'il montrera plus tard à un si haut degré. Du reste, sa 
				sévérité envers lui-même se manifestait surtout dans les 
				abstinences et les jeûnes qui lui étaient habituels. Nous le 
				verrons pendant quarante ans vivre dans une effrayante 
				austérité; il ne faut pas s'étonner si Dieu commence dès ce 
				moment à former en lui et comme à ébaucher l'anachorète, car le 
				procédé divin ordinaire est de préparer peu à peu ce qui doit 
				être réalisé. 
				Le jeune Basle aurait pu vivre dans les charmes d'une vie aisée 
				et facile : ses parents possédaient de grands biens; il aurait 
				pu prétendre aux dignités et aux charges honorifiques, 
				participer aux divertissements de la vanité, il préféra suivre 
				les attraits de la grâce qui parlait en lui, et commença, sous 
				ses impulsions, cette séparation austère de toutes choses 
				terrestres. 
				Il est naturel qu'il fût l'un des premiers à écouter les 
				prédications de Gilles, et que les exemples de saint Remi aient 
				été comme la lumière qu'il cherchait et qui dorénavant lui 
				indiquera la route. Quand l'évêque de Reims l'eut quitté, il 
				médita ses paroles, il les repassa dans son coeur; bientôt, une 
				pensée grandit au fond de son âme et s'éleva au-dessus de toutes 
				ses obscurités et de ses hésitations : celle d'aller se 
				sanctifier auprès du tombeau du grand archevêque de Reims, et de 
				puiser, comme à leur source, les vertus et la perfection. C'est 
				une résolution ferme; il rompt tout d'un coup les liens les plus 
				chers, il quitte sa famille, il obéit à la voix qui parle au 
				dedans, et, un bâton à la main, il va, avec cette assurance du 
				voyageur qui a longtemps cherché son chemin et qui le trouve. 
				L'ANGE GARDIEN 
				Il était sorti de Limoges et s'avançait dans la campagne, 
				lorsqu'un ange, envoyé de Dieu, lui apparaît et se fait le 
				compagnon de sa route pour le préserver et lui servir de guide. 
				Bientôt, le jeune Saint aperçoit plusieurs de ses amis que son 
				exemple entraîne et qui viennent le rejoindre afin de se 
				sanctifier à la même école. La tradition n'a conservé que le nom 
				d'un seul de ces pieux jeunes hommes qui l'accompagnèrent : 
				saint Sindulphe d'Aussonce. 
				Ils approchaient de Reims. Mais ce ne fut pas sans un motif 
				providentiel que l'ange les fit se détourner de leur chemin pour 
				visiter le monastère de Verzy. Basle en ignorait encore la 
				cause. II est frappé par cette solitude au milieu des bois et de 
				la verdure, près d'une fontaine, au pied de la montagne, et il 
				semble que l'ange les retient en ce lieu avec une persistance 
				mystérieuse. On prie plus facilement ici, et l'âme de notre 
				Saint est toute pleine de la pensée de s'arrêter et d'y 
				demeurer. Il se rappelle le but de son voyage et, de nouveau, il 
				dirige ses pas vers le tombeau de saint Remi. 
				Mais l'archevêque Gilles apprend l'arrivée du pieux voyageur; il 
				le connaît, il sait quelles sont ses vertus, il se rappelle 
				l'hospitalité qu'il a reçue dans sa maison paternelle, et, pour 
				lui témoigner les sentiments qu'il eu avait conservés, il va à 
				sa rencontre, avec la foule qui l'accompagne. Au premier aspect, 
				Gilles est surpris, car il s'attendait à trouver Basle avec une 
				escorte et des livrées conformes à son rang, au lieu qu'il 
				n'aperçoit qu'un jeune homme dont les vêtements sont pauvres et 
				sévères. Il l'interroge, mais sa joie éclate quand il sait le 
				motif de son voyage. Basle se prosterne devant le tombeau de 
				saint Remi; il prie pendant plusieurs jours, et la volonté 
				divine se manifeste encore plus apparente et plus décisive. Il 
				annonce à Gilles son intention de mener la vie cénobitique, dans 
				celle contrée où saint Remi a vécu et accompli ses prodiges, et 
				demande qu'il lui permette de se retirer au monastère de Verzy 
				pour s'exercer dans le silence à la pratique des vertus et à la 
				contemplation des choses divines. Gilles, encore plus heureux de 
				garder à côté de lui le saint jeune homme dont il prévoit les 
				destinées, veut lui-même le conduire et le présenter au 
				monastère de Verzy. Basle avait vingt-huit ans. 
				LE MOINE 
				Il y avait à Verzy douze religieux qui, sous la conduite de 
				l'abbé Diomère,se sanctifiaient dans la prière et les 
				macérations. Une partie de leur temps était consacrée à la 
				contemplation, l'autre à l'étude des saintes lettres et au chant 
				de l'office divin ; comme dans la plupart des monastères du 
				moyen Age, ils possédaient une école qui jouissait d'une grande 
				réputation. Le monastère, fondé par saint Remi, n'avait rien 
				perdu de sa ferveur primitive. Le postulant, amené par l'évêque 
				de Reims, est reçu avec joie et on le confie aussitôt à la 
				direction éclairée d'un saint et savant moine nommé Comart, qui 
				eut pour occupation constante de le former à l'obéissance, à 
				l'humilité et aux autres vertus monastiques. 
				Les progrès de Basle furent rapides, il avait trouvé sa voie. Il 
				abandonne complètement son âme au travail de la grâce. Il se 
				livre à tous les exercices de la vie cénobitique avec une ardeur 
				merveilleuse, passant de longues heures dans la contemplation 
				des mystères divins et dans l'oraison la plus fervente. Dieu est 
				l'objet de tous ses actes, de toutes ses lectures : il ne se 
				propose pas autre chose que de le voir, de l'atteindre, de lui 
				parler dans la prière. Et, parce qu'il sait que sou union avec 
				Dieu sera d'autant plus intime que lui-même sera plus détaché de 
				toutes choses terrestres, il s'exerce à mépriser toujours 
				davantage les faux biens de la terre; il s'acharne à dompter son 
				corps par les jeûnes les plus rigoureux, trouvant le moyen de 
				prélever sur la modeste portion qu'il reçoit à la table commune 
				pour le donner aux pauvres. 
				Il étudie les lettres avec ce goût et cette constance qui 
				triomphent des difficultés les plus ardues, et on le cite 
				bientôt comme le plus docte parmi ses frères. Enfin, tant de 
				vertu unie à tant de science tirent, malgré ses refus et les 
				répugnances suscitées par son humilité, qu'il mérita d'être 
				appelé au sacerdoce. Ce fut pour notre Saint le commencement 
				d'une vie nouvelle et comme une excitation à monter encore dans 
				la perfection, il se croit appelé à faire davantage et pense que 
				les austérités et le détachement qu'il pratique dans le cloître 
				sont insuffisants pour lui. Il veut une séparation plus 
				complète; il désire se mortifier avec une rigueur plus 
				effrayante; il demande à quitter la vie commune pour vivre seul, 
				isolé, abandonné, ne connaissant que-Dieu et sou âme. Telle 
				était la vie du solitaire des déserts et des premiers ermites. 
				Mais le Concile de Vienne ne veut pas que les moines s'éloignent 
				de la communauté, à moins qu'ils n'aient donné auparavant, 
				pendant de longues années, les preuves d'une vertu éminente et 
				d'une perfection assise et consommée. Quand notre Saint s'ouvrit 
				à son abbé de ses projets, celui-ci n'hésita point à lui laisser 
				toute liberté d'accomplir son héroïque dessein, lui permettant 
				de s'établir sur la montagne qui domine le monastère, à 
				l'endroit qu'il jugerait le plus favorable. 
				L'ERMITE 
				Dieu, qui inspirait cette pensée, voulut donner à Basle un 
				témoignage de sa volonté en lui envoyant encore l'ange qui 
				l'avait accompagné pour le conduire à la recherche d'une 
				retraite. L'ange le mène sur la montagne, dans le lieu le j plus 
				écarté et le plus silencieux, au sein des bois; Basle se 
				construit une petite cellule et un oratoire. Maintenant, seul 
				avec Dieu, séparé de tout, il laisse son âme se répandre en 
				remerciements et en louanges. Il prie avec flamme; il chante les 
				psaumes; il converse sans relâche avec le Dieu qu'il avait 
				toujours cherché et qu'il rencontre enfin dans le silence, dans 
				le désert, dans l'oubli des créatures et de toutes choses 
				mondaines, dans cette séparation radicale d'avec les hommes. Il 
				supporte toutes les privations; il jeûne; il se flagelle ; il 
				endure le froid rude des hivers, les chaleurs de l'été, mais son 
				âme retrouve une nouvelle vie et comme une liberté nouvelle, 
				débarrassé, non seulement des entraves et des fers qui 
				retiennent le commun des mortels, mais encore de ces derniers 
				liens du commerce avec ses frères qui lui semblaient un obstacle 
				pour posséder Dieu seul! 
				Sur le côté de la montagne qui regarde la ville de Reims, il 
				élève une croix de pierre et s'en fait comme le but quotidien 
				d'un pèlerinage ; il aime à s'agenouiller au pied de cette croix 
				et à y prier pendant de longues heures. De là il aperçoit la 
				basilique qui abrite le tombeau de saint Remi, celui qui, par 
				une force mystérieuse, l'a captivé, attiré et conduit depuis son 
				lointain pays jusqu'en cet endroit. Basle portait avec lui un 
				petit pupitre en bois sculpté, il y plaçait le livre des psaumes 
				qu'il chantait, ou bien les Saintes Ecritures qu'il méditait la 
				face inclinée jusqu'à terre. Ce pupitre fut conservé longtemps 
				dans la basilique du monastère, et le bois qu'on en détachait 
				avait la propriété de guérir et de soulager les infirmités. 
				Le solitaire savait mêler à ses pieux exercices les travaux de 
				ses mains, mais son âme ne cessait jamais de parler à Dieu. Il 
				planta autour de sa retraite de jeunes arbres fruitiers, qui 
				plus tard se chargèrent de fleurs et de fruits; son dessein 
				était de se cacher encore plus profondément au regard des 
				indiscrets qui commençaient à venir le visiter, attirés par 
				cette auréole ou ce parfum mystérieux que Dieu met autour de ses 
				saints et qu'ils ne peuvent jamais dérober complètement. Du 
				reste, Dieu ne veut pas que la sainteté de ses serviteurs soit 
				inconnue, et au moment qu'il a fixé, malgré leurs répugnances, 
				lui-même les découvre et les manifeste. 
				PRODIGES 
				Le comte Attila qui possédait une partie de la Champagne avait 
				établi sa demeure sur la colline opposée. On l'avait surnommé le 
				Chasseur, parce que la plupart de ses loisirs étaient employés 
				aux exercices de la chasse dans ses forêts et ses immenses 
				domaines. 
				Un jour il lance un énorme sanglier; sa meute le poursuit avec 
				vigueur, elle est emportée sur la montagne du saint ermite. Le 
				sanglier se dirige vers la croix de pierre. Basle est en prière 
				et parait ne point entendre les cris et les aboiements, ni 
				s'apercevoir du danger qu'il court. Le féroce animal, dans sa 
				course, va droit à l'homme de Dieu ; mais, déposant toute sa 
				férocité, il semble reconnaître, dans une clairvoyance 
				merveilleuse, le Saint que les hommes ignorent; il tombe à ses 
				pieds qu'il lèche; les chiens, qui arrivent ardents et furieux, 
				s'arrêtent tout à coup comme écartés par une puissance 
				invisible; Attila et ses gens, contemplant ce spectacle, en 
				reconnaissent la signification. Dès lors ils eurent pour le 
				saint solitaire le respect et la vénération qu'ils ne lui 
				avaient pas témoignés jusque-là. Le comte donna à Basle une 
				partie de la forêt qui couvrait la montagne, et pendant 
				longtemps après la mort du Saint, ce fut l'habitude, parmi les 
				chasseurs, de ne point poursuivre le gibier qui s'engageait de 
				ce côté, afin de respecter ce lieu, devenu comme un lieu d'asile 
				pour les pauvres bêtes aux abois. 
				Un autre prodige attira encore l'attention sur notre Saint Basle, 
				au sommet de la montagne, n'avait pas d'eau, sinon celle qu'il 
				recueillait du ciel. C'était une de ses plus grandes 
				mortifications. Dans une année de sécheresse, il essaie 
				vainement de s'en procurer en creusant le sol; alors, 
				s'adressant à celui qui jadis, à la prière de Moïse, fit jaillir 
				l'eau du rocher, il prie avec force, et bientôt un petit 
				ruisseau s'élance de terre et descend la pente de la montagne. 
				L'eau est miraculeuse, elle guérit le s infirmités; on l'apprend 
				et les malades arrivent pour demander la santé et pour retrouver 
				par sa vertu leurs forces perdues. 
				Enfin un miracle éclatant manifesta au loin la renommée du 
				serviteur de Dieu. Annégisèle avait douze ans et était aveugle 
				depuis sa naissance. Il pense que le Saint lui rendra la vue. Il 
				vient le trouver. Basle ferme sa porte. Annégisèle frappe en 
				demandant de voir. Toute la nuit il reste, suppliant le Saint 
				d'avoir pitié de lui. Le matin, au lever du soleil, Basle ouvre 
				sa cellule, et en même temps les yeux du petit aveugle sont 
				ouverts. La montagne retentit des cris de joie et du bruit de ce 
				miracle. Les moines de la vallée sortent de leur couvent en 
				procession, la croix en tête, des cierges à la main, ils montent 
				à l'ermitage en chantant des psaumes et en rendant grâces à Dieu 
				d'avoir manifesté par un tel prodige la sainteté de son 
				serviteur. Dès l'instant. il ne fut plus possible au saint 
				ermite de se dérober aux foules nombreuses qui venaient à lui 
				pour implorer quelque faveur : il vit que c'était le bon plaisir 
				de Dieu, et, loin de fuir, il prêcha. 
				L'APOTRE 
				Maintenant saint Basle. saisi de l'esprit évangélique, ne se 
				contente plus de parler à ses visiteurs, il descend de sa 
				montagne et va porter aux populations, avides de vérité, les 
				trésors qu'il a amassés dans ses contemplations sublimes. Il 
				parle de Dieu avec des accents que l'on n'a point entendus; sa 
				parole est vive, elle porte la lumière dans les âmes et remue 
				profondément; du reste, la vue de cette homme habitué à 
				converser avec la divinité est elle-même la meilleure 
				prédication, toute sa personne manifeste la piété et la 
				pénitence. Il console, il reprend, il commande, il encourage : 
				partout, sur ses pas, la religion refleurit et les pécheurs se 
				corrigent. Il va quelquefois jusqu'à Aussonce visiter saint 
				Sindulphe, un des jeunes hommes qui, dès le premier instant, se 
				rangèrent à sa suite. Les deux serviteurs de Dieu s'encouragent 
				mutuellement; leur conversation n'a pour objet que l'amour divin 
				qui les pénètre, la gloire et les félicité s éternelles. 
				Mais saint Basle porte plus loin son zèle et sa parole. Une 
				épidémie sévit en Lorraine et s'attaque de préférence aux 
				enfants; la plupart sont emportés. La renommée du solitaire de 
				Verzy est allée jusque-là ; les populations désolées le 
				sollicitent de venir au milieu du fléau pour l'arrêter. Basle se 
				rend à cette demande et traverse les diocèses de Toul et de 
				Nancy opérant partout des guérisons et des conversions. 
				Ce fut la marche d'un thaumaturge; le peuple l'entourait et lui 
				faisait escorte; on conserve encore dans plusieurs endroits le 
				souvenir de son passage. A Villeraucourt, au diocèse de Verdun, 
				où il séjourna pendant quelques semaines, la tradition montre la 
				place de la cabane qu'il habita, la fontaine où il puisait 
				l'eau, ainsi que le calvaire devant lequel il venait prier. Il 
				conservait dans son voyage sa vie érémitique. II choisissait 
				ordinairement un bois solitaire à quelque distance du village, 
				se construisait une cellule près d'une fontaine et élevait une 
				croix. 
				Il passe à Buriville, au diocèse de Nancy, et fait jaillir en ce 
				lieu une source miraculeuse qui devint le but d'un pèlerinage et 
				qui guérit les petits enfants atteints de convulsions. 
				Dans les Vosges, il apparaît près d'Avrainville, demeure dans un 
				bois qui porte son nom où l'on montrait une large pierre sur 
				laquelle étaient marqués les genoux du Saint en prière. Il 
				ramena beaucoup de pécheurs à Dieu dans cette contrée et 
				convertit une bande de voleurs qui étaient la terreur des 
				habitants. Ceux-ci, pour témoigner à saint Basle toute leur 
				reconnaissance et pour l'engager à se fixer parmi eux, lui 
				construisirent une cellule en pierre. 
				On le rencontre encore à Lignéville, dans les Vosges; il plante 
				son bâton en terre et une fontaine apparaît au même instant. 
				Depuis, on a bâti à côté une chapelle qui est un lieu de 
				pèlerinage. SA MORT 
				Il revient à sa montagne de Verzy, et, pendant plusieurs années, 
				se livre à tous les exercices de la vie érémitique. Mais il 
				n'est plus solitaire; chaque jour on lui amène quelque malade à 
				guérir, quelque infirmité à soulager. Les historiens disent qu'à 
				sa prière les aveugles voyaient et les démolis étaient chassés 
				des corps possédés. Dieu lui fit connaître que le terme de sa 
				vie approchait. 
				Il envoya un messager à Limoges pour avertir de sa mort 
				prochaine et ramener son neveu Balsème. Il annonça au jeune 
				homme que Dieu lui avait révélé de le choisir pour continuer sa 
				vie de pénitence et de solitude et pour habiter sa petite 
				cellule sur la montagne, et, s'il est fidèle à cette vocation. 
				Dieu le comblera de ses grâces et de faveurs nombreuses. Balsème, 
				ravi d'entendre ces paroles, se mit aussitôt sous la direction 
				de son oncle et commença à imiter ses vertus. 
				Enfin, saint Basle sachant que l'heure de sa mort était venue, 
				fait à sou neveu ses suprêmes recommandations, puis il se relire 
				dans sa cellule et rend sans douleur son âme à Dieu. Balsème la 
				vit entourée d'anges qui la portaient au milieu des cantiques de 
				joie céleste, jusqu'au trône de la divine Majesté. Saint Basle 
				avait soixante-cinq ans. Son corps fut enseveli à côté de sa 
				cellule, au sommet de la montagne, et bientôt les miracles 
				devinrent si éclatants sur sa tombe que saint Nivard, évêque de 
				Reims, bâtit une église et un monastère en cet endroit où saint 
				Basle avait donné au monde le spectacle de vertus si hautes et 
				d'une mortification si extraordinaire. Son culte est populaire 
				dans le diocèse de Reims et en Lorraine ; sa fête se célèbre le 
				20 novembre. 
				 
				SOURCE CONSULTÉE 
				E. QUEUTELOT. - Saint Basle et le monastère de Verzy. Reims 
				1892.  |