| 
 Bulletin mensuel 
				de la Société d'archéologie lorraine et du Musée Lorrain1924
 Note sur la famille de 
				Lampougnan Les chefs de la défense de 
				Blâmont contre les Reitres, en 1587, paraissent avoir été Thomas 
				Kiecler, dont j'ai déjà parlé (1), et un autre personnage que 
				les chroniqueurs appellent le «  capitaine des Poignantes » ; 
				j'ai proposé de reconnaître, en ce dernier, Philippe Le Poignant 
				ou Le Pougnant, qui était capitaine et vivait à cette époque 
				(2). Or, M. l'abbé Chatton a avancé, plus récemment, une autre 
				hypothèse «  Le héros de Blâmont, dit-il, pourrait être Octavien 
				l'Empougnant, qui fit ses reprises en 1601 pour la seigneurie de 
				La Tour, située à Frémonville (comté de Blâmont), dont il venait 
				de faire l'acquisition. » [Arch. M.-et-M., B. 72, p. 89 (3).]
				Cette hypothèse me parait peu acceptable, car l'on ne voit nulle 
				part, que je sache, Octavien qualifié de capitaine; de plus, il 
				est naturel, je veux dire conforme aux habitudes lorraines, que 
				l'article de LE Poignant se soit transformé en un article 
				contracté pluriel des Poignants ou des Poignantes, tandis que, 
				dans la forme l'Empougnant, l'apostrophe mise après l'initiale 
				est abusive : il s'agit d'un nom italien, Lampugnani francisé en 
				Lampougnan (4), vraisemblablement milanais comme Carignan, 
				Marignan, Landrian : la première syllabe Lam est beaucoup trop 
				lourde, pour avoir pu disparaître ou se transformer en un 
				article, soit simple, soit contracté.
 A ce sujet, il m'a paru intéressant de recueillir quelques notes 
				sur cette famille Lampougnan, qui a tenu, au XVIIe siècle, un 
				certain rang dans le duché de Lorraine.
 Il en a été parlé dans l'article posthume du comte Edmond de 
				Martimprey de Romécourt sur la Tour de Frémonville.
 «  Dès 1601, dit l'auteur, la Tour était entre les mains d'Octavian 
				de Lampougnan, conseiller d'État du Duc, qui en fournit son 
				dénombrement les 11 avril et 9 juillet de cette année (5). Il 
				donna encore, en 1616, ses reversales pour les bois du Prévôt 
				(6) et, en 1625, un nouveau dénombrement pour les «  Tour, terre 
				et seigneurie de Fremonville (7). » Ce seigneur, d'origine 
				italienne, avait pour armes : De gueules à la bande échiquetée 
				d'argent et d'azur de deux, pièces, au chef d'or chargé d'un 
				aigle de gueules (8).
 «  A la fin du XVIIe siècle, Anne-Françoise de Lampougnan, ayant 
				épousé de Pindray, lui apporta en dot le fief de la Tour et 
				dépendances; elle était probablement petite-fille d'Octavian et 
				soeur d'Antoinette de Lampougnan, mariée à Luc Le Roy de Montluc, 
				chevalier, seigneur de Montluc, lieutenant-colonel du régiment 
				de Bartillac, dont un fils nommé Alphonse-François-Antoine fut 
				baptisé à Frémonville en 1688 (9). »
 Octavian de Lampougnan se maria, nous ne savons avec qui, et eut 
				un fils, dont l'alliance nous est également inconnue. C'est à 
				celui-ci, sans doute, que se rapporte une note d'Edmond de 
				Martimprey, note que je viens de retrouver : «  Charles de 
				Lampougnan, seigneur de la Tour de Frémonville, 1656. » (Reg. 
				Blâmont.) Ce personnage doit avoir été le dernier mâle de sa 
				famille, n'ayant laissé que les deux filles citées plus haut :
 1. Anne-Françoise de Lampougnan, héritière de la Tour de 
				Frémonville, et qui épousa Georges-Louis de Pindray.
 Il est fait mention d'eux en 1689 (10). Anne-Françoise «  vivait 
				encore le 28 janvier 1691, où elle fut marraine, à Repaix, d'une 
				fille de Nicolas de Martimprey et de J.-Béatrix de Nettancourt, 
				sa femme (Reg. Repaix) (11) ». Elle mourut quelques années plus 
				tard, car son mari épousa, en secondes noces, l'an 1697, 
				Anne-Henriette de Bannerot. Aucun enfant ne naquit de son 
				premier mariage, dit Edm. de Martimprey (12). Cependant l'on 
				voit la famille de Pindray conserver le fief de la Tour. Est-ce 
				par suite d'un achat fait à la soeur d'Anne-Françoise, qui, 
				semble-t-il, a dû être l'héritière légale?
 2. Antoinette de Lampougnan, comme on l'a vu plus haut, épousa 
				avant 1688, «  Luc Le Roy de Montluc, chevalier, seigneur de 
				Montluc, lieutenant-colonel du régiment de Bartillac », dont 
				postérité (13).
 Je trouve dans l'Inventaire sommaire des Archives de 
				Meurthe-et-Moselle quatre mentions de cette dame :
 1. B. 11941. - 1719. «  Remembrement du ban de Riche (14), fait 
				ensuite d'un arrêt rendu entre Antoinette de Lampougnan, veuve 
				de Luc Le Roy de Montluc, dame haute, moyenne et basse 
				justicière de Riche, et la communauté dudit lieu. »
 2. H. 699. - Chartreuse de Bosserville, 1515-1682 (15) : Vente 
				aux Chartreux, par Antoinette de Lampougnan, veuve de Luc Le Roy 
				de Montluc, d'un seizième en la seigneurie de Bezange (16). »
 3. H. 675. - Même fonds, 1703-1736.- «  Répertoire de ceux qui 
				devaient des rentes aux Chartreux. Antoinette de Lampougnan, 
				veuve de Luc Le Roy de Montluc. »
 4. H. 2487. - Abbaye de Vergaville, 1281-1765 «  Acencement du 
				moulin et de l'étang de Sotzeling (17), par l'abbaye, à 
				Antoinette de Lampougnan, veuve de Luc Le Roy de Montluc. »
 Ainsi, de la famille de Lampougnan, l'on ne connaitrait, en 
				Lorraine, que quatre personnes: Octave, son fils Charles et les 
				deux filles de celui-ci ; mais il est vrai que je me suis borné 
				à consulter les notes que j'avais sous la main, ne m'étant 
				occupé de cette famille que d'une manière incidente. 
				Quelqu'autre de nos confrères pourra sans doute en dire 
				davantage.
 
 L. GERMAIN DE MAIDY.
 
 (1) B. S. A. L., 1912, p. 89-91 
				Le défenseur de 
				Blâmont en 1587.
 (2) 
				Le Pays lorrain, 1911, p. 186-187.
 (3) M. S. A. L. 1911, p. 209.
 (4) Je trouve mention de l'église Saint-Magno à Legnano, «  
				construite de 1504 à 1513 par Bramante et par fra Giacomo 
				Lampugnant. » (Répertoire d'art et d'archéologie, 2e trim., 
				1013, n° 3704.)
 (5) «  Arch. M.-et-.M., B. 578, n° 69. »
 (6) Cf. Invent. Arch. M.-et-M., B. 3512. - 1619. Acquits servant 
				au compte de Charles Thabouret, châtelain et gruyer du comté de 
				Blâmont: «  Donation au sieur de Lampugnan du bois du Prévôt, au
 finage de Frémonville »
 (7) «  Lepage, Communes, art. Frémonville. » Lepage cite la lay. 
				Blâmont 3, et lettres patentes 1625,
 (8) Je trouve dans l'invent. Arch. M.-et-M., deux autres 
				mentions d'Octavien :
 B. 8730. - 1622. Acquits servant au compte de Georges Bertrand, 
				receveur de Saint-Dié et Raon : «  Assignation d'une pension de 
				blé sur la recette de Saint-Dié pour Octave de Lampougnan, 
				chambellan du duc Henri Il. »
 B. 3363.-1653. Acquits servant aux comptes de Marc George, 
				receveur du domaine du comte de Blâmont : «  Pension payée à 
				Octave de Lampougnan (Octaviano de Lampugnani), chambellan du 
				duc
 Henri IL »
 (9) Comte Edmond De Martimprey de Romécourt. 
				Note sur la Tour de Frémonville, dans S.A.L. 1912, p. 183. A Charles de Lampougnan 
				se rapporte probablement, cette mention de l'Invent. Arch. 
				M.-et-M. :
 3393. Compte de Thierry Collenot, receveur du domaine du comté 
				de Blâmont : «  Déclaration des seigneuries et fiefs mouvants de 
				l'office de Blâmont : fiels des sieurs de Lampougnan... à 
				Frémonville. » 1665.
 (10) E. de Martimprey, L.c. p. 184.
 (11) Ibid., note 3.
 (12) Ibid., p. 184.
 (13) V. plus haut.
 (14) Moselle, arr. et cant. de Château-Salins.
 (15) L'acte doit être postérieur à 1682, puisque Antoinette a eu 
				de son mari un fils baptisé en 1688.
 (16) Moselle, arr. Château-Salins, cant. Vic.
 (17) Arr. et cant. de Château-Salins.
 |