BLAMONT.INFO

Documents sur Blâmont (54) et le Blâmontois

 Présentation

 Documents

 Recherche

 Contact

 
 Plan du site
 Historique du site
 
Texte précédent (dans l'ordre de mise en ligne)

Retour à la liste des textes

Texte suivant (dans l'ordre de mise en ligne)

 
Page précédente

Histoire de l'abbaye de Saint-Sauveur et de Domèvre  (7/10)

(notes de bas de page renumérotées et placées en fin de document)

Page suivante

Mémoires de la Société d'archéologie lorraine - 1898

HISTOIRE DE L'ABBAYE DE SAINT-SAUVEUR ET DE DOMEVRE 1010-1789
Par M. l'abbé CHATTON

QUATRIÈME PARTIE
L'abbaye de Domèvre depuis la réforme de saint Pierre Fourier jusqu'à la grande Révolution (1625-1789)


CHAPITRE IV
PARTAGE DU TEMPOREL DE L'ABBAYE EN MENSE ABBATIALE ET MENSE CONVENTUELLE


Sommaire : I. Motifs et difficultés de partager le temporel de l'abbaye en mense abbatiale et mense conventuelle. - II. Réalisation de ce projet par l'abbé Chrétien Fabry. Sa ratification par Urbain VIII (1628). - III. Contestations et améliorations de la mense canoniale ou conventuelle.

I. - Jusqu'au moment de la réforme introduite à Domèvre par le B. P. Fourier, c'est-à-dire jusqu'en 1625, les biens du monastère étaient possédés en commun ; ils étaient gérés, exploités, d'après les ordres de l'abbé qui en était le maître légitime et l'administrateur responsable. Ce régime, où le rôle de l'abbé était comparable à celui du père de famille, eût été le meilleur si les titulaires de cette dignité eussent tous été des saints ou seulement des hommes d'une vertu un peu plus qu'ordinaire. Malheureusement dans le nombre il s'en trouvait qui n'étaient pas assez exempts des passions humaines ; quantité de fils de familles nobles s'engageaient dans la vie religieuse, attirés par l'espoir des honneurs et des bénéfices plus que par le désir de la perfection chrétienne. Ils obtenaient plus facilement que les autres les suffrages influents qui leur mettaient en main la crosse abbatiale ; étant entrés dans le cloître sans vocation, ils y transportaient des habitudes de luxe, des moeurs de grands seigneurs. Dans ces conditions, la bourse commune servait trop aux caprices de celui qui en tenait les cordons, et pas assez aux besoins de ceux qu'elle devait entretenir. Il y avait là un danger réel et des abus fréquents, surtout dans les abbayes livrées à la commende. C'est pourquoi le B. P. Fourier avait conseillé dans ses projets de réforme la séparation des menses, c'est-à-dire une répartition équitable et fixe des biens des monastères, entre les abbés et leurs religieux. L'idée, qui n'était pas nouvelle (1), était excellente, mais la réalisation hérissée de difficultés à cause des prétentions des abbés et de la limite flottante des besoins de chaque partie. Cette répartition était un travail si délicat et si malaisé que le Bon Père écrivait un jour : «  C'est un tourment indicible de traiter ces séparations de table. Vous ne scauriez croire la peine ! Ces commandataires, leurs officiers, leurs conseillers crient et tempêtent contre les pauvres religieux et seraient contents qu'ils ne mangeassent que des croûtes moisies... ils les traitent comme des chiens venus pour renverser et lécher les plats de la cuisine de leurs maîtres et seigneurs. »

II. - L'abbé de Domèvre, le P. Chrétien Fabry (2), ayant introduit dans son couvent la réforme du P. Fourier, avait fait bon accueil aussi au conseil si sage de la séparation des menses : le projet fut mis à l'étude et un arrangement fut conclu le 5 octobre 1626 (3). Pour donner à ce traité une autorité qui pût obliger plus efficacement les parties, on le fît sanctionner par la Cour de Rome. Jean Maréchal, élu coadjuteur de l'abbé Fabri avec future succession, fut choisi comme délégué apostolique pour examiner mûrement l'affaire, et sur son rapport favorable, Urbain VIII, par une bulle du 12 de Calendes de novembre 1628, ratifia les conclusions de cette transaction qu'on croyait définitive. Le motif invoqué par le document pontifical pour l'opportunité de ce partage, est le désir de supprimer une occasion féconde en discordes et en récriminations «  ad vitanda jurgia et discriminationes ». Seulement ce nouvel ordre de choses était malaisé à concerter et à mettre en train à cette période de début, parce qu'il y avait à Domèvre des chanoines qui avaient refusé d'adopter la réforme inaugurée par le P. Fourier et qu'on fut obligé de leur assigner à chacun une pension. Néanmoins voici ce qui fut arrêté entre les parties et confirmé par l'autorité des papes (4) : on convint que les propriétés et les revenus qu'on va énoncer, appartiendraient désormais aux religieux et que tout le reste qui ne serait pas mentionné, serait la part de l'abbé, à l'exception des acquêts faits par la mense conventuelle depuis la conclusion de cet accord.
1° Ce que les anciens Chanoines avaient pour la pitance et le vestiaire hormis quelques constitutions de rentes. - 2° Les dîmes de Sornéville et de Moncel avec tout ce qui pouvait appartenir à l'abbaye en ces lieux. - 3° Les dîmes de Barbas et toutes les propriétés situées sur son ban. - 4° L'alleu de Monney (commune de Harbouey). - 5° A Ibigny, les biens fonds avec huit chapons et les cens. - 6° Ce que l'abbaye possédait à Azerailles. - 7° Ce qu'elle possédait à Blémerey, Parux, Vého, Gondrexon; les près d'Angomont excepté ce qui dépend de la bergerie de Parux. - 8° Les dîmes de vin à Domèvre avec le droit de pressurer au pressoir de l'abbé. - 9° 80 fr. de cens sur la seigneurie foncière de Lupcourt; 40 fr. sur le vicariat de Cirey, et autant sur celui de Harbouey. - 10° Un muid de sel. - 11° Les dîmes de la Petite- Réchicourt pour le luminaire de l'église du monastère, pour les cordes du clocher, pour l'horloge, et pour les dépenses de la confrérie, du Rosaire érigée canoniquement depuis peu dans l'abbaye. - 12° Une partie du bois situé près du monastère, à prendre du côté de l'étang d'Albe pour l'affouage des religieux. - 13° Les droits de maronage, charronnage et de clôture dans les bois de St-Sauveur. - 14° Les bâtiments claustraux, les jardins joignants et des terrains pour les augmenter jusqu'au ruisseau de la forêt. - 15° Une des deux maisons de Blâmont pour le pied-à-terre et la sécurité des religieux. - 16° L'exemption de contribuer à la réparation des bâtiments réguliers, excepté quand il s'agit de réfections dues aux paroisses où les religieux sont décimateurs. - 17° Le droit de mouture gratuite au moulin de Domèvre. - 18° L'exemption de participer aux charges et impositions de toute nature, comme celles des décimes, des dons gratuits, des subventions à l'occasion de la guerre ou pour la défense de la foi, et toutes autres, quel qu'en soit le nom. - 19° Enfin le pape en confirmant les religieux dans la possession et jouissance des biens ci-dessus énumérés, réservait que, si ces revenus n'étaient pas suffisants pour entretenir le nombre requis des religieux, on prélèverait sur la mense abbatiale ce qui serait nécessaire pour y suppléer.

III. - La teneur de la bulle était obligatoire à perpétuité, et les juges ordinaires ou délégués, même les auditeurs des causes du palais apostolique, même les cardinaux de la Sainte Eglise, même les légats a latere, même les nonces, étaient déclarés inhabiles à modifier le sens de ces conventions solennelles. - Ces lettres apostoliques avaient l'avantage de créer des droitx fixes aux religieux, qui auparavant étaient presque de condition servile, et leur conféraient la faculté de recourir à une autorité protectrice. C'était un progrès sérieux ; mais elles n'éliminaient pas toute matière à discussion, car elles contenaient des termes assez élastiques pour que leur interprétation se prêtât à des applications très variables.
Ensuite la part qui était assignée à la mense conventuelle, était réellement insuffisante pour entretenir douze religieux suivant l'esprit de la fondation. Aussi ce feu des conflits, endormi sous la cendre, ne tarda pas à se faire jour et à enflammer les esprits. Dès 1642 on fut obligé de passer un nouveau traité pour rendre la paix à la communauté. En 1645 on dut encore recommencer. L'abbé Clément Philippe, homme droit et consciencieux, reconnut loyalement que la portion attribuée aux religieux dans la bulle d'Urbain VIII, n'équivalait qu'au cinquième du total des biens de l'abbaye et que cette portion, ainsi réduite à cause des pensions qu'il fallait payer aux Chanoines réfractaires à la réforme, ne pouvait suffire qu'à l'entretien de quatre Chanoines au lieu de douze qu'il eût fallu nourrir pour satisfaire aux intentions du fondateur.
Par un acte daté du 22 août 1645, l'abbé leur céda le supplément suivant :
1° La moitié des grosses et menues dîmes de Domèvre. - 2° Une maison à Domèvre avec ses jardins et dépendances. - 3° 160 jours de terre à prendre près des héritages de Nicolas Grioute et 50 autres jours à la corvée Florent au-dessus du ruisseau de Verdenal. - 4° 40 fauchées de prés dont 9 à la Grivolée, 6 au pré le Chevalier, 15 à Champieux, 10 au Brevillot. - 5° Le droit de troupeau à part. - 6° Le droit de pèche sur tout le parcours qui pétait à l'abbaye. - 7° 130 arpents de bois achetés à la communauté. - 8° 3 jours de vigne avec les jardins joignants et une maisonnette bâtie à l'extrémité de la vigne. - 9° Les écuries des chevaux. - 10° Les jardins de la bergerie. - 11° Tout l'espace qui se trouvait entre ce jardin et le fruitier des Chanoines, pour y bâtir une basse-cour. - 12° Une scierie à Raon-les-Leau, avec droit de prendre dans la forêt de l'abbé les bois nécessaires pour l'alimenter; le tout à condition que la mense canoniale serait chargée de l'entretien du nombre requis des Chanoines réguliers et de la desserte de la paroisse de Domèvre.
Cette amélioration des menses fut confirmée par une bulle d'Innocent X en 1646. On y lit dans les considérations préliminaires que l'abbé Chrétien Fabry, après avoir obtenu la bulle d'Urbain VIII pour la séparation des menses, avait reconnu dans la suite que ce partage avait été peu avantageux aux religieux et insuffisant pour l'acquit des fondations ; et, comme de son vivant il se trouvait dans l'impossibilité de corriger cette injustice, il avait ordonné pour la sûreté de sa conscience à Jean Maréchal, son coadjuteur, de réparer cette lacune.
Cette bulle nous apprend encore que Jean Maréchal étant mort peu après le décès du P. Fabry, il n'avait pas pu mener à bonne fin l'affaire qui lui avait été confiée ; c'est pourquoi le R. P. Clément Philippe, devenu abbé de Domèvre, poussé par le zèle de la justice, dans le dessein de décharger sa conscience et celle de ses prédécesseurs, et pour éviter toute difficulté et involution de procès, avait passé un nouveau traité à l'avantage des religieux ; il en demandait la confirmation par l'autorité apostolique, ce qui lui fut accordé. Cette question d'intérêt, qui semblait réglée pour toujours, ne tarda pas à être agitée de nouveau. A peine l'abbé Lebègue arriva-t-il au pouvoir,qu'il se plaignit du mauvais état de la mense ; il présenta au général de la Congrégation et à son conseil un mémoire dans lequel il s'efforçait de démontrer que, eu égard à toutes ses charges, il se trouvait lésé considérablement par la transaction accordée par son prédécesseur. Il proposa trois moyens de réparer sa prétendue lésion. Trois ans après, c'est-à-dire en 1671, il proposa un nouveau traité, et quatre ans plus tard encore un autre. Nous ne finirions pas si nous voulions rapporter dans le détail ces sortes de transactions sans cesse renouvelées et se modifiant perpétuellement. Nous dirons seulement que la question des menses fut une source intarissable de conflits entre les abbés et leurs religieux, et qu'une répartition équitable et fixe était bien difficile à cause delà fluctuation des recettes et du caractère aléatoire des charges. Le P. Piart, qui avait l'humeur batailleuse, ne pouvait manquer de se brouiller avec ses religieux sur une question qui avait mis la division entre des esprits plus conciliants que le sien. En 1738, il prétendit que les transactions passées entre ses prédécesseurs et le chapitre ne l'obligeaient pas personnellement. Les parties s'en remirent à l'arbitrage de MM. de Beaucharmois, Dordelu, André Laine, de Moulon et de Chateaufort, qui décidèrent contre l'abbé sur presque tous les points litigieux (5) ; mais celui-ci en appela de cette sentence devant la Cour souveraine et s'engagea dans de longues procédures, dans lesquelles nous ne pouvons le suivre.
Au commencement du XVIIIe siècle, la mense abbatiale rapportait environ 6.000 à 8.000 livres ; dans la seconde moitié du même siècle, elle rapportait de 12.000 à 13.000 livres. La mense conventuelle, aux mêmes époques, rapportait 8.000 ou 10.000 livres, et, plus tard, environ 23.000 livres. D'après le Pouillié du P. Benoit, vers 1710, la première mense ne rapportait que 2.000 liv. et la seconde 3.000; mais ce devait être sans compter les revenus en nature.

CHAPITRE V
VILLAGES ET TERRES DÉPENDANT DE L'ABBAYE DURANT LA GUERRE DE TRENTE ANS


SOMMAIRE : I. Ravages de la guerre à Domèvre, Arracourt, Burthecourt-aux-Chènes, Raon-les-Leau, Saint-Sauveur, Bathelémont (seigneuries de l'abbaye). - II. A Angomont, Azerailles, Blâmont, Barbas, Blemerey, Leintrey, où l'abbaye avait des propriétés et percevait des droits.

1. - Nous avons déjà vu en quel état de désolation et de ruine se trouvaient les bâtiments du monastère pendant la guerre de Trente ans (6). Les villages et les terres qui relevaient de cette abbaye paraissent avoir été dans une situation plus misérable encore. Nous ne ferons guère que citer des documents : ils parleront assez d'eux-mêmes.
Il faut d'abord observer que les réquisitions de guerre pour les troupes lorraines, pendant les années 1632 et 1633, avaient déjà beaucoup appauvri le village de Domèvre et ceux des environs. On pourrait encore évaluer avec exactitude la quantité de rations qui furent fournies par ordre de Charles IV aux régiments du marquis de Bassompierre, de Blainville, de Lémont, de Clinchamp, de Couvonge, de Gournay, de Friauville, pendant qu'ils étaient cantonnés à Domèvre, Blâmont, Saint-Martin, Avricourt, Verdenal, Autrepierrre, Petitmont, Saint-Georges et Repaix (7). Durant ces deux années 1632 et 1633, le blé ne se vendait alors que 3 fr. le resal pesant 170 livres ; le vin coûtait 13 fr. la mesure et la viande 3 sols la livre.
En juillet 1633, de nouvelles levées d'hommes et de chevaux furent ordonnées : chaque monastère aussi bien que chaque village dut fournir un cheval de cent écus, harnaché et garni de deux pistolets, pour être monté par un cavalier (8). La concentration des troupes en cette région devint si grande que, le 17 de ce mois, un correspondant du Gazetier de Paris écrivait de Toul : «  Toutes les troupes du duc de Lorraine tirent vers Blâmont (9) ». Florainville était alors gouverneur de cette place.
Au mois d'août l'armée lorraine fut battue et mise en déroute par l'armée suédoise. A partir de cette époque les documents deviennent rares, à cause des troubles de l'invasion ; la plupart des événements locaux nous échappent.
Voici la courte indication de ceux que nous avons pu glaner.
En 1638 (10) (septembre), saint Pierre Fourier écrit à Charles IV, lui demandant d'octroyer au R. P. Philippe l'autorisation de prendre possession provisoire du temporel de l'abbaye de Domèvre. Dans cette lettre il lui remontre que cette abbaye est «  toute pauvre, toute destituée et vuide de biens et de personnes » ; que cette maison «  assez petite d'elle-même est sans aucuns meubles, sans pain, sans vin et sans aucune provision, si bien qu'elle est abandonnée et n'y restent que les bastiments seuls qui s'en iront quelque jour totalement en ruine si la charge d'y pourvoir, ou du moins d'y regarder et d'en prendre pitié n'est donnée à quelque personne bien fidèle et prudente (11). » - Il ajoute : «  que l'abbé dernier défunct et son prédécesseur immédiat n'y ont pas résidé depuis plus de trois ans en ça (12) et n'en ont reçeu aucunes de leurs rentes ; et ne scait-on bonnement où elles sont assises, du moins pour la plupart. » Il répète que «  pour maintenant il n'y a pas moyen, que l'on sache, d'en tirer une maille. »
1641. - Un registre des dépenses journalières pour cette année et la suivante, nous laisse sufTisamment entrevoir l'état misérable de la communauté durant cette période (13) :
Le 20 août, il ne se trouve dans la caisse de l'abbaye que la somme de 16 fr. 11 gros.
Le même jour, les Chanoines de Domèvre vont jusqu'à Lunéville pour acheter de la viande près de leurs confrères de l'abbaye de Saint-Remy (pour 10 fr.).
«  Le 24 du même mois, dépense pour une livre de poudre 3 fr. 6 gr.
En novembre : pour des pommes sauvages 4 gros.
Le 28, pour despens faicts à la poursuite de la vache 2 fr.
Pour de la chair de mouton, du beurre, des oeufs pour le P. Hallot blessé 4 fr, »
Pendant le mois de décembre, on n'achète de la viande que pour 4 fr., et encore une fois c'était pour le P. Hallot, malade.
«  Le 30 : délivré à la femme qui a pansé le P. Hallot de sa blessure, 10 fr. sur ce qui lui sera deub pour ce sujet. »
Il résulte de ce document que la communauté était réduite à cinq personnes : le P. Clément Philippe,les Pères Froment, Marchal, Hallot et frère Mengin.
«  1642. - En janvier: pour du bled achepté à Saint-Martin sur la somme de 105 fr. pour trois resaulx auprès de Claudon Génin.
Le 22, pour de la venaison pour faire présent à Monsieur de Nutting, pour 7 fr.
Item, pour un voyage à Dieuze pour obtenir une sauvegarde, pour dépens 10 fr.
Le 27, achepté 5 quarterons de bled de Caresme. 13 fr.
En février : 88 fr. pour deux resaux et demi de bled et 3 fr. pour un quarteron de fèves.
En mars : pour un demi-resal d'orge 14 fr.
En juin : pour deux resaux et demi d'avoine 40 fr.
Le 16 : pour le décret d'une requeste présentée à Monsieur roflicial de Vic 2 fr.
Juillet : Les religieux avaient dû prendre la fuite, car aucune dépense n'est consignée pendant ce mois.
Août : Le 3, délivré 10 fr. au maire de Domepvre pour une demy pistolle, qu'il nous avait preste pour rachepter nos boeufs 10 fr.
Le 17 : Pour du vin et de la viande acheptée à Badonviller pour traicter Monsieur le curé dudit Badonviller avec la plupart de ses paroissiens qui estoient venus en procession visiter nostre église 20 fr.
Le 29 : Quatre pistolles pour rachepter nos chevaux enlevés par les soldats 80 fr.
Octobre : Le 8, délivré 11 pistolles à Kabaine et à un autre soldat croate, pour récupérer tout nostre bestail par eulx enlevés et menés dans les montagnes 220 fr.
Item, pour despense faicte à Blâmont tant à la poursuite dudit bétail que pendant le passage et séjour de l'armée 9 f r.
Item pour despens faictz à Badonviller tant pour le bestail y réfugié que pour le P. Hallot à diverses fois 14 fr. »
Un autre registre dressé en 1645-46 par le P. Clément Philippe, pour établir un état des redevances dont était chargée chacune des maisons de Domèvre, nous est bien précieux en cette circonstance, parce qu'en passant en revue toutes les maisons et les noms des propriétaires, il nous révèle combien d'habitations étaient désertes et combien en ruine (14). On y lit entre autres renseignements : «  La maison du maire Sébastien Simonet est la première qui fait la quarre vers le pont du costé du molin au bout de la rue appelée commencement la rue. »
Note marginale : «  Elle fut bruslée l'an 1644, le colonel Helme estant logé au village avec son régiment. »
Deux autres maisons ruinées.
Maison Nicolas Voyrion, à la grande rue vers la rivière : ruinée.
Une autre maison sans toit du Voyrion.
Une autre : pas d'héritiers, aucun ne se présente.
La maison Chrétien Gérard : ruinée.
La maison Demenge, de Nancy : ruinée, aucun héritier ne se présente.
La maison Jean Criviller : près d'être ruinée.
Une autre du même Jean Criviller, quoique neuve, a été ruinée, etc., etc. Sur 69 maisons à la Grande-Domèvre, 27 sont ruinées ; et sur les 28 qui composent la Petite-Domèvre sur la rive droite de la Vezouze, 6 sont complètement effondrées.
En 1645, les religieux possédaient 25 reseaux de blé, 5 d'avoine, 5 d'orge, 6 de blé de Carême, et 10 bichets de sarrasin, qu'ils avaient fait conduire secrètement à Herbéviller chez M. de Villers (15), espérant y trouver plus de sécurité, sans doute parce que c'était un village français ; mais le château y fut brûlé, en 1646, par une compagnie de Croates qui y avaient logé pendant 18 mois (16).
1648. - La culture était encore dans un état bien précaire, car toutes les terres et les corvées dépendant de l'abbaye sur le ban de Domèvre, avec 6 boeufs, chars, charrue, attirails, harnais, furent laissés à ferme pour un bail de trois ans à Jean Dédiat, de Laneuveville aux-Bois, moyennant seulement une redevance annuelle de sept paires de resaux (17).
1666, 26 mars. - «  Après avoir sainement et meurement considéré les ruines, dommages et grandes pertes que les guerres ont faites dans tous nos biens, et la lésion notable qui se trouve dans leurs partages, faits par cy-devant, lesquels, depuis notre entrée dans notre abbaye, n'ont point eu encore de stabilité à cause des malheurs des temps, pour à quoy remédier, nous avons jugé à propos de faire un recueil général de tous les biens présens et connus de ladite abbaye ; d'autant que, pendant ces dernières guerres, plusieurs ont été perdus, ruinez et devenus inconnus (18). »
ARRACOURT et RIOUVILLE. - 1637. - «  Le maire d'Arracourt étant mort avec grand nombre des habitants, le comptable n'a su avoir déclaration ni compte, le reste des habitants s'étant retirés à l'évêché de Metz et ez bois. »
1641. - «  Le comptable remontre que s'estant transporté audit Arracourt le dimanche après la Décollation de saint Jean-Baptiste, ainsi que du passé l'on avait accoustumé, pour, avec les seigneurs comparsonniers, recevoir et entendre le compte du maire et tirer les rentes dues par les habitants, survint une alarme des gens de guerre qui le contraignit, lui et lesdits seigneurs comparsonniers, laisser lesdits comptes et les sujets d'abandonner ; de sorte que, jusqu'ici, il leur a esté impossible de se rassembler et sont réfugiés à Vic et autres lieux pour leur sûreté. »
1644. - «  A cause des troupes logées aux environs dudit lieu, les sujets se sont retirés, eux et leurs biens, dans les villes voisines. »
1646. - «  Ne sont que 15 ou 16 habitants, au lieu de 100 qu'ils étaient avant les guerres (19). »
Arracourt n'était alors que l'annexe de Riouville. Au XIIIe siècle, nous avons rencontré le nom d'Isabelle de Riouville parmi les bienfaiteurs de l'abbaye de Saint-Sauveur. Cette localité a été complètement ruinée pendant la guerre suédoise, et son territoire a été incorporé depuis à celui d'Arracourt. Actuellement il y a encore deux maisons qui nous marquent l'emplacement du village disparu.
Les trouvailles que l'on a faites en y pratiquant des fouilles, il y a environ 50 ans, attestent sa haute antiquité (20).
Sur le même territoire, dans la direction de Besange, se trouvait un autre petit village, nommé Boncourt ; il est mentionné dans la charte de la comtesse Agnès en 1138, et il semble avoir disparu à l'époque qui nous occupe (21).
BURTHECOURT-AUX-CHÊNES fut complètement abandonné ; quelques habitants revinrent en 1644.
1644. - Chaque conduit dudit lieu doit, par an, au terme Saint-Martin d'hyver un ymal d'avoine, mesure de Saint-Nicolas ; de quoy le comptable n'en a reçu aucune chose depuis les guerres, à cause de la pauvreté de deux ou trois habitants qu'il est resté au dit lieu (22). Partant (recette), néant.
1646. - Il n'y a encore qu'un conduit (23).
1647. - Le 14 janvier, le P. Clément Philippe y préside néanmoins la séance des plaids annaux interrompus, dit-il, parle malheur des guerres (24).
Pendant la désertion du village, le curé avait confié les vases sacrés de sa paroisse aux Jésuites de Saint-Nicolas, pour qu'ils les rendissent en des temps meilleurs (25).
AZELOT, annexe de Burthecourt, de 1641 à 1645, ne compte qu'un conduit, quelquefois deux (26).
RAON LES-LEAU fut entièrement ruiné pendant cette guerre ; il n'y resta aucune maison, pas même l'église. Il fut entièrement abandonné par ses habitants et ne commença à se repeupler que vers 1705. En 1678 on avait encore si peu l'espoir de rétablir le village et l'église, que le P. Lebègue, abbé de Domèvre et patron de la cure de Raon, donna à la paroisse de Luvigny la pierre des fonts baptismaux, qui était assez remarquable.
Jusqu'à cette époque, Raon-sur-Plaine et Raon-les-Leau n'e formaient qu'une communauté et qu'une paroisse, car le document de 1678 porte : «  Ravon sur Plaine ditte les leaux (27) ». On peut inférer de là qu'en 1138, quand la comtesse Agnès donna la moitié de Raon à l'abbaye de Saint-Sauveur, elle lui donna sans doute tout le village que nous appelons maintenant Raon les-Leau et qui est contigu à Raon-sur-Plaine (28),
SAINT-SAUVEUR fut brûlé par l'armée du comte de Ligniville (29).
1644-1645. - «  Demenge de Launoy, demeurant à Saint-Sauveur, doit et paie un franc pour un jardin d'arbres fruitiers ; Nicolas de Salme, demeurant à Saint-Sauveur, pour une pièce de prés, paie 7 francs. » (C'étaient les deux seuls habitants de la commune.)
«  Au dit lieu de Saint-Sauveur sont encore plusieurs autres pièces d'héritages desquelles à présent on ne tire aucun profit, pour n'y avoir personne qui les façonne (30). »
XVIIIe siècle. - «  Du territoire de Saint-Sauveur dépend une censé appelée la Bergerie, distante de trois quarts de lieue de Saint-Sauveur, ayant Bréménil au couchant et Parux au septentrion. Cette censé est entièrement délaissée et inhabitée depuis les guerres ; maisons, granges et étables sont entièrement ruinées. Cette censé avait environ 30 jours de terre arable à la saison et des prés pour 17 charrées de foin (31). »
La scierie de Noroy (Noirvoid) située du côté de Val-de- Bon Moutier sur le terrain des seigneurs de Chatillon (mais appartenant aux abbés de Domèvre moyennant une redevance en planches), fut brûlée aussi pendant la guerre de Trente ans et resta longtemps abandonnée.
BATHELÉMONT. - 1681. - «  A Bathelémont il y a une rue présentement ruinée entièrement, appelée autrefois la rue de Lorraine, avec une maison de même ruinée, dite la Cour-de-Domèvre, où les religieux sont seigneurs fonciers (32). »

II. - Autres villages où l'abbaye avait des propriétés et percevait des droits.
ANGOMONT. - XVIIe siècle. - «  Le village d'Angomont étant entièrement bruslé, quelques terres et prés du finage appartenant à la mense canoniale sont de nul rapport à cause de la ruine totale du lieu. »
AZERAILLES. - «  Les héritages demeurant en friche, au lieu de 160 fr. de recettes (33), néant. »
BLAMONT. - (L'abbaye y possédait une maison.)
1641-1645. - «  Recepte en deniers pour le louage de nostre maison de Blamont (34) : ne faict pareillement recepte pour le louage de la dite maison, grange et aysance d'icelle, de quoy par ci devant on rendait 20 fr. par chacun an, et depuis l'incendie de la ville, icelle serait demeurée dedans ses ruynes comme les autres voisines, restant seulement quelques grandes murailles et quelque partie du toict qu'on y a faict environ l'an 1640 pour la conservation de ce qui pourrait estre reparé, si on en avoit les commoditez.
Et partant n'est encore icy : néant (35). »
BLÉMEREY et autres villages voisins. - 1630-1645-1675 (Mémoire du XVIIIe siècle). - «  En 1630 et les années suivantes, la Lorraine fut attaquée de la peste. Cette cruelle maladie emporta la plus grande partie de ses habitants ; il ne restait plus en 1645 qu'un seul ménage à Blémerey ; la cure de Reillon et de ses annexes se trouva abandonnée. Par un traité en forme de transaction passé le 24 sept. 1671 entre l'abbé de Domèvre et ses religieux, il leur abandonna la dîme d'un grand nombre de villages, notamment de ceux de Blémerey, Reillon, Gondrexon et Chazelles ; ils commençaient à se rétablir, mais la plupart des terres étaient encore incultes (36). »
BARBAS. - 1707. - «  Le malheur des guerres ayant réduit le village de Barbas, comme plusieurs autres, à une désertion presque totale, il n'est resté dans le village que très peu de bourgeois », qui ont négligé de refectionner l'église.
LEINTREY. - Au lieu de 80 paires de resaux et 57 fr. en argent, recette : néant.
1686. - Attendu la confusion où se trouve le finage par le malheur des grandes guerres ; attendu que les anciens sont décédés et qu'il est impossible de pouvoir assigner à chacun ce que ses auteurs ont possédé, les habitants consentent unanimement à ce que le lot qui devra être livré à chacun, soit tiré au sort (37).
AUTRES VILLAGES. - XVIIe siècle. - «  La mense canoniale a quelques terres et prés aux villages de Neuf -Maisons, Neuviller-les-Badonviller, Vacqueville, Gondrexon, Reillon, Parux, etc., qui sont de nul rapport, étant incultes, une partie des maisons desdits lieux étant ruinée..., etc. (38). »
Ces citations, quoique laconiques, sont assez éloquentes pour pouvoir se passer de commentaires. On pourrait les multiplier, mais nous n'ajouterons que ce mot : En 1654, «  les pauvres habitans restants du comté de Blamont » supplient Son Altesse de les décharger de l'impôt en grains qui leur est réclamé, «  disant combien que ledit comté ne soit composé que de douze villages, desquels huit sont entièrement déserts, n'y ayant qu'une vingtaine d'habitans dans les autres, la ville de Blâmont est toute bruslée et toute déserte (39). »

CHAPITRE VI
BIBLIOTHÈQUE ET MOBILIER DE L'ABBAYE DE DOMEVRE


SOMMAIRE : I. Bibliothèque (dispersion de ses volumes, liste des manuscrits connus). - II. Mobilier (stalles, orgue, confessionnaux, lutrin en cuivre, tambour de la porte d'entrée de l'église, portrait de saint Pierre Fourier, par Herbel (1687), portrait du P. Guinet, premier général de la Congrégation de Notre -Sauveur, autres objets).

L'abbaye de Saint-Sauveur, fondée dès l'an 1010, héritière des biens du monastère de Bon-Moutier, sans pouvoir rivaliser avec l'abbaye de Citeaux et l'antique monastère de Sainte-Bénigne de Dijon, ou le célèbre collège de Jumièges près de Rouen, possédait sans doute quelques livres copiés par la main patiente des moines. Elle possédait au moins des livres d'heures, le texte des Livres saints, des opuscules de patrologie, d'ascétisme, les titres où étaient consignés ses droits seigneuriaux, peut-être aussi quelques vieilles chroniques. Rien de tout cela ne nous est parvenu. Nous devinons bien, hélas ! quel fut le sort de cet ancien fonds, qui, pour nous, eût été si instructif; il fut réduit en cendres par les incendies de 1470, 1524, 1568, mais surtout par celui de 1587, qui fut le plus funeste de tous, puisque, d'après le rapport de l'abbé Malriat, le feu dévora «  une infinité de très bons et notables meubles, livres, carthes, mémoires, escriptures de grand conséquence (40) ». A part quelques vieilles chartes très rares qui ont été conservées, nous ne savons comment, nous constatons en efïet, que les papiers de l'abbaye qui, dans l'inventaire des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, ne comptent pas moins de 130 liasses, cartons ou registres (41), ne remontent pas plus haut qu'à la fin du seizième siècle; lorsque des dates plus anciennes sont mentionnées, il ne s'agit presque toujours que de copies dont nous ne retrouvons plus les originaux. Dans le dépouillement de ces pièces, de toutes dimensions et d'importance très variable, nous avons rencontré un inventaire des livres de la bibliothèque (42), rédigé en 1759. Cet inventaire comprend 102 numéros et à peine 200 volumes. C'est bien peu pour la nourriture intellectuelle d'une communauté qui comptait environ 16 membres résidents. Aussi croyons-nous avoir trouvé plutôt une liste de livres ayant appartenu à quelque Chanoine studieux versé dans le ministère, et dont la bibliothèque, après sa mort, est revenue de droit au couvent. Nous lisons, en efïet, sur cet inventaire, des notes marginales comme celles-ci, qui sont d'une autre écriture: «  Appartient à Metz à nos confrères... - A nos confrères de Nancy - A Mlle Petit, de Nancy - A mon frère. » Ces notes semblent indiquer un triage à faire, des livres empruntés, avant de disposer des autres. La bibliothèque en question était probablement celle du P. Lebel, qui était fort instruit et qui mourut curé de Sornéville, laissant un frère à Nancy qui parait avoir été assez riche.
Quoi qu'il en soit de cette conjecture, la bibliothèque de Domèvre, comme celle des autres abbayes, fut confisquée par l'État pendant la Révolution et vendue, en grande partie, à vil prix. Ou en retrouve çà et là des volumes un peu de tous les côtés. J'en ai rencontré un, de format in f°, au couvent des Dominicains ; il a pour titre : «  Illustrissimi Pétri de Marca archiepiscopi Parisiensis de Concordia Sacerdotii et Imperii seu de libertatibus EcclesiaeGallicanae. » Au dessous du frontispice, on lit cette inscription manuscrite : «  Canoniae Domaprensis 1770. Thieriet Nicolao Alexandro de Thumery. » En face du titre de l'ouvrage, on trouve le portrait de Louis Frémyn, chevalier, président à mortier du Parlement de Metz (gravure de Sébastien Leclerc). Ce serait un travail plus long que profitable de reconstituer, à force de recueillir des épaves, la bibliothèque des livres imprimés qui furent aux religieux de Domèvre.
Nous croyons plus utile de donner la liste de leurs manuscrits, du moins de ceux que nous connaissons et qui font actuellement partie du dépôt public appartenant à la ville de Nancy. Voici cette liste, suivant leurs numéros d'ordre (43):
4-11 (482). La sainte Bible dea laïques, où l'on a rangé tous les livrer de l'Ancien et du Nouveau Testament en un corps d'histoire suivie.
1re partie en 21 livres ; - 2e partie en 7 livres.
(XVIIIe siècle, papier. 319,322, 317, 328, 299, 271, 303, 306 pages - 198 millim. sur 162 ; demi-rel.)
34 (305). Heures de Notre-Dame de Pitié.
(XVe siècle, parchemin, 130 feuillets, 233 millim. sur 160. Les feuillets 26, 35, 48, 52, 55, 59, 65, 70, 79, 97, où sont des miniatures, ont été rognés à la marge inférieure d'au moins 30 millim. Chaque sujet, mesurant en moyenne 100 millim. sur 90, est dans un encadrement d'or orné de fleurs, de fruits, etc. Reliure en bois couvert de veau gaufré. Au f" 16, armoiries d'azur à la hache d'or.) (Chanoines de Domèvre en 1722.)
49 (48l). Solutions du P. Willard, Chanoine régulier, sur le sacrifice de la Messe et le Purgatoire, adressé aux citoyens de la religion prétendue réformée de Loisy en Brie.
(XVIIIe siècle, papier, 210 pages, 190 millim. sur 130, cartonné.)
70-79 (378). Esprit du B. P. Fotirier, ou extraits choisis de ses lettres distribués en 4 parties. 1703 :
lre partie, 2 recueils : 118 et 67 pages. - 2e partie, 2 recueils : 118 et 35 pages. - 3e partie, 2 recueils : 109 et 13 pages. - 4e partie, 1 recueil : 79 pages.
(XVIIIe' siècle, papier, 197 millim. sur 100, demi-reIiure basane.
260 (209). Traité de la culture de toutes sortes de fleurs.
(XVIIIe siècle, papier, 112 feuillets, 187 millim. sur 148, couv. en peau.)
209 (239). Recueil de recettes médicales, fol. 1, ad faciendum unguentum vocatum gratia Dei...
(XVe et XVIe siècle, parchemin, 102 feuillets, 112 millim. sur 81, majuscules peintes et ornées, couv. en peau.) (Raybois en 1644 - Chanoines de Domèvre en 1722.)
437 (375). Lettres choisies du B. P. Fourier.
Recueil de 70 lettres écrites de 1606 à 1640.
(XVIIIe siècle, papier, 230 feuillets, 203 millim. sur 158, demi-rel. basane.)
438 (370). Lettres du B. P. Fourier au.r RR. PP. Jean Terrel et Guy Lemutier.
(XVIIIe siècle, papier, 112 feuillets (43 et 17 lettres), 200 millim.sur 165, demi-rel. bas.)
506 (363). Essais sur l'histoire et sur les écrits du B. P. Fourier.
(XVIIIe siècle, papier, 13 et 281 pages, 194 millim. sur 157, demi- reliure veau fauve.)
507 (305). Abrégé chronologique de la vie du B. P. Fourier et de l'établissement de ses deux Congrégations depuis 1564 jusqu'à nos jours (1753).
Cet ouvrage est le même que le précédent.
(XVIIIe siècle, papier, 175, images, 196 mill. sur 160, cart. veau.)
568 (364). Abrégé chronologique de la vie du B. P. Fourier avec quelques remarques sur ce qui s'est passé dans ses deux Congrégations jusqu'à nos jours (1742).
Cet abrégé diffère des deux numéros précédents.
(XVIIIe siècle, papier, 323 pages, 190 millim. sur 135, cartonné.)
609-515 (366-367). Histoire générale du B. P. Fourier, par le Père d'Hangest.
Préliminaires : 102 feuillets. - 1re partie : 346 pages. - 2e partie : 308 pages.
(XVIIIe siècle, papier, 207 millim. sur 165, cartonné.)
518 (369). Quelques remarques sur la vie et les miracles du B. Père Fourier, fol. 1, «  outre ce qui est écrit dans le mémoire... écrit de la main de R. Mère Gante... ».
(XVIIIe siècle, papier, 78 feuillets, 197 millim. sur 158, demi- reliure.)
520 (372). Recueil de plusieurs monuments historiques pour servir à l'histoire du R. P. Fourier, copiés d'après les originaux en 4754.
(XVIIIe siècle, papier, 163 pages, 202 millim. sur 164, reliure basane.)
521 (379). La vie du B. P. Fourier, curé de Mataincourt, par le P. Piart.
(XVIIIe siècle, papier, 334 feuillets, 268 millim. sur 194, cartonné parchemin (Chanoines de Domèvre en 1770).
530 (374). Abrégé des Mémoires historiques du R. P. Gilles Drouin, xibbé de Saint-Pierremont, contenant ce qui s'y est passé de plus remarquable depuis l'an 1623 jusqu'en 1669. (Cet Abrégé s'arrête à l'année 1634 et non à 1669.)
(XVIIIe siècle, papier, 121 pages, 200 millim. sur 162, reliure basane.)
838 (42). Chronologie historique des comtes et des ducs de Bar, contenant aussi ce qui s'est passé de plus remarquable sous leurs règnes..., par Lepaige (1711).
(XVIIIe siècle, papier, 728 pages et 12 feuillets, 232 millim. sur 154, reliure veau.)
996 (112). Nobiliaire de Lorraine.
(XVIIIe siècle, papier, 187 feuillets, 326 millim. sur 205, rel. veau, ex-libris J.-N. Guillemin, 1751.)
1060 (662). Catalogue des oeuvres spirituelles, Constitutions, Règlements, Sermons, Traités de piété et Lettres du B. P. Fourier, 1734.
(XVIIIe siècle, papier, 53 feuillets, 200 millim. sur 167, cartonné.)

Cette liste est sans doute incomplète, mais nous ne pouvons juger de l'étendue de ses lacunes, puisque les archives de l'abbaye sont muettes sur ce point. Les seules mentions superficielles qu'on rencontre, se trouvent dans les procès-verbaux de visites faites annuellement par les supérieurs de la Congrégation. On lit, à la date de 1699, que le R. Père Prieur établira un bibliothécaire qui fera un inventaire de tous les livres et tiendra sa bibliothèque en bon ordre (44). Cette prescription du P. Massu semble indiquer que, jusque-là, rien de pareil n'avait été fait, ou du moins, avait été l'objet d'une longue négligence. Le texte du procès-verbal de 1707 montre qu'on se hâtait bien lentement de lui donner satisfaction : «  On mettra en ordre les livres et les manuscrits qui sont à la bibliothèque. »

II - Il est inutile d'ajouter ici que nous n'avons pas l'intention de faire une longue description raisonnée des monuments curieux et du mobilier artistique ou utile qui était à la disposition des religieux de Domèvre ; outre que les sources d'informations nous feraient souvent défaut, cette nomenclature, accompagnée de notes même très sobres, donnerait à ce travail de trop grandes proportions. Nous signalerons seulement les objets qui nous paraissent les plus dignes d'être mentionnés, soit à cause de leur valeur intrinsèque, soit à cause de l'intérêt historique qu'ils présenteraient si on les retrouvait, soit même à titre de curiosité (45).
Un des meubles d'église qui proviennent des couvents supprimés et qui méritent souvent notre appréciation par la richesse des sculptures, ce sont les stalles. Nous apprenons que celles des Chanoines de Domèvre sont actuellement à l'église Saint-Nicolas de Nancy (46), et nous avons eu la bonne fortune de rencontrer sur notre chemin une mention qui nous fait connaître leur date et leur pays d'origine. Nous lisons, en effet, dans les comptes de 1746-1747 (47) :
«  Pour bois de menuiserie pour nos stalles et autres ouvrages de menuiserie pour l'église abbatiale, magazine à Saarbourg, 1.689 liv. »
A cette époque, nous ne connaissons qu'un sculpteur de mérite résidant à Sarrebourg : c'est Dominique Labroise. S'il fut réellement l'auteur de ces stalles, ce durent être ses oeuvres de début, car Labroise est né seulement en 1728 (48). - La première fois que les documents nous apprennent l'existence d'un orgue à l'abbaye de Domèvre, c'est en 1587 ; il avait coûté près de 2.000 livres et fut brûlé, avec le reste de l'église, par l'armée du duc de Bouillon (49). Pendant un siècle il n'est plus question d'aucun instrument de ce genre. En 1688, nous lisons : «  A été convenu avec le sieur Jean Malriat, maître échevin de Domèvre, que, pour toucher nos orgues aux jours de dimanche et de fête pendant l'année, nous lui paierons une pistole d'or ou sa valeur (c'est- à dire environ 25 fr.) » (50). - Le dernier orgue installé à l'église abbatiale fut vendu 10.000 livres, le 4 juin 1795, à Charles Blaise, garde magasin à Domèvre (51) ; son buffet et ses ornements avaient été, vers 1760, l'oeuvre de François, l'artiste qui, avec Jacquard, pendant peut-être dix années, travailla pour le monastère de Domèvre et y exécuta des sculptures dont il ne reste presque plus aucune trace.
C'est lui qui, en 1762-63, façonna pour l'abbaye plusieurs beaux confessionnaux, dont deux se voient encore à l'église paroissiale de Blâmont et un troisième à l'église paroissiale de Domèvre (52).
L'église de Xousse possède encore un magnifique tambour de porte, en bois de chêne sculpté ; il vient de Domèvre et il est l'oeuvre, sans doute aussi, de l'un ou de l'autre des deux artistes que nous venons de nommer.
Une chronique de l'abbaye (53) nous apprend qu'en 1725 le R. P. Collignon, Chanoine régulier et curé de Leintrey, qui mourut en odeur de sainteté, fit confectionner à Toul, de ses épargnes, six magnifiques chandeliers de cuivre avec une croix, pour le maître-autel de l'église abbatiale. Déjà, quelques années auparavant, il avait fait don d'une très belle lampe en argent. Ce fut encore de sa munificence que l'on tenait le beau lutrin de cuivre qui ornait le choeur; ce lutrin représentait un ange sur un piédestal soulevé par quatre lionceaux. La partie inférieure pesait 413 livres, et la partie supérieure 445. Il fut vendu en 1792.
L'église paroissiale de Domèvre possède encore quelques tableaux provenant du monastère supprimé, mais, pour la plupart, ils ne paraissent pas avoir un mérite supérieur.
L'un d'eux, pourtant, est un échantillon du talent de Herbel et date de 1687 (54). Il représente le P. Fourier accompagné d'un ange lui offrant le livre des Constitutions pour les premières religieuses de la Congrégation de Notre-Dame. Plusieurs autres tableaux représentent saint Augustin ; un troisième, saint-Evre, patron de la paroisse, ou saint Mansuy, premier apôtre de notre pays. Sur ce dernier, on remarque les armes de l'abbé Mathias Allaine : «  D'azur, au chevron d'or chargé d'une coquille de sable, accosté de trois fers de lance d'argent » (55). Il y avait aussi le tableau du R. Père Guinet, premier général de la Congrégation.
Il paraît qu'on conserva longtemps à Domèvre les ornements qui avaient servi à Rome pour la solennité de la Béatification du P. Fourier, et qu'ils ont été vendus, il y a une trentaine d'années, pour en retirer quelques onces d'argent ; il y en avait d'autres, que le R. P. Collin avait achetés de 1706 à 1708, et qui étaient «  d'une moire de soie incarnate à double lame d'argent, qu'il fit venir de Tours en Touraine ». Le même abbé avait lait l'acquisition d'un autre ornement complet, estimé par les connaisseurs à 14.000 fr. barrois (56); nous ignorons ce qu'ils sont devenus.
Nous avons trouvé un lambeau d'inventaire (57) dont l'écriture accuse la fin du XVIIe siècle; il nous fournit quelques détails intéressants relatifs aux objets du culte que l'abbaye possédait alors :
«  SACRISTIE : ARGENTERIE
Deux crucifix.
Une Notre-Dame.
Cinq calices.
La Sainte Espine
Le bras de Saint-Augustin.
Une crosse.
Une coupe pour les communiants.
Un Melchisedech.

IMAGES EN BOSSE
Un Saint-Augustin.
Un Saint-Sébastien.
Un Saint-Georges.
Une Sainte-Barbe.
Une Sainte-Catherine.

IMAGES EN PLATE PEINTURE,
Quinze assez grands tableaux.
Deux autres petits de Notre-Sauveur.
Un Ecce homo.
L'autre : Ego sum pastor bonus.
Six reliquaires en forme de tableaux couverts de verre.
Trois Agnus Dei.
Plusieurs autres petites images enchâssées

Le même inventaire nous donne le détail du linge de corps des religieux jusqu'à mentionner le nombre des «  torche-mains, des coiffes de nuit et des caneçons ». Il nous fait aussi minutieusement l'énumération des ustensiles de cuisine, de ménage ou de toilette. Il n'oublie pas de citer «  deux fers, l'un à friser, l'autre à toupet (58) ». - «  La syringue d'apothicaire. » - Nous faisons grâce au lecteur de cette nomenclature peu académique; nous ajouterons seulement qu'au commencement du XVIIIe siècle nous trouvons encore les indications suivantes :
«  Une Vierge avec le pied de cuivre doré ;
«  Un mortier à piler l'encens ;
«  Une Vierge de bois doré, avec couronne d'argent et couronne de fleurs pour la chapelle du Rosaire ». (L'autel du Rosaire avait été consacré par Mathias Allaine le 4 mars 1703.)
«  Un Saint-Augustin avec son reliquaire (59). »

(A suivre)


(1) Les anciens appelaient «  rôles » ces sortes de partages. Il est déjà question de la mense conventuelle de Senones en 1480. En 1544 l'abbé Jean Durand avait fait mettre par écrit ce qui d'après la tradition était dû aux religieux pour la pitance, pour le vestiaire et l'entretien. Voir l'Histoire de l'abbaye de Senones par D. Calmet, chap. XXXIII, parag. ix ; chap. XXXIV, parag. iv. L'histoire constate l'existence de ces sortes de partages dès le VIIIe siècle.
(2) Voir plus haut la biographie de l'abbé Fabry.
(3) Le traité fut fait par un notaire public au monastère de Domèvre, en présence de Pierre Fourier, Pepète Maret (prieur), Clément Philippe, Guillaume Cropsal, de la Congrégation de Notre-Sauveur ; de Nicolas Fagot, de la Compagnies de Jésus ; de Claude Leclerc, vicaire de la cathédrale de Strasbourg ; et de Jean Maréchal (coadjuteur de Domèvre avec future succession). - Arch. dép., II. 1422.
(4) Arch. dép., H. 1376.
(5) Arch. dép., H. 1373.
(6) Voir plus haut, chapitre II de la IVe partie.
(7) Arch. dép., B. 3375. - Le nombre approximatif de ces troupes est indiqué dans les Documents sur l'histoire de Lorraine, publiés en 1866 par la Soc. d'arch. lorr., p. 36.
(8) En 1632, chaque village avait déjà dû fournir 6 hommes pour l'armée de pied : on les appealit les élus (Docum. ibid., 1866, p. 38)
(9) Ibid., p. 42
(10) En 1638, Domèvre fut repris à l'ennemi par Cliquot, Beauliou et le comte de Ligniville envoyés par le duc Charles ù la poursuite du vicomte de Turenne, qui avait échoué devant Remiremont. (D. Calmet, t. III, col. 338.)
(11) Arch. dép., H. 1382.
(12) La communauté, paraît-il, s'était réfugiée à Belchamp. Weimar s'était emparé de Blâmont le 29 août 1636 et avait fait pendre le gouverneur de cette place, Jean de Klopstein (Docum. sur l'Hist. de Lorr., 1868, p. 293).
(13) Arch. dép., H. 1476.
(14) Arch. dép., H. 1423. Ce registre est intitulé : «  Déclaration des maisons de Domepvre la Grande en l'estat qu'elles se sont trouvées en l'année 1646, par laquelle se pourra veoir celles qui sont hypothéquées pour rentes constituées ou autrement, comme aussy celles les héritiers desquelles n'ont acquittez les droits de relèvement. »
(15) Arch. dép., H. 1486.
(16) Arch. dép., B. 4151.
(17) Traite du 18 décembre 1648 (Arch. dép., H. 1522).
(18) Arch. dép., H. 1376.
(19) Extraits des comptes du domaine d'Einville (Arch. dép., B. 5821 et suivants).
(20) «  Des fouilles superficielles, entreprises dans un autre but que l'avancement de la science archéologique, ont fait découvrir des tombeaux en pierre, des glaives, des poignards, des fers de lance et des javelots, des bagues et autres petits objets en argent, des monnaies, romaines pour la plupart..., une hache, des casseroles, un cul-de-lampe, etc. Voir Journ. de la Soc. d'arch. lorr., 1853, p. 47.
(21) Cf. Arch. dép., H. 1426.
(22) Arch. dép., B. 7802. - En 1622, il y avait 29 conduits ou familles (B. 7416.)
(23) Arch. dép., B. 7810.
(24) Arch. dép., H. 1440.
(25) Arch. dép.. H. 2066.
(26) Arch. dép., B. 7810.
(27) Arch. dép„ H. 1411.
(28) Voir pièces justificatives de l'an 1138.
(29) Voir ce que nous avons dit plus haut (fin du chap. Ier de la IIe partie, p. 72-73).
(30) Arch. dép., H. 1486.
(31) Arch. dép., H. 1378.
(32) Arch. dép., H. 1477. - Les prétentions de l'abbaye à la seigneurie de Bathelémont étaient mal fondées. (Voir plus bas, chap. VIII).
(33) Arch. dép., H. 1486.
(34) Elle fut louée à plusieurs reprises à l'abbé de Haute-Seille.
(35) Arch. dép., H. 1486.
(36) Arch. dép., H. 1443.
(37) Arch. dép., B. 11900.
(38) Arch. dép,, H. 1477.
(39) Arch. dép., B. 7820.
(40) Arch. dép., H. 1375.
(41) Arch. dép., H. 1366 à 1391.
(42) Arch. dep., H. 1495.
(43) Les notes, qui accompagnent le titre des manuscrits, sont extraites de l'inventaire rédigé par M. Favier et publié dans le Catalogue général des manuscrits de toutes les bibliothèques publiques de France.
(44) Voici encore quelques notes concernant la bibliothèque, que nous trouvons éparses dans les livres de comptes du XVIIIe siècle :
En 1754, achat de livres chez Bouchard, à Metz : 1.300 livres.
Pour la Critique de Chevrier : 6 liv. 9 gr.
Pour d'Héricourt et Massillon : 62 liv.
Pour des livres... ouvrages de Bossuet : 298 liv.
Pour les Mercures et Mémoires de Trévoux : 62 liv.
En 1764, donné à la maison (par la mense abbatiale) pour fournir aux frais du bâtiment de la bibliothèque : 6.304 liv.
Au procureur pour parquets et planches de Saint-Quirin pour la bibliothèque : 284 liv.
(Arch. dép., H. 1493, 1494, 1495.)
En 1765, donné pour 30 châssis de fenêtres pour la bibliothèque que l'on a eue de Saint-Quirin : 158 liv.
En 1768, donné au procureur pour payer les plafonds en plâtre de la bibliothèque : 697 livres.
(45) Nous avons déjà parlé des cloches. (Voir, plus haut, chap. II de la IV partie.)
(46) Ce détail nous est connu par une note manuscrite de feu M. le comte de Martimprey, laquelle nous a été obligeamment communiquée par Mme la comtesse de Martimprey. Nous ignorons sur quel témoignage est appuyé ce renseignement.
(47) Arch. dép., H. 1478.
(48) Il mourut en 1808. Ses travaux les plus remarquables furent pour les églises de Sarrebourg et de Charmes et pour le château de Saverne.
(49) Voir, plus haut, chap. Il de la IIIe partie, § v.
(50) Arch. dép., H. 1493
(51) Le 16 prairial an III. (Arch. dép., Q. 202.)
(52) Les anciens confessionnaux du couvent furent vendus en 1762, à Blémerey, pour 32 livres. (Arch. dép., H. 1494.)
(53) Arch. dép., H. 1386.
(54) Herbel (Charles), ne à Nancy en 1656, mort en 1702, est surtout célèbre pour avoir peint les batailles de Charles V, duc de Lorraine, et des généraux qui l'ont suivi. Le document qui nous apprend qu'il peignit, en 1687, le P. Fourier pour l'abbaye de Domèvre se trouve dans la liasse II. 1495. - J'ai remarqué à la chambre dite du Bon Père à Mattaincourt, un tableau qui ressemble si fort à celui de Domèvre, qu'il doit en être la copie réduite.
(55) Voir plus haul, chap. 1er, la biographie de l'abbé Allaine.
(56) Arch. dép., H. 1385
(57) Arch. dép., H. 1379.
(58) Arch. dép., H. 1495.
(59) Arch. dép., H. 1379.

 

Mentions légales

 blamont.info - Hébergement : Amen.fr

Partagez : Facebook Twitter Google+ LinkedIn tumblr Pinterest Email