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Civils rapatriés en 1915 - Statistiques
 


Le journal du Loiret - 28 décembre 1916

Une marraine s. v. p.
Un conducteur de le 5e section du service automobile, Claude (Maurice), de la classe 1917, demande une marraine.
Ce jeune soldat, originaire de Blamont (Meurthe-et-Moselle), a été évacué en Allemagne le 9 septembre 1914. Resté en captivité à Sarrebrück jusqu’en avril 1915, il a été rapatrié à cette date et s'est engagé au 53e d’infanterie. Depuis il a été versé dans le service automobile. Comme on le voit, la situation de ce jeune soldat qui est privé de famille, est intéressante. Voici son adresse : Claude (Maurice), service automobile, 5e section, la Briqueterie, Orléans.


L’article de presse ci-dessus, d’apparence assez anodine, soulève quelques interrogations :

  • Pourquoi Maurice Claude aurait-il été évacué le 9 septembre 1914, en pleine occupation allemande, alors même que ce jour là, le 24ème régiment d’infanterie saxonne entrait dans la ville ? Dans « Bâmont la vaillante » indique que « Le 18 octobre 1914, des hommes furent emmenés en Allemagne comme otages et, le 22 novembre, de nouveau quelques jeunes gens. Les premiers furent plus tard rapatriés, les autres restèrent prisonniers toute la durée de la guerre. ». Ce qui se serait passé préalablement, le 9 septembre, reste donc une énigme.
     
  • Maurice Joseph Claude est né à Blâmont le 16 octobre 1897 (décédé à Nancy le 26 février 1968), fils de Joseph Claude, voiturier, et Victorine Ogé. (Ne pas le confondre avec l’homonyme, Maurice Claude, du même âge, victime civile abattue par les Allemands à Domêvre sur Vezouze le 24 août 1914 ). Il est donc de la classe 1917.
    Ainsi, même s’il s’est engagé dès 1915, Maurice Claude aurait été enrôlé en 1917, et on voit mal pourquoi les Allemands l'ont libéré en avril 1915, alors même qu’une partie de la population de Blâmont sera expulsée le 17 avril 1915...
     
  • Pourquoi son nom n’apparait-il pas dans les rapatriés de 1915 ?
     
Il s’agit donc ici d’un cas rare : car les jeunes gens du Blâmontois, appelables sous les drapeaux durant la guerre ont été envoyés dans les camps allemands afin de ne pas pouvoir rejoindre les rangs de l’armée française.
Si l’on reprend les listes des rapatriés de 1915 qui précisent les âges, on peut classer les 1882 fiches par âge et sexe H/F (avec séparation des prénoms épicènes en colonne E) :

 

Âge H F E
Jusqu’à 1 an 14 7 1
1 25 23 1
2 39 31  
3 30 19  
4 25 33  
5 22 25  
6 17 24 2
7 31 24  
8 22 30 1
9 18 24  
10 21 30 1
11 27 24 1
12 21 24 1
13 26 14 1
14 15 14  
15 16 20 1
16 5 28  
17   16  
18   28  
19 1 15  
20 1 16  
21   15  
22 1 13  
23 1 14  
24   18 2
25   18  
26   13  
27 1 19  
28 2 13  
29   8  
30   26  
31 1 9  
32 1 17  
33   10  
34   12  
35   27  
36   10  
37 2 14  
38 1 21  
39 1 19  
40 2 28  
41 1 10  
42 1 18  
43   8  
44   20  
45   20  
46   11  
47   8  
48   15  
49 1 6  
50 6 24 2
51 1 6 1
52 3 20  
53 3 12  
54 3 9  
55 4 8  
56 2 9  
57 6 9 1
58 7 17  
59 2 6  
60 14 29  
61 1 17  
62 11 13  
63 2 12  
64 8 17  
65 16 17 2
66 7 10  
67 10 11  
68 10 20  
69 5 13  
70 16 22  
71 7 2  
72 6 8  
73 2 11 2
74 7 4  
75 4 9  
76 4 4  
77 2 9  
78 1 7  
79 2 2  
80 7 5  
82 1 1  
83 2    
84 3 1  
85 1 1  
86 2    
87   2  
88 2 2  
89 1 1  
  583 1279 20

On peut réduire ce tableau à :
  H F % H rapatriés
de 0 à 15 ans 369 366 50%
16 ans 5 28 15%
de 17 à 49 ans 18 515 3%
de 50 à 59 ans 37 120 24%
60 ans et plus 154 250 38%
  583 1279  

En 1914, les hommes ont été mobilisés :

  • dans l'armée d'active de 20 à 23 ans (avec devancement possible des jeunes de 18 et 19 ans)

  • dans l'armée de réserve de 24 à 33 ans

  • dans l'armée territoriale de 34 à 39 ans

  • dans la réserve territoriale de 40 à 45 ans, étendue de 46 à 49 ans.

On voit donc que si la population a été évacuée vers l'Allemagne, puis rapatriée en France, les jeunes hommes à partir de 16 ans ont été notamment maintenus en captivité, comme ceux âgée de 50 à 59 ans.

Maurice Claude avait 17 ans en avril 1915 : les tableaux nous montrent pourtant qu'aucun jeune de 17 et 18 ans n'a été rapatrié selon les listes .

Mais il est certain que le type d’article de presse ci-dessus ne devait guère encourager l’administration allemande à libérer les jeunes des camps de réfugiés.

 

Rédaction : Thierry Meurant

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