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Le Canton de Blâmont - E. Delorme - 1927 (5)
LEINTREY - EMBERMÉNIL - XOUSSE - VAUCOURT - REMONCOURT - AVRICOURT - IGNEY

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Edmond DELORME
LUNEVILLE ET SON ARRONDISSEMENT
Tome II
1927
CHAPITRE XIII - LE CANTON DE BLAMONT

LEINTREY

Bâti dans un vallon fertile, arrosé par le ruisseau qui porte son nom, LEINTREY est un gros et riche village agricole, renommé par l'activité de ses habitants.
Il est distant de Blâmont, de 10 kilomètres, de 21 de Lunéville, de 4 d'Emberménil, station de la grande Ligne de Paris à Strasbourg.
A consulter nos Archives et d'autres écrits, son Histoire est brève. Le plus ancien des Titres qui le concernent et qui est relatif à une donation faite à l'Abbaye de Beaupré, date de 1175.
Il fit partie du Comté de Blâmont, puis du Duché de Lorraine. Pendant les guerres du XVIIe siècle, il fut réduit en cendres, par les troupes de Gallas, En 1638, il n'avait. plus que 5 maisons et, en 1688, cl' autres, reconstruites furent incendiées.
Les Archives, rappelant la Déclaration de 1710, faite par les habitants, au sujet des biens de la Communauté, disent que le Bois des Remabois, de 147 jours, lui appartenait, ainsi que le Bois de Saulxure, de 196 jours, et que les gens de Leintrey avaient le droit de faire pâturer leurs bêtes dans le Bois des Amienbois.
A près les désastres du XVIIe siècle, ils furent autorisés à prendre des chênes dans les forêts, pour la reconstruction de leurs habitations.
La guerre de 1914-1918 a rendu historiques le village et le territoire de Leintrey. Ils furent occupés par les Allemands, jusqu'à l'Armistice. Les fortifications temporaires et permanentes, les lignes inextricables de barbelés, les tranchées souterraines, les blockhaus, les constructions blindées servant à tous les usages des troupes, y furent multipliés à l'envi. Le Bois des Remabois surtout en conserve encore des traces, et, dans la campagne, non loin du village, on trouve encore des barbelés.
Compris dans la zone rouge, Leintrey a des terrains rachetés par L'état et qui, à jamais, seront impropres à toute culture, en raison de la multiplicité des excavations, des cratères produits par les gros projectiles ou les explosions de mines.
Le village, intenable, dut être évacué; ses maisons étaient détruites, comme son Église.
Quand l'ère des réparations s'annonça, la population reprit en partie le chemin du village, s'installa dans des baraques et, plus préoccupée de ses champs, de son bien, elle remit. patiemment les terres en état, travail d'autant plus méritoire que, de 324 habitants qu'il avait avant la guerre, Leintrey, qui a mérité la Croix de Guerre, n'en comptait plus que moitié.
Les maisons ont été reconstruites avec de vastes engrangements.
La Maison Commune, son École, son Église et son Presbytère sont compris dans un très grand enclos, formant cour, circonscrit par des murs épais, percés de portes massives, dont les montants sont ornés de bombes de pierre. Ce sont de monumentaux, de riches bâtiments de grands villes, des constructions de pierres de taille, hautes, amples, couvertes d'ardoises, à toits contrariés, avec de larges ouvertures des portes et fenêtres (École).
L'Église relève d'un type tout particulier. Sa tour relativement grêle, à toit camus, a une hauteur inusitée. Elle fait paraître la nef petite, et rend minuscule l'entrée. Deux tourelles flanquent le mur de façade, près de la tour (T. I, p.214). On dit que le prix de la construction de cette Église a, de beaucoup, dépassé le million.
Le Presbytère est une belle villa, avec window.
Leintrey a actuellement 219 habitants. II en avait 524 avant guerre, 639 en 1836.
Bon nombre des Siens sont tombés à la Grande Guerre.
Son territoire de 1.514 hectares, le plus important du Canton, comme je l'ai remarqué plus haut, englobe 948 hectares de terres labourables, 279 de prés, 130 de forêts.
II est exploité par des agriculteurs propriétaires.
Les céréales, l'osier sont les principales productions du sol. Le territoire de Leintrey est, depuis longtemps, réputé comme terre à blé.
Depuis la guerre, le village manque d'ouvriers de métier et de marchands.
LA HAUTE-SEROLLE (Ferme) est un Écart de Leintrey.
ENTONNOIRS DE LEINTREY. - L'une des curiosités, non seulement de Leintrey, mais de toute notre région et peut-être de tout le front français, est représentée par les deux entonnoirs 


L'un des Entonnoirs de Leintrey (1914-1918)
Dessin de E.DELORME, d'après une photogravure de M. Bastien

de mines, excavations fantastiques, qu'on voit à quelques hectomètres au sud du village. Ces excavations ont une centaine de mètres de diamètre et 15 à 20 mètres de profondeur. Notre dessin représente très finement l'un deux.
Ces entonnoirs sont actuellement propriété de l'État.
Ils ont été produits, paraît-il, par l'explosion simultanée de fourneaux de mines français et allemands. Cette explosion a coûté la vie à un nombre considérable d' hommes.
Notre compatriote, M. Bastien, qui a eu l'intelligente pensée de photographier toutes les ruines de guerre de notre région et d'en laisser ainsi un souvenir impérissable, n'a pas manqué de prendre des clichés des Entonnoirs de Leintrey, véritables cataclysmes titaniques. (1)

EMBERMÉNIL

Qui l'a vu autrefois, ce village, ne pourrait le reconnaître aujourd'hui. Ses maisons s'alignaient serrées les unes contre les autres, des deux côtés de la route qui le traverse ; son Église, qui datait de la même époque qu'elles, sa Mairie et son École étaient au centre de l'agglomération.
Aujourd'hui, ses maisons agricoles, sans doute plus amples et plus luxueuses, sont encore édifiées le long de ln grande route mais elles sont séparées les unes des autres par de grands espaces libres, qui, peut-être, ne disparaîtront jamais, et son Eglise, comme sa Mairie, et son École, sont isolées sur divers points d'une place nue, immense, qu'une grande ville lui envierait, mais qui, vraisemblablement, à EMBERMÉNIL, ne saurait être entretenue,
Le village a une bien lointaine origine. On lit, en effet, dans une Notice de Lejeune, sur les Antiquités du Département de la Meurthe, qu'on aurait trouvé, au commencement du dernier siècle, dans des champs très proches du village, une quantité considérable de tuiles à rebords et à gouttières et de briques romaines et une médaille en or de Porbus. (2).
Au Moyen Age, il y a eu, à Emberménil, une Maison Forte de Templiers. En 1826, on en voyait les ruines, ainsi que, l'emplacement des fossés. Les Annuaires récents signalent encore aujourd'hui, les ruines de cette forteresse, à titre de curiosité, à distance, au nord du village.
Les Archives relatives à Emberménil ne remontent pas au delà du XIVe siècle.
Au XVIIe, il a été dévasté, Il n'avait plus que deux habitants avec le Maire.
Pendant la dernière guerre, il a été complètement détruit.
Sur la route qui relie ce village à Leintrey, un blockhaus le menaçait. Ce blockhaus est conservé. Peu après la guerre, on en voyait un autre, sur les côtés de la voie ferrée, entre Emberménil et Leintrey.

De profondes, tranchées françaises avaient aussi creusé son cimetière.

Actuellement, le village est reconstruit.
La Mairie, l'École, les Postes-Télégraphes, sont réunies dans une construction urbaine, vaste, imposante, faite de pierres de taille.
Une autre construction, réservée aux Postes-Télégraphes, à une Caisse d'Epargne, a le même caractère, la même importance.
L'Église, bâtie en grès rouge, comme les bâtiments municipaux, est reliée par un cloître, au Presbytère, lequel est représenté par une opulente maison.
La tour de l'Église a une hauteur considérable. Un plate-forme souligne, coiffe sa limite supérieure, mais celle-ci est surmontée d'une flèche en pierre, haute, pointue, ajourée à sa base. C'est un paradoxe.
La nef est ample, contrefortée à l'extérieur. Sa voûte est en plein cintre. L'autel ne présente rien de remarquable. La chaire est inexistante. Les vitraux de la nef et de l'abside ne laissaient pas, à tous les visiteurs, une impression satisfaisante en 1923.


Légende
1. L'Église reconstruite.
2. Le Bâtiment municipal.
3. Le monument aux morts

Un tableau, attribué à Girardet et provenant de l'ancienne Église, a comme sujet Saint-Joseph présentant l'enfant Jésus à une Reine (?). Ce tableau est digne du maître. Il avait été mis à l'abri, pendant les bombardements du village.
Un Monument aux Morts, constitué par une stèle, bloc de pierre orné d'un haut relief, a été érigé en bordure de la grande route, sur la place occupée par les édifices municipaux. Le motif sculptural représente une France endeuillée déposant des fleurs sur une tombe.
La commune a perdu, de 1914 à 1918, dix Soldats incorporés et quatre Civils, dont un enfant de onze ans.
Elle a la croix de Guerre.
Emberménil est une station de la Ligne ferrée Paris-Strasbourg. La gare est distante du village. Il est éloigné de Lunéville de 17 kilomètres et de 16 kilomètres de Blâmont.
Ce village agricole était autrefois très peuplé. Grosse nous dit qu'en 1836, on y comptait 425 habitants. Il en avait encore 378 en 1886 et 350 en 1913. Il n'en a plus que 100 aujourd'hui (Annuaire de 1926). Ses maisons sont au nombre de 38.
Son territoire est énormément étendu. Il comprend 1.408 hectares; 160 seulement sont labourés; 241 sont friches; 270 sont en prés et 546 en bois.
Le sol est exploité par des agriculteurs propriétaires.
Les céréales, les fourrages, les bois, sont les productions principales du sol.
Guerrier disait qu'Emberménil reposait sur un banc de plâtre, de 18 à 20 mètres de profondeur (3).
L'Abbé Grégoire, était curé de ce village, lorsqu'il fut élu aux États Généraux de 1789. En souvenir de son séjour, il lui avait fait, il sa mort, un legs que le Gouvernement d'alors n'a pas consenti à ratifier.
Il fut question d'élever au fameux Conventionnel un Monument statuaire. L'Architecte Joly, avant 1868, avait fourni un projet, dont la Bibliothèque de Nancy possède le dessin (Fond Lorrain). Le projet ne fut pas exécuté. Il s'agissait d'une stèle et d'un buste
Emberménil a comme écarts : LA PRISE ou MONT-LAVAL, le CHESNOIS, les ÉVRIEUX.
La PRISE ou MONT-LAVAL était, avant la guerre, une Ferme, dont les terres étaient enclavées dans la Foret de Parroy. Elle a été détruite par les bombardements et n'a pas été reconstruite.
C'est l'Évêque de Metz, Laval, qui l'avait fait construire; il lui a donné son nom.
C'était une Cense qui avait marqué dans nos Annales Archéologiques.
On y avait trouvé, en quantité considérable, des briques et des tuiles romaines, à rebords et à gouttières, et des fragments de vases et d'urnes, les unes en poterie rouge, d'autres brunes ou noires, de pâte fine et de beau poli. Aussi, a-t-on émis l'idée en raison du nombre de ces débris, qu'il y avait là soit un atelier de potiers, soit un cimetière. (4)
Quelle que soit la valeur de l'hypothèse, ces débris affirmaient l'existence, soit sur place, soit à quelque distance, d'un centre habité assez important.
LE CHESNOIS aurait été un Prieuré avant d'être une Ferme, Lepage n'en parle pas.
LES ÉVRIEUX est une Maison Forestière.

XOUSSE

Distant de 14 kilomètres de Blâmont et de 22 de Lunéville, XOUSSE était, au Nord du Canton, peu éloigné de la frontière franco-allemande, avant 1914. Il est isolé, et la route qui y conduit n'est qu'un chemin de communication,
Lepage parle à peine de son histoire, dans ses «  Communes de la Meurthe », et, dans d'autres écrits, que je sache, il en est fait peu mention. On a rappelé, cependant, qu'autrefois il était divisé en deux parties, qui appartenaient à deux domaines : l'une était française et était rattachée à l'Évêché de Metz, l'autre était restée terre de Lorraine; c'était une seigneurie des anciens Sires de, Blâmont. Cette double suzeraineté, infligée aux habitants d'une même localité, donnait lieu, comme bien l'on pense, à des difficultés, des animosités, des abus.
La guerre de 1914-1918 a été cruelle pour Xousse. Il a été presque totalement détruit. Entre lui et Emberménil, le pays était parsemé d'ouvrages blancs et Xousse, occupé par les Allemands, était souvent bombardé.
L'Église de Xousse avait été reconstruite en 1712, ainsi que l'indique une inscription. Elle a été complètement rebâtie après l'Armistice (Figure T. I, p, 215), Sa tour grêle est surmontée d'une grande flèche élégante, qui, gracieusement, encapuchonne sa partie supérieure. Les fenêtres de la nef sont ogivales. Les vitraux sont, comme-ceux de l'Église de Vaucourt. d'un coloris heureux et de dessin correct
Les maisons reconstruites sont simples, larges, commodes, comme l'étaient celles qui avaient été détruites.
Xousse est un village agricole, qui a aujourd'hui 169 habitants, 48 maisons, 44 ménages (Annuaire de 1926). Il avait, en 1913, 198 habitants; en 1880, 317, et 427, avec 52 maisons, en 1838,
Son territoire s'étend sur 613 hectares, dont 354 de terres arables, 198 de prés, 13 de bois. Autrefois, il y avait à Xousse, des vignes, dont le vin était renomme (GROSSE).
Le sol n'est pas cultivé et exploité, à Xousse, par de agriculteurs propriétaires, mais par des fermiers, qui sont au nombre de onze, tandis qu'il n'y a qu'un seul agriculteur propriétaire (Annuaire),
Les céréales sint les principales productions du sol. On pratique, dans ce village, l'élevage des chevaux et des bovins, et, dans des étangs, la pisciculture.
Xousse a des ouvriers de métier et des commerçants.

VAUCOURT

Bâti à flanc de coteau, près de la Forêt de Parroy, VAUCOURT a une rue haute et une rue basse, sur le ruisseau La Thille, Il est distant de Blâmont de 17 kilomètres et de 22 de Lunéville, par conséquent très isolé des centres. Il est à la limite de notre Région. Avant 1914, il y avait une douane à Vaucourt.
Son histoire ne peut qu'être très écourtée. Lepage dit qu'il n'a trouvé sur lui aucun document,
Il a dépendu de l'Évêché de Metz, comme le Prieuré de Xures. Il a été rattaché à la Châtellenie de Lagarde.
Des maisons, restaurées au XVIIIe siècle, indiquent qu'il a été éprouvé par les guerres du XVIIe.
Celle de 1914-1918 lui a laissé les plus cruels souvenirs. Le bombardement a ruiné sa rue basse et une partie de sa rue haute : sa Mairie, son Église ont dû être reconstruites.
Sa Mairie, son École et sa Poste occupaient, en 1926, une habitation quelque peu sommaire et sans doute provisoire, bien différente, en tous cas, de tant d'autres qu'on rencontre dans des villages qui ont subi le sort de Vaucourt,
L'Église a bel aspect, avec sa tour grêle, haute, gracieuse, agrémentée de frontons aigus à sa partie supérieure, laquelle est recouverte d'une flèche haute, aiguë Les murs de cette tour, comme ceux du reste de l'édifice, sont construits avec des blocs de grès rouge et de grès blanc, alternant entre eux, sans que les teintes se nuisent, 

Ruines d'une rue de Vaucourt en 1914
Dessin de E. DELORME, d'après une photographie

La porte d'entrée de l'Église est basse, romane; la voûte de ln nef est en plein cintre; les vitraux de couleur sont harmonieux. Tout, dans cet édifice, donne l'impression d'une recherche sobre et délicate.
Dans les quelques maisons de la partie haute que le bombardement n'a pas ruinées, on en voit qui ont des portes ornées du XVIIIe siècle.
Vis-à-vis de la Mairie, une pyramide de granit a été élevée, comme un «  Hommage de reconnaissance aux Enfants de Vaucourt et aux Chasseurs de la 7ème Compagnie du 2e Bataillon tués dans la défense du village, le 11 août 1914. »
Le Monument porte les noms de huit Soldats et de sept Civils.
Deux de ces derniers out été fusillés.
Vaucourt a la Croix de Guerre.
Ce village a actuellement 120 habitants, 31 ménages, 35 maisons (Annuaire de 1926). Il avait 58 maisons et 381 habitants en 1836 ; 269, en 1886 ; 217, en 1913.
Son territoire de 611 hectares se décompose en 240 hectares de terres labourables, 100 de prés, 40 de bois. 133 ne sont pas cultivés.
Les céréales, roseraie, sont les productions principales du sol. On fait de l'élevage à Vaucourt.
Dans le village, il n'y a pas d'ouvrier de métier ni de commerçant.

REMONCOURT

Ce village, bâti sur le ruisseau des Aulnes, est situé à l'extrême, Nord du Canton et de l'Arrondissement, non loin de l'étang de Lagarde, Il est éloigné de Blâmont de 13 kilomètres et de 26 de Lunéville.
C'était une terre d'Évêché, avouée aux Sires de Blâmont et dont héritèrent les Ducs de Lorraine, au XVIe siècle.
Nos Archives ne disent que peu de chose de ce qui lui advint pendant les guerres des XVIe et XVIIe siècles, cependant que de nombreuses marques d'architecture rurale du XVIIIe témoignent des ruines qu' il eut à déplorer,
Pendant la Grande Guerre, il fut occupé par les Allemands, jusqu'en 1918. Il subit les rigueurs. les vexations, qui faisaient partie de leurs procédés de guerre ; le Maire fut emmené en captivité comme otage.
Le village n'a pas souffert. Il est resté grosse commune, avec des maisons bien groupées, massives, à grands engrangements. Plusieurs de ces maisons ont des linteaux présentant des sculptures traditionnelles.
L'Église est ancienne. C'est une lourde basilique à plafond plâtré. Elle possède un tabernacle en bois sculpté remarquable et une Pieta, placée sur un autel latéral.
Le bâtiment, qui réunit la Mairie et l'École, est neuf et belle apparence.
Le village a conservé un abri de guerre, de 6 mètres de long sur 3 de large.
Il a perdu quatre des Siens, au cours de la guerre dernière. Un hommage leur est rendu dans l'Église,
REMONCOURT a actuellement 35 maisons et 102 habitants. Il en avait 209, en 1836; 177, en 1883; 153, en 1913.
Ses agriculteurs propriétaires exploitent 649 hectares de terres, dont 303 sont labourées, 128 en prés, 145 en bois.
Les céréales et rosier sont les productions principales. Remoncourt a des apiculteurs.
Sur son territoire, se trouvent deux écarts importants: BELCOURT et FRICOURT.
Le premier, BELCOURT, situé à 1 kilomètre du village, était autrefois appelé LES RAPPES. Il fut érigé en fief, en 1730.
Grosse nous dit qu'en 1838, c'était une grosse Ferme, avec maison d'habitation, vastes dépendances, un moulin, deux hectares de jardins et de vergers, et 300 hectares de terres.
Déjà sous René II, les Rappes existaient ; elles appartenaient au Domaine Ducal.
FRICOURT est également une Ferme. Ce fut un Prieuré, qui dépendit de l'Abbaye de Senones. Une pièce d'Archives le mentionne en 1152. Une Chapelle, dédiée à Notre-Dame de Bon Succès, atenait au Prieuré. Elle existe toujours et est le but d'un pèlerinage fréquenté. Les petits autels de la Chapelle furent consacrés en 1505. Elle a été restaurée au milieu du siècle dernier, par son propriétaire, Guerrier de Dumast (LEPAGE).

AVRICOURT

Ce nom prêterait à de regrettables confusions, si l'on n'avait présents à l'esprit les événements d'un passé ancien et ceux de date relativement récente.
Deux Communes, en effet, et toutes voisines, portent le même nom et appartiennent, l'une au Département de la Moselle, l'autre à celui de la Meurthe, c'est-à-dire à notre Arrondissement au Canton de Blâmont.
Après la guerre de 1870-71, l'ancien village d'Avricourt, moins sa gare, appartint à l'Allemagne. Le poteau frontière allemand était planté à quelques mètres de la voie ferrée, à gauche de notre gare, sur la route qui mène au village, et la Caserne des douaniers allemands était toute proche.
Une colossale gare allemande avait été édifiée à 500 mètres environ de la frontière, entraînant l'arrivée d'une légion de fonctionnaires, qui furent logés auprès d'elle dans de somptueuses maisons : c'était le Deutsch-Avicourt, Il existe toujours, bien
que déchu de son ancienne splendeur.
Autour de la gare française d'Avricourt se constitua progressivement un groupement d'habitations d'employés, de marchands: l'ancien village étant inaccessible, inhospitalier. Ce groupement fut administrativement rattaché à la commune d'Igney, distante de 1.500 mètres. Ce fut Igney-Avricourt.
En 1898, les deux groupements, mal soudés, se séparèrent.
D'ailleurs, l'Avricourt-Gare avait acquis plus de 1.000 habitants. On lui chercha des terrains au voisinage, il n'en eut que des parcelles, C'est ce village que, pour plus de clarté, j'ai appelé Avricourt-Gare, qui est l'AVRICOURT actuel du Canton de Blâmont, et Igney, tout court, est redevenu le village agricole qu'il fût de tout temps.
Avricourt, station de la voie ferrée Paris-Strasbourg; station d'origine du Chemin de fer d'intérêt local: Avricourt-Blâmont-Cirey, a actuellement 507 habitants (Annuaire de 1926) et 77 maisons. Village de fonctionnaires, au début, et sans territoire, c'était un groupement urbain implanté, formé de maisons dont beaucoup étaient des habitations de fortune. Il est resté presque tel. Il n'a que deux cultivateurs ; par contre, il a des marchands de toutes sortes ; le grand Magasin du Printemps de Paris y a un dépôt.
L'Eglise d'Avricourt est vaste, mais de construction des plis simples. Elle donne bien l'impression du provisoire qui l'a inspiré. Sur le pourtour de sa nef, court une vaste tribune, qui lui forme un étage continu. Des piliers de bois sans sculpture supportent celle-ci. L'abside a trois autels élémentaires. Sur le plafond de bois cintré de la nef sont reproduits, en grandeur naturelle, les instruments de supplice du Christ.
Un monolithe en granit, qui fait face à l'Eglise, est consacré à la Mémoire des Morts de la commune. Sur une plaque de bronze figure, en relief, l'épisode guerrier qu'on retrouve, agrandi, sur la stèle de Blainville-la-Grande. J'en donnerai le dessin.
Avricourt a une Usine de Cérésite.
Sa gare, comme le village furent occupés dès Juillet 1914, par des Uhlans; en Août, divers Corps Bavarois s'y arrêtèrent. Au cours de la guerre, la gare fut bombardée; elle a été en partie détruite; les maisons voisines ont souffert : le tout est rétabli. La population fut évacuée en Suisse, en 1915.
La Statistique de 1926 attribue à Avricourt 218 hectares de terres; 110 sont cultivées, 15 sont en prés.

IGNEY

IGNEY, qu'il ne faut pas confondre avec l'ancienne localité du nom de Igney-Avricourt, est un gros village agricole, distant de 1.500 mètres de la localité qui fut et reste la Station de la Ligne Paris-Strasbourg.
Avant 1870, Igney faisait partie du Canton de Réchicourt-le-Château et de l'Arrondissement de Sarrebourg. En 1871, il a été annexé au Canton de Blâmont.
Que dit son Histoire ? Les Archives sont bien pauvres de renseignements sur lui.
L'Archéologie a reporté son origine à la Période de la Préhistoire. On a trouvé, en effet, à Igney, un tumulus, l'un des témoins les plus anciens de l'occupation de notre Pays.
Ce village est vraisemblablement d'origine médiévale. Il a appartenu aux Sires de Blâmont. puis au Duc de Lorraine. Il a dû subir le sort des villages voisins, aux XVIe et XVIIe siècles.
Au cours de la guerre dernière, 18 de ses immeubles, sur 53, ont été détruits par les bombardements.
Sa Mairie, son École, son Église, ont été, l'une et l'autre, endommagées.
La Côte, sur laquelle s'élève Igney, est un des points culminants du Département. On y jouit d'une vue très étendue sur la région vosgienne et dans les vallées de la Vezouze et de la Meurthe. Elle a donné lieu à un phénomène spéléologique intéressant : et qui mériterait d'être à nouveau étudié :
«  Au commencement du XIXe siècle, il se serait formé, au sommet de la. Montagne d'Igney, des crevasses d'une grande profondeur et on cite en particulier celle qui existe encore dans la forêt de cette commune. Il paraît que des courants d'eau ont provoqué ces excavations, en minant la superficie du sol: ces eaux ont une direction différente, car on a trouvé, à Autrepierre (au Sud) et dans la fontaine d'Avricourt (au Nord), les fragments de quelques objets qui avaient été lancés dans le gouffre. La Côte d'Igney sépare également le bassin de la Vezouze de celui du Sânon. Les eaux, qui en descendent, se partagent ces deux rivières » (GROSSE).(5)
Les cartes marquent l'emplacement de nombreuses sources, réparties surtout près de la route d'Avricourt à Amenoncourt, sur le Versant ouest de la grande falaise que laquelle Igney est bâti.
Igney est un village agricole. Il a, actuellement, 152 habitants 


Vierge de la Chapelle d'Igney
Dessin de E. DELORME, d'après nature

et 49 maisons. Il avait 127 habitants, en 1838, et 237, en 1913. A la Grande Guerre, il a perdu un certain nombre des Siens.
Sur les 456 hectares de son sol, 250 sont en terres arables, 83 en prés, 50 en bois (Statistique de 1926).
Ses agriculteurs sont propriétaires. Il n'a pas d'ouvrier de métier.
Igney a un Château, appelé PAVILLON DE LA CHINOISE ; un écart, LA HALTE DE FOULCREY ; des Fermes, celles de LA PRALE et du PRÉ DE LA CLOCHE.
M. L'Abbé E. PIERROT a consacré un opuscule à la Chapelle d'Igney et a donné le dessin d'une Madone en pierre, ancienne, autrefois très vénérée dans le pays, dessin que je reproduis.


(1) Ces entonnoirs ont bouleversé des terrains de famille. J'eusse désiré en conserver la propriété et en faire un lieu de pèlerinage patriotique.
(2) LEJEUNE : Mémoires de la Société des Antiquaires de France; 1826
LEPAGE: Les Communes de la Meurthe, T. I, Art, Emberménil.
(3) Le même Auteur y signale également une source d'eau minérale.
(4) LEJEUNE et LEPAGE, O.C.
(5) GROSSE, O.C., T. II p.129.

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