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Témoignage d'un soldat - 14/15/16 août 1914


Lorsque Joseph Bédier publie en 1915 «  Les crimes allemands d'après des témoignages allemands », il est l'objet d'une première réplique allemande par la gazette de l'Allemagne du Nord, à qui il répond en publiant «  Comment l'Allemagne essaye de justifier ses crimes ».

En 1915, Max Kuttner réplique à son tour par «  Deutsche Verbrechen? Wider Joseph Bédier, Les crimes allemands d'après des témoignages allemands », où il s'attache à amenuiser les historiquement indéniables crimes allemands en produisant des courriers mettant en cause l'armée française, comme on le voit en bas de cette page.

Sur la qualité de cette «  Réplique à Joseph Bédier » (titre de l'édition en français de Kuttner), Charles Rist écrit dans la rubrique comptes-rendus critiques de la «  Revue Historique » de novembre-décembre 1915 (Tome 120, éd. Paris) :

Dr Max KUTTNER. Deutsche Verbrechen? Wider Joseph Bédier, Les crimes allemands d'après les témoignages allemands.
Berlin, Velhagen und Klasing, 1915. In-8°, 64 pages.
Voici encore une «  réfutation » de la brochure désormais célèbre de M. Bédier. Après beaucoup d'autres - et sans doute ne sera-t-il pas le dernier - M. Max Kuttner, professeur à la royale Augustaschule, à Berlin, entre en lice.
La tâche n'est pas aisée. La brochure de M. Bédier étant un simple recueil de textes, la réfutation d'un tel dossier comporte la démonstration soit de la fausseté des textes, soit de l'inexactitude de leur traduction. Encore cette dernière démonstration ne vaudrait-elle pas pour l'édition allemande, aujourd'hui publiée.
M. Kuttner prétend-il que les textes soient faux ? Il l'insinue pour deux d'entre eux. Mais il n'insiste pas. Il sait la preuve contraire trop facile à administrer. C'est le traducteur que ses attaques visent exclusivement. Que lui reproche- t-il? Les citations empruntées par M. Bédier aux carnets de route des soldats, aux proclamations ou aux journaux allemands comportent environ 1,500 mots, que M. Kuttner s'est naturellement gardé de reproduire. Sur ces 1,500 mots, le professeur allemand en retient environ 50 pour les soumettre à sa critique. Et c'est l'aveu tacite que les 1,450 autres sont inattaquables.
Cela déjà pourrait nous suffire. Voyons cependant ces 50 mots. Pour une partie d'entre eux, M. Kuttner se borne à répéter les objections déjà soulevées par la Gazette de d'Allemagne du Nord, et dont M. Bédier a fait justice dans sa seconde brochure Comment l'Allemagne essaye de justifier ses crimes d'une façon qui me dispense d'y revenir (cf. Rev. histor., t. CXIX, p. 419). Restent les critiques originales de. M. Kuttner qui, si l'on néglige les questions puériles de points et de virgules, qualifiées par lui-même de «  Kleinigkeiten », visent exactement 34 mots. Je les donne intégralement ici, en plaçant en face la traduction française de M. Bédier :
Texte des carnets. -Traduction de M. Bédier.
Hatte auch Telephonverbin dung mit dem Feinde (p. 16). - C'est qu'on avait le téléphone avec l'ennemi.
Ailes wird geplùndert (p. 16). - Tout est livré au pillage.
Der eine hatte ein Auge verloren (p. 16). - Et l'un avait un oeil crevé.
Sämtliche Zivilisten wurden erschossen (p. 17). - Tous les civils ont été fusillés.
Eine Frau wurde erschossen weil sie auf Halt-Rufen nicht hielt, sondern ausreissen wollte (p- 17). - Une femme fut passée par les armes pour n'avoir pas obéi au commandement de halte.
A toute personne non prévenue, ces traductions paraîtront l'exactitude même. M. Kuttner trouve cependant à y reprendre :
Dans la première phrase, le «  c'est que » employé pour traduire le «  auch » allemand cache des intentions malignes, que l'auteur ne désigne pas plus clairement. Je les ai cherchées sans les trouver. - Dans la deuxième phrase, la traduction «  livré au pillage » au lieu de «  pillé » insinuerait méchamment d'après M. Kuttner un ordre donné par des officiers. La philologie de M. Kuttner est ici en défaut. L'expression «  livrer au pillage » n'a pas en français de ces sous-entendus. - Dans la troisième phrase, c'est le mot «  crevé «  pour traduire «  verloren » qui -choque le professeur allemand; c'est l'anodin «  perdu » qu'il voudrait y voir substitué. Voyons le contexte, que (sans doute par hasard?) M. Kuttner a omis de reproduire. On y lit : «  Une femme avec deux enfants ; l'un avait une grande blessure à la tête et perdu un oeil. » Le lecteur jugera si, dans la pensée de l'écrivain, spectateur de la scène, cette «  perte » d'un oeil était accidentelle ou si elle avait un rapport avec la «  grande blessure à la tête », et si M. Bédier a exagéré en rendant «  verloren » par «  crevé ». - Dans la quatrième phrase, le caractère littéral de la traduction française n'est pas contesté. M. Kuttner cependant voudrait remplacer «  les civils », qui désigne tous les habitants d'un village, par «  ces civils », qui désignerait seulement une cinquantaine d'entre eux, dont il a été question quelques lignes plus haut et qui avaient tiré, dit l'auteur du carnet, d'un clocher sur les troupes. Interprétation plausible et que la traduction française n'écarte pas plus que le texte allemand. Dans le doute, M. Bédier a bien fait de s'en tenir au sens littéral. - Dans la cinquième phrase enfin, M. Kuttner ne pardonne pas à M. Bédier d'avoir omis la traduction des mots sondern ausreissen wollte, qui signifient «  mais voulait s'échapper ». Je ne vois pas en quoi le sens de la phrase ou la portée de l'acte commis s'en trouve modifié.
Tel est le réquisitoire de M. Kuttner. Pense-t-il sérieusement que ces chicanes diminuent si peu que ce soit l'abomination des faits incontestés et incontestables, révélés par M. Bédier, et qui - sauf en Allemagne, où ne s'est jusqu'ici trouvé aucun honnête homme pour les flétrir - ont soulevé et soulèveront longtemps encore l'indignation du monde entier? Cette abomination, M. Kuttner s'en rend si bien compte lui-même que des dix-huit fac-similés de M. Bédier il n'en reproduit que deux. C'est ce qu'il appelle (p. 5) «  sich die Dokumente der Reihe nach ansehen ». Encore s'est-il gardé de transcrire en imprimé ces écritures photographiées et presque illisibles, comme il le fait cependant pour toutes les autres photographies de manuscrits fournies par lui-même au débat.
Il n'y aurait rien d'autre à dire de ce pauvre libelle, si l'auteur, prenant l'offensive à son tour, n'avait cherché à démontrer par des extraits empruntés à des carnets de route français saisis par les Allemands que nos soldats, en fait de sauvagerie, ne sont pas demeurés en reste. Nous ne saurions assez recommander aux neutres la lecture de ces textes. Elle leur révélera deux choses. La première, c'est que nos troupes n'ont à se reprocher ni assassinats de femmes et d'enfants, ni meurtres collectifs d'habitants paisibles, ni incendies commandés de villes et de villages, ni viols de femmes et de jeunes filles, ni emploi de civils placés comme boucliers devant l'ennemi, ni pillages par ordre. Cela suffit à les différencier des troupes allemandes devant l'histoire. La deuxième constatation qu'on ne manquera pas de faire, c'est que si malheureusement des actes de pillage isolés ont été commis par nos soldats (et nous ne mobiliserons certes pas quatre-vingt-treize intellectuels pour le nier à la face du monde), les ordres les plus énergiques du commandement français (c'est M. Kuttner qui les cite) n'ont cessé de les réprimer avec la dernière sévérité. Il est fâcheux pour la cause de M. Kuttner qu'il n'ait trouvé à mettre en regard aucun ordre du jour allemand condamnant de la même manière les actes pires des soldats allemands.
Les attaques de M. Kuttner contre la France n'ont du reste point d'importance. Mais nous ne pouvons laisser passer sans y répondre une calomnie dirigée contre la Belgique, et qui vient s'ajouter à toutes celles que, sans se lasser, l'Allemagne lance contre ce noble et malheureux pays.
Essayant d'excuser des crimes qu'il ne peut nier, M. Kuttner réédite la légende des francs-tireurs belges. Les soldats allemands, affirme-t-il (p. 13), ne pouvaient en Belgique «  passer à côté d'un enfant sans s'attendre a être fusillés par derrière » (!). A l'appui de sa thèse, il cite un document, un seul. Mais il est d'importance. C'est une coupure du journal le Petit Belge du 13 août 1914, reproduisant un récit publié par le Telegraaf d'Amsterdam, qui décrit la résistance farouche opposée par la population civile d'Herstal, près Liège, à l'entrée des troupes ennemies. Vieillards et enfants tirant des fenêtres, barricades, huile bouillante versée par les femmes sur l'assaillant, rien n'y manque. Rien, sauf une toute petite chose..., la vérité.
Ouvrant en effet le livre de M. Waxweiler, la Belgique neutre et loyale - et M. Kuttner ne déclinera pas l'autorité morale de cet auteur - on lit à la page 227, après l'analyse du même récit emprunté à la même source, la phrase suivante : «  Peu de jours après la publication de cette description horrifique, on apprenait de source officielle que rien, absolument rien ne s'était produit à Herstal, et de fait il n'y a pas eu là l'ombre de représailles. »
Bornons-nous à poser deux questions. Ou M. Kuttner, ayant à formuler contre les Belges des accusations qu'il considère comme graves, n'a même pas pris la peine d'ouvrir le livre capital de M. Waxweiler. Que faut-il alors penser de son esprit critique et de son souci d'information? Ou bien il a lu ce livre et il sait le démenti formel opposé officiellement au récit du Telegraaf. Que penser alors d'un «  savant » qui, connaissant l'incertitude ou mieux l'inexistence de certains faits, les présente à ses lecteurs sous une forme qui doit nécessairement entraîner l'absolue conviction de leur réalité ?
Ayant ainsi donné la mesure de sa probité scientifique, M. Kuttner, en conclusion, s'écrie pathétiquement : «  Je vous accuse, M. Bédier, de falsification et de calomnie intentionnelles » (p. 60). Une telle apostrophe sous une telle plume ne manque pas de saveur.
Charles Rist.


Voici quelques extraits de l'opuscule de Max Kuttner : car si son texte est fort loin d'apporter une contribution utile au problème des crimes de guerre allemands, il donne d'étonnants détails sur le canton de Blâmont dans les premiers jours de la guerre, jusqu'à l'offensive du 14/15 août 1914 et le franchissement de la frontière.
Le journal manuscrit que Kuttner attribue à Léopold Cassel, du 143ème régiment d'infanterie correspond bien au journal des marches et opérations du régiment : le 14 août il est au nord de Vého, le 15, à Reillon, Leintrey, Amenoncourt, et le 16 il marche sur Avricourt.
 

Deutsche Verbrechen?
Wider Joseph Bédier Les crimes allemands d'après des témoignages allemands
Zugleich eine Antwort aus französischen Dokumenten von Dr. Max Kuttner.


[p. 23] Ich beginne mit dem 86 sauber geschriebene Seiten umfassenden Kriegstagebuch eines Schullehrers aus Carcassonne, Léopold Castel, vom 143. Infanterieregiment, der nebenbei stolz ist auf seine «  diplômes de pédagogue ». [...]

[p. 26] Acht Tage sind die Deutschen in Donjevin gewesen. Also muß doch ein rechtschaffenes Kriegstagebuch Greuel erzählen. Schaudernd höre man: «  Installés en maîtres dans les familles ils ont dévoré les poulaillers et tari les caves. Ces barbares Ont épuisé les familles. - Tuez-les tous, disent les bonnes gens du village ...
A l'ombre des portiques coquettement enguirlandés de houblon, plusieurs vieillards sont là qui ont lutté en 70. Comme ils paraissent heureux de nous voir passer. « Soyez vainqueurs, disent-ils, et nous, pauvres inutiles, nous mourrons heureux!» Pauvres vieillards,cassés par l'âge, chères loques de la vieille France, restez en paix dans vos foyers, je crois que l'heure de la revanche a sonné.»

Sie liegen auf Vorposten, und von einer ihrer Schildwachen wird ein französischer Jäger, der sein verwundetes Pferd herbeiführt, angehalten: «  C'est un tout petit paysan, presque imberbe, au visage rayonnant de douceur et de bonhommie. »
Wie diese «  douceur » und «  bonhommie » im französischen Sinne sich betätigen, mag aus dem Bericht hervorgehen, den der Tagebuchschreiber den Helden geben läßt und der zugleich ein Streiflicht auf die Vorstellung von militärischer Disziplin im französischen Heere wirft:
«  Ça a bardé mon vieux, dit-il ! J'étais en reconnaissance avec mon peloton là-bas du coté de Lintrey. Quand tout à coup nous rencontrons une patrouille de uhlans en reconnaissance. Ils étaient cinq ! Chargez ! crie notre officier. Et sabre au clair, nous partons de toute la vitesse de nos chevaux, en criant comme des fous ! Ah ! comme ils trottaient nos petits chevaux ! Ils rattrapent les fuyards après une course furibonde à travers la campagne !
-- Camarades criaient-ils... grâce ! grâce !
Leur voix était rauque et avait des accents si désespérés, si déchirants; leurs yeux étaient agrandis par la grande épouvante de la mort.
Notre officier qui aurait voulu les faire prisonniers criait:
- Ralliement.
Pensez donc si on allait leur laisser la vie à ces moineaux. On a foncé dessus et on a tapé dans le tas! D'un tourniquet de mon sabre j'ai partagé la tête de l'un d'eux comme une noix de coco. C'était un fameux coup de sabre, ajoute-t-il ! Les autres uhlans ont été lardés de coups de lance et criblés de balles!
- Bravo! clame le cercle frémissant ! »

Aber sein Pferd ist dabei verwundet worden, und er zeigt die Wunde, «  tandis qu'une larme perle dans ses yeux traduisant ainsi cet amour si naïf et si touchant des cavaliers pour leur monture.
- Mon père a beaucoup souffert en 70, dit-il, et ¡'ai juré de le venger durement.
Ces mots me paraissent terribles dans la bouche du petit campagnard ! Combien sont-ils ceux-là qui vont se battre pour venger leur père... cette revanche est peut-être l'idée symbolique de cette grande guerre. »
„Vergeltung ! Rache !" das ist das Leitmotiv, auf dem sich trotz aller amtlichen Ableugnung die ganze Symphonie des politischen Lebens Frankreichs aufgebaut hat; durch den Unterricht in den niederen und höheren Schulen klang es, stets ein nie versagendes und willkommenes Echo weckend, und jedem Redner sicherte es bei passenden und sehr unpassenden Gelegenheiten einen guten Abgang.
Zwar hatte die lebende Generation keine klare Vorstellung mehr davon, was es eigentlich zu rächen gab, und so frischte man den verblaßten Inhalt dieses modernen « Dieu le veut» dadurch auf, daß man es als eine nationale Ehrenpflicht hinstellte, den „geknechteten, leidenden Brüdern" in den „verlorenen Provinzen" die Freiheit und die Heimkehr zur trauernden Mutter, douce France, zu erkämpfen.
So schließt denn auch dieses Jägerlein seinen Bericht für den engen Kreis der Kameraden mit derselben sakrosankten Formel wie irgend ein Fest- oder Volksredner: Vergeltung ! Rache !
Aber vielleicht hat der Erzieher der Jugend, der mit Stolz seinen beim Abgang von der Schule erhaltenen «  prix d'histoire » erwähnt, eine abgeklärtere und verfeinerte Empfindung? Hören wir:
«  Là dans une verte prairie on aperçoit trois ou quatre paquets noirâtres et difformes. La section s'approche et le spectacle qui s'offre à notre vue est horrible. Un cheval aux pattes raidies git le ventre crevé. A côté se trouve un uhlan de haute taille, la face contre terre. Sa tête partagée en deux laisse voir la mate blancheur des os du crâne tandis que la cervelle forme sur l'herbe une masse molle et sanguinolente. Les yeux grands ouverts et presque sortis de l'orbite sont figés dans l'attitude de la grande terreur.
A coté un sous-officier du même régiment, git égalemment son corps haché de coup de sabres. Un autre cadavre est couché dans le ruisseau. Les chasseurs français les ont presque complètement dépouillés. Quand le sergent Douanel - un de la légion - soulève le premier pour lui enlever son porte carte, un get de sang noir s'échappe des blessures béantes. C'est affreux! Je m'éloigne en méditant de la destinée de ces malheureux que la mort a sitôt enlevés de la grande guerre qui va se dérouler. Cependant un sentiment de pitié n'est pas venu dans mon coeur pour ces jeunes adolescents encore hier peut-être pleins de vie et de jeunesse. Même dans la mort l'ennemi reste toujours l'ennemi ! (Fig. 7.)

Déjà leurs corps ne sont plus que des tâches grisâtres autour desquelles rôdent de noirs corbeaux affamés de chair cadaverique.»

Lesen Sie Ihre Seite 16 nach, Herr Bédier. Lassen Sie die Leichen liegen und von den Raben zerfressen, um Ihre Soldaten kriegstüchtig zu machen?.
Ich habe einmal in Korsika ein erschütterndes Erlebnis gehabt und es damals erzählt. Ich sah, als ein Leichenzug durch die Straße kam, wie selbst ein aufgeregter Irrsinniger, der auf einem Wagen angebunden war, sich plötzlich beruhigte und vor der Majestät des Todes beugte. Dieser Jugenderzieher verkündet den Grundsatz: «  Même dans la mort l'ennemi reste toujours l'ennemi » !
Was ist da für unsere Verwundeten zu hoffen, wenn sie in die Hand einer rohen, ungebildeten Menge fallen?
«  Lintrey. Je ne trouve là que des femmes atterées par les mauvais traitements subis pendand une dizaine de jours que les Allemands sont restés ici. L'une d'elles m'avoue cependant que la population du petit hameau s'est vengée durement.
Un capitaine français était au village, dit-elle, quand il voit arriver une patrouille allemande. Il laisse approcher l'ennemi à une trentaine de mètres et presque à bout portant en tue trois et en blesse deux.
Ces deux derniers sont restés là deux jours et deux nuits, réclamant des soins et de l'eau. - Grâce, pitié, à boire - criait l'un d'eux.
Tout secours leur a été impitoyablement refusé. Sauf un vieillard qui à l'heure de l'agonie leur a donné un peu d'eau froide moyennant de l'argent. Ils sont morts ces pauvres blessés de froid, de faim, de soif et de fièvre. Par ces temps de guerre l'impitié est sans bornes et le coeur humain, même celui des femmes se ferme à tout sentiment. Combien de choses affreusement horribles vont se passer par manque de pitié.»

(Fig. 8.)

Welches sind denn nun aber die « mauvais traitements», die die Leute zu rächen haben?
«  Aménoncourt. - On distingue à l'entrée du village une maison démolie par les obus français.»
Man bemerke: französische Granaten! Dort plaudert er mit einem alten Manne: «  C'est le vieux sonneur du village. Il hait les Allemands et voudrait les exterminer tous. Quand ils vinrent l'autre jour, il sonna les cloches à l'heure de l'angelus, selon le rite habituel! Mais les « boches» croyant que le carillonneur avertissait les Français de leur arrivée, le prirent et le traduisirent sur le champ en conseil de guerre. On voulait le fusiller mais finalement raison lui fut donnée. Et le pauvre vieux agite son poing vers ces soudards, son pauvre poing sans force à présent dit il ! Ah! s'il avait nos vingt ans ! »
Das ist der Dank für .die ihm widerfahrene Gerechtigkeit! «  Les barbares ont marqué leur passage par des atroceries sans nom. Ils ont brûlé, sans motif, trois maisons. Elles sont là ces ruines fumantes; au milieu d'elles on distingue encore le cadavre d'un pauvre vieux et celui d'un cheval, tous deux carbonisés. Que c'est triste cette vision de maisons en ruines et de cadavres le soir par un temps de mort.» Etwas Lamartine macht sich immer gut!
Aber auf der vorhergehenden Seite hatte er von der vernichtenden Wirkung der französischen Granaten in demselben Ort gesprochen!
Damit kein Zug in dem Charakterbild fehle, klärt uns das Tagebuch auch noch darüber auf, wie der französische Soldat das fremde Eigentum achtet: « A travers la nuit je me rends avec mon ami Emile chez une bonne femme pour faire cuire un bon morceau de viande volé à l'escouade... Pour tout repas nous partageons avec Emile un demi-bol de lait et un oeuf trouvé, par hasard.»
Und wie er zu der Frage der Plünderung steht:
«  Avricourt 16 août 1914. Etant allé en corvée d'eau jusqu'au village, je suis arrivé jusqu'à la gare qui offre un aspect de désolation. Les wagons sont éventrés et les marchandises sont un amas inextricable sur les quais et à l'intérieur des magasins. Les Allemands ont pillé la gare française, nous pillons la gare allemande. On emporte toute sorte d'objets utiles ou inutiles. On dévaste même une cigarrerie allemande située dans le village de « Deucht [Deutsch] Avricourt»: C'est un peu l'esprit de revanche et puis on est en état de guerre.»
(Fig. 9.)

Ich verweise Sie wiederum auf Ihre S. 26, Herr Bédier, und bemerke, daß irgend ein Beweis für die Plünderung durch die Deutschen nicht angegeben wird. Und weiter: «  de là nous nous rendons avec mon soldat de corvée chez une épicerie pillée par le 80e de Narbonne. Les vitrines sont éventrées et les marchandises gisent à terre. Nous volons de la graisse empaquetée, des raisins secs, des berlingots et des cartes postales. Enfin pour clore notre visite nous pénétrons dans une garnison de volatiles ou à force coup de crosse de fusil nous assommons pas mal de poulets. Ce sera une journée de bamboche décidément. Malgré l'humidité un grand feu est allumé et bientôt sur une broche improvisée se dorent les poulets qu'un nonchalant soldat tourne et retourne près des grandes flammes. Les autres en demi-cercle tout autour se pourléchent d'avance les babines à l'idée de l'heureux repas.» (Fig. 10a u. b.)



 

 

 

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