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164ème division - 12 janvier-30 avril 1918
 


Division du dragon (164e).
Novembre 1916 - janvier 1919
Général de Division Gaucher et Capitaine Laporte
Ed. Paris 1924

IX. - LUNÉVILLE

L'occupation de ce secteur a compté dans l'histoire de la division comme une période heureuse.
Avant bien organisé, avec des tranchées et des abris perfectionnés.
Arrière confortable dans de bons villages habités et jamais bombardés. Quelques mauvais moments en certains points de première ligne, mais rares. on ne peut tout avoir.
La division est installée principalement dans la forêt de Parroy, étendant sa droite jusqu'au ruisseau des Amis, un peu au nord de la voie ferrée de Strasbourg, sa gauche jusqu'au Sanon. Le front englobe Embermenil qui se trouve en première ligne et passe devant Mouacourt, occupé et organisé par l'ennemi.
Quatre positions successives : une première position complètement organisée à quatre lignes.
Une position 1 bis et une position 2 plus ou moins en voie d'exécution.
Une position 3 à l'état de projet.
Des bretelles.
Trois sous-secteurs divisés chacun en deux centres de résistance.
A chacun des trois sous-secteurs est affecté un régiment d'infanterie ou groupe de chasseurs ayant deux bataillons en ligne et un bataillon en réserve d'armée.
Les commandements des sous-secteurs nord (133e) et centre (chasseurs) alternent au P.C. Grande Taille sur le chemin du Haut de la Faite dans la forêt. Quand ils n'y sont pas, ils ont leur P.C. à Crion pour le nord, à Croismare pour le centre, d'où ils commandent, en même temps que le sous-secteur, l'ensemble des trois bataillons en réserve d'armée.
Le commandant du sous-secteur sud est à Marainviller (152e).
Le général de division dispose comme artillerie :
1° Du 232e R.A.C.
2° Du 3e groupe du 7e R.A.L. comprenant : 4 pièces de 120 L., 12 pièces de 95, 7 pièces de 90, 1 pièce de 75 antitanks, 1 pièce de 37 antitanks.
3° De la 101e batterie de 58 du 232e en position : 6 pièces 1 bis, 6 pièces 2.
La compagnie du génie 9/14 à Marainviller.
La compagnie du génie 9/64 à Croismare.
1/3 du génie au repos.
Mission essentiellement défensive.

Le 21 janvier [1918], l'état-major du 7e C. A. relève celui du 9e C.A. La division se trouve ainsi, pour la première fois, sous les ordres du général commandant le C.A. dont elle fait organiquement partie.
Le 11 février, l'ennemi tente un coup de main sur le petit poste Palestine près du ruisseau des Amis. Le poste se replie, 4 disparus, présumés tués. Les Allemands laissent sur le terrain deux cadavres qu'une patrouille ramène le lendemain.
Nouvelle attaque sur le même point le 13, sans aucun succès.
Le 15 février arrive à Lunéville le campement du 165e R.I. américain qui vient faire ses premières armes sous l'égide de la division.
Les premières divisions américaines constituées en France ont fait quelques mois d'instruction à l'arrière ; elles vont maintenant prendre contact avec le feu dans des secteurs calmes, en attendant d'aller, sur les champs de grandes batailles, mêler leur jeune sang au nôtre et, d'un puissant effort, nous aider à pousser l'Allemand hors de France au moment où nos bras épuisés faibliront.
La 42e division américaine entre dans le secteur du 7e C.A. Là 1,646 division reçoit, outre le 165e régiment d'infanterie U.S., un bataillon d'artillerie de campagne de 75 et une compagnie du génie.
Après quelques jours d'installation et de reconnaissances, les Américains commencent à entrer en ligne : pour débuter on les incorpore par groupes de combat aux unités françaises dans le centre de résistance de Rouge-Bouquet-Chaussailles, qui est calme. Les artilleurs entrent, pièce par pièce, en superposition, près de nos groupes. Progressivement, la proportion est augmentée jusqu'à leur donner un secteur de bataillon.
Les Américains étaient enchantés de cette nouvelle vie, relativement douce, dans la belle foret peu marmitée. Ils prirent tellement confiance, qu'ils perdirent toute prudence et se montrèrent bientôt sur tous les parapets. Ils faisaient sécher leur linge sur les abris et allèrent jusqu'à se faire cinématographier dans un poste d'écoute.
Le boche-impatienté, désireux peut-être de terrifier ces nouveaux arrivants, se mit à concentrer sur leur secteur des bombardements tout à fait inusités dans cette région très calme et le 7 mars, plus de trente Américains furent ensevelis dans un abri, par une torpille. Une quinzaine seulement furent retirés vivants. La leçon fut dure, mais profitable.
Entre temps, les unités travaillaient opiniâtrement à perfectionner l'organisation défensive du secteur. On sentait que l'ennemi- allait déclancher la grande offensive qui devait lui donner la victoire. ou, lui briser les dents...
Où aurait-elle lieu ? De nombreux indices laissaient penser qu'elle serait dirigée sur Luné ville et Nancy. On donnait partout des coups de sonde pour fixer l'ordre de bataille et surprendre les préparatifs ennemis.
Le 20 février, la division de gauche exécute sur Rechicourt un coup de main de grande envergure, une véritable attaque.
La 164e division devait y participer surtout par des concentrations de feux donnant l'illusion d'une préparation. A la faveur de ce formidable bombardement un groupe de 32 hommes du 133e R. I., sous le commandement du lieutenant Bouron, saute dans les tranchées du Trapèze (sud de Mouacourt) et en ramène 32 prisonniers dont trois sous-officiers, sans aucune perte.
Les coups de main continuèrent presque sans trêve, tantôt allemands, tantôt français mais sans opération importante jusqu'au milieu du mois de mars.
Le 10 mars, le commandant Grosjean, du 59e R.C.P. promu lieutenant-colonel est remplacé par le commandant de Boishue.
Le 20 mars, les chasseurs accompagnés d'un groupe-d'Américains exécutent un coup de main avec artillerie sur les ouvrages Blancs (nord d'Embermenil).
L'opération, soigneusement préparée, est parfaitement menée, mais les Allemands avaient évacué leur première position et fait leur barrage sur leur propre première ligne.
Pas de résultat. Les groupes repartent le 21, à 4 heures du matin, sans plus de succès.
Tous les chasseurs rendirent hommage à leurs camarades américains qui s'acquittèrent de leur mission avec une folle bravoure.
Le 21 mars, le 165e R. I. U.S., retiré du front avec sa division, quitte le secteur où ses soldats avaient, près de leurs camarades français, reçu le baptême du feu et pris de la guerre une première expérience qu'ils allaient prochainement pouvoir mettre à profit dans des circonstances plus sérieuses.

Le 24, les Allemands qui n'avaient pas bombardé Lunéville depuis plus de deux ans exécutent sur la ville un tir de 240 à longue portée. Une riposte de 350 sur Avricourt les calme et ils ne font de nouvelle tentative que huit jours après, le 30 mars; ce tir, suivi d'une nouvelle correction, fut le dernier.
Dans cette période les Allemands se montrent plus actifs. En raison de leurs grandes attaques de la Somme et de l'Oise, ils avaient besoin de prisonniers pour contrôler notre ordre de bataille et cherchaient à en faire.
Coup de main sur le bois des Bouleaux, le 28 mars, où les boches attaquent à fond avec un effectif sérieux. Ils sont repoussés sans nous prendre personne, mais le 152e a des pertes notables.
Coups de main le 29 sur le bois Carré où se livre un violent combat corps à corps. Les pertes sont moindres, mais nous avons cette fois des disparus.
Les Allemands commencent à user dans de fortes proportions de leur nouveau gaz vésicant, l'ypérite, qui nous cause des pertes journalières très sensibles et, malgré toutes les précautions prises, il est très difficile de s'en protéger efficacement.
Les artilleurs surtout en reçoivent quotidiennement sur leurs positions de batterie et il n'y a pas de jours où l'état des pertes ne porte des intoxiqués. L'infanterie n'en est, d'ailleurs, pas exempte. C'est ainsi que, le 21 mars, les Américains ont eu 150 intoxiqués à Rouge-Bouquet et que le 22, le 59e B.C.P. en a eu 110.
Bien qu'en secteur calme, de telles pertes, finissent par affaiblir sérieusement une grande unité.

Le 1er avril, la division, en relevant des unités de la 14e D.I., étend son front jusqu'au ruisseau de Leintrey. Elle est renforcée de 2 bataillons du 54e territorial et d'un groupe d'A.C. 7.
Une opération à gaz est aussi exécutée. Une compagnie Z, mise à la disposition de la division, fait, le 3 avril, dans la région du blockhaus Kronprinz, un lancement de gaz par la méthode des Projectors, qui consiste à lancer sur une zone restreinte, d'un seul coup, avec des canons genre 58, au moyen d'une mise de feu électrique, deux ou trois cents tubes contenant chacun une grande quantité de gaz.
Cette opération, d'une préparation très longue, ne sembla pas avoir donné de résultats bien importants. L'objectif était certainement habité, mais l'ennemi ne fit aucune réaction. Les reconnaissances faites le surlendemain ne trouvèrent rien et des prisonniers interrogés ultérieurement n'en avaient même pas entendu parler.
Il semble que le résultat n'ait pas été proportionné aux effectifs, aux efforts et aux dépenses que nécessite la préparation.
Le 9 avril, nouveau coup de main ennemi sur le bois des Bouleaux. Le Stosstrupp allemand se heurte à une reconnaissance du 59e B.C.P., sous le commandement du lieutenant Perrot qui l'attaque et le met en fuite ; aucun prisonnier de part et d'autre.
Le 12, coup de main sur le bois Legrand. Cette fois, nous avons évacué les premières lignes et les boches, après avoir nettoyé les postes avec des lance-flammes, se retirent sans avoir rien pris.
Le14, nous faisons à notre tour un coup de main sur la tranchée de la Haute-Charrière. Depuis l'entrée en secteur de la division, cette opération, déjà étudiée par les divisions antérieures était en instance d'exécution. Elle avait fait l'objet de correspondances innombrables entres les corps, la division, le corps d'armée et l'armée. Chaque échelon voulait tout régler jusqu'aux moindres détails. Les exécutants avaient répété l'opération sur un terrain préparé à l'arrière, d'après les photographies d'avion. De grands moyens étaient prévus.
Finalement, l'ordre d'exécution vient, réduisant les moyens à ceux de la division. Le coup de main est exécuté par deux groupes du 133e et un groupe de cavaliers, de 25 à 30 hommes chacun. Sans préparation d'artillerie, mais avec un encagement brutal, ces groupes franchissent trois brèches préparées de longue main et, après une exploration hardie et minutieuse du secteur visité, où ils pénétrèrent profondément, ils ne trouvent, comme d'habitude, personne et reviennent sans résultat, sans pertes notables heureusement.
Le 17, le 43e B.C.P. pousse une reconnaissance au sud d'Emberménil. Elle tombe sur une embuscade ennemie, l'attaque à la baïonnette et fait un prisonnier, sans pertes.
Le boche n'est pas heureux dans cette période. Nos patrouilles l'attaquent partout avec succès.
Le 21 avril, 4 prisonniers, le 22, un prisonnier.
Mais le commandement demande encore des prisonniers. Il en faut dans la région sud du secteur. Une opération est en gestation, depuis le commencement du mois sur les ouvrages 1 et 2, entre Leintrey et les Remabois. Préparation lente d'artillerie, destruction, brèches, attaque par surprise dans un encagement par une compagnie entière constituée.
L'opération est fixée au 24 avril, à 21 h. 30. Elle est remarquablement menée par le lieutenant de la Rochefordière, du 152e, avec sa compagnie.
La préparation d'artillerie a été parfaite, au dire même des fantassins - la surprise est certaine.
On ne trouve plus un boche. Le lieutenant de la Rochefordière ramène une seconde fois ses hommes, espérant le retour du boche sans plus de résultat. La contre-batterie bien réglée a muselé l'artillerie allemande; aussi la compagnie d'attaque rentre-t-elle sans pertes.
Il faut décidément renoncer à ces coups de main à grande action d'artillerie et faible effectif d'infanterie. L'encagement ne pourra. jamais être assez dense pour empêcher, dans un secteur peu occupé, les quelques guetteurs qui constituent la garnison de la première ligne de filtrer à travers la cage.
Le boche nous répond le 28, par un fort coup de main sur la partie est d'Embermenil, avec grande manifestation d'artillerie, gaz à. dose massive, peut-être projectors, lance-flammes.
Mais nous avons aussi évacué et l'ennemi se retire sans résultat autre que de nous laisser un prisonnier. Les pertes sont cependant sensibles, la concentration de gaz ayant rendu l'air irrespirable jusqu'à nos lignes.

Le 27, commence la relève de la division par la 166e division.
Le général Gaucher passe le commandement, le 30 avril, à 8 heures, au général Cabaud et installe son quartier général à Rosières-aux-Salines.
La division est rassemblée au repos dans de bonnes conditions entre Blainville et le camp de Saffais.
Peu de semaines auparavant, la division avait perdu le colonel Barrard, nommé sous-chef d'état-major du groupe d'armée de l'Est.
Le général Gaucher voulut confier le 152e à quelqu'un qui fut digne de commander ce magnifique régiment : il y appela le commandant Meilhan, son chef d'état-major.
La succession n'était pas facile, car le colonel Barrard avait pris tout le coeur de son régiment. Le colonel Meilhan sut rapidement le conquérir. C'était un homme distingué, d'une intelligence remarquablement claire. Emporté, prompt à la colère autant qu'à l'indulgence et à la bonté, il était, dans l'action, d'autant plus calme que la situation devenait plus sérieuse. Sa bravoure personnelle, son activité, sa sollicitude pour ses officiers et ses hommes lui attirèrent leur affection. Il fut aussi brillant, comme chef de corps, qu'il l'avait été comme chef d'état-major.
 

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