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Représentants du peuple -  Meurthe - 1793-1794


Les représentants du peuple en mission et la justice révolutionnaire dans les départements en l'an II (1793-1794). Tome 5
Henri Wallon
Ed. Hachette 1889-1890

Meurthe.

Le département de la Meurthe s'était rendu suspect de modérantisme par le caractère même de Nancy, naguère la capitale du roi Stanislas, et plus récemment la patrie de Salles, un des hommes marquants dans le parti de la Gironde. J'ai dit ailleurs l'altitude que le conseil général du département avait prise à la veille et au lendemain du 31 mai, et comment là ainsi qu'en beaucoup d'autres lieux, on s'efforça de conjurer par les adresses les plus soumises les rigueurs de la Convention (1).
Malgré ces manifestations, la ville fut pourtant menacée d'un grand péril, et une sentence de mort allait être suspendue sur les têtes de ses principaux citoyens.
Un agent du pouvoir exécutif, nommé Mauger, venait d'être envoyé à Nancy, homme d'une moralité douteuse, mais d'une grande énergie, et qui rallia facilement le. petit nombre de ceux qui, dans la ville, inclinaient vers la Montagne. Le département avait été renouvelé ; mais la Société populaire Comptait toujours des hommes d'opinion plus modérée (2). Mauger résolut dé l'épurer : le 27 juillet, quatre-vingt-dix-huit membres furent chassés de la Société, dont quarante-cinq «  fonctionnaires publics, ex-députés aux Assemblées législative et constituante, négociants, prêtres, suppléants à la Convention, tous enfin, dit plus tard Julien dans son rapport, «  composant une espèce d'hommes dont les qualités morales et les inclinations perverses semblent en opposition avec l'ordre de choses nouvellement établi (3) ».
On fit deux catégories des exclus : les meneurs et les menés; et pourtant le sans-culotte Philip se plaint que des suspects y restèrent encore. Il est vrai que bien peu de gens pouvaient être réputés purs auprès du sans-culotte Philip (4).
Les exclus trouvèrent un autre lieu de réunion chez une femme qui tenait boutique de libraire (5). Ils avaient d'ailleurs des amis dans la municipalité qui ne partageait pas encore les doctrines des jacobins, et elle en donna la preuve. Elle refusa d'assister à la fêle funéraire organisée en l'honneur de Marat. L'indignation fut grande dans la Société populaire. Mauger y tint des discours violents. En présence de cette attitude menaçante, la municipalité fit commander la force armée. Voulait-elle se défendre, voulait-elle attaquer? Elle avait résolu de faire arrêter Mauger, ce qu'elle fit dans la nuit du 16 au 17 août, et peut-être, en prévision du mouvement que ce coup de force pouvait produire, ne songeait-elle qu'à se défendre; mais on l'accusa d'avoir voulu attaquer, ce qu'en tout cas elle ne fit point, car les canonniers étaient allés rejoindre la Société populaire (6).La Société n'en appela pas moins à sa grande patronne, la société mère de Paris, et le 22 août les Jacobins en corps se présentèrent devant la Convention demandant, vengeance :
Citoyens représentants, disaient-ils, parmi les attentats commis contre la révolution, le plus grand sans doute est la persécution exercée contre les sociétés populaires. Ebranler ces colonnes de la Constitution, c'est saper le fondement de la liberté. Une loi porte la peine de mort contre ceux qui tenteraient de détruire ces foyers de patriotisme. Nous demandons l'exécution de cette loi. Nous vous dénonçons la municipalité de Nancy qui a voulu dissoudre la. Société populaire de cette ville. Nous déposons sur le bureau les pièces qui constatent ce fait Citoyens, votre intention n'étant point de favoriser les conspirateurs, nous espérons que vous prendrez notre pétition en considération (7).

Et l'affaire fut renvoyée à l'examen du Comité de sûreté générale.
Julien (de Toulouse) fit, au nom de ce Comité, un rapport dans la séance du 21 août. Il adoptait la version la plus défavorable et provoquait par sa conclusion aux résolutions les plus terribles (8).
Les conclusions du Comité n'allaient pas pourtant aussi loin que les réclamations des Jacobins. Le décret qu'il proposa et fit accepter mettait en liberté Mauger, traduisait le procureur de la commune et deux officiers municipaux de Nancy à la barre de la Convention, destituait le directeur dos postes, le secrétaire greffier de la municipalité et le conseil général de la commune (exceptant pourtant les amis), et décidait que deux représentants iraient incessamment à Nancy pour renouveler les autorités constituées, selon le besoin (9).
Quand on fit ce décret, songeait-on aux deux représentants Richaud et Soubrany qui se trouvaient alors dans ces parages ? Il est probable qu'ils en reçurent' la mission : car; on voit les administrateurs du directoire de la Meurthe, qu'ils avaient établis, destitués plus tard par Saint-Just et Le Bas sur. la plainte d'administrateurs des subsistances qui craignaient eux-mêmes d'être dénoncés (10). Toujours est-il que ce furent eux qui allèrent à Nancy; et si on en juge par les dates, ils durent même devancer, en vertu de leurs pouvoirs généraux, la: mission spéciale qui leur était donnée : on les voit réorganiser le directoire du département, le 23 août, le tribunal, le 21 août, et le conseil général du département, le 21 septembre (11). Ils en parlent eux-mêmes dans une lettre du 29 octobre (8 du
2e mois) au Comité de salut public, et ils accomplirent l'ordre de la Convention en mettant en liberté Mauger:
Nous rendîmes une justice éclatante au citoyen Mauger, qui avait été arbitrairement mis en arrestation (12).

Mais il y avait en outre dans le département un représentant chargé de remonter la cavalerie, que nous avons rencontré tout à l'heure, Faure, député de la Haute-Loire, Il avait plu aux patriotes, il avait gagné leur confiance; et quand ils éprouvèrent le besoin de faire renouveler encore une fois les autorités de la ville, ce fut à lui qu'ils songeront: ce fut lui que, sur leur demande, Barère, le 11 brumaire (4 novembre 1793), fit désigner pour cette opération, avec des pouvoirs illimités (13).
Faure semblait bien fait pour répondre aux espérances des Jacobins. Il avait donné des gages aux plus avancés. Après la loi des suspects, lorsqu'on mit en exercice les quatre sections nouvellement créées du tribunal révolutionnaire, Faure trouvait que cela n'était point assez. Il disait que le tribunal révolutionnaire n'avait de révolutionnaire que le nom, et, dans la séance du 27.septembre 1793, il avait proposé une procédure qui eût été connue un premier essai de la loi du 22 prairial :
Le jour du jugement arrivé, les juges et les jurés rendus dans la salle d'audience, le greffier lira l'acte d'accusation. Cet acte lu et tous les témoins placés devant les jurés eu présence du prévenu, l'accusateur public dira au prévenu : On vous accuse de tel fait. L'accusé répondra seul et sans défenseur. Sa réponse sera affirmative ou négative.
En cas d'affirmative, tout est dit ; en cas de négative, on entend les témoins :
Les débats terminés en cette forme, il ne sera fait aucun discours de défense générale de la part du défenseur.
Le président ne fera non plus aucune, récapitulation générale des faits; mais les jurés, pleins de ce qu'ils auront entendus, se retireront pour leurs débats particuliers en la forme ordinaire (14).

Ce fut peu de temps après, à peine sorti du Comité de législation auquel il avait été adjoint pour l'examen de son projet de décret, qu'il était parti pour Nancy. Avant de recevoir la mission que Barère lui avait fait conférer, il avait pu voir, dans quel état se trouvait le pays depuis que Mauger, rendu à la liberté, triomphait insolemment de ses ennemis; et ce spectacle, faut-il le dire? Pavait dégoûté des patriotes. On en petit juger par le tableau qu'il en fit plus lard, lorsqu'il eut à justifier sa conduite (15): c'est une réplique à des attaques, et il faut tenir compte de ce caractère de son rapport, comme de l'époque où il fut rédigé, en pleine réaction thermidorienne; mais ses assertions sont, sur bien des points, confirmées par celles du sans-culotte Philip lui-même qui entreprit de lui répondre.
Quoi qu'il en soit des bonnes relations qu'il eut d'abord, selon Philip, avec les patriotes, maîtres de la ville (16), il avait été en mesure de les juger. C'était au premier rang Mauger, Marat-Mauger comme il s'était appelé lui-même; et il avait souffert que son buste fût placé auprès de celui de Marat par le servile enthousiasme des satellites de sa dictature (17). Il avait un conseil de douze dont il semblait prendre l'avis et qui, partageant ses pillages et ses débauches, ne faisaient qu'autoriser tous ses caprices, «  cour crapuleuse et déhontée », dit Faure; au nombre de ces acolytes, Philip, venu de Strasbourg à Nancy comme garde-magasin, «  homme atroce, né pour le crime » : c'est celui qui, répondant à Faure, n'a que trop confirmé ses appréciations, au moins sur Mauger; Fabvé, président du tribunal criminel, «  plus rusé, avec des dehors séduisants », infatué de sa présidence : - «  Je plane, disait-il un jour à la Société populaire, sur toutes les autorités constituées; personne n'a le droit de m'attaquer »; - c'est lui qui, selon Philip, était ailé à Paris demander pour Faure des pouvoirs illimités; Glassan Brisse, acteur, «  transplanté des tréteaux de Paris à Nancy », -- «  célibataire immoral, aussi faux patriote que mauvais comédien », revêtu du triple pouvoir de maire, de membre du Comité de surveillance et du conseil suprême de Mauger, un maire, humble valet de ses administrés, qui, dans une fêle publique, s'écriait : «  Peuple, veux-tu que je garde mon écharpe à la cérémonie ou que je la quitte ? Tu es souverain. Parle, cl j'obéirai. ».
Mauger régnait par la Société populaire :
Là tes citoyens étaient désignés et proscrits; là on arrêtait la mort des uns et la déportation des autres: des juifs étaient proscrits en masse; là on arrêtait les taxes arbitraires, et Mauger, à la tête de son conseil, s'en établissait le receveur et le distributeur, sans tenir de registre de recette ni de dépense ; là on proposait, tantôt de faire sauter la maison d'arrêt avec un baril de poudre, et tantôt de transférer les détenus et de les égorger en route (18).

Les vues de Faure sur l'accélération de la justice révolutionnaire étaient bien dépassées ! Juger, c'est le premier apanage du pouvoir souverain. Mauger en prenait tout à son aise :
Souvent, au milieu de la nuit, il faisait tirer de la maison d'arrêt et traduire chez lui ces malheureuses victimes; et là, étendu dans son lit, son poignard sous le chevet, une femme déhontée à ses côtés, le verre et les bouteilles sur la tablé de nuit, décoré d'un ruban tricolore et d'une médaille de juge pour accabler de sa puissance, il mettait à prix la liberté et la vie.

Il jugeait aussi, disons-le, dans son conseil de sans-culottes, car ce conseil faisait office de tribunal :
C'est dans le domicile de Mauger qu'il tenait ses séances; c'est là que ce dictateur prononçait ses arrêts; c'est de là qu'il frappait et absolvait, suivant les sacrifices pécuniaires. Ses ordres étaient donnés dans le style des tyrans; il en existe ainsi conçus : «  Marat Mauger, de l'avis de son conseil, enjoint au gardien de la maison d'arrêt de mettre en liberté », etc.

Et cette bande avait ses suppôts dans les divers districts: à Marsal, Dumont, que Mauger appelait le seul patriote de la ville et qui, à ce titre, s'en était fait le despote; à Dieuze, l'ex-chevalier Durozet, ayant quitté ses habits de soie pour se faire sans-culotte, et Cunin, ex-législateur royaliste, devenu terroriste ; à Saint-Avold, à Sarreguemines, autres gens pareils, régulateurs de l'opinion publique et à qui tous étaient forées d'obéir :
Tout, dit Faure, était préparé pour le crime, organisé pour la dévastation, disposé pour le meurtre, l'incendie et le pillage, lorsque je me mis en devoir d'arrêter le complément du mal.

Il avait des pouvoirs illimités, mais d'autres en avaient également, et les représentants délégués près les armées ne reconnaissaient même à leur action aucune limite de lieu : si bien que les départements frontières recevaient des ordres dictatoriaux de partout (19). Tandis que Faure se croyait maître à Nancy, il voyait, d'une part, Lacoste et Mallarmé y établir un Comité de surveillance révolutionnaire et, d'autre part, Saint-Just et Le Bas y exercer aussi leurs pouvoirs extraordinaires. Ces deux derniers envoyaient l'ordre d'y lever une Contribution de cinq millions sur les riches, de destituer les membres du directoire et de les traduire à Paris, comme ayant négligé les approvisionnements de l'armée : des fournisseurs, qui avaient manqué à leurs engagements, avaient rejeté sur eux la faute dont ils auraient dû répondre eux-mêmes (20).
(Dépôt de la Guerre, armée du Rhin, à la date.)


Les grands meneurs de Nancy n'avaient ou garde de ne point prendre leur part dans les bénéfices de l'administration. Mauger s'était fait nommer directeur des salines de Dieuze, comme d'autres des salines de Moyenvic, de Château-Salins, etc., et c'est ce qui le perdit. Eloigné, il voyait s'évanouir tout l'ascendant qui tenait les opprimés dans une consternation muette. On parla; ses prévarications et celles de ses agents furent révélées, et Philip, lui-même, le principal de ses acolytes, les dénonça : il s'en vante au moins dans son écrit contre Faure (21). Le représentant Faure fit opérer une saisie chez Mauger; il y acquit la preuve de ses concussions, et le traduisit avec sa femme devant le tribunal révolutionnaire de Paris (Ier frimaire 21 novembre (22).
Tous les vrais sans-Culottes y applaudirent (23).Mais il n'était pas possible qu'on oubliât ce qu'ils avaient fait eux-mêmes. Ce fut un déchaînement universel contre les amis de Mauger, et Philip, par ses dénonciations, ne réussit point à s'y soustraire. Faure se rendit à la Société populaire où la majorité, aussi bien que les tribunes, prenait désormais parti contre la dictature de Mauger. Il s'entendit avec elle pour composer un nouveau comité de surveillance et établir un tribunal révolutionnaire, afin de juger les prévaricateurs (24). «  Des ce jour, dit Philip, commença la persécution des patriotes (25). » Philip lui-même essaya de tenir tète au mouvement. Il cria à la contre-révolution. Il osa même écrire à Faure pour lui dire qu'il craignait qu'elle ne s'établit à Nancy, comme jadis à Lyon, et s'attira cette verte réplique (6 frimaire, 26 novembre 1793) :
J'observe tout, citoyen, rien ne m'échappe. Depuis 1788 j'ai combattu l'aristocratie et je la combattrai toujours, ainsi que tes fripons, tels que Mauger, et ses amis, tels que Durosel. S'il y a ici une contre-révolution actuelle, c'est celle dé la friponnerie, et je vois à regret que ceux qui fréquentaient le plus Mauger se taisent sur son compte.
Au surplus, je ne m'en tiens pas aux paroles, mais aux faits, et j'agis en connoissance de cause. L'aristocratie ne triomphera pas, sois-en sur; mais j'établirai le règne de la liberté, de l'égalité et de la probité. Enfin, que les innocents soient tranquilles, je saurai les connoitre ainsi que les coupables.
Salut et fraternité,
FAURE (26)

Et le lendemain Philip était arrêté ainsi que Febvé et plusieurs autres. Ses protestations demeurèrent sans effet (27).

Ce jour même, Faure donnait une garantie de plus à ses desseins. Il reconstituait la Société populaire de Nancy. Il la composait, dit Philip, de fédéralistes, de tous ceux qui avaient refusé leur signature à l'adresse, d'adhésion au 31 mai, et il lui donna le nom de Société populaire révolutionnaire, pour mieux tromper le peuple, nous dit son haineux adversaire. Sous ce titre, ajoute-t-il, elle reçut «  tout ce que Nancy renfermait de riches aristocrates, de fédéralistes, de modérés (28) ». Retenons ce dernier mot, qui était vrai sans doute, mais qui était alors un titre de proscription.
Il n'est pas besoin de dire que Faure, dans tous ses actes et ses écrits, gardait toujours l'attitude d'un montagnard. Dans une sorte de monitoire qu'il adressa à l'administration départementale, il ne manquait pas de dire : «  Que chacun soit un Brutus » ; et parmi ses griefs contre Mauger était celui d'avoir prétendu aux honneurs de Marat : «  Comment, disait-il aux administrateurs, son buste est-il à côté de celui de Marat, votre véritable ami ? (29) »
La réaction suivait son cours : Brisse était destitué de ses fonctions de maire, qu'il ne devait, disait Faure, qu'à ses intrigues, et les révolutionnaires les plus prononcés étaient arrêtés (30). Mais cela était-il durable quand la Terreur ne faisait pour ainsi dire que de commencer à Paris, que l'an II n'était qu'à ses débuts, que la sanglante année 1794 s'ouvrait à peine? Faure était bien naïf, s'il avait pu croire que Mauger et ses amis, qu'il avait envoyés à Fouquier-Tinville, seraient l'objet des rigueurs du tribunal révolutionnaire de Paris. Ils y furent acquittés avec éclat le 1er pluviôse (20 janvier 1794), sauf Mauger lui-même qui était mort en; prison (31); et à Nancy, Lacoste et Baudot, qui n'avaient cessé de contre-carrer Faure (32), s'empressèrent, quand il fut parti, de remettre toutes choses sur l'ancien pied. «  Ils avaient, dit Philip, reconnu les fédéralistes sous le bonnet rouge.» La scène changea donc comme par un coup de baguette. Brisse, l'ancien acteur, remis en liberté, redevint maire; Philip et les autres sortirent de prison et y firent place à plusieurs des conseillers de Faure (33) ; Febvé, acquitté par le tribunal révolutionnaire de Paris et rétabli dans ses fonctions de président du tribunal criminel par décret de la Convention nationale, fut nommé par; les représentants Lacoste, Baudot et Bar, président de la Société populaire régénérée (34). Enfin au tribunal révolutionnaire de Faure, qui n'avait guère fait que poursuivre les concussionnaires et les pillards, était substituée une commission extraordinaire dont on attendait d'autres services (35).
Le débat pouvait être transféré sur un autre théâtre et tourner mal pour l'ancien délégué de la Convention, comme pour ceux qui lui avaient prêté leur concours. Faure, dès son retour, publia un mémoire où il allait au-devant de l'attaque. On l'accusait d'être modéré, d'avoir persécuté les patriotes, ménagé les aristocrates, pris pour conseils des suspects. Modéré ! Il avait commencé par appeler auprès de lui Mauger et ceux qui passaient pour les meilleurs sans-culottes; mais lorsque Mauger lui eut été dénoncé, même par les gens de son parti, quand il eut en main les preuves de ses prévarications, il avait bien dû le frapper, lui et ses pareils, et il ne l'avait fait qu'avec le Comité même de surveillance établi par Lacoste. Le tribunal révolutionnaire avait bien fait de les absoudre s'il les avait trouvés innocents; il n'en avait pas moins eu raison de les poursuivre, puisqu'ils lui étaient signalés comme coupables; et en regard de ces patriotes qu'on lui opposait, il produisait les noms des contre-révolutionnaires qu'il avait lui-même envoyés an tribunal, notamment treize habitants de Sarrelibre (Sarrelouis) dont nous parlerons plus loin; il alléguait encore tout ce qu'il avait fait pour l'extermination du fanatisme, c'est-à-dire de la religion chrétienne; il se faisait honneur des abjurations qu'il avait obtenues et rappelait que, trois jours seulement après les scènes du 27 brumaire à Paris, le 30 brumaire, quatre-vingts prêtres avaient abjuré à Nancy. Puis, récriminant contre Lacoste et Baudot, contre Lacoste surtout qui avait des motifs particuliers de ressentiment à son égard, il demandait l'abrogation de l'arrêté injurieux des deux représentants, qui avaient suspendu l'exécution de ses arrêtés et soumis à leur propre contrôle tous ceux qu'il pourrait prendre seul, sous prétexte d'éviter toute «  contrariété » dans leurs actes (36).
Il répandit ce mémoire dans la Convention, il l'adressa aux districts de la Meurthe, mais il risquait de provoquer des contradictions plus ardentes ; car dans la Meurthe les patriotes avaient repris l'offensive. Le 30 pluviôse, la Société populaire de Sarrebourg, en réponse au mémoire justificatif qu'il lui avait adressé, consignait sur ses registres la déclaration suivante :
Déclare à l'unanimité que les mesures prises par Faure ont jeté la consternation parmi tous les bons patriotes qui en ont été les témoins, et qu'elle a considéré son rappel comme une victoire remportée par les patriotes sur l'aristocratie.
La Société déclare de plus que les représentants Baudot et Lacoste; tous deux bien connus par leur zèle et les services qu'ils ont rendus jusqu'à ce jour à la cause de la liberté, ont, en cette occasion, été les fermes appuis des patriotes et que déjà l'esprit public commence à se régénérer dans Nancy et dans tout le département de la Meurthe, par l'effet des mesures sages et rigoureuses qu'ils y ont prises (37)

De leur côté, Lacoste et Baudot, instruits de ces récriminations, y répondaient sur un ton dédaigneux dans une lettre datée de Strasbourg (2 ventôse, 20 février 1794), lettre où ils annonçaient de nouveaux succès de nos armées et en présageaient d'autres (38).
Faure, présent à la séance (6 ventôse), protesta hautement, et, sur l'intervention de Legendre, qui se fit garant de son patriotisme, il ajourna sa querelle avec ses deux collègues absents; mais il en prit occasion de demander qu'on suspendit aussi la poursuite commencée contre trente citoyens traduits (probablement comme étant ses amis) devant la Commission extraordinaire de Lacoste et Baudot à Nancy, et que ce décret y fût porté par un courrier extraordinaire : car de pareilles procédures marchaient vite; ce qui fut voté (39). Le parti modéré, comme on l'appelait alors, celui de Legendre et de Danton, était encore debout dans l'assemblée; mais cette accusation incidente des deux représentants Baudot et Lacoste suffit pour faire ajourner, après une vive discussion, l'admission de Faure, dans un scrutin épuratoire, aux Jacobins ce jour même (40).
Les dénonciations continuèrent d'arriver contre les persécuteurs des patriotes. Des citoyens de Nancy étant venus en signaler plusieurs à la Convention, Montaut profita de l'occasion pour y comprendre Cunin, ancien membre de l'Assemblée législative, récemment acquitté, avec la bande de Mauger, par le tribunal révolutionnaire de Paris ; et il demandait qu'on le mît en arrestation comme un faux patriote, l'auteur des troubles qui divisaient Nancy : proposition qui fut combattue par Levasseur comme tendant à faire de la Convention une chambre de mise en accusation mal informée; et la proposition, avec la pétition des citoyens de Nancy, fut renvoyée au Comité de sûreté générale (41).

Ce n'étaient plus les patriotes qui pouvaient se dire menacés, et leurs plaintes de prétendue persécution étaient déjà un commencement de représailles contre leurs adversaires. Les modérés d'ailleurs, qu'étaient-ils autre chose que les complices de Danton qui venait de tomber ? Ils se cachaient; mais l'oeil des sans-culottes les allait chercher dans leurs retraites, Le 27 floréal (16 mai 1794), la Société populaire de Nancy remontrait à la Convention «  que plusieurs ennemis de la liberté, pour échapper à la surveillance des autorités constituées et se soustraire à l'arrestation qu'ils avaient encourue, s'étaient transportés dans les grandes communes, où, à la faveur de l'incognito, ils tramaient des complots liberticides. Elle invitait la Convention à prendre des mesures contre les changements de domicile que des raisons plausibles ne motivaient pas, à faire juger le plus promptement possible les gens suspects, et à mettre les sans-culottes à même de jouir de leurs biens (42). » - Qu'étaient-ce que leurs biens ? probablement ceux des autres.- Leur règne ne fut plus interrompu jusqu'au 9 thermidor.
Là du reste, comme en général dans cette région, la justice révolutionnaire se manifeste plus par des arrestations et des confiscations que par des sentences de mort. On envoyait pour la mort à Paris. On n'a point le résultat précis des opérations des Commissions révolutionnaires ou extraordinaires. Quant au tribunal criminel jugeant révolutionnairement, on ne compte à sa charge que dix ou onze condamnations à mort (43). En ce qui touche la querelle de Faure et de Lacoste, il eut été dangereux pour le premier qu'elle se continuât après le jugement de Danton. Lorsque Faure déposa son rapport sur son administration dans la Meurthe, la révolution du 9 thermidor était accomplie; on était même en pleine réaction antijacobine : c'était le 21 pluviôse an III (12 février 1795). Il y put flétrir les sans-culottes dont il avait momentanément débarrassé Nancy alors, sans que Lacoste, qui d'ailleurs n'était pas pris à partie, essayât d'y répondre. Un peu plus tard, après l'émeute avortée du 1er prairial (20 mai 1795), quand les principaux membres des deux Comités, les vainqueurs du 9 thermidor, Collot d'Herbois, Barère, Billaud-Varenne, Vadier, étaient proscrits à leur tour, quand ou faisait rendre compte aux proconsuls de province, Lacoste et Baudot, attaqués eux-mêmes dans la Convention, essayèrent bien de récriminer contre Faure. Mais Faure n'eut pas même besoin de répliquer pour qu'ils fussent décrétés d'arrestation (13 prairial, 1er juin 1795). (44)

 


(1) Voy. la Révolution du 31 mai et le fédéralisme en 1793, t. l., p.365-378
(2) Voy. la note I, aux Appendices.
(3) Séance du 24 août 1193, Moniteur du 20, t. XVII, p. 481.
(4) Exposé succinct des événements contre-révolutionnaires arrivés à Nancy pendant le séjour qu'a fait dans cette commune le représentant du peuple Balthazard Faure, servant de réfutation à la partie du rapport justificatif qu'a fait à la Convention nationale ce mandataire du souverain relativement à ces événements, par le sans-culotte Philip, p. 9. (Bibl. nat., Lb41 3768, Nancy, 127 pages in-12.).
(5) Philip, l.I., p. 12.
(6) Philip, l.l., p. 16 et suiv.
(7) Séance du 22 août 1193, Moniteur du 23, t, XVII, p. 449.
(8) «  Citoyens, disait-il, en faisant un acte de justice, vous devez, frapper un grand coup... La municipalité de Nancy voulait dissoudre la Société populaire; elle-ne voulait plus de sentinelle vigilante de ses actions, elle voulait fasciner les yeux du peuple pour le tromper plus facilement. Si elle n'a pas réussi, en est-elle moins coupable, et Maugé n'est-il pas encore dans les fers? On veut offrir en holocauste, sur l'autel du fanatisme et de l'aristocratie, le sang des républicains qui ne pactisent pas avec les traîtres.
Qu'ils tremblent le jour des vengeances est arrivé, la Constitution est acceptée. » (Moniteur du 26 août, t. XVII, p. 484.)
(9) Séance du 21 août 1793, Moniteur du 26, t. XVII, p. 181-183.
(10) C'est ce que dit Mallarmé dans la séance du 9 nivôse,29 décembre 1793, Moniteur du 10 nivôse, t. XIX, p. 83. Voy. ci-après, p.14, note 2,
(11) Ehrmann signe avec Soubrany et Richaud les trois arrêtés. (Arch. nat. AFH 122, dossier Ehrmann, Richaud et Soubrany, aux dates.)
(12) Lettre de Richaud,Ehrmann et Soubrany. (Ibid.; carton 142, à la date.).
(13) Moniteur du 10 brumaire (6 novembre 1793), t. XVIlI, p. 347; cf. Philip, l.l. p. 26
(14) Moniteur du 28 septembre, t. XVII, p. 757-758.
(15) Séance du 21 pluviôse an III (12 février 1195). (Moniteur du 26,1. XXIII, p. 445.)
(16) Philip, l.l., p. 21.
(17) C'est ce que disent Richaud, Ehrmann et Soubrany eux-mêmes dans leur lettre du 29 octobre, citée plus haut.
(18). Même séance du 21 pluviôse an III, Moniteur, t, XXlll, p. 446.
(19). Dans une lettre au Comité de salut public, datée de Nancy, le 4e jour du 2e mois (23 octobre], Faure émettait cette réflexion sur la répartition des représentants en mission s «  Je dois vous dire, citoyens collègues, qu'il vaudroit mieux, ce me semble, qu'il y eût moins de représentants dans le Rhin et qu'il y en eût deux dans les départements de la Moselle, la Meurthe et les Vosges ou la Haute-Marne, pour qu'il y eut une correspondance suivie des uns aux autres, mais il faudrait de vrais montagnards, instruits et prudents. Je m'aperçois aussi que l'on désireroit un peu plus de moralité. Je ne veux être le censeur d'aucun de mes collègues, ayant plus de besoin de censure qu'eux; mais le salut de ma patrie m'oblige à vous dire la vérité. » (Arch. nat., AF ll, 151, brumaire, pièce 44)
(20) Philip. l.l. p. 31. - «  Les représentants. du peuple, envoyés extraordinaires à l'armée du Rhin, convaincus de la mauvaise foi de l'administration du département de la Meurthe qui n'a fait qu'avec mollesse, et pour éluder la responsabilité, ses réquisitions pour obtenir les contingents en grains et fourrages;... Convaincus qu'il existe parmi quelques administrations, une coalition pour affamer l'armée, cassent lesdits administrateurs de la Meurthe, arrêtent qu'ils seront traduits au Comité de sûreté générale de la Convention pour y rendre compte de leur conduite.
«  Le Comité de surveillance de Nancy nommera Une commission de douze citoyens révolutionnaires pour remplacer l'administration de la Meurthe.
«  Le citoyen Reukin, agent du conseil provisoire exécutif, est chargé de mettre à exécution le présent arrêté. »:
Strasbourg, 22 brumaire an 2e (12 novembre 1793).
SAINT-JUST, LE BAS.
(21) Philip. l.l p. 30.
(22) Arch. nat., AF 11, 132, frimaire, pièce 23. - L'arrêté de mise en arrestation de Mauger et de sa femme est du 29 brumaire. (Ibid., pièce 21.) Le 3 frimaire (23 novembre), Faure, craignant les intrigues du personnage, écrit au Comité : «  Ne vous laissez, pas surprendre, chers collègues, par ce scélérat Marat Mauger, et ses affidés à Nancy. » (Ibid., p. 92.) - Cf. 9 frimaire (29 novembre), pièce 133.
(23) Philip, l.l. p. 33. - C'est à cette époque que doit se rapporter l'adresse de la Société populaire révolutionnaire de Nancy aux Sociétés populaires de la République, (lbid. nat., l.b.40 1018.) - On y exalte le triomphe de Faure sur Mauger.
(24) «  Considérant que là création de ce tribunal est d'autant plus nécessaire qu'il est utile de punir les traîtres sous les yeux des hommes faibles qu'ils ont pu séduire ou tenté d'égarer, et qu'à cet avantage se joint celui d'épargner les fonds de la République en diminuant les frais de voyage à Paris d'un grand nombre de coupables et de témoins. » Le tribunal jugeait dans les formes sommaires des jugements révolutionnaires et sans jurés. - Le Comité de salut public, Informé, approuva. L'institution du tribunal révolutionnaire est du 28 brumaire (18 novembre) ; elle fut suivie de l'établissement d'un Comité révolutionnaire, 3 frimaire (23 novembre),et de la réorganisation de l'administration du département, 14 frimaire (4 décembre). (Arch. nat., AFII, 422, dossier 7, aux dates.)
(25) Philip, l.l., p. 38.
(26) Philip, n° 6, p. 80.
(27) Ibid., p. 42, - Le 4 décembre (14 frimaire), le ministre Bouchotte écrit à Berger, agent du Conseil exécutif : «  Continue de déjouer les manoeuvres des malveillants à Nancy; il est bon d'approfondir la conduite de Mauger, fais tout ce qui dépendra de loi pour y parvenir. » (Dépôt de la Guerre, armée du Rhin, à la date.)
(28) Philip, l.l., p. 41.
(29) Ibid., p. 14, et n° 8, p 85.
(30) Ibid., p. 45/48.
(31) Histoire du tribunal révolutionnaire de Paris, t. II, p. 533, (Arch. nat., W, 312, 423, dossier Mauger, etc.) Dans l'acte d'accusation (pièce 3), Mauger figurait en tête. :
«  Pierre-Auguste Mauger, ayant pris le prénom de Marat et se disant commissaire du Conseil exécutif dans le département de la Meurthe » ; et l'accusation qui, naturellement, tendait à la condamnation, ne l'épargna point, quoique, mort, en raison de la cause :
«  Pierre-Auguste Mauger.... homme imprégné de tous les vices... La nature a soustrait Mauger à la vengeance de la loi, et les oreilles ne seroient pas souillées du récit de ses crimes, s'il n'avoit eu des complices. ». - Vers le même temps, les patriotes de Nancy faisaient connaître à la commune de Paris leur régénération et en recevaient des compliments. (Séance du 3 pluviôse. Moniteur du 5 (24 janvier 1794), l. XIX. p. 278.)
(32) lis écrivent de Strasbourg, 2 pluviôse, au Comité de salut public, pour lui dépeindre l'état déplorable de l'esprit public à Nancy : «  Notre collègue Faure dont les intentions ne doivent pas être suspectes, mais qui s'est abandonné au plus perfide feuillantisme, a fait incarcérer les patriotes avec complaisance. Mauger, républicain prononcé dans ses discours, s'est laissé corrompre, et de là on a conclu que ceux qui avoient tenu le même langage avoient participé aux mêmes actions. Nous avons fait sortir les patriotes de prison et les aristocrates ont pris leur place. » - Ils ajoutent que les patriotes sont abîmés sous le poids des riches. Un agent a été envoyé par Faure à Strasbourg pour arrêter les administrateurs patriotes, qui avaient protesté contre les arrêtés fédéralistes, etc. «  Nous:
avons pris un arrêté pour que les autorités, civiles et militaires de la Meurthe nous communiquent les arrêtés pris par Faure, et qu'elles ne les exécutent à l'avenir qu'après cette communication, afin que les opérations ne soient pas contrariées. » (Arch. nat., AFII, 154, pluviôse, pièce 24.) - Voy. aussi l'Extrait du registre dès procès-verbaux des séances de la Société républicaine des amis de la liberté établie à Nancy, réintégrée par les représentants Lacoste, Baudot et Bar, 21 pluviôse an II (Bibl. nat., Lb40 1013.)
(33) Philip, l.l., p. 53.
(34) Philip, l.l., p. 55, et la note II, aux Appendices.
(35) Considérant que la Société populaire de Nancy s'est établie sur la persécution des patriotes:
Art. 1er. - La Société populaire actuelle de Nancy demeure anéantie.
Art. 2. - Elle sera recréée sur le champ.
Art. 3. - Febvé, président du tribunal criminel du département de la Meurthe, persécuté par le modérantisme et l'aristocratie, acquitté honorablement par le tribunal révolutionnaire de Paris, réintégré dans ses fonctions par la Convention nationale, accueilli par les Jacobins et les Cordeliers comme frère de vieille date, sera président provisoire de celle Société (Nancy, 26 pluviôse [14 février 1794], AF, II,.122, dossier 2. p. 2, et en affiche, dossier 3, p. 11.) - Le représentant Bar s'était associé en tout aux appréciations et aux actes de ses deux collègues Lacoste et Baudot, comme on le voit par le compte qu'il rendit de ses opérations à la Convention nationale, Toul, 29 pluviôse (17 février) ibid., dossier 2, à la date.
(36) BibI. nat. Le33 57. Voy. l'arrêt de Baudot et Lacoste, 2 pluviôse, Arch. nat., AF II, 122, dossier 4, pièce 3; et la lettre de Faure qui fait passer â la Convention un rapport sur sa mission et demande que la conduite de Lacoste et Baudot soit improuvée, et leur arrêté du 2 pluviôse, cassé : pièce sans daté, reçue le 11 pluviôse. AF II, 151, pluviôse, pièces 72 et 73.- L'administration de Faure fut marqués par un grand nombre d'arrêtés, pris en frimaire et en nivôse, sur la cavalerie, les approvisionnements, etc. (Arch. nat., AF II, 216.)
(37) Voy. Heitz, Sociétés populaires de Strasbourg, p, 334 et suiv.
(38) Moniteur du 8 ventôse (23 février 1794), t. XIX, p. 559.
(39) Moniteur du 7 ventôse (25 février 1794), t. XIX, p. 559.
(40) Moniteur du 10 ventôse (28 février 1794) t. XIX, p. 550.
(41) Séance du 18 ventôse (8 mars 1794), Moniteur du 19, t, XIX, p. 650.
(42) Moniteur du 29 floréal (18 mai 1794), t. XX, p. 491.
(43) Voy. la note III aux; Appendices.. - Michaud (Nancy, 28 thermidor, 15 août 1794) rend compte de ce qu'il a fait pour rétablir la paix dans les esprits. (AF II, 164, pièce 123.) Est-ce à la même fin qu'il prenait, le 26 fructidor (12 septembre), l'arrêté par lequel tous les ci-devant prêtres étaient contraints à s'éloigner,-dans le délai d'une décade, à la distance de 4 lieues des communes où ils exerçaient des fonctions pastorales ? exceptant pourtant les prêtres mariés (29 fructidor), les septuagénaires ou infirmes (30 fructidor), les prêtres ne faisant fonctions ni de curés, ni de vicaires (21 vendémiaire). Le 4 vendémiaire an III (23 septembre 1794), il ordonnait encore la démolition des chapelles; le 17 (8 octobre), il faisait une révision de suspects pour mettre en liberté ceux qui étaient détenus sans cause, et. le 18 (9 octobre),une nouvelle épuration de la commune de Nancy. (Arch. nat. AF II, 122.)
(44) Moniteur du 18 prairial an III (6 juin 1795), t. XXIV, p. 606. - Voy. ci-après, au chapitre des Châtiments,

 

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