| Mémoires de 
				l'Académie de Stanislas1875
 
				L'INSTRUCTION PUBLIQUE DANS LE DISTRICT DE LUNÉVILLE DE 1789 A 
				1802 (1)PAR M. MAGGIOLO
 RECTEUR HONORAIRE
 
				MESSIEURS,Dans un précédent mémoire sur l'Enseignement public en Lorraine, 
				j'ai eu l'honneur de vous signaler, d'une manière trop générale 
				peut-être, l'influence de l'esprit matérialiste et 
				révolutionnaire qui, durant un-siècle de dix années, empêcha 
				l'application des idées enthousiastes et des grands principes 
				qui, à la veille des États généraux, unissaient tous les coeurs 
				en une même pensée de concorde, de réformes, d'améliorations 
				politiques et sociales.
 Aujourd'hui, je compléterai mon oeuvre, je justifierai les 
				conclusions sévères de mon mémoire de 1874, en étudiant avec 
				vous, sur un théâtre plus restreint, mieux défini, dans le 
				district de Lunéville, les transformations, la décadence, la 
				ruine des établissements d'instruction secondaire et primaire de 
				1789 à 1802.
 En cette étude rétrospective d'un passé trop peu connu et mal 
				appréciée je reste fidèle à la méthode que je me suis imposée; 
				je repousse les hypothèses et les théories; je consulte les 
				registres des communes, je ne cite que des chiffres et des 
				documents officiels puisés dans les pièces d'archives récemment 
				découvertes et classées : res non verba.
 Et d'abord, afin de bien préciser le point de départ, je 
				donnerai le nom et la population des communes de ce district, le 
				nombre des écoles des deux sexes, le chiffre des enfants en âge 
				de les fréquenter, et j'établirai ensuite, en quelques mots, la 
				situation véritable des institutions publiques d'enseignement, 
				en 1789.
 I. 
				Décrété le 26 février 1790, organisé le 4 
				mars de la même année, le district de Lunéville comprenait 99 
				communes réparties en 9 cantons, savoir1° Canton de Lunéville (10 communes) : Chanteheux, Deuxville, 
				Haudonviller (Croixmare), Hériménil, Huviller (Jolivet), Moncel, 
				Réhainviller, Vitrimont. - Population 13,452 habit. - Ecoles 
				spéciales de garçons, 3; de filles, 3; mixtes, 9. -836 garçons, 
				850 filles (2).
 2° Canton d'Azerailles (8 communes) : Vathiménil, Chenevières, 
				Flin, Magnières, Moyen;, Saint-Clément, Laronxe. - Population 
				4,578 habit. - Écoles spéciales de garçons, 4; de filles, 4; 
				mixtes, 4. - 266 garçons, 304 filles (3).
 3° Canton de Baccarat (9 communes) : Bertrichamps, Deneuvre, 
				Fontenoy, Gelacourt, Glonville, Lachapelle, Thiaville, Les 
				Verreries Sainte-Anne. - Population 4~446 habit. - Écoles 
				spéciales de garçons, 3; de filles, 3; mixtes, 6. 329 garçons, 
				266 filles (4).
 4° Canton de Bayon (15 communes) : Brémoncourt, Borville, 
				Clayeures, Froville, Haigneville, Lorray, Loro-Montzey, 
				Roselieures, Saint-Boing, Saint-Germain, Saint-Mard (Libre-Mard 
				en 1793), Saint-Remy, Villacourt, Virecourt. - Population 4,412 
				habit. - Écoles spéciales de garçons, 3; de filles, 3; mixtes, 
				12. - 252 garçons, 193 filIes (5).
 5° Canton de Blainville (14 communes) : Barbonville, Charmois, 
				Damelevières, Domptai], Einvaux, Haussonville, Lamath, 
				Landécourt, Mehoncourt, Mont, Velle Romain, Vigneulles. - 
				Population 3,555 habit. - École spéciale de garçons, 1, de 
				filles, 1; mixtes, 13. - 272 gardons, 257 filles (6).
 6° Canton de Crévic (9 communes) : Grandvezin, Anthelupt, 
				Drouville, Flainval, Hudiviller, Maixe, Sommerviller. - 
				Population 2,884 habit. - Écoles spéciales de garçons, 2; de 
				filles 2; mixtes, 7. - 203 garçons, 197 filles (7).
 7°Canton d'EinviIle (11 communes) : Bauzemont, Bonviller, Crion, 
				Hénaménil, Ohéville, La Petite-Blainville, Raville, Sionviller, 
				Serres, Valhey. - Population 3,360 habit. - École spéciale de 
				garçons, 1; de filles, 1; mixtes, 10. - 242 garçons, 244 filles 
				(8).
 8°. Canton de Gerbéviller (12 communes) : Essey la-Côte, 
				Fraimbois, Franconville, Giriviller, Haudonville, Mattexey, 
				Moriviller, Remenoville, Serauville, Vallois, Venezey. - 
				Population 1,438 habit. - École spéciale de garçons, 1; de 
				filles, 1; mixtes, 11. - 251 garçons, 234 filles (9).
 9° Canton de La Neuveville-aux-Bois (11 communes) : Bénaménil, 
				Buriville, Domjevin, Emberménil, Manonviller Marainviller, 
				Mouacourt, Parroy, Thiébauménil, Vaucourt. - Population 3,781 
				habit. - Écoles mixtes, 11. - 233 garçons, 207 filles (10).
 
				II. 
				Le 16 janvier 1792, le Directoire du district de Lunéville 
				reçoit des administrateurs du Directoire de la Meurthe la 
				communication suivante «  Nous vous adressons une lettre de M. 
				Argobast, l'un des membres du Comité de l'instruction publique 
				chargé de correspondre avec le département. Les instructions 
				qu'elle renferme vous faciliteront le travail que nous vous 
				avons demandé nous y joignons les exemplaires des tableaux que 
				vous avez à remplir, en vous priant de nous les faire repasser 
				le plus tôt possible. »La circulaire du ministre de l'intérieur (24 décembre 1791), 
				celle de M. Argobast (27 décembre) sont un modèle de sagesse et 
				de modération «  L'Assemblée nationale, dit ce dernier, vient 
				d'autoriser, par un décret du 20 novembre, son comité 
				d'instruction a correspondre avec tous les corps administratifs 
				et à leur demander directement et immédiatement, tous les 
				renseignements dont il pourra avoir besoin pour ses travaux. Le 
				comité m'a chargé en particulier de recueillir tous les 
				matériaux que votre district peut fournir... afin que la 
				subordination du pouvoir administratif ne reçoive aucune 
				atteinte, c'est par l'intermédiaire du Directoire de votre 
				département que vous recevrez cette lettre et les deux modèles 
				d'états à colonnes qui y sont relatifs. »
 Le 17 janvier, les membres de la municipalité, réunis à 
				l'Hôtel-de-Ville, rédigent une notice sur les établissements de 
				la commune; c'est la base du travail réclamé. Je cite 
				textuellement «  Depuis un temps immémoriai, il y a à Lunéville 
				un collège où des ci-devant chanoines de la congrégation du 
				Sauveur étaient chargés par la réunion des biens de la manse 
				abbatiale avec ceux de la manse capitulaire, d'enseigner 
				gratuitement, au nombre de quatre professeurs, depuis les 
				principes de la langue latine jusqu'à la rhétorique 
				inclusivement. La multiplicité des élèves, jointe au succès de 
				l'instruction, a porté le zèle des religieux à tenir un cours 
				d'étude de philosophie. Le bâtiment du collège donne sur une 
				belle et grande rue; il fait partie de la maison des ci-devant 
				chanoines, il a 44 pieds de longueur sur 22 de largeur, il se 
				compose d'un rez-de-chaussée, de deux étages.... etc. »
 Le 3 mars, la municipalité envoie au Directoire une réponse 
				précise à chacune des 24 questions des états à colonnes; rien 
				n'est oublié, pas même, au chapitre des dépenses domestiques, 
				les 50 livres de salaire attribué au correcteur. L'énoncé de ces 
				questions, que je crois utile de publier, montrera avec quelle 
				scrupuleuse exactitude on procéda à l'inventaire des 
				établissements d'éducation publique du district.
 Premier programme. - 1° Désignation des établissements 
				d'éducation, même des maîtrises d'école de l'un et de l'autre 
				sexe; 2° leurs revenus fonciers 3° leurs droits réels fonciers 
				non supprimés; 4° leurs droits réels fonciers supprimés 5° les 
				rentes constituées, créances et capitaux; 6° les bâtiments 
				donnés à loyer; 7° les dimensions et valeurs locatives des cours 
				et terrains vides; 8° l'étendue et la valeur locative des 
				jardins potagers et fruitiers; 9° l'étendue des jardins 
				d'agrément.
 Deuxième programme. - 1° Désigner les établissements d'éducation 
				publique autres que les maîtrises d'école de l'un et de l'autre 
				sexe; 2° le nombre et la désignation des professeurs, maîtres, 
				boursiers et autres membres de ces établissements; 3° les sommes 
				affectées sur les revenus communaux à leur profit; 4° les 
				souscriptions; 5° les rétributions payées par les élèves; 6" les 
				bourses; 7° les dimensions et distributions 8° les valeurs 
				locatives des bâtiments; 9° les honoraires et pensions des 
				maîtres; 10° leurs rétributions casuelles; 11° à la charge de 
				qui est l'entretien des biens et bâtiments, ce qu'il coûte 
				annuellement; 12° l'entretien du mobilier; 13° les dépenses 
				domestiques; 14° les dettes non constituées 15° les dettes 
				constituées (11).
 Au point de vue de l'instruction primaire, la situation n'était 
				ni moins bonne ni moins assurée. En mars et avril 1750, dit la 
				notice déjà citée, Stanislas avait établi, pour les enfants 
				pauvres, des écoles dirigées par cinq frères et par six soeurs de 
				Saint-Lazare. Le titre de fondation porte que les enfants des 
				familles pauvres seront seuls admis; on leur enseignera à lire, 
				à écrire, à chiffrer, l'orthographe et la religion, selon le 
				catéchisme du diocèse. Les revenus s'élèvent à une somme 
				considérable : 1° 16,129 livres 7 deniers, affectés sur les 
				domaines, gabelles et tabacs de Lorraine, outre 1,870 livres 19 
				sous 5 deniers, payés comptant au frère Exupère, directeur des 
				Écoles chrétiennes de Nancy; 2° 8,000 livres payées au décès du 
				fondateur, à charge de les placer surement à intérêts, ce qui a 
				été fait; 3° 300 livres de rente, que les chanoines réguliers 
				payeront annuellement, pour l'extinction du titre abbatial de 
				leur maison; 4° 50 livres de rente constituée sur les états de 
				Bourgogne ; 5° 108 livres de loyer d'un jardin de 1 jour 4 
				nommées 16 toises, donné par Stanislas, qui acheté à ce dessein.
 Les écoles de filles ne sont pas dotées avec moins de 
				munificence Stanislas avait complété la maison de charité fondée 
				par Léopold pour l'instruction des jeunes filles, en lui 
				assurant : 1° 20,000 livres employées en acquisitions de rentes 
				ou de biens-fonds ; 2° 600 livres de rente affectées sur le 
				Trésor de France; 3° 500 livres de rente sur la maison des 
				chanoines; 4° un jardin potager de 5 ommées 20 verges, du 
				rapport de 33 livres 3 sous 2 deniers.
 L'installation matérielle ne laissait rien à désirer le bâtiment 
				des frères, au centre de la ville, est vaste; il comprend deux 
				corps de logis et deux petits jardins. Le rez-de-chaussée est 
				distribué en salles de classe de 37 pieds de long sur 18 de 
				large. A côté des écoles, une très-petite cour avec des latrines 
				pour les écoliers; rien n'est oublié.
 La description des bâtiments occupés par les soeurs de la 
				Congrégation est plus belle encore et plus complète.
 Ce qui ressort avec évidence du classement et de l'étude des 24 
				colonnes des états dressés par les directoires des 9 cantons du 
				district, c'est qu'il y avait, dans chacune des 99 communes, au 
				moins une école publique et environ 18 écoles spéciales de 
				filles rétribuées par la générosité des particuliers ou par de 
				pieuses fondations.
 Aussi, j'ai le droit de l'affirmer, le district de Lunéville, 
				avec son collège, ses régents prêtres ou laïques, son personnel 
				de maîtres d'école, ses institutions de frères, ses 
				congrégations religieuses de filles, ses petites écoles libres, 
				que «  soutiennent la commodité et la confiance des familles » 
				présentait, en 1790, un ensemble remarquable de ressources pour 
				l'éducation intellectuelle, morale et religieuse de la jeunesse. 
				Il était nécessaire, facile et juste, de compléter ces 
				établissements, de les améliorer, de les accommoder aux idées 
				nouvelles, selon le voeu du clergé, des municipalités, des 
				maîtres (12), mais il ne fallait ni les dénigrer, ni les 
				détruire. Ce que l'esprit matérialiste et révolutionnaire, que 
				je suis loin de confondre avec l'élan généreux de 1789 a fait de 
				nos institutions scolaires, je le dirai, ou plutôt les documents 
				inédits et les pièces d'archives vous le diront avec une 
				autorité dont le témoignage ne saurait être contesté.
 
				III.ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.
 
				Le 4 novembre 1790, le corps municipal de 
				Lunéville vote le maintien du collège entre les mains des 
				chanoines réguliers; il rappelle leurs services appréciés, leur 
				science, leur dévouement à la jeunesse. Il accorde un léger 
				secours (18 livres) à un régent d'école, qui se plaint de la 
				diminution de ses élèves.La suppression des ordres religieux, la dépossession de leurs 
				biens éloignent les chanoines réguliers.
 Le 11 octobre 1791, le corps municipal, réuni à 
				l'Hôtel-de-Ville, s'adresse avec confiance à MM. les 
				administrateurs du Directoire du département pour être autorisé, 
				dans le plus bref délai, à nommer, par voie de concours ou 
				autrement, les quatre régents nécessaires audit collège; il 
				observe qu'il serait peut-être à propos d'y admettre de 
				préférence quelques prêtres, qui, étant assermentés (13), 
				s'empresseront sans doute d'insinuer aux élèves les principes de 
				la morale évangélique et de leur inculquer les éléments de la 
				Constitution. Il invite en outre MM. les administrateurs à fixer 
				et à asseoir le traitement provisoire desdits régents sur la 
				Caisse nationale, dans laquelle sont versés tous les revenus de 
				l'abbaye de Saint-Remy. Il se repose entièrement sur la sagesse 
				et la justice des administrateurs et reste dans la douce 
				espérance que la plupart étant pères et tous citoyens prendront 
				un vif intérêt à la prompte exécution de la présente 
				délibération.
 Le 20 octobre, le Directoire, ouï le suppléant du procureur 
				syndic, observe qu'en dernier lieu le nombre des élèves a 
				beaucoup diminué, qu'il n'y a pas apparence qu'il augmente pour 
				la présente année, qu'il suffira de deux professeurs aux gages 
				de 600 livres, d'autant mieux que les professeurs en ce moment 
				sont rares à trouver. Il est d'ailleurs d'avis qu'il y a lieu 
				d'autoriser l'ouverture d'un concours.
 Le 26 octobre, le Directoire du département, vu la pétition de 
				la municipalité et l'avis du Directoire du district, ouï le 
				rapport de M. le procureur syndic, considérant que la nation 
				ayant disposé des biens de la maison de Saint-Remy, il est juste 
				qu'elle remplisse les charges dont elle était grevée, prend 
				l'arrêté suivant «  1° Le collège sera composé de quatre 
				instituteurs, dont l'un enseignera les premiers principes, le 
				second, la belle latinité, le troisième, les humanités et la 
				rhétorique réunies, le quatrième, les mathématiques; 2° un 
				concours sera incessamment affiché; il sera tenu en présence 
				d'un commissaire du Directoire et du procureur syndic par trois 
				personnes ayant professé les collèges et à leur défaut par des 
				personnes dont la science sera connue... les unes et les autres 
				désignées par le même Directoire; 3° le procès-verbal dudit 
				concours renfermera, l'opinion des juges sur chacun des 
				concurrents pour ce procès-verbal être, sur l'avis du 
				Directoire, statué ce qu'au cas appartiendra; 4° le traitement 
				de chacune des places dont s'agit sera fixé annuellement à la 
				somme de 600 livres. »
 Le 28 octobre, le Directoire fixe le concours au 10 novembre; il 
				désigne pour examinateurs MM. les curés de Lunéville et de 
				Manonviller et M. Gérôme, ci-devant bénédictin, en cas 
				d'empêchement de l'un d'eux, M. le curé de Mont, lesquels seront 
				invités à cet effet par le procureur syndic. Le dossier complet 
				de ce concours se trouve aux archives départementales il se 
				compose de il pièces nomination de membres supplémentaires, 
				requête des candidats avec leur curriculum vitae, lettres des 
				membres du jury, compositions française et latine (texte et 
				copies), enfin procès-verbal dressé et signé, à sept heures du 
				soir, le 10 novembre, par les administrateurs, le jury et les 
				élus (14).
 En général, j'ai constaté, avec plaisir, sur les registres de 
				délibérations de 1787 à 1792, le bon sens, l'activité 
				prodigieuse, la patriotique sollicitude de nos municipalités en 
				ce qui concerne les intérêts de l'instruction publique; l'esprit 
				révolutionnaire n'a pas encore envahi la province (15) !
 Le corps municipal de Lunéville accueille avec faveur les 
				projets de réforme de l'ex-chanoine Gaussin, il l'autorise à 
				ouvrir un cours spécial de français et de géographie. Le 19 
				janvier 1792, il rédige un mémoire habile pour obtenir une école 
				départementale. «  La ville a successivement perdu le roi 
				Stanislas, ses privilèges, ses maisons religieuses, la 
				gendarmerie, les carabiniers, ses octrois; elle n'a opposé à 
				tous ses' revers que courage, résignation, patience. » Plus tard 
				(3 brumaire an IV), lorsque la Convention rendit un décret sur 
				l'organisation des écoles centrales, la même municipalité, par 
				une délibération motivée, fit valoir ses droits pour la disputer 
				à Nancy (16).
 Le 21 août 1792, les professeurs demandent un supplément 
				d'allocation pour la distribution des prix; le conseil refuse à 
				regret, la ville n'a plus de ressources; il faut se contenter de 
				60 livres allouées par le département. La distribution eut lieu 
				cependant le 11 septembre. Les pièces suivantes, que j'ai 
				réunies en un dossier, ne manquent pas d'intérêt et justifient 
				mon opinion sur l'esprit public : procès-verbal de la correction 
				des copies de composition, 3 septembre; palmarès dressé le même 
				jour; listes des livres donnés en prix; factures et quittances 
				pour livres, fournitures de lauriers et fleurs, imprimés, timbre 
				et musique.
 Le 8 novembre 1792, on institue un bureau de surveillance du 
				collège; il se compose d'un des administrateurs du district, 
				d'un officier municipal, d'un notable et de deux citoyens 
				lettrés.
 La décadence s'affirme, le nombre des élèves diminue, les 
				charges du budget augmentent; 1,140 livres en 1791, 2,560 livres 
				en 1792, 2,716 livres en 1793, 4,500 livres en 1794... on ne 
				paie plus en argent. En 1793, il n'y a plus que trois 
				professeurs ; ils réclament le bienfait dérisoire des décrets 
				des 14 et 16 février relatifs aux traitements; ils n'osent plus, 
				dans leur humble requête, user des formules de l'ancienne 
				urbanité française «  Aux citoyens administrateurs du Directoire 
				de la Meurthe, salut et soumission ». La pétition est appuyée 
				par le Directoire de Lunéville; j'y trouve un détail patriotique 
				que j'aime à citer (17) «  Le nombre des élèves a diminué dans 
				les hautes classes, c'est que l'ardeur des jeunes citoyens, en 
				état de porter les armes, les a fait voler à la défense de la 
				patrie. » L'arrêté du Directoire fixe à 1,500 livres (8 juin 
				1793) le traitement des professeurs, il accorde des éloges bien 
				mérités à ces braves jeunes gens qui, «  avant de continuer la 
				culture des sciences, ont voulu combattre et terrasser les 
				ennemis de la République ».
 En 1794, nous entrons résolument dans la période 
				révolutionnaire, la modération, la justice, le bon sens 
				disparaissent sous une pression impie, dont je signalerai tout à 
				l'heure les causes, les progrès et les conséquences en parlant 
				de l'enseignement primaire. Il se produit une perturbation 
				étrange dans les habitudes, les moeurs, le langage. Le 29 
				frimaire, le district charge le citoyen Humbert d'occuper 
				provisoirement la chaire de belle latinité. Voici sa lettre «  
				L'administration, pénétrée de l'importance du choix d'un citoyen 
				propre à remplir la place de professeur vacante au collège, t'a 
				choisi pour faire provisoirement ces fonctions; convaincue de 
				ton patriotisme autant qu'elle est assurée de tes talents, elle 
				se persuade que tu t'empresseras de répondre a sa confiance. » 
				Le 23 juillet 1794 (an II), on réorganise le collège; par ordre 
				supérieur, les membres du Directoire du district nommeront à 
				toutes les places vacantes, qu'il y ait ou non des élèves. «  
				L'un des instituteurs enseignera la dialectique, la morale, la 
				déclaration des droits de l'homme et du citoyen et l'acte 
				additionnel, afin que les élèves entendent le développement des 
				principes de justice et de raison qui ont servi d'éléments à la 
				charte qui doit assurer le bonheur des Français. »
 Le 16 nivôse an III, le district annonce un concours pour la 
				chaire de belle latinité : il aura lieu décadi prochain, à 7 
				heures; il sera présidé par lui et par le conseil d'instruction, 
				avec le concours du jury spécial. La lettre au président se 
				termine par ces mots «  Nous t'invitons, en conséquence, à te 
				rendre, avec les membres de ce conseil, que tu préviendras, au 
				jour et à l'heure indiqués, en la salle de nos adjudications, 
				afin de procéder à un choix propre à remplir la place dont il 
				s'agit. »
 Ce concours n'eut pas lieu. Le citoyen Cafax, qui avait été 
				suspendu comme suspect, fut autorisé, par le représentant du 
				peuple en mission, à reprendre l'exercice de ses fonctions, à 
				charge de les remplir avec zèle et exactitude. La Société 
				populaire lui avait accordé un certificat de civisme. Le 7 
				floréal an III, le district, par une lettre, que j'ai sous les 
				yeux, invite les professeurs à reprendre incessamment l'exercice 
				de leurs fonctions, il importe de prévenir le relâchement dans 
				lequel la cessation de l'enseignement jette les élèves... »
 Le 21 floréal, l'administration du département annonce l'arrivée 
				prochaine du représentant du peuple Jard-Pauvilliers, chargé 
				d'organiser l'école centrale; elle demande un tableau indicatif 
				des professeurs. La minute, dressée et signée par chacun d'eux 
				indique leur âge et leur programme.
 A l'exception de l'ex-bénédictin Gérôme, qui se borne à 
				enseigner la logique et la morale, les trois autres professent 
				les droits de l'homme et du citoyen et la Constitution. A dater 
				de cette époque, les registres de la ville, les archives du 
				département ne font plus mention ni des maîtres, ni des élèves, 
				ni des traitements; l'oeuvre de destruction est accomplie !
 
				IV.ENSEIGNEMENT PRIMAIRE.
 
				Trois documents officiels retrouvés dans les archives du 
				département nous donnent avec certitude la mesure de la 
				décadence progressive de l'instruction primaire, durant la 
				période qui nous occupe; je les indique et je les analyse 
				rapidement.1° Le concours de 1791 et les programmes de 1792; 2° le concours 
				de 1793 et les programmes de 1794; 3° la réponse du district aux 
				circulaires relatives à l'application du décret du 28 brumaire 
				an III.
 Le dépouillement des notices et des mémoires fournis par les 
				officiers municipaux des 9 cantons du district, en réponse à la 
				circulaire du 31 janvier 1792, a été long et difficile il m'a 
				fallu visiter les archives des communes pour compléter ou 
				rectifier les renseignements obtenus à grand'peine, à la suite 
				de lettres de rappel et surtout de la menace formelle de 
				n'expédier aucun ordre de payement lorsque le département 
				n'aurait pas reçu les états dûment arrêtés et certifiés. «  La 
				municipalité de Bayon ne peut répondre pour les autres 
				municipalités, vu que lorsqu'on les a averties de se transporter 
				au chef-lieu, non-seulement la plupart s'y refusent, mais 
				refusent même de payer l'exprès qu'on leur envoie, sous prétexte 
				qu'elles n'ont pas besoin de deux piétons. »
 A Azerailles, les présents programmes ont été communiqués à 
				toutes les municipalités par un messager exprès; on les 
				convoquait au chef-lieu pour le dimanche 19 février. Elles 
				avaient toutes promis, Moyen seul est venu, les autres enverront 
				sans doute leur réponse directement
 Une chose étrange, qu'il importe de bien constater, c'est qu'en 
				1792, et même plus tard, les maîtres et les maîtresses d'école, 
				ceux qui ont prêté le serment et ceux dont on ne l'a pas exigé, 
				continuent, comme avant 1789, leurs fonctions aux conditions des 
				traités consentis avec les curés et les municipalités. J'en veux 
				citer quelques exemples :
 A Baccarat, les octrois qui se percevaient sur les vendants vins 
				étaient destinés à payer le maître et la maîtresse d'école.
 A Azerailles, «  la dixme de la troisième charrue a toujours été 
				laissée au maître pour gages, en sa double qualité de maître 
				d'école et de marguillier, avec charge de fournir les bêtes 
				mâles.... et la suppression de la dixme est un grand préjudice à 
				la communauté, qui pai aujourd'hui le maître d'école et en outre 
				les bêtes mâles à un autre particulier. »
 A Deneuvre, la maîtresse d'école a déserté, faute de payement; 
				les deux sexes sont réunis.
 A Moyen, les honoraires varient suivant le nombre des citoyens, 
				des écoliers, des conventions, à peu près 900 livres depuis 3 
				ans et 50 livres pour le casuel.
 «  A Magnières et à Saint-Pierremont, les droits réels fonciers 
				supprimés sont considérables : 6 paires de résaux, moitié blé, 
				moitié avoine, payés ci-devant par M. le curé pour un tiers et 
				les deux autres tiers par les ci-devant seigneurs comme 
				décimateurs. Lesdits seigneurs et curé étaient obligés de 
				fournir les bêtes mâles, comme le taureau, le porc et deux 
				béliers. Le marguillier avait 6 paires de résaux; comme il n'y a 
				plus de marguillier, le maître d'école en fait fonction, à 
				l'aide d'un sous-maître. Pour lors, la rétribution lui en doit 
				être remise. On lui alloue, sur les revenus communaux, 6 louis, 
				a charge de fournir les moillieux des battans et les cordes des 
				cloches, des cordeaux pour les poids de l'horloge, le conduire, 
				l'huile pour la graisser, pour raccommoder et blanchir le linge 
				de l'église, et se fournir d'un sous-maître capable. »
 A la veille de la tempête, les Campagnes restent calmes; je ne 
				trouve aucune trace des inquiétudes et de l'agitation, que je 
				signalais dans un mémoire précédent, dans les écoles de 
				Lunéville et de Gerbéviller (18)... Les religieuses de la 
				Congrégation, celles de Saint-Lazare, de Saint-Charles, les 
				Vatelotines, refusent le serment elles repoussent les prêtres 
				assermentés, elles cessent de fréquenter les paroisses et de 
				diriger les écoles. Le 29 mars 1791, les instituteurs 
				congréganistes, mandés à la barre de la commune, prêtent le 
				serment, à l'exception de deux, qui donnent leur démission. Les 
				municipalités interviennent; elles appuient l'autorité des 
				curés; à Lunéville, le corps municipal fait annoncer, au prône 
				de l'église Saint-Jacques (1er août) et par affiches, 
				l'ouverture d'un concours pour remplacer les insermentés. Les 
				prescriptions de l'arrêté ne manquent ni de sagesse ni 
				d'intelligence pratique.
 Les aspirants feront une dictée; ils liront, ils feront des 
				exemples d'écriture, les quatre règles; ils seront interrogés 
				par M. le curé sur les principes de la religion et le 
				catéchisme. Les aspirantes justifieront en outre qu'elles savent 
				coudre et tricoter.
 Le concours a lieu le mardi, 16 août; deux commissaires 
				assistent M. le curé; à quatre heures et demie après midi, le 
				conseil général de la commune étant assemblé, M. le curé fait le 
				rapport des preuves de capacité des candidats de l'un et de 
				l'autre sexe... Sébastien Moutier est élu ainsi que les 
				demoiselles Petitjean et Berdouche et Mme veuve Dubuisson..., tous lesquels mandés à l'instant ont prêté individuellement le 
				serment... Il a été arrêté en outre qu'ils seraient installés le 
				lendemain matin et que M. le curé se trouverait à l'ouverture 
				des classes pour recommander aux élèves la soumission et le 
				respect. L'article 7 de ce règlement, qui n'a rien de 
				révolutionnaire, porte que les instituteurs enseigneront les 
				principes de la religion, la grammaire française, la lecture, 
				l'écriture, l'arithmétique et feront chaque jour une lecture de 
				la Constitution, sans se permettre d'autres observations que 
				celles que l'Assemblée nationale pourrait faire.
 
				V. 
				Le 22 avril 1792, le Directoire du district reçoit un arrêté 
				sévère du Directoire du département, la persécution commence ; 
				les sinistres événements de 1793 et de 1794 précipitent la 
				décadence de nos établissements primaires. On exige des 
				certificats de civisme certifiés par les sociétés populaires, on 
				multiplie les livres impies rendus obligatoires, on révoque, on 
				chasse, on emprisonne les maîtres insermentés ou suspects, on 
				ferme les églises, on érige la paroisse Saint-Jacques en temple 
				de la Raison, on fixe la rentrée des classes au jour vénéré de 
				la fête de tous les saints !Le 10e jour de la première décade du 2e mois de l'an II de la 
				République une et indivisible (31 octobre 1793), les 
				administrateurs de Lunéville reçoivent, à huit heures du soir, 
				la lettre suivante du commissaire du département : «  Citoyens, 
				je vous invite de requérir la municipalité de faire la rentrée 
				des écoles demain, 1er jour de la 2e décade (1er novembre, vieux 
				style), et de surveiller l'exécution de la présente réquisition, 
				dont je vous prie de me rendre compte. Salut et fraternité ! »
 Pour de nouvelles institutions, pour un culte nouveau, il faut 
				des hommes nouveaux; un concours est annoncé. Le jury 
				d'instruction invite les citoyens à se présenter... Le programme 
				est curieux.
 Les aspirantes seront examinées «  1° sur l'art de lire et 
				d'écrire; 2° sur la Déclaration des droits de l'homme et du 
				citoyen et la Constitution de la République; 3° sur les premiers 
				principes de la morale républicaine; 4° sur les éléments de la 
				langue française; 5° sur les règles du calcul simple. » 
				L'administration du district, ouï l'agent national, arrête que 
				la présente proclamation sera imprimée, amenée et publiée dans 
				toutes les communes, que les municipalités convoqueront à cet 
				effet les citoyens pour leur en faire lecture dans les 
				vingt-quatre heures.
 La montagne en travail enfanta une souris, les citoyennes 
				répondirent mal à l'invitation du jury d'instruction; il 
				n'existe pas de procès-verbal de ce concours, mais si l'on peut 
				juger du mérite et de la capacité des maîtres par le style et 
				l'orthographe de leurs pétitions, les résultats furent 
				déplorables, surtout en ce qui concerne les institutrices.
 Voici textuellement l'une des pétitions, qui permet d'apprécier 
				en quelles mains était tombée la direction des écoles
 Aux citoyens administrateurs du Directoire du distric de 
				Lunéville. Les cinq instituteurs de cette commune, exposent que 
				depuis le 1er nivôse jusqu'au 1er ventôse, leurs traitement 
				leurs est dû sur le pied de six cent franc, et d'après la 
				dernière loi, il leur est dû sur le pied de quinze franc par ans 
				pare chacun enfant à récupérer, sure les municipalité, or comme 
				les mois nivôse et pluviôse leur sont dû a raisons de six cent 
				franc, ce qui fait pour chacune des exposantes cent francs. Elle 
				sont obligés de recourir à vous citoyens et elle de mandent 
				d'être payer.
 V. BARBIER, Agnès PETITJEAN, M. Madelaine VOGiEN femme BAGARD, 
				Marie THERESSE, M. B. GAUTIER, femme CUNY.
 
 Comment expliquer. Messieurs, cette transformation rapide, 
				complète, dans le langage et les actes de nos municipalités, et 
				ce contraste étrange et douloureux entre le concours de 1793 et 
				celui de 1791 ? Pour moi, la cause n'est pas douteuse; c'est à 
				l'influence, à la pression des représentants de la Convention, 
				c'est aux excitations, aux exemples de la commune de Paris qu'il 
				faut attribuer l'affaiblissement du sens moral et les mesures 
				révolutionnaires prescrites par nos officiers municipaux. Le 16 
				pluviôse an II, je constate a Lunéville la présence du citoyen 
				Bar, représentant du peuple en mission; il est chargé de 
				l'épuration des autorités constituées et de l'établissement du 
				régime républicain. «  Le 29 pluviôse, le nouveau conseil, qui 
				avait fait enlever de la ci-devant église Saint-Jacques les 
				signes proscrits par la raison, envoie des commissaires pour 
				enjoindre aux juifs de cesser aussi leurs singeries et leurs 
				rassemblements illégaux. Le même jour, ouï l'agent national il 
				repousse une pétition des instituteurs qui proposent de diviser 
				les élèves en deux sections, «  la première de ceux qui 
				commencent soit à connaître leurs lettres, soit à les former, la 
				seconde de ceux qui lisent et écrivent ». La réprimande est 
				sévère; on veut créer des catégories, on viole le grand principe 
				de l'égalité..., «  tous les enfants, sans exception, recevront 
				la même éducation ! »
 
				VI. 
				Le 18 germinal an II (7 avril 1794), le Directoire du 
				département réclame au Directoire du district un état complet 
				des instituteurs et institutrices établis dans les communes, en 
				exécution de la loi du 29 frimaire. Le Directoire s'empresse 
				d'envoyer à chaque municipalité un tableau comprenant 7 colonnes 
				où l'on doit consigner tous les éléments de la réponse. Ce 
				travail se fait attendre; le 28 floréal et le 23 messidor, le 
				président de l'administration envoie des lettres de rappel à 
				Lunéville. Les termes en sont durs, la formule est terrible «  
				Liberté, égalité, fraternité ou la mort; nous vous invitons donc 
				de nous adresser, dans la décade, le tableau demandé par le 
				comité d'instruction, afin que nous puissions justifier du degré 
				de l'esprit public des citoyens à cet égard et du zèle des 
				autorités pour l'exécution des mesures qui tendront à le former. 
				Nous vous recommandons de faire poursuivre quiconque 
				contreviendrait aux dispositions de cette loi. Les 
				administrateurs chargés de l'exécution de la loi restent chargés 
				d'acquitter personnellement, sur leurs biens, les salaires des 
				instituteurs des écoles qui n'auraient pas été organisées 
				conformément à la loi. »Le 29 messidor, le Directoire de Lunéville adresse à Nancy les 
				notices spéciales des municipalités, avec un tableau 
				récapitulatif et la dépêche suivante «  Vous n'auriez pas été 
				obligée citoyens, de nous les demander itérativement, si toutes 
				les communes eussent senti l'importance de cette opération et ne 
				nous eussent pas mis dans la nécessité d'user d'une sorte de 
				rigueur pour obtenir ce petit travail encore bien imparfait de 
				la part de quelques-unes. »
 Le reproche est fondée le travail est bien imparfait les 
				notables, les curés, qui, en 1792, rédigeaient des notices 
				remarquables, sont proscrits ou cachés; cependant j'ai pu, en 
				classant les pièces de ce dossier, dresser une statistique, dont 
				voici les chiffres essentiels.
 1° Les 99 communes du district comptaient 44,329 habitants, 
				5,897 enfants en âge de fréquenter les écoles, dont 2,915 
				mâles..., je vous demande pardon, Messieurs, d'employer cette 
				expression cynique des tableaux officiels; elle ne figure pas, 
				Dieu merci, dans un grand nombre des notices, où, selon l'ancien 
				usage, on distingue les garçons et les filles !
 2° Les chiffres des traitements fixés par la loi et portés 
				d'office au tableau n'ont rien de sérieux ; c'est une amère 
				dérision pour les malheureux instituteurs réduits a la misère : 
				1,590 livres à Bertrichamps, 1,340 livres à Thiaville, 3,535 
				livres à Baccarat, où la municipalité se plaint de ce que 
				l'adjudicataire de sa forêt a versé dans les caisses de l'Etat 
				la somme destinée à payer l'acquisition de sa maison d'école et 
				à subvenir à ses dépenses.
 3° L'école n'est ouverte depuis plus ou moins de temps que dans 
				30 communes, elle n'est pas en activité dans 44, il manque 25 
				instituteurs, il n'y a plus de maîtresses d'école qu'à 
				Lunéville.
 Les observations des municipalités, fort curieuses pour la forme 
				et pour le fond, permettent d'apprécier la situation :
 A Chanteheux, «  on a averti les citoyens de faire déclaration de 
				leurs enfants, aucun ne s'est présenté pour le besoin qu'ils en 
				ont pour la garde des bestiaux et les travaux des champs ».
 A Huviller, «  l'école est en activité depuis le 53 floréal, la 
				majeure partie des parents n'a pas fait inscrire les enfants »
 A Chenevières, «  il ne se présente pas d'instituteur ».
 A Fontenoy, «  l'école n'aura lieu qu'au 1er brumaire jusqu'à 
				germinal ».
 A Saint-Germain, «  l'école ne peut être en activité qu'après la 
				vendange ».
 A Saint-Mard, «  peu d'élèves fréquentent la classe, les pères et 
				mères n'ont pas fait inscrire leurs enfants, la plupart 
				protestent contre l'école ».
 La municipalité de Saint-Mard disait vrai les familles 
				protestaient, non pas contre l'école, mais contre la direction 
				impie qu'on voulait lui donner !
 
				VII. 
				L'enquête a démontré que la loi du 29 
				frimaire an II n'a pas répondu à l'attente du législateur; le 
				nombre des maîtres diminue, le recrutement est impossible, les 
				écoles sont abandonnées. La Convention le comprend, elle cherche 
				un remède, elle se jette d'un excès dans un autre; le décret du 
				28 brumaire an III achève la ruine de nos établissements 
				d'instruction publique.Du 6 brumaire au 11 ventôse, la Commission exécutive adresse 
				directement de Paris aux administrateurs du district de 
				Lunéville quatre circulaires, dont je veux faire ressortir les 
				points essentiels.
 La première (6 brumaire) réclame des renseignements 
				statistiques; c'est la troisième fois depuis moins de trois ans 
				que l'on interroge les municipalités. «  Lorsque la Convention va 
				répondre au voeu des Français en organisant l'instruction 
				publique, nous croyons devoir demander la communication des 
				renseignements qui peuvent faciliter l'exécution des mesures 
				dont nous serons chargés. Il importe que vous répondiez aux 
				demandes de notre circulaire~ article par article, afin de faire 
				connaître les ressources de chaque localité. »
 La deuxième (21 frimaire) accompagne l'envoi du décret du 28 
				brumaire c'est un chant de victoire, un acte d'accusation contre 
				le passé; il faudrait la citer en entier, elle ne comprend pas 
				moins de six pages : «  Enfin, il est décidé que l'ignorance et 
				la barbarie n'auront pas les triomphes qu'elles s'étaient promis 
				! Enfin il est décidé que la République aura des écoles 
				primaires ! C'est vous qui devez nommer ceux qui nommeront les 
				instituteurs et qui administreront les écoles... C'est de votre 
				choix que tout va dépendre. Selon que vous aurez de la sagesse 
				ou que vous en manquerez, une grande source de lumière va se 
				répandre sur tous les esprits pour les éclairer et pour les 
				fertiliser tous, ou bien un peuple de républicains va s'égarer 
				et se débattre encore longtemps dans les ténèbres où 
				s'endormaient les esclaves d'un monarque... La France a rompu 
				solennellement avec les opinions qui ont trompé tous les siècles 
				et tous les peuples. On écartera donc des écoles ces esclaves de 
				l'érudition pour qui une autorité est une raison. Quand on ne 
				professait dans les écoles que des erreurs dont on se riait dans 
				le monde, quand on y parlait un langage qui effrayait le bon 
				goût et le bon sens, le bon goût et le bon sens applaudissaient 
				aux dédains du monde pour la poussière des écoles, le titre 
				d'instituteur ne pouvait avoir rien d'honorable... Aujourd'hui 
				la considération et la gloire attendront dans les écoles ceux 
				qui y porteront des talents et des lumières. L'âme la plus 
				délicate dans sa fierté y trouvera des jouissances pour sa 
				fierté même... Les administrateurs de district, les jurys 
				d'instruction appelleront de toutes parts aux fonctions 
				d'instituteurs des hommes éclairés, capables de remplir des 
				fonctions que la vanité inepte des monarchies dédaignait, et si, 
				pour inciter les citoyens d'une république à une si grande 
				oeuvre, il leur fallait de grands exemples, on leur rappellerait 
				que Socrate tenait des écoles primaires dans les rues et dans 
				les places d'Athènes. »
 Je me suis fait une loi, Messieurs, de citer et de ne pas 
				discuter; cependant, en présence de ce mépris injuste du passé, 
				de ce dénigrement effronté de nos traditions, de nos gloires 
				nationales en matière d'éducation, permettez-moi un souvenir 
				personnel. En 1867, j'avais l'honneur, dans une salle voisine 
				(19), de faire une conférence à 1,200 instituteurs, qu'un 
				Ministre vraiment libéral appelait à admirer et à étudier les 
				merveilles de l'Exposition universelle Je leur parlais, avec mon 
				coeur, du respect dû à l'enfance, de la dignité, de la sainteté 
				de leur mission, et «  pour les inciter à cette grande oeuvre, je 
				n'avais pas besoin de leur rappeler que Socrate tenait des 
				écoles dans les rues et les places d'Athènes, j'invoquais 
				l'autorité, les exemples des maîtres illustres, dont les statues 
				ornent notre antique Sorbonne, le sage Rollin, le bon Lhomond, 
				le pieux Fénelon, le doux et savant Gerson, qui renonce aux plus 
				hautes dignités de l'Église et de l'État pour aller, à Lyon, 
				remplir les modestes fonctions du maître d'école !
 La troisième circulaire (25 nivôse) explique et commente le 
				décret, pour en rendre l'exécution plus facile et plus uniforme; 
				il y a eu des mécomptes, des objections, on discute : ...«  
				l'intention des législateurs sans doute est de mettre tous les 
				enfants en état de jouir des bienfaits de l'instruction, mais il 
				y a deux écueils à éviter : l'un de rendre ces établissements 
				trop rares, l'autre de les trop multiplier. Trop nombreux, ils 
				ruinent le trésor national, de plus, l'économie des personnes 
				exige des suppressions... La disette d'hommes en état de remplir 
				les fonctions d'instituteur a empêché l'exécution du décret du 
				29 frimaire; enfin, il faut un grand nombre d'enfants pour 
				entretenir l'émulation des élèves et des maîtres. La nécessité 
				d'établir des écoles ne commence qu'avec une population de 2,000 
				habitants. L'article 4 permet d'établir deux écoles pour 2,000 
				habitants complets, trois pour 3,000 et ainsi de suite, mais 
				elle n'oblige pas... Les faubourgs et les villages proches des 
				villes doivent être compris dans la population de ces villes, et 
				les écoles formées en conséquence. Dans les campagnes, la loi 
				autorise une école à raison de 1,000 habitants, cependant les 
				administrateurs peuvent et doivent concourir à l'économie 
				générale et à la régularité de l'ensemble en choisissant pour 
				centre de chaque école non pas la plus grande commune, mais 
				celle qui est placée de manière à réunir autour d'elle un nombre 
				d'habitants plus approché de 2,000.
 Le ressort d'une école peut s'étendre sans inconvénients à une 
				lieue de 2,000 à 2,200 toises à la ronde. En faisant sur la 
				carte, d'après ces principes, la division de votre district, 
				vous obtiendrez un résultat satisfaisant. Lisez l'article 11, 
				vous y verrez que, quand la population sera trop dispersée pour 
				qu'on puisse former un ensemble de 1,000 habitants dans 
				l'étendue d'une lieue à la ronde, ce qui fait environ 3 lieues 
				carrées de surface, il faut, pour obtenir une seconde école, un 
				décret de l'Assemblée nationale. Telles sont les bases sur 
				lesquelles doit s'appuyer la formation des écoles primaires, 
				nous vous invitons à vous y conformer et à nous adresser un état 
				nominatif des arrondissements de vos écoles primaires, pour nous 
				mettre à portée de juger jusqu'à quel point vous vous êtes 
				conformés aux dispositions de la loi. »
 La quatrième circulaire (11 ventôse) accuse l'insouciance d'un 
				grand nombre d'administrations; on n'a pas répondu, on n'a pas 
				saisi le sens vrai, on n'a présenté que des résultats 
				insignifiants... «  Encore une fois, citoyens, hâtez-vous de 
				concourir avec nous à la confection de ce travail que notre 
				correspondance n'ait plus à souffrir de ces retards, que 
				rendrait inexcusables désormais l'importance des intérêts dont 
				vous êtes dépositaires et responsables. Il importe que vous nous 
				transmettiez le plus tôt possible l'état des hommes qui ont 
				cultivé ou enseigné les belles-lettres les sciences ou les arts. 
				Sans égard à leur profession antérieure, n'examinez que le 
				mérite et la moralité actuelle; il n'est pas de tache 
				originelle; le grand art de l'homme public n'est pas de briser 
				les instruments, mais de les utiliser... » Voilà une bonne 
				parole, mais que d'utopies ! que d'erreurs ! quel mépris des 
				droits des populations rurales quelle ignorance enfin des 
				conditions essentielles à l'éducation populaire !
 
				VIII. 
				Revenons à notre district pour y rechercher 
				les effets de la législation nouvelle. Le 3 pluviôse an III, le 
				président, les administrateurs et l'agent national de Lunéville, 
				en séance publique, arrêtent et publient un tableau indicatif 
				des communes fixées pour la résidence des instituteurs. Le 
				district est-partage en trois divisions; la première comprend 5 
				chefs-lieux Lunéville, Saint-Clément, Flin, Azerailles et 
				Baccarat. Il y aura 6 instituteurs pour Lunéville, un seul pour 
				chacun des autres chefs-lieux ensemble 19 communes, 18,119 
				habitants et 10 écoles; la deuxième, 10 chefs-lieux, 
				Bertrichamps, Moyen, Giriviller, Roselieures, Loro-Montzey, 
				Bayon, Haussonville, Mont, Einvaux, Gerbéviller; ensemble 46 
				communes, 16,364 habitants et 10 écoles; la troisième, 8 
				chefs-lieux Marainviller, Bénaménil, Emberménil, Hénaménil, 
				Einville, Drouville, Crévic, Anthelupt ensemble 34 communes, 
				9,846 habitants et 8 écoles.Le 15 germinal, le corps municipal de Lunéville organise les 
				écoles qui lui ont été attribuées, l'installation est 
				déplorable. Dans les autres communes on proteste et on n'obéit 
				pas... La gravité des événements attirait l'attention ailleurs; 
				depuis la chute de Robespierre, on respirait en Lorraine. Le 18 
				ventôse, le représentant du peuple Mazade arrive, il convoque 
				les citoyens, il expose le but de sa mission; chargé de 
				renouveler les autorités constituées, il ouvre une enquête sur 
				les partisans du tyran. «  Si le terrorisme n'a pas affligé les 
				âmes sensibles par les spectacles tragiques qu'il prodiguait 
				ailleurs, il n'en a pas eu moins ses apôtres... »
 Le 9 floréal, le conseil municipal, mis en demeure de désigner 
				enfin et de dénoncer les terroristes, répond : «  Si la Terreur a 
				plané quelques instants sur nous, aucun de nos citoyens ne s'y 
				est prêté librement et dans l'intention de nuire. »
 Le 4 messidor an III, les administrateurs du district adressent 
				au comité d'instruction publique, avec un rapport détaillé, 
				l'état indicatif des écoles et les pièces réclamées aux 
				communes. «  Quoique le jury d'instruction se soit occupé de 
				l'exécution de la loi, avec un zèle infatigable et l'attention 
				la plus suivie, il voit avec regret que le succès ne répond ni à 
				sa peine, ni à son espérance... Il ne s'est pas présenté de 
				sujets capables de donner l'éducation à une génération destinée 
				à jouir du bienfait de la liberté. Les obstacles dans les 
				campagnes sont insurmontables... Il s'est présenté si peu 
				d'institutrices qu'il a fallu laisser beaucoup de places 
				vacantes... Nous avons cependant rédigé une proclamation 
				imprimée, affichée et publiée dans les communes... Au surplus, 
				si l'instruction est un besoin pour tous, il faut convenir que 
				la Convention n'a pas atteint son but par l'établissement des 
				écoles tel qu'il est énoncé dans la loi. En les fixant dans un 
				lieu plutôt que dans un autre, on heurte de front le système 
				heureux de l'égalité, et en voulant favoriser une commune plutôt 
				qu'une autre, on les abandonne toutes à l'ignorance et aux 
				ténèbres, qu'on cherchait à dissiper. Nos communes n'ont pas vu 
				avec plaisir ce nouvel établissement, il ne leur offre pas les 
				avantages qu'elles espéraient d'un ordre de choses fondé sur le 
				bien général. Il serait donc à désirer que la Convention prît de 
				nouveau en considération un objet si important; elle ne peut 
				trop se hâter d'y donner toute son attention... »
 C'est là, Messieurs, un honnête et libre langage; le jury 
				d'instruction ne faisait d'ailleurs que résumer les notices 
				qu'il avait reçues des municipalités. Je les ai lues, ces 
				notices, je les ai classées, je voudrais les publier toutes, car 
				elles prouvent, d'une manière évidente, ce que j'ai affirmé dans 
				cette étude, à savoir 1° qu'il y avait, en 1789, au moins une 
				école primaire dans chacune des communes du district de 
				Lunéville; 2° que l'esprit révolutionnaire et matérialiste, en 
				moins de six années, a détruit ces écoles, qu'il a substitué le 
				régime de l'ignorance à ces réformes salutaires dont l'intendant 
				de Lorraine et du Barrois, en 1771, avait pris la généreuse 
				initiative (20).
 A partir du 15 germinal an III, les délibérations des corps 
				municipaux ne font plus mention des écoles; les cahiers destinés 
				à enregistrer les mandements pour les instituteurs s'arrêtent à 
				l'an IV.
 A la date du 1er vendémiaire an VI, je trouve sur un registre de 
				Lunéville une note ainsi conçue «  Séance extraordinaire fête de 
				la fondation de la République; le calme le plus respectueux 
				régnait dans la salle, le peuple se plaça sur les banquettes de 
				droite et de gauche, les élèves des écoles nationales, ainsi que 
				les instituteurs et les institutrices, dans le centre. »
 La décadence est complète, l'autorité centrale n'a plus aucune 
				action sur les communes, les écoles ne sont plus fréquentées, la 
				plupart sont fermées... Les dispositions étroites et mesquines 
				de la loi du 3 brumaire an IV sont impuissantes, le décret légué 
				au Directoire par la Convention expirante contenait, au point de 
				vue de l'enseignement secondaire, un principe de régénération, 
				il resta une lettre morte en ce qui concerne l'enseignement 
				primaire.
 La loi réparatrice de l'an X fonda les écoles populaires, les 
				écoles secondaires, les lycées; elle promit des écoles spéciales 
				de droit, de médecine, de haut enseignement; elle répondit à un 
				besoin vivement senti, surtout en Lorraine.
 Cependant le mal avait de profondes racines, les traditions du 
				passé étaient perdues ou oubliées; il fallut de longues années, 
				des efforts persévérants pour triompher des obstacles. La loi 
				libérale de 1833 inaugura une ère nouvelle; une vaste enquête 
				fut ouverte, j'eus l'honneur d'y prendre part dans 
				l'arrondissement de Lunéville. Je constatais alors, avec 
				douleur, la triste situation de l'enseignement primaire, au 
				point de vue matériel et pédagogique, dans ce même 
				arrondissement, aujourd'hui l'un des plus florissants de France 
				par le nombre de Ses écoles, par la valeur de ses maîtres, par 
				les sacrifices intelligents des municipalités.
 
 (1) Ce mémoire, lu à l'Académie de Stanislas, le 
				5 mars 1875, a été analysé et commenté à Paris, à la séance de 
				la Sorbonne, le 31 mars 1875.
 (2) En 1867, le progrès est remarquable; voici, pour les 9 
				cantons, la statistique officielle des 99 communes de 
				l'arrondissement formant l'ancien district : Canton de 
				Lunéville, 16,657 habit. - Ecoles spéciales de garçons, 12; de 
				filles, 12; mixte, 1. - 1,094 garçons, 1,099 filles.
 (3) Canton d'Azerailles, 5,699 habit. - Ecoles spéciales de 
				garçons, 7 de filles, 7 mixte, 1. - 439 garçons, 396 filles.
 (4) Canton de Baccarat, 9,833 habit. - Écoles spéciales de 
				garçons, 6 de filles, 6 mixtes, 3. - 721 garçons, 657 filles.
 (5) Canton de Bayon, 5,406 habit. - Écoles spéciales de garçons, 
				7 de filles, 7; mixtes, 8. - 460 garçons, 487 filles.
 (6) Canton de Blainville, 4,894 habit. - Écoles spéciales de 
				garçons, 6 de filles, 6; mixtes, 8. - 421 garçons, 464 filles.
 (7) Canton de Crévic, 3,449 habit. - Écoles spéciales de 
				garçons, 5 de filles, 5 mixtes, 4. - 306 garçons, 248 filles.
 (8) Canton d'Einville, 4,266 habit. - Écoles spéciales de 
				garçons, 5 de filles, 5; mixtes, 6. - 392 garçons, 294 filles.
 (9) Canton de Gerbéviller, 5,051 habit. - Écoles spéciales de 
				garçons, 5 de filles, 5 mixtes, 7. - 347 garçons, 349 filles.
 (10) Canton de La Neuveville-aux-Bois, 5,021 habit. - Écoles 
				spéciales de garçons, 7 de filles, 7 mixtes, 4. - 468 garçons, 
				424 filles.
 (11) On peut consulter aux archives départementales de la 
				Meurthe les 9 procès-verbaux envoyés au Directoire par les 
				municipalités de chacun des cantons du district de Lunéville.
 (12) Voir mon Mémoire en Sorbonne (1868) Projet de l'intendant 
				de Lorraine sur la réforme de l'instruction primaire et lettre 
				de l'évêque de Saint-Dié. En 1869 et 1870, j'ai commenté un 
				mémoire inédit du maître d'école de Koeur-la-Petite, sur les 
				misères de sa profession et les moyens d'y porter remède.
 (13) Le 27 janvier 1791, le préfet du collège et les régents 
				avaient prêté le serment de fidélité à la Constitution et au 
				roi.
 (14) Dans un mémoire sur l'Université de Pont-à-Mousson (Paris, 
				1866), j'ai donné sur le concours ouvert en 1690, pour remplir 
				de sujets capables et de mérite les offices de professeurs et 
				d'agrégés en la Faculté de droit, des renseignements complets et 
				inédits.
 (15) J'ai étudié la marche et l'invasion de la langue et de 
				l'esprit révolutionnaire dans les registres des districts de la 
				Meurthe, des Vosges, de la Meuse, de la Haute-Marne, de la 
				Moselle, de la Lozère partout il a fallu l'influence de la 
				commune de Paris pour modifier et corrompre le sens moral des 
				populations.
 (16) La municipalité de Gerbéviller réclame la même faveur.
 (17) En 1870, aux mois de juillet et d'août, les fils ont été 
				dignes de leurs pères les élèves des classes supérieures des 
				lycées et des collèges. Ceux des écoles normales primaires et 
				des Facultés de droit et de médecine, ont en grand nombre couru 
				à la défense de la patrie envahie. Recteur de l'Académie de 
				Nancy, avant et pendant l'invasion, j'ai été heureux d'applaudir 
				à la noble ardeur de nos braves volontaires !
 (18) Pièces d'archives et documents inédits sur l'instruction 
				publique en Lorraine. Mémoire lu en Sorbonne, 1874, p. 12, 13, 
				16 et 17.
 (19) Conférences aux instituteurs réunis à la Sorbonne. 1 vol. 
				1868. Nancy.
 (20) Voir mon mémoire de 1868 à la Sorbonne, p. 13 et 14. J'ai 
				réuni les pièces relatives à cette enquête en un fascicule 
				déposé au dépôt des archives à Nancy. Je les ai réparties en 
				quatre dossiers, selon qu'elles viennent de la Moselle, des 
				Vosges, de la Meuse ou de la Meurthe.
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