C'est dans la biographie éditée en 1913
sur le Général de Division Edmond de Martimprey, issu de la
branche cadette de la famille (voir à ce titre notre article
Famille Martimprey de Romécourt),
que l'on trouve en chapitre I un résumé des origines de la
famille.
Avec une approximation cependant, puisque la branche lorraine
n'a pas duré « jusqu'à la fin du XVIIIe », mais était encore
présente au XXème siècle comme le montre le tableau sommaire de
l'article précité.
On peut aussi ajouter que le grand-père du général,
François de Paule
Augustin de Martimprey (1752-1792) avait une soeur, Hélène
Charlotte de Martimprey (1755-1812): elle a épousé, le 29
septembre, 1783
Francois-Louis Thibault de Ménonville (1740-1816), député
des Vosges en 1789.
Général
DERRÉCAGAIX
Le Général de Division Comte de Martimprey
PARIS, 1913
CHAPITRE I - LES ORIGINES
Ancêtres des Martimprey tués à l'ennemi. - Pays d'origine. -
Services militaires. - Décret des ducs de Lorraine en 1618. -
Branches aînée et cadette. - Derniers représentants de la
branche cadette. - Caractères généraux des chefs de famille.
Au mois d'août 1876, le général de division de Martimprey,
gouverneur des Invalides, se trouvait en villégiature dans son
château de Chaumont-sur- Yonne. Il approchait de soixante-dix
ans et sa santé, éprouvée par ses longs services de guerre,
était gravement atteinte.
Voulant laisser à ses enfants une idée des origines de sa
famille et de ses traditions, il reporta sa pensée sur l'ancien
château de Martimprey, près de Gerbépal, dans les Vosges, et
écrivit ce qui suit :
« Je viens interroger l'ombre des vieux parents
C'est là qu'ils ont vécu, comme je voudrais vivre :
Laborieux et fiers, obscur, mais sans remords,
Traçant devant leurs fils le sillon qu'il faut suivre.
Et marchant, le front calme, à d'héroïques morts
DE LAPRADE.
Tels ont été :
Hugues de Martimprey, tué en Egypte, en 1260, bataille de
Pharanie, sous saint Louis.
Gérard de Martimprey, tué à la bataille de Montcassel Flandre),
1339.
Philippe de Martimprey, blessé à mort à Azincourt, 1415.
Comte de Martimprey de Choisimont, tué en prison du 2 au 5
septembre 1792, massacre des prisons.
Général de division Auguste de Martimprey, blessé à Magenta,
1859. Mort des suites de sa blessure en 1876, 15 février. Son
nom figure au rapport officiel de la bataille. Honneur rare ! »
Cette belle page, sur laquelle l'âme d'un héros a fait passer un
souffle de gloire, et d'immortalité, donne une première idée des
origines de cette noble race. Il suffira d un court résumé pour
la compléter.
La maison de Martimprey est originaire du duché de Bourgogne. Le
premier de ses membres qui ait commencé son illustration est
Hugues de Martimprey. dont le nom et les services ont été
transmis par titres authentiques, vérifiés en la Cour souveraine
de Lorraine et Barrois, qui a maintenu à ses héritiers, en 1618
et 1765, les titres et qualités de chevalier, de comte et de
baron.
En 1248, parti de Besançon où il possédait de grands biens, il
accompagna saint Louis dans sa première croisade et fut tué à la
bataille de Pharanie, en Egypte, en 1250. Succombant au champ
d'honneur pour Dieu, son roi et sa patrie, il montra aux
héritiers de son nom la voie qu'ils devaient suivre.
Les armes de sa maison datent de cette époque et portent pour
devise : Pro fide pugnando (COMBATTANT POUR SA FOI).
Son arrière petit-fils, Gérard de Martîmprey de Villefont,
accompagna le duc de Bourgogne, Eudes IV, en Flandre, marcha
avec lui contre les Anglais et périt à la bataille de Montcassel,
le 26 juillet 1339.
Son petit-fils, Philippe, entré au service de Jean sans Peur,
duc de Bourgogne, prit part à la guerre de 1415 contre les
Anglais, combattit à Azincourt, y fut grièvement blessé et
mourut l'année suivante des suites de ses blessures.
Un de ses descendants, Marc de Martimprey, comte de Villefont,
prit part, avec Charles le Téméraire, à la conquête de la
Lorraine et à l'invasion de la Suisse. Il combattit à Granson, à
Morat et sous les murs de Nancy, où son prince perdit la vie.
C'est à propos de Marc que les documents du temps font mention,
pour la première fois, de la terre de Martimprey.
Ce fut à cette époque, en effet, dans les premières années du
XVIe siècle, que les chefs de la maison vinrent habiter cette
propriété, où ils possédaient un château. Ils y avaient été
attirés par les ducs de Lorraine, qui leur témoignaient une
estime particulière. Ce changement de résidence constitue, pour
la maison de Martimprey, une période lorraine qui dura depuis le
XVIe siècle jusqu'à la fin du XVIIIe.
En 1595, à la mort de Jean III, la maison de Martimprey se
divisa en deux branches. La branche aînée donna à l'armée
plusieurs officiers, entre autres Jean-Joseph-Félix de
Martimprey, qui fit la campagne des Indes contre les Anglais,
sous le bailli de Suffren. Il devint lieutenant-colonel et
quitta volontairement le service en 1793. Son frère aîné,
Jean-François-César, parvenu au grade de maréchal de camp,
s'était déjà retiré du service en 1791.
La branche cadette s'adonna également à la carrière des armes,
et plusieurs de ses membres devinrent des officiers distingués.
Parmi eux, François de Paule, Augustin, comte de Martimprey de
Choisimont, comte et baron de Villefont, devint en 1776
lieutenant au régiment de Languedoc. Une lettre royale le
désigna pour remplir auprès du roi Louis XVI les fonctions de
gentilhomme ordinaire de la chambre. Il fut le grand-père des
deux généraux de division.
La Révolution le trouva fidèle à son souverain. Ecroué à la
prison de la Force, il y fut massacré du 2 au 5 septembre 1792.
Son second fils, Augustin-Pierre, entré dans l'armée comme
simple soldat, fit toutes les campagnes de l'Empire, de 1806 à
18 15, fut grièvement blessé à Lutzen, parvint au grade de
colonel, fut nommé officier de la Légion d'honneur et de
Saint-Louis. Il donna sa démission en 1830.
Son frère aîné, Augustin-Dominique-Romain, épousa, en 1807, Mlle
Angélique-Françoise Royer de Maulny, fille d'un ancien officier,
qui lui donna deux fils, Edmond et Auguste, les futurs généraux
de division, et une fille, Lise-Apolline-Iosèphe de Martimprey.
En résumé, pendant près de sept cents ans, les chefs de cette
famille servirent leur patrie les armes à la main et lui
donnèrent, sans compter, la vie de leurs enfants. Aujourd'hui
encore, leurs descendants figurent comme officiers dans les
rangs de l'armée, n'ayant d'autre ambition que de faire honneur
à leur nom et à leurs aïeux.
La famille de Martimprey ne s'est pas distinguée seulement par
ses services militaires, et les souvenirs qu'elle a laissés dans
le pays lorrain parlent encore en sa faveur. A Gerbépal, où se
trouvent les ruines de l'ancien château de Martimprey, leur
mémoire est restée l'objet d'une grande vénération. Hommes
modestes, sans représentation extérieure, vivant sans faste dans
la simplicité la plus digne, fiers de leur origine, tenant en
haute estime leurs titres de descendants d'un chevalier croisé,
ils ne se prévalurent pas de leurs avantages et ne voulurent
jamais user du droit de haute et basse justice qui leur avait
été concédé.
Ils s'employèrent toujours à faire le bien, inspirant confiance,
recevant avec un accueil empressé ceux qui recouraient à eux
dans les moments difficiles, et leur donnant à l'occasion de
sages conseils avec l'appui de leur influence. Hommes de devoir
et de foi, fidèles serviteurs de leurs souverains, prêts à
verser leur sang en toute occasion, ils ne cherchèrent qu'à
transmettre à leurs descendants des traditions de dévouement, de
courage et d'honneur.
Miscellanées
Henri Bardy
1906-1907
OTAGES DE SAINT-DIE PENDANT LA TERREUR
(1793-94)
INDICATIONS BIOGRAPHIQUES
Dans une des dernières livraisons du Pays Lorrain (Août 1906)
nous avons raconté les tristes aventures des otages de Saint-Dié
pendant le régime de la Terreur. Nous croyons qu'il n'est- pas
sans intérêt de compléter notre récit par quelques
renseignements sur la famille et la personne des victimes
déodatiennes de cette sanglante époque qui a déshonoré la France
pendant toute la durée de l'an II, cette année terrible qui fut
démesurément longue.
[...]
II. --THIBAULT DE MÉNONVILLE
Le chevalier François-Louis Thibault de Ménonville naquit le 2
Juillet 1740 au château de Villé, près de Nossoncourt, de
François-Louis Thibault de Ménonville, seigneur de Villé, de
Jambrock et voué du ban de Nossoncourt, lieutenant au régiment
de Navarre, et de Marie-Anne de Bazelaire de Lesseux. Cadet du
roi de Pologne en 1757, il fut ensuite capitaine dans le corps
royal du Génie, où il demeura jusqu'au grade de
lieutenant-colonel ; il devint aide-maréchal-général des logis
de l'Armée d'Amérique, de 1780 à 1783, avec Lafayette. Il revint
en France, comme brigadier des Armées du roi, avec les croix de
chevalier de Saint-Louis et de la Société de Cincinnatus. Le 29
Septembre 1783, il épousa Hélène-Charlotte de Martimprey de
Choisimont, dont il n'eut qu'un fils, né à Saint-Dié le 28 Juin
1784. Nommé maréchal de camp le 21 Septembre 1788, il fut
bientôt mis à la retraite, et l'année suivante, élu aux Etats
généraux comme député de la noblesse dans les Vosges.
Après la Révolution, il se retira dans le pays de Blâmont, où sa
femme avait des propriétés. Plus tard, il devint membre du
Conseil général de la Meurthe, et mourut à Deneuvre le 5
décembre 1816.
C'était un vaillant soldat, qui avait fait ses preuves en
Amérique, mais d'un caractère très vif, parfois querelleur.
La famille de Ménonville portait d'or, au chevron de gueules,
accompagné de trois merlettes de sable, deux en chef et une en
pointe. |