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Notice nécrologique sur l'abbé Jennat - Vého


Notice nécrologique sur l'abbé Jennat
Charles Marchal (1801-18..)
Ed. 1862

La Renommée a cent bouches pour célébrer les forfaits qui ensanglantent la terre ; elle en a une seule à peine pour publier les vertus qui la consolent.
Vers 1730, le petit village de Veho, près de Lunéville, vit naître deux hommes dont l'histoire et la légende ont à s'occuper. Tous deux entrèrent dans l'état ecclésiastique avec un caractère différent ; l'un et l'autre avaient l'âme également ardente. Le plus âgé fut député, président de l'assemblée la plus puissante dont parlent les fastes de l'histoire, eut le bonheur et la gloire de faire décréter l'abolition de l'esclavage des noirs et l'égalité des Juifs devant la loi. Il fut nommé évêque, frappa Louis XVI d'une condamnation morale (comme il l'appelait), devint sénateur, comte, commandeur, etc. Il occupa la Renommée : un seul portrait orne le palais du gouvernement à Port-au-Prince; c'est le sien ! Un cortège de vingt mille personnes l'accompagna à sa dernière demeure... c'était l'abbé Grégoire !...
L'autre, plein de modestie et d'une véritable charité, resta simple prêtre, et lit rayonner pendant son apostolat toutes les vertus chrétiennes. Il marqua chaque jour de sa vie par de bonnes actions et par des actes de dévoûment.
En 1813, on le vit accourir à la vue des convois de nos soldats mourants du typhus pour adoucir les derniers moments de tant d'hommes malheureux. Le jour, la nuit, toujours prêt au sacrifice, il brava l'influence contagieuse d'une épidémie qui portait l'épouvante et la mort au milieu de la population, et fit bénir sa charité inépuisable et son abnégation courageuse par les milliers de victimes qui succombaient !
Trente ans plus tard, ayant dépensé sa fortune à secourir les indigents, à venir en aide aux ouvriers malades, on le vit à l'âge de quatre-vingts ans vouloir prendre place à l'hôpital, pour y mourir, dans une égalité de souffrance et d'humilité avec les pauvres ! Le peuple entier de la ville, qui n'était ému que par la douleur, assista à ses funérailles. C'étaient les pasteurs des populations environnantes, montrant eux-mêmes l'exemple des regrets et la grandeur de la perte que faisait le sacerdoce, qui conduisaient le deuil !
Cet homme était l'abbé Jennat ! Sa vie, qui appartient à la légende, compte autant de biographes que de coeurs reconnaissants. On rapporte qu'un jour, un homme grossier avait parié frapper au visage la première personne qui passerait,; le hasard voulut que ce fut l'abbé Jennat qui tout à coup s'offrit en victime à cet homme... Le caractère sacré, la physionomie touchante et dévouée, la réputation de ce vénérable vieillard n'arrêtèrent pas la main de l'ignoble sacrilège... L'abbé Jennat s'inclina avec douceur et un air ineffable de pardon au coup qui l'avait frappé... L'homme venait de gagner son pari !..,
A quelque temps de là, un horrible parricide consterna la ville entière ; le coupable était le gendre de cet homme... la justice humaine dressa son échafaud pour l'assassin !... puis l'on vit toute cette famille s'éteindre avec une rapidité effrayante dans la honte, l'infamie et la misère !
Moins occupé à nous enquérir de l'authenticité des différents récits que l'on fait, qu'à constater l'influence salutaire que prend toujours la vertu sur l'âme humaine, nous faisons voir facilement quel a été l'homme auquel nous désirons consacrer un souvenir digne de lui, en venant au secours du pauvre : et si l'on nous prête aide à fonder sous son nom vénérable un lit à l'hôpital pour les indigents.
Quoiqu'il soit mort depuis vingt ans, nous pensons que la reconnaissance, pour l'exemple qu'il a donné sur la terre, ne compte point de prescription dans le coeur des bons citoyens.

ON SOUSCRIT
A LUNÉVILLE, chez M. GUÉRAR, ancien Maire, ancien membre du Conseil général.
A NANCY, au bureau du journal l'Espérance.
A PARIS, chez M. MARCHAL, passage Sainte-Marie, 6, rue du Bac,


ODE SUR LE BUSTE DE L'ABBÉ JENNAT
PAR FOYATIER

Contemplez cette image
Qui retrace à l'esprit
Le plus noble visage
D'un serviteur du Christ.

C'est Jennat qu'on l'appelle;
Des premiers temps chrétiens,
C'est le pasteur fidèle ;
Du pauvre un des soutiens.

Auprès de la souffrance
Son âme grandissait
Et prouvait l'existence
Du Dieu qui l'inspirait,

Sa fortune et sa vie
Étaient aux malheureux,
Sa mort les édifie ;...
Il meurt au milieu d'eux !

Des moeurs exemple austère,
Modèle de vertu,
A jamais de la terre,
Serais-tu donc exclu ?

Par l'ingrat égoïsme
On te verrait trahi,
Et frappé d'ostracisme,
Ton dévoûment puni !

Voyez dans l'empyrée
Ce vieillard à genoux,
Sous la voûte azurée
Prier encor pour nous !

Que la reconnaissance
Reste au coeur des vivants,
Et de la bienfaisance
Excite les penchants !

Tu n'as pas de statue,
Citoyen dévoué,
Mais le monde salue
Ton souvenir aimé !

Sur l'aile du génie (*)
Monte vers l'Éternel,
Ne crains plus qu'on t'oublie,
Ton nom est immortel !

MARCHAL (de Lunéville).

(*) Musique de Rossini.
 

  

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