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 Gazette médicale 
				de ParisTome 6 - 1838
 
				Correspondance médicaleNouvelles remarques Sur le mode de propagation et la nature de 
				la fièvre typhoïde ; communiquées par M. le docteur PUTEGNAT, de 
				Lunéville
 [...voir article Fièvre typhoïde à 
						Emberménil - 1838... ]
 
 Archives générales 
				de médecineJanvier 1880
 
				ÉTIOLOGIE DE LA FIEVRE TYPHOÏDE DANS LES 
				CAMPAGNES 
                
				Par M. le Dr ALISON, ancien interne des 
				hôpitaux de Paris.[...]
 Tout ce qui a été dit au sujet de la fièvre typhoïde peut se 
				résumer dans les trois hypothèses suivantes, dont chacune 
				représente un principe étiologique bien différent: la contagion, 
				l'infection, la spontanéité. Si, en Angleterre, la doctrine de 
				Murchison a conservé de nombreux adeptes, en France, du moins, 
				et dans beaucoup de pays, on admet généralement l'existence de 
				la contagion. Mais qu'il y a loin entre cette manière de voir j. 
				qui consiste simplement à admettre que cette affection peut être 
				contagieuse, et l'opinion de W. Budd qui proclame que la 
				contagion est la cause unique de la maladie. En réalité, 
				l'éminent auteur anglais n'était pas autorisé, d'après ses 
				observations, à admettre l'unicité de la cause; puisque les 
				faits qu'il a relatés démontrent seulement que la contagion a 
				été reconnue présente dans un certain nombre de cas. Que 
				faudrait-il, en effet, pour démontrer que la fièvre typhoïde est 
				toujours contagieuse? Il faudrait, non pas seulement relater un 
				plus ou moins grand nombre d'observations qui mettent en 
				évidence la possibilité de cette origine, mais démontrer que la 
				contagion intervient dans tous les cas de fièvre typhoïde qui se 
				sont montrés, pendant une époque déterminée et dans toutes les 
				communes où cette maladie a fait invasion.
 Pour notre compte, voici ce que nous avons voulu faire dans la 
				seconde partie de notre travail : prendre note de toutes les 
				atteintes de fièvre typhoïde survenues, depuis 1870 jusqu'en 
				1878, dans toutes les localités de noire circonscription et 
				rechercher si la contagion existe ou non dans chacun des foyers 
				que nous avons observés. Des 27 communes qui constituent plus 
				particulièrement notre ressort médical, il en est 6 qui n'ont eu 
				à subir, depuis 1879, aucune atteinte de fièvre typhoïde. Au 
				contraire, dans les 21 localités où est apparue cette maladie, 
				nous comptons 49 foyers typhoïdiques ainsi constitués:
 9 foyers suivis d'épidémie généralisée.
 22 foyers dans lesquels la maladie a été circonscrite.
 18 cas simples ou isolés.
 Plus deux épidémies graves, entées sur l'endémicité. Si nous 
				mettons de côté ces deux endémies épidémiques dans lesquelles, 
				vu surtout le chiffre élevé delà population (Baccarat-Deneuvre, 
				6,000 hab.), l'origine contagieuse est impossible à déterminer, 
				et si nous étudions ces 49 foyers dans leurs rapports avec la 
				contagion, voici ce que nous trouvons :
 33 fois la contagion a été manifeste.
 16 fois la contagion, quoique moins évidente, nous a paru 
				certaine ; car dans ce groupe sont rangées presque toutes les 
				atteintes ou foyers consécutifs, survenus à la suite d'une 
				épidémie provoquée par une importation contagieuse dans des 
				communes où la maladie n'existait pas depuis un certain nombre 
				d'années.
 En résumé donc, nous aurons à déterminer dans cette seconde 
				partie, si le contage existe ou s'il est absent, dans ces 49 
				foyers observés, pendant une période de huit ans, dans les 21 
				communes de la circonscription de Baccarat..
 [...]
 Reclonville - Obs: VII.
 
 Reclonville est un petit village de 202 habitants, dont Blamont 
				est le chef-lieu de canton.
 Il est situé sur la rive gauche de là Verdurette, à une distance 
				de 1 kil. 500 m. d'Ogéviler.
 La fièvre typhoïde y fit de grands ravages en 1852. Depuis cette 
				époque jusqu'en 1873 cette maladie fut totalement absente. Au 
				mois d'avril de cette année, elle y fut importée par Marie Idoux, 
				coquetière, âgée de 32 ans, qui allait tous les jours à Ogéviler, 
				dans la maison d'un de ses cousins et dont la famille était 
				alors ravagée par la fièvre typhoïde (4 sujets atteints sur 6). 
				Sa maladie fut grave, mais elle guérit. Elle propagea ensuite la 
				fièvre autour d'elle, dans sa propre famille d'abord (4 
				personnes atteintes), puis dans les maisons voisines. Rien que 
				dans la famille Idoux et dans ses ramifications, on compte 30 
				malades dont 5 décès.
 L'épidémie dura jusqu'en octobre 1874. Elle eut une origine 
				nettement contagieuse et pendant sou développement, on put 
				aisément suivre pas à pas les traces de la contagion.
 Jusqu'au mois de septembre 1878, il ne survint, à Reclonville, 
				aucun nouveau cas de fièvre typhoïde^
 
 Obs. VII. - A cette époque tomba malade un jeune homme de 18 
				ans, Camille Thiébaut, demeurant dans cette commune, et placé, 
				en qualité de domestique, chez M. A. Garland, cultivateur à 
				Reclonville. Le 2e jour de la maladie ce jeune homme fut 
				reconduit dans sa famille. Sa fièvre typhoïde fut grave, dura 
				jusqu'au 2 octobre 1878, et se termina par la guérison. Aucune 
				des 6 personnes, dont 4 frères et soeurs, qui composent la 
				famille Thiébaut ne reprit la maladie, mais A. Garland et sa 
				femme chez qui il travaillait furent atteints en octobre 1878.
 Cependant, le 15 juillet 1879, Théophile, le second des enfants 
				de J. Thiébaut, âgé de 15 ans, tomba lui-même malade et sa 
				fièvre typhoïde, qui fut aussi grave que celle de son frère 
				ainé, dura jusqu'au 15 août suivant. Dans l'intervalle de ces 
				deux cas de maladie survenus dans la famille de J. Thiébaut, il 
				n'exista à Reclonville aucun cas de dothiénentérie.
 Nous, devons maintenant nous demander si ces deux fièvres 
				typhoïdes, survenues chez deux frères, habitant la même maison, 
				couchés dans le même lit, sont reliées par un même lien 
				contagieux. Or cet enchaînement contagieux, nous l'admettons 
				pour les considérations suivantes :
 1° D'abord le fait qu'un typhoïde s'observe fréquemment, ainsi 
				que nous le verrons dans une famille où il y a eu, quelque temps 
				auparavant, un ou plusieurs malades atteints de fièvre typhoïde, 
				témoigne en faveur de la contagion plutôt que de la putréfaction 
				; car, en admettant cette dernière hypothèse on comprendrait 
				difficilement pourquoi un cas de fièvre viendrait à éclore une 
				année, par exemple, à la suite d'un autre, dans la même maison, 
				alors que celle-ci a présenté pendant vingt ans et plus, et sans 
				qu'aucun malade n'ait été vu, les mêmes conditions d'insalubrité 
				et souvent les mêmes prédispositions morbides individuelles. De 
				l'aveu des parents et des personnes les plus âgées du voisinage, 
				la maison Thiébaut n'a pas été depuis l'époque de leur naissance 
				envahie par la fièvre typhoïde, et même, lors de la grande 
				épidémie de 1852 et de celle de 1874, on put constater que 
				celle-ci fut totalement épargnée tandis que les maisons voisines 
				furent ravagées par cette terrible maladie.
 2° Théophile Thiébaut, nous le rappelons, est tombé malade le 15 
				juillet 1879. A cette date nous avons remarqué, sous 
				l'influence, sans doute, des chaleurs excessives et des pluies 
				abondantes qui ont précédé, une poussée typhoïdique dans 6 (Ces 
				communes sont : Baccarat, Deneuve, Flin, Hablainville, 
				Reclonville, Vacqueville) des communes de notre ressort médical. 
				Or, dans toutes ces localités, il y a eu des cas de fièvre les 
				années précédentes ; tandis que dans les 12 communes qui en sont 
				restées indemnes depuis quelques années, nous n'avons vu aucun 
				sujet atteint de fièvre typhoïde.
 Comme dans ces dernières, les conditions générales d'insalubrité 
				et de putréfaction existaient tout aussi bien que dans les 
				premières, et que du reste la spontanéité morbide individuelle a 
				pu être aussi bien mise en activité dans les unes que dans les 
				autres puisque partout il y avait mêmes fatigues, même 
				alimentation, même température à supporter; nous pouvons en 
				conclure que ces poussées multiples sont plutôt une preuve en 
				faveur de la contagion que des autres hypothèses.
 Si maintenant, à ces données générales, nous joignons les faits 
				particuliers suivants: que notre jeune homme Th. Thiébaut n'est 
				pas sorti de son village depuis plus de deux mois, qu'il n'a été 
				mis en rapport avec aucune personne soupçonnée d'avoir eu la 
				fièvre typhoïde, que la maison habitée par la famille Thiébaut 
				est, pour le moins, dans d'aussi bonnes conditions que les 
				voisines, que l'eau de consommation provenant d'une fontaine 
				communale captée avec soin et exempte de toute impureté, nous 
				pourrons, je crois, admettre que la fièvre typhoïde dont Th. 
				Thiébaut a été atteint en juillet 1879 est sous la dépendance de 
				celle dont a été frappé son frère dix mois auparavant.
 Or, nous avons démontré que cette dernière s'est montrée à la 
				suite d'une importation contagieuse ; il convient donc 
				d'admettre que le contage provenant des matières 
				excrémentitielles de C. Thiébaut n'avait pas encore perdu ses 
				propriétés nocives au bout de dix mois, c'est-à-dire pendant la 
				période de temps qui a séparé la maladie des deux frères.
 [...]
 Ogéviler, - Obs. X.
 
 Ogéviler est un village appartenant au canton de Blamont et 
				éloigné de 12 kilomètres de Baccarat. Il compte 597 habitants, 
				est situé sur la rive gauche de la Verdurette, à 2 kilomètres en 
				amont de l'endroit où cette petite rivière se jette dans la 
				Vezouse.
 En 1864, une épidémie de fièvre typhoïde y régna, elle atteignit 
				30 sujets et fit périr 3 malades. Le principe de cette fièvre 
				avait été puisé au lycée de Nancy, où cette maladie répandait 
				alors la dévastation, par Ed. Gadel qui était revenu déjà malade 
				à Ogéviler où habitait sa famille, laquelle compta du reste, 
				avec celles de Vourion et de Chaton parmi les plus éprouvées.
 En 1865, l'épidémie disparut pour ne reparaître que sept ans 
				plus tard en 1872, année pendant laquelle ce village fut de 
				nouveau aux prises avec une grave épidémie, également provoquée 
				par une nouvelle importation. En effet, ce fui à la suite d un 
				séjour de trois mois à Baccarat, ou régnait une épidémie de 
				fièvre typhoïde, que Aug. Cherrier, âgé de 51 ans, tomba 
				gravement malade. Il ne fut reconduit dans sa famille à Ogéviler 
				qu'au cinquième jour de sa fièvre. La maladie se répandit dans 
				sa famille et dans les maisons voisines. Il y eut 40 sujets 
				atteints et 6 décès. L'épidémie dura jusqu'au mois d'octobre 
				1872 ; la dernière victime fut l'abbé Bunnwarth, curé d'Ogéviler 
				depuis trois mois.
 Une nouvelle épidémie éclata encore dans cette commune en 1877, 
				c'est-à-dire après un intervalle de cinq ans. D'où venait-elle ? 
				Un jeune homme de l'endroit, âgé de 19 ans, A. Robert, habitant 
				une maison isolée, située à deux cents mètres du reste du 
				village, vint le 19 juin de cette année cultiver un champ de 
				luzerne peu éloigné de Hablainville; son ouvrage terminée il se 
				rendit dans ce village et déjeuna chez François, aubergiste, 
				autour de la maison auquel existaient plusieurs foyers en pleine 
				activité de fièvre typhoïde. Dès le 13 A. Robert se trouva 
				indisposé, éprouva tous les symptômes de la maladie, garda le 
				lit à partir du 18 et eut une fièvre ataxo-adynamique dont il 
				guérit cependant. Après lui vint le tour de sa soeur qui fut 
				aussi très gravement malade; puis la maladie passa dans un des 
				principaux quartiers du village, éloigné de plus de 500 mètres 
				de la maison Robert, après une importation de second ordre, due 
				à un jeune homme de 16 ans, Auguste Charrier, qui venait tous 
				les jours travailler dans un champ tenant à la maison Robert. Il 
				y eut 22 sujets atteints et 1 décès; le dernier malade fut J. 
				Didier dont la fille avait eu la maladie cinq mois auparavant.
 
 Obs. X. - Didier Joseph, âgé de 48 ans, demeurant à Ogéviler, 
				prend la fièvre typhoïde le 31 octobre 1877, dans la maison où 
				sa fille aurait été atteinte cinq mois auparavant.
 Joseph Didier habite une grosse maison de cultivateur, située à 
				une des extrémités du village. Le jardin, placé derrière la 
				maison est très étendu et aboutit à la maison Robert où s'est 
				montré notre premier sujet atteint de fièvre typhoïde. Personne, 
				même parmi les plus âgés de la localité, ne se souvient avoir vu 
				un cas de cette maladie dans la maison habitée par la famille 
				Didier. Depuis quarante ans rien n'a été changé: les écuries, 
				les fosses d'aisances, l'eau de consommation, tout est resté 
				dans les mêmes conditions. Qu'il
 en soit, Marie Didier, fille unique, âgée de 21 ans, en rapports 
				fréquents par l'intermédiaire du jardin, avec le foyer 
				contagieux développé en juin et juillet 1877, dans la maison 
				Robert, fut gravement atteinte de fièvre typhoïde le 2 juillet. 
				La maladie dura jusqu'au 10 août : son père fut frappé le 31 
				décentre 1877. Or cet homme, n'a visité aucune autre famille du 
				village ou des localités voisines ayant eu des typhoïdes et n'a 
				eu, nous pouvons le déclarer, aucun contact avec des sujets ou 
				des milieux contaminés. D'autre part, le principe de la maladie 
				n'a pu lui venir de l'eau potable, puisque celle dont il faisait 
				usage était pure et n'avait pu, grâce aux dispositions du 
				terrain, recevoir des infiltrations soupçonnées de contenir le 
				principe typhoïque. Nous pouvons donc admettre que la fièvre 
				typhoïde de Joseph Didier a été contractée dans sa maison même. 
				Or, un typhoïde avait existé dans cette maison cinq mois 
				auparavant, et ce sujet atteint n'était autre que sa fille qui 
				avait puisé le germe de la maladie dans un milieu éminemment 
				contagieux (maison Robert) ; par conséquent, on peut penser que 
				le contage typhoïdique, qui avait présidé à l'apparition de la 
				fièvre de Robert Auguste, importée de Hablainville et de celle 
				de Joséphine Didier, a dû également provoquer le développement 
				de la maladie de Didier Joseph son père. Ici, par conséquent, on 
				peut attribuer à ce contage une durée de vitalité de cinq mois, 
				puisqu'il s'est écoulé ce temps entre le moment où Joséphine 
				Didier est entrée en convalescence (août), et celui où la 
				période d*incubation a commencé pour Joseph Didier, son père.
 [...]
 
 Il ne nous reste donc plus qu'à poursuivre cette étude et à 
				rechercher ce que les autres communes ont présenté de 
				particulier relativement au développement de la fièvre typhoïde.
 
 Buriville
 Buriville est un petit hameau de 148 habitants, presque entouré 
				de bois de tous côtés. Il est à 2 kilomètres de distance d'Ogéviler 
				et est traversé par un petit ruisseau renfermant un
				lieu infect dont la source est au milieu de la forêt.
 Depuis plus de 20 ans cette localité n'avait pas été visitée par 
				la fièvre typhoïde, lorsque cette maladie y pénétra en juillet 
				1877. La première personne atteinte fut une femme Mangin, chez 
				laquelle tous les symptômes prodromiques de la fièvre s'étaient 
				déclarés dès le surlendemain d'une visite qu'elle avait faite, 
				le 1er juillet, à Ogéviler où elle avait passé une partie de la 
				journée chez son oncle Bastien, demeurant vis-à-vis de la maison 
				Cherrier alors ravagée par la maladie. Cette pauvre femme mourut 
				au douzième jour d'une fièvre ataxo-adynamique. La fièvre 
				typhoïde se propagea ensuite dans la maison voisine et dans une 
				autre située en face de l'habitation Mangin.
 Ce petit foyer ne dura que 3 mois. 6 sujets furent frappés; il y 
				eut 1 décès : il fut donc circonscrit et eut une origine 
				contagieuse.
 [...]
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