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 A. DedenonVÉHO - Éléments de Monographie
 1931
 
				SOMMAIRE1. QUELQUES POINTS D'HISTOIRE LOCALE
 1. Les origines.
 2. Vého dans le Comté de Blâmont.
 3. Vého dans la Châtellenie de Lagarde.
 4. Vého déclaré français.
 
 II. DESCRIPTION DU VILLAGE.
 1. Population.
 2. Le territoire et le village.
 3. L'église.
 4. Les maires.
 5. Les curés.
 6. Les régents d'école et instituteurs.
 
 III. LA GRANDE GUERRE.
 1. Destruction du village.
 2. La reconstruction du village.
 
 AUX HABITANTS DE VÉHO
 
 Cette brochure qui se recommande à votre attention n'est pas un 
				livre prétentieux, mais une courte et simple notice sur votre 
				village.
 L'auteur, ancien curé. de la paroisse, s'est fait une joie de 
				rassembler ses anciens souvenirs et de les consigner dans ces 
				pages.
 L'éditeur-imprimeur, enfant du lieu et non des moindres, est 
				fier d'utiliser ses presses en l'honneur de son pays natal et 
				d'envoyer, du rivage africain, à ses compatriotes ce témoignage 
				de sa fidèle sympathie.
 Votre cher curé, l'abbé Klein, est heureux de distribuer à tous 
				ses paroissiens cette étude historique et descriptive.
 Voici donc des annales anciennes. Les appellerons-nous annales 
				de gloire ? Non point, car Vého n'est pas entré dans la grande 
				histoire, et c'est peut-être un avantage. Nous les nommerons 
				seulement annales d'épreuves et de consolations, mais où les 
				souffrances sont plus nombreuses que les joies, comme il arrive 
				toujours en ce monde.
 Ce modeste essai se présente comme un complément de l'Histoire 
				du Blâmontois et tirera de ce cadre général toute sa netteté, 
				puisqu'un village n'a de vie que dans sa région et de 
				physionomie particulière que dans son milieu.
 Puisse-t-il intéresser tous nos lecteurs et leur inspirer un 
				amour plus vif de la terre natale et une estime encore plus 
				haute de la vie à la campagne !
 
 
				Quelques points d'histoire locale
 1. Les Origines.
 
 Toute la région où se trouve Vého était primitivement englobée 
				dans la Sylva vosagensis : Forêt vosgienne. A quelle date 
				cessa-t-elle d'être déserte ? Quels furent les premiers lieux 
				défrichés et habités ? Autant de questions insolubles. On sait 
				pourtant que, vers la fin des temps gallo-romains, passait non 
				loin de là, une voie, d'où les premiers colons se sont déversés 
				sur la contrée. Cette voie a été décrite dans l' Histoire du 
				Blâmontois. Elle allait du Donon au Léomont et marquait une 
				étape vers Xousse. Plusieurs localités de ces parages portent 
				des noms dont la forme latine ou bas-latine indique qu'ils 
				remontent à cette époque. Ce sont:
 Albus mons (Blâmont), Alta petra (Autrepierre), Lenteres (Leintrey), 
				Xulces (Xousse), Sures (Xures).
 Vého n'est point dans ce cas. Néanmoins l'étymologie des noms 
				peut être utile pour découvrir l'ancienneté des villages.
 D'où vient ce vocable ? Les plus anciennes chartes où paraisse 
				ce mot, l'écrivent: Wihoth (1034), Vïhoz ou Wéhois (1311), Vehey (1380). Ce n'est pas un mot composé, comme le sont 
				beaucoup de noms de lieux, ni un nom d'accident topographique. 
				Serait-il déplacé d'y voir un nom propre de fondateur ou de 
				bienfaiteur ? Ce qui le donne à penser, c'est le point 
				d'histoire suivant que nous devons exposer.
 Depuis le Xe siècle, l'autorité des comtes de Lunéville paraît 
				évidente sur les terres avoisinant la voie romaine entre le 
				Donon et Léomont. Les donations qu'ils font à l'Abbaye St-Remy 
				le prouvent. Elles consistent en biens situés à Frémonville, à 
				Bénaménil, à Adoménil. Or, un des ancêtres de ces comtes nommés 
				Folmar et ayant des attaches avec les comtes d'Alsace s'appela 
				Vuher ou Véher ou même Vernher et il fonda, vers l'an mil, 
				l'abbaye de Hugoncourt, comme nous l'apprend une bulle du pape 
				Innocent II. N'y a-t-il pas une ressemblance frappante entre ce 
				nom et les formes citées plus haut de Wihoth, Wéhois, surtout 
				Véhey ?
 L'argument qui suit est meilleur encore: il repose sur la 
				donation de 1034 qui mentionne Wihoth pour la première fois. Les 
				deux fils de Folmar III, le vieux, qui fonda Saint-Rémy, en 999, 
				se nomment Godefroy et Hermann. Ils ont remplacé les moines de 
				leur abbaye, devenus indignes, par des moniales ou nonnes, que 
				gouvernent Adélaïde, puis Uda, soeur d'Adelbéron III, évêque de 
				Metz. C'est pour les avantager qu'ils détachent, de leur 
				patrimoine commun, le village de Bénaménil, avec son église; 
				celui de Frémonville, avec son église: quatre manses à Wihoth, 
				avec son bois; divers biens à Adoménil.
 Cette donation est de 1034. Le bois cité ici est le Rémabois qui 
				tient son nom d'Hermann, comme Hermamagney, Hermaménil et même 
				Remoncourt, tous lieux voisins. Vého n'a pas encore d'église. 
				Ses quatre manses désignent quatre familles de serfs avec leur 
				habitation et les terres qu'elles exploitent. La population. 
				n'en compte, sans doute, qu'un petit nombre d'autres. L'origine 
				de Vého se trouve ainsi engagée dans le sillage de Saint-Rémy de 
				Lunéville.
 
 2. Vého dans le Comté de Blâmont.
 
 Vers 1140, comme l'indique une bulle d'Innocent III, les 
				moniales de St-Remy cédèrent, à leur tour, la place aux 
				Chanoines Réguliers de St-Augustin. Alors, Vého reçut une 
				chapelle, dans les mêmes conditions que Pessincourt, petit 
				hameau proche d'Einville. C'était encore l'usage de choisir les 
				apôtres comme titulaires des églises: la nôtre fut placée sous 
				le patronage de Saint André.
 Le pays de Lunéville s'est formé avec l'aide des moines et 
				chacun de ses villages fut rattaché à l'un ou l'autre des 
				monastères qui, existaient aux environs. En étendant sur le pays 
				sa vaste ramure, l'arbre monacal dispensait largement son 
				ombrage bienfaisant, je veux dire: l'appui spirituel et 
				temporel, et, comme un lierre fragile, les petits arbustes 
				s'attachaient à ses branches vigoureuses.
 Au XIIIe siècle, Vého a totalement changé de juridiction, au 
				spirituel comme au temporel, sans que nous puissions préciser 
				les conditions de ce changement.
 Au spirituel, la paroisse a passé du patrimoine de St-Remy de 
				Lunéville à celui de l'Abbaye de Saint-Sauveur, peuplée aussi de 
				Chanoines Réguliers. Elle suivit dès lors le sort de Leintrey, 
				Reillon, Blémerey et Dornèvre. Cette dépendance vis-à-vis des 
				Abbés de Saint-Sauveur subsistera jusqu'à la Révolution.
 On sait qu'à cette époque les Prieurés assuraient la desserte 
				des paroisses de leur ressort. Vého et Leintrey, désormais unis, 
				eurent, comme curés, des Chanoines faisant partie du Prieuré 
				St-Rémy de Domèvre. Tout proche, le Prieuré du Chesnois, fondé 
				sur Emberménil pour des Chanoines Réguliers de Chaumousey, 
				assurait le même service à Domjevin et à Manonviller. C'est le 
				temps où s'effectua la séparation des dîmes ou redevances 
				ecclésiastiques d'avec les prestations civiles. Nous possédons 
				une lettre de l'évêque de Metz, Jean de Vienne, datée de 1365, 
				qui accorde à l'abbé de Saint Sauveur le droit de patronage sur 
				les paroisses situées da son diocèse. Vého et Leintrey sont dans 
				ce cas. (Arch. dép. H. 1374).
 Au temporel, Vého fut englobé dans les Etats du puissant Comte 
				Henri Ier de Blâmont. On sait l'activité de ce seigneur et son 
				habileté à grouper tous les environs sous sa domination, mais on 
				ignore les moyens qu'il prit ici pour substituer son autorité à 
				celle de l'abbaye St-Rémy de Lunéville. Il n'était pas, du 
				reste, seul seigneur féodal dan ce lieu; Bertrand de Deneuvre y 
				possédait un petit fief qu'il vendit, en 1312, au dit sire Henri 
				de Blâmont.
 Pendant que Reillon jouissait, nous ne savons pourquoi, des 
				privilèges de la loi de Beaumont, Vého Leintrey suivaient les 
				coutumes de Blâmont, tout en gardant les mesures de l'évêché de 
				Metz, appelées aussi mesures de Vic. Ils avaient donc un doyen 
				pour prélever les taxes et faire exécuter les ordonnances. La 
				justice se rendait aux Plaids annaux du Comté.
 Mais, à cette grande distance du château seigneurial, le joug 
				féodal ne pesait guère. Il n'y avait pas de corvée de garde et 
				peu de corvée de travail. Par contre, la protection du comte 
				restait bien vague. Nous signalerons seulement une servitude 
				assez lourde que Vého partageait avec Frémenil. L'origine en est 
				inconnue. Sa teneur est ainsi énoncée dans les comptes du 
				domaine: «  Les habitants de Vého, conjointement avec ceux de 
				Fréménil, devront aller quérir jusqu'à Cirey, les bauchons qu'il 
				conviendra avoir pour couvrir le pont de Domjevin, toutes les 
				fois qu'il en avait affaire, soit qu'on le refit à neuf ou 
				autrement, en échange de quoy ils ne payent aucun passage à 
				Domjevin, comme les autres villages du comté.» (LEPAGE : les 
				communes de la Meurthe, II, p. 644).
 Les crues de la Vesouze endommageaient souvent ce pont et il ne 
				fallait pas manquer, pour satisfaire un public exigeant, de 
				faire, en temps voulu, les charrois nécessaires.
 Cette servitude se prolongea jusqu'au temps du duc Léopold, qui 
				fit établir la longue chaussée et les nombreux ponts de pierre 
				qui. subsistent encore.
 En 1308, une incursion de Messins, arrivant par Lagarde, étendit 
				ses brigandages jusqu'à Deneuvre et fit, à l'aller et au retour, 
				de grands dégâts, à Domjevin et dans les environs. Le petit 
				hameau de Frisonviller, situé à l'emplacement actuel de la Bonne 
				Fontaine, fut détruit dans cette circonstance et ne fut jamais 
				relevé. Vého eut-il aussi à souffrir ? Les chroniques n'en 
				parlent pas. On s'étonnerait qu'étant si proche, il fût resté 
				indemne.
 Henri Ier de Blâmont, se croyant près de mourir, prépara, en 
				1311, son partage de famille: Leintrey fut attribué à son aîné, 
				mais Vého fut mis avec Domjevin dans la part du cadet.
 Ce partage resta lettre morte. Néanmoins l'indication qu'il 
				portait fut réalisée dans la suite, en 1346 et en 1377. 
				L'arrangement, pris en cette dernière année, attribua Vého, 
				Domjevin, Chazelles, Reillon, Laneuveville-aux-Bois, au second 
				fils de Thiébaut Ier, nommé Adhémar. Celui-ci, étant mort peu 
				après, laissa sa part à son frère, Thiébaut II, qui était 
				installé au château de Lagarde. Ce château, appartenant aux 
				évêques de Metz, venait d'être engagé à la famille de Blâmont. 
				Qu'on ne s'en étonne pas: les seigneurs de ce temps singulier 
				s'épuisaient à faire la guerre et, quand ils étaient ruinés, ils 
				trafiquaient leurs apanages.
 Comme Lagarde resta durant près d'un siècle au pouvoir de la 
				famille de Blâmont, à titre de gage non retiré, Vého finit par 
				être considéré comme une dépendance de la châtellenie de 
				Lagarde.
 En 1408, mourut, à Lagarde, Jean 1er de Blâmont, son seigneur 
				éventuel, qui, par testament, légua tons ses droits à Henri IV, 
				comte de Blâmont, son cousin. Vého rentra ainsi dans le comté.
 Bientôt après, l'Eglise de Metz eut pour évêque un prélat 
				entreprenant qui prit à tâche de réparer les fautes de Raoul de 
				Coucy et de reconstituer l'ancien Temporel de l'évêché. Le 
				rachat de Lagarde fut conclu, non sans difficultés, entre 1415 
				et 1420. Vého fut compris dans ce marché et resta l'un des vingt 
				villages que comptait alors la châtellenie de Lagarde. Sa 
				position en fit un îlot messin perdu en pleines terres 
				blâmontaises.
 
 3. Vého dans la châtellenie de Lagarde.
 
 L'évêque Conrad Bayer de Boppart ne cacha pas sa joie d'avoir 
				récupéré Lagarde, dont le château, quelque peu délaissé après la 
				mort de Jean de Blâmont, menaçait ruine. Bientôt son activité 
				rendit à la châtellenie toute sa prospérité. On sait que les 
				Évêques de Metz résidaient à Vic depuis fort longtemps, à cause 
				de l'insubordination des citadins de la ville épiscopale. 
				Lagarde devint, dès lors, leur maison de campagne, en été. Le 
				château fut restauré, l'étang aménagé et un moulin construit 
				pour tous les sujets. Conrad de Boppart y mit un tel soin que, 
				suivant Meurisse, «  cette propriété fut le lieu de toutes ses 
				terres où il s'aimait le plus, à cause de la chasse qui y était 
				fort belle. »
 La donation de 1506 qui fit passer dans la famille ducale la 
				possession du comté de Blâmont n'atteignit pas Vého, non plus 
				qu'Emberménil, Laneuveville-aux-Bois et Xousse. Cependant, 
				certaines portions de ces derniers territoires étant déjà aux 
				ducs de Lorraine, furent réunies après coup au comté lorrain de 
				Blâmont. On eut ainsi des villages qui furent en partie messins 
				et en partie lorrains.
 En 1635, notre village paya, comme ses voisins, son tribut aux 
				malheurs de la Lorraine; cependant la peste et la famine y 
				firent plus de victimes que la guerre. On ne voit pas que 
				l'église ou les maisons y aient subi une destruction ou un 
				déplacement, sauf peut-être la Petite Vého, aujourd'hui appelée
 le faubourg, réduit à trois petites maisons qu'une vague 
				tradition dit avoir été un hameau plus considérable et détruit 
				par les Suédois.
 
 4. Vého déclaré français.
 
 Le surnom de «  Français de Vého » était naguère encore usité, 
				comme celui de «  Buriville-en-France». Les Lorrains le 
				prononçaient d'un air narquois. Mais, aujourd'hui, toute 
				animosité a disparu et le temps a pleinement réconcilié les deux 
				nationalités. Ce sont les édits de la Chambre d'annexion, rendus 
				entre 1680 et 1683, qui ont ainsi francisé Vého, Fréménil, 
				Buriville, Herbéviller et tous les territoires qui auparavant 
				avaient appartenu, à un titre quelconque, aux Trois Evêchés.
 Le XVIIIe siècle se passa sans incident notable.
 Les doléances formulées, en 1789, par la communauté n'offrent 
				rien de spécial, sinon une plainte nettement formulée contre le 
				moulin banal de Lagarde, où chaque habitant devait faire moudre 
				ses grains. Ce moulin, disent les cahiers, est trop éloigné. On 
				gagnerait du temps à se présenter aux moulins plus rapprochés. 
				Si encore il n'y avait pas de préférences... Mais trop souvent 
				les gens venant de loin ne passent même pas à leur tour. Ces 
				abus sont intolérables.
 L'abolition des anciens privilèges et l'ensemble des lois 
				révolutionnaires purent ne pas déplaire aux compatriotes de 
				l'abbé Grégoire. Cependant on ne vit jamais ces gens, favorables 
				peut-être à l'idée de liberté, se livrer à des manifestations 
				exagérées ou à des attentats contre les personnes. Du reste, il 
				n'y eut jamais de nobles dans leurs rangs.
 Qu' est-il resté des anciennes institutions si fort malmenées 
				par l'opinion moderne ? Nous ne ferons pas grand état des pâtis 
				communaux, qui cependant sont toujours de quelque utilité pour 
				les pauvres. Un bien plus appréciable est la forêt, qui depuis 
				des siècles fournit au village son chauffage annuel. La 
				jouissance en fut concédée par les évêques de Metz, dans des 
				formes inconnues.
 En 1746, un jugement rendu pour réglementer l'usage des forêts 
				de l'évêché de Metz, alloua au village de Vého la portion des 
				bois de Lagarde que nous lui connaissons encore. L'acte en était 
				conservé aux archives communales, mais il a disparu en 1914. 
				Après la Révolution, ladite jouissance fut convertie en 
				véritable propriété foncière. On a beau dire, les maîtres 
				d'autrefois furent bien avisés dans les avantages qu'ils 
				faisaient à leurs sujets.
 Depuis que Vého est incorporé au canton actuel de Blâmont, il 
				n'a plus rien qui le distingue des environs et il en a adopté 
				l'esprit et les usages, tout en conservant les mesures agraires, 
				qu'il est facile d'adapter aux mesures nouvelles.
 
 
				Description du village
 1. Population.
 
 On sait que les recensements ne furent en usage qu'après la 
				Révolution. Dans les temps qui précèdent, la population ne peut 
				être évaluée que d'une façon approximative.
 Au XVIe siècle, le nombre des habitants de Vého ne devait guère 
				dépasser la centaine. Les malheurs de 1636 réduisirent ce 
				chiffre à quelques unités. En 1705, un procès-verbal de visite 
				canonique y mentionne 90 communiants. Au cours du XVIIIe siècle, 
				la natalité est abondante, comme dans les environs et, vers 
				1789, le chiffre de 300 est largement atteint.
 Les actes paroissiaux, remontant à 1695, auraient pu fournir des 
				précisions plus exactes, mais ils furent tous détruits en 1914. 
				Une analyse en avait été faite, permettant de reconstituer la 
				généalogie de chacune des familles, mais cet écrit lui-même, 
				d'un intérêt manifeste, a péri, comme les autres archives.
 Nous avons retenu quelques notes des familles les plus vivaces 
				avant 1789 : Bister, Gérardin, Leclerc, L'Hôte, Liotté, Simon, 
				Thiêbaut, etc...
 Trois figures marquantes sont à signaler dans ces temps anciens. 
				Ce sont trois prêtres contemporains, très liés entre eux, mais 
				dont le sort fut très différent :
 Le premier en date fut CHRISTOPHE LHOTE, né à Vého, le 20 mai 
				1748. Il fut bénédictin dans le couvent de St-Vanne et St-Hydulphe 
				de Verdun. Chassé de son monastère par la Révolution, même après 
				avoir prêté les serments exigés par les lois, il s'en revint 
				vivre dans sa famille à Vého où il toucha sa pension de 800 
				livres. Nul ne l'inquiéta pendant les mauvais jours de la 
				Terreur. Son caractère accommodant ne pouvait porter ombrage à 
				personne. Nommé constitutionnellement curé à Herbéviller, il 
				refusa ce poste, se confina dans une prudente obscurité et ne 
				reprit le culte à Vého et à Reillon qu'en 179B, avec la 
				tolérance des lois.
 En 1B03, l'évêque de Nancy l'ayant envoyé comme succursalier à 
				Morville-sur-Nied, près de Nomeny, il refusa de s'y rendre, à 
				cause de sa mauvaise santé. Certains esprits malicieux ajoutent 
				qu'il aurait pu prétexter aussi son incapacité. Toujours est-il 
				qu'il resta à Reillon et le desservit jusqu'à sa mort, en 
				occupant le presbytère ancien situé en face de l'église.
 Il fit de nombreuses démarches pour faire rendre à ce lieu son 
				titre curial, mais il mourut en 1810, sans avoir pu réussir. Il 
				a laissé un nom honoré et le souvenir d'une vie sans tache.
 
 NICOLAS JENNAT dut naître aussi à Vého, vers 1762; après sa 
				prêtrise, il fut donné comme vicaire à Grégoire pour administrer 
				Vaucourt et passa à Lagarde, comme vicaire en 1789. On dit que, 
				pendant la Terreur, il vécut caché à Martincourt avec Colin, 
				curé d'Emberménil, connu sous le nom de P. Nicolas.
 A la restauration du culte, l'abbé Jennat fut envoyé à Croismare 
				et y acheva sa carrière. On lui doit la fondation de deux lits à 
				l'hospice des Vieillards de Lunéville, surnommé le Coton. Les 
				paroisses qui pouvaient en bénéficier étaient Vého, Vaucourt, 
				Croismare et Manonviller. L'attribution de ces lits était 
				réservée au curé de Manonviller.
 
 HENRI GRÉGOIRE fut un personnage bien plus renommé, mais sa 
				célébrité ne l'exempte pas de graves reproches. Il naquit à Vého 
				le 4 décembre 1750, de Bastien Grégoire et de Marguerite 
				Thiébaut. Le père venait d'Azerailles et exerçait l'humble 
				profession de parementier ou tailleur d'habits. Son logis, situé 
				vers le milieu du village, était des plus modestes. Une plaque 
				commémorative le désignait à l'attention jusqu'en 1914. La 
				guerre l'a renversé comme les maisons voisines.
 Ce n'est pas le lieu de détailler ni sa vie publique, ni son 
				rôle pendant la Révolution. L'histoire les fait connaître. 
				Lunéville a voulu honorer sa mémoire en érigeant sa statue sur 
				une de ses places publiques. Rappelons seulement qu'après de 
				bonnes études faites à Nancy, il fut ordonné prêtre en 1775; il 
				obtint, en 17B2, la cure d'Emberménil qu'il géra brillamment 
				jusqu'à son départ pour Paris, en qualité de Député à la 
				Constituante. Cette fonction publique interrompit son ministère 
				pastoral, en 1790. A ce sujet, nous pouvons relever un aveu 
				mélancolique, contenu dans ses Mémoires: «  Le temps où j'étais 
				curé a été le plus beau de ma vie. »
 On sait qu'il fut nommé évêque constitutionnel du Loir-et-Cher 
				et que, toute sa vie, il resta fidèle aux idées 
				révolutionnaires. Réfractaire aux arrangements du Concordat, il 
				perdit tout rang dans la hiérarchie ecclésiastique. L'Empire en 
				fit un sénateur, la Restauration un Pair de France, l'Institut 
				lui ouvrit ses portes.
 D'une vie intègre et même austère, il eut à coeur de remplir 
				jusqu'au bout les obligations sacerdotales comme la récitation 
				du bréviaire, mais il refusa de se réconcilier avec le pouvoir 
				spirituel; aussi, quand il mourut, en 1831, il fut privé de la 
				sépulture ecclésiastique. Ses funérailles civiles à Paris furent 
				l'un des gros scandales de l'époque.
 La Lorraine ne le revit qu'une fois après son départ d'Emberménil. 
				Ce fut en 1B03, quand il vint prier sur la tombe de sa mère, 
				morte à Emberméni1, le 22 septembre 1799. Ses Mémoires relatent 
				ce voyage. Ses impressions y prennent la forme d'une méditation 
				saisissante.
 Le monument, érigé sur la tombe de sa mère, reçut une longue 
				inscription funéraire, terminée par ces mots: «  Priez Dieu pour 
				la mère et le fils. » Grégoire vint ensuite à Vého sur la tombe 
				de son père, et y fit élever encore un monument modeste avec 
				cette inscription: «  Cy-git, attendant la résurrection, le corps 
				de Sébastien Grégoire, fabricien des Trespassês, époux de 
				Marguerite Thiêbaut, inhumée à Emberménil, décédé à l'âge de 84 
				ans, le 27 août 1783, muni des sacrements de l'Eglise. »
 En érigeant ce monument à la mémoire d'un père chéri, Henri, son 
				fils, ancien évêque de Blois, remercie Dieu d'avoir été élevé 
				chrétiennement par ses vertueux parents, qu'il espère rejoindre 
				dans la bienheureuse éternité.
 Il réclame des prières «  pour le père et le fils ».
 Bien qu'entachée de fautes graves, cette figure de l'abbé 
				Grégoire est assez grande, par certains côtés, pour mériter de 
				survivre dans le souvenir de ses compatriotes. Un tel homme 
				reste une gloire pour son village natal.
 Laissons passer le XIXe siècle. Quand il prend fin, le nombre 
				des habitants de Vého est en décroissance. Peut-être aimera-t-on 
				de relire les noms des familles qui s'y trouvent:
 Alain, André, Ary, Barchat, Bastien, Bister, Camail, Chatel, 
				Chatton, Clasquin, Crouvizier, Cuny, Delarue, Friot, Garlant, 
				Gérardin, Jacquemin, Lavaux, Leclerc, Liotté, Loubet, Magron, 
				Marchal, Michel, Munier, Perrin, Picard, Pierre, Pierrat, 
				Rassemusse, Rouillon, Schwartz, Simon, Simonet, Sutter, et 
				Verlet.
 Le souvenir en est cher à tous. Nombreux sont déjà les vivants 
				de cette époque qui gisent maintenant dans la tombe comme nous 
				nous y coucherons à notre tour. Le tertre sacré qui a reçu leur 
				corps est toujours au coeur du village. Jusqu'à ces derniers 
				temps, la vieille église, témoin des baptêmes, communions, 
				mariages et funérailles, y abritait leur dépouille mortelle. 
				Aujourd'hui, ses ruines elles-mêmes ont disparu. Il importe 
				cependant que ce champ sur lequel plane l'âme du passé, garde à 
				jamais son caractère religieux, qu'un gazon vulgaire n'y dérobe 
				pas au regard les dalles funèbres, qu' une croix plantée à 
				l'endroit où s'offrit le divin sacrifice y dresse son signe 
				d'espérance, comme c'est le voeu et l'usage de l' Eglise.
 
 2. Le Territoire et le Village.
 
 Le territoire est immense. Il est d'une fertilité moyenne et les 
				difficultés qu'il présente à la culture dépassent les conditions 
				ordinaires du travail agricole. Cependant l'habitude aidant, 
				chacun s'accommode avec la nécessité. Son sol marneux convient 
				aux céréales et ne renferme aucune pierre. Deux points 
				culminants: le Haut du Thiut et le Haut de Domjevin, reliés par 
				la route, créée en 1834, forment avec le fort de Manonviller 
				tout le relief du paysage.
 Le Haut des Vignes a perdu son vignoble depuis trente ans. Que 
				de noms pareils gardent le souvenir d'usages depuis longtemps 
				périmés : ainsi le pré-le-prêtre, le pré-du-vin, le champ-des-trespassés, 
				etc.
 Signalons encore, à quelques pas du faubourg, la fontaine 
				St-André dont l'eau était réputée miraculeuse. La grande croix 
				de pierre érigée par la famille Simon continue à braver le temps 
				et les ravages des guerres.
 Avant 1914, les maisons du village s'étageaient en deux lignes 
				parallèles, au revers septentrional de la côte de Domjevin ; 
				elles étaient au nombre de cinquante, serrées les unes contre 
				les autres, à la mode lorraine, ignorant le confort et payant 
				peu de mine. Plusieurs abritaient jadis trois et même quatre 
				ménages qui usaient du même corridor, parfois même de la même 
				cheminée.
 Jusqu'en 1880, l'école fut logée dans la chaumière vraiment 
				insuffisante qui était en avant du cimetière. Elle fut depuis 
				transférée dans un immeuble plus grand, l'un des premiers palais 
				scolaires de la région, situé en face de la route d'Emberménil. 
				Un maître de haute valeur, M. Pierre, y enseigna pendant 34 ans.
 
 3. L'église.
 
 La première chapelle de Vého remonte au XIIe siècle. L'ancienne 
				église, incendiée en 1914, avait été construite au XVIe siècle. 
				Elle avait tous les caractères de l'architecture usitée à cette 
				époque: choeur carré, fenêtres lancéolées, loculus du côté de 
				l'évangile etc... Des édifices semblables se voyaient à 
				Leintrey, à Reillon, à Xousse, à Fricourt, à Autrepierre.
 Comment expliquer cette abondance de constructions en un temps 
				où nos ancêtres étaient si souvent désolés par la peste ? La 
				bienfaisance des évêques de Metz, qui étaient alors issus de la 
				famille ducale, n'est sans doute pas étrangère à tout ce 
				mouvement.
 Vého fut des premiers à réaliser ce renouveau. Personne n'aurait 
				pu assigner une date exacte à la construction de son église, si 
				un incident récent ne l'avait révélée d'une façon inattendue.
 En 1913, M. l'abbé Colin, alors curé, découvrit au cours d'une 
				réparation au maître autel, le tube qui renfermait les reliques 
				et le procès-verbal de consécration de cet autel. L'acte, lu par 
				M. Pauly curé d'Avricourt, était daté de 1520 et portait eu 
				substance que «  ledit autel fut consacré en l'honneur du Dieu 
				Tout-puissant, de la B. V. Marie, de Saint André, patron de la 
				paroisse, et de St-Thièbaut confesseur, par le Révérendissime 
				Père et Seigneur frère Conrad Heyden, évêque de Nicopolis, 
				suffragant de Metz, de l'Ordre des Carmes, par mandement de 
				Jean, Cardinal de Lorraine et évêque de Metz.» Ce prélat, plus 
				connu sons le nom de Conrad le Payen, était en effet coadjuteur 
				de Metz à cette époque et mourut, en 1529, après une vie 
				passée-a Vic, dans les pratiques d'une rare sainteté.
 L'édifice, tout entier du même style, était de dimensions 
				restreintes. Le choeur seul en était resté. La nef devenue 
				insuffisante au XVIIIe siècle fut agrandie et agrémentée d'une 
				tour carrée, servant de portail, le tout dans le goût du temps 
				et d'une banalité justement flétrie sous le nom de style grange.
 Cette innovation, qui eut lieu vers 1720, coïncide avec 
				plusieurs autres améliorations dues au P. Collignon, curé de 
				Leintrey et de Vého. En 1718, la moyenne cloche - donc la 
				sonnerie en comportait trois - fut refondue. Peu après, bien 
				qu'il n'eût pas de presbytère, Vého reçut un administrateur 
				spécial, un chanoine régulier résidant à Leintrey. En 1760, la 
				communauté acquit une maison pour loger le prêtre devenu vicaire 
				résidant. L'immeuble était modeste, il fut utilisé t'el quel 
				jusqu'en 1880. Transformé à cette époque par un curé 
				entreprenant, il devint une habitation plus commode sans être 
				luxueux.
 Vers 1770, un incendie détruisit la nef de l'église sans 
				endommager le choeur ni la tour. On répara les dégâts, mais, 
				faute de ressources, on négligea d'élever la toiture nouvelle à 
				la hauteur de l'ancienne. Par suite, la silhouette extérieure du 
				monument fut irrégulière, le plafond fut trop bas et la pointe 
				supérieure de l'arc triomphal disparut aux regards. Le 
				maître-autel en bois sculpté, pareil à celui qui est encore à 
				Autrepierre et à Laneuveville-aux-Bois, était le seul meuble 
				ayant quelque valeur.
 Pour être médiocre de forme, l'édifice était-il moins vénérable 
				? Non, certes. Pendant ses quatre siècles de durée, combien de 
				cérémonies avait-il abritées, toutes vibrantes de piété sincère 
				et profonde, telle que la ressent l'âme paysanne. L'émotion fut 
				poignante quand les flammes allumées par les Allemands 
				enveloppèrent le vieux moutier et le firent effondrer.
 La sonnerie comportait trois cloches au XVIIIe siècle. En 1793, 
				les églises ayant été dépouillées de leur mobilier au profit de 
				la Nation, les trois cloches prirent le chemin des ateliers de 
				fonderie pour servir aux besoins des armées. Vers 1820 
				seulement, les clochers retrouvèrent leur voix d'airain et leurs 
				gracieux carillons. A Vého la sonnerie rétablie en 1825 eut un 
				cachet particulier. Ses notes aiguës chantaient en mineur. On se 
				rappelle avec plaisir le réveil joyeux qu'une vieille tradition 
				leur faisait lancer à l'aube de Pâques et du Nouvel An. Comme 
				leurs vibrations alertes martelaient l'air, suivant un rythme 
				régulier rappelant celui des batteurs en grange ! Vieux usages, 
				causes de fierté et d'allégresse, qu'êtes-vous devenus ? La 
				gracieuse sonnerie ne vit pas la fin du siècle. Le 14 juillet 
				1899, en annonçant la Fête Nationale, la moyenne cloche brisa sa 
				voix sans cause apparente. Renouveler toute la sonnerie parut le 
				meilleur parti à prendre et ce fut l'occasion de la rendre plus 
				forte et de la faire chanter en majeur. La bénédiction en fut 
				solennelle, au mois de novembre 1900.
 Les joies du baptême n'étaient pas oubliées, que déjà se 
				présentait la :fin. Dans l'incendie de 1914, deux cloches furent 
				fondues. La troisième fut préservée on ne sait comment et servit 
				pendant la guerre à jeter l'alarme, en annonçant les 
				bombardements ou l'invasion des gaz toxiques.
 
 4. Les Maires.
 
 Nous ne pouvons en donner la liste que depuis 1800 :
 BISTER (18°03-1823); DIDIER (1823-1836); GÉRARD IN (1836-1837); 
				LECLERC (1837-1851); LIOTTÉ (1851-1867); BISTER (1867-1873) ; 
				LIOTTÉ (1873-1876) ; GÉRARDIN (1876- 1877); BISTER Constant 
				(1877-1887); LECLERC François (1887-1895) ; SIMONET 
				Jean-Baptiste (1895-1902) ; CLASQUIN Aimé (1902-1912);. MUNIER 
				Jean-Baptiste (1912-1920); GÉRARDIN Désiré (1920-1928) ; PICARD 
				Hippolyte (1930).
 
 
				5. Les Curés.
 Nous avons dit qu'après les malheurs de 1636, la paroisse de 
				Vého s'était trouvée annexée à Leintrey ; elle fut donc 
				desservie depuis 1690 par le saint curé Collignon. A partir de 
				1718, des administrateurs lui furent donnés:
 FRANÇOIS MARCHAL, qui meurt à Leintrey, le 25 mai 1719, âgé de 
				50 ans; CHARLES CHRISTOPHE (1720-1757) ; P. FRIDERICY 
				(1757-1761); JEAN-BAPTISTE PARIS (1761- 1766). Tous étaient 
				Chanoines Réguliers et habitaient Leintrey, sauf les deux 
				derniers qui se disent administrateurs de Gondrexon où ils ont 
				leur résidence.
 SYLVESTRE BOULANGÉ, lui aussi Chanoine Régulier, fut le premier 
				à s'installer au presbytère de Vého. Il l'occupa de 1766 à 1778. 
				Il était né à Lunéville, en 1727. Profès en 1745, prêtre en 
				1754, il fut vicaire à Marainviller, puis à Thiébaumênil, enfin 
				à Vého ; il devint ensuite curé de Bettainvillers, jusqu'en 
				1790. Ayant renoncé alors aux fonctions sacrées, il se 
				retrouvera, vivant laïquement d'abord à Lunéville, puis à 
				Bouviller, où la mort l'enlèvera, le 7 mai 1795.
 ALEXANDRE FERRY, fut vicaire résidant de 1778 à 1790. C'était un 
				prêtre âgé. En faisant, en 1790, la déclaration de ses revenus, 
				il déclara qu'il voulait se retirer de Vého. Il en sortit en 
				effet et on ne sait ni le lieu ni la date de sa mort.
 MARTIN ROLLIN lui succéda. Il résidait à l'abbaye de Domèvre, 
				comme prêtre habitué. Peut-être reçut-il de l'abbé de Domèvre 
				une commission régulière et fut-il curé légitime ; toujours 
				est-il qu'il prêta les serments exigés par les lois et fut nommé 
				constitutionnellement curé d'Herbéviller. Mais il refusa cette 
				promotion en alléguant son attachement pour les gens de Vého. Il 
				passa parmi eux toute la Révolution sans être inquiété. Le 
				Concordat le confirma dans l'administration de la paroisse et la 
				mort seule l'en arracha, en 1835. Sa tombe se trouvait au côté 
				droit du portail de la tour.
 Vého n'avait pas le titre de succursale en 1802. Pour l'obtenir, 
				les habitants adressèrent une pétition aux autorités 
				compétentes. Ils alléguaient que, depuis cent ans, ils avaient 
				un prêtre résidant parmi eux, que la population augmentait sans 
				cesse, que l'église et le presbytère étaient en bon état, que le 
				titre de succursale était indispensable. Envoyée le 28 août 
				1809, la demande revint, peu après, avec la faveur accordée.
 HOUILLON JEAN-BAPTISTE succéda au précédent, de 1836 à 1848. Né 
				à Verdenal en 1792, ordonné prêtre en 1816, il devint curé de 
				Hablainville (1816), de Hesse (1820), de Serres (1823), de Vého 
				(1836). Retiré à Lunéville (1848) puis à Verdenal (1849), il 
				mourut le 15 juin 1856.
 MARCEL NICOLAS-ALEXANDRE (1849-1855) né à Cirey (1821), prêtre 
				(1848), vicaire à Foug (1848), curé à Vêho (1849), à Xousse 
				(1855) jusqu'à sa mort, le 4 janvier 1871.
 LEMPFRITT HONORÉ-TIMOTHÉE (1856-1860) né à Lixheim (1803), 
				prêtre (1827), vicaire à Badonviller (1827), curé de Lesmenils 
				(1829), aumônier régimentaire (1830), curé de Bernécourt (1833), 
				retiré à la Chartreuse (1831), curé de Vého (1856), de Borville 
				(1860), de Morville-lès-Vic (1860), mort en 1862.
 COLIN (1860-1879), mort à Vého, inhumé contre la tour du côté de 
				l'épître.
 PESCHER FRANÇOIS-DÉSIRÉ (1880-1882), né à Turquestein (1833), 
				prêtre (1863), professeur à la Malgrange (1865), curé d'Angomont 
				(1870), Jésuite (1876), Salésien (1878), curé de Vého (1880), de 
				Forcelles-sous-Gugney (1889), de Belleau (1890), retiré à Nancy 
				(1$95), décédé le 4 juillet 1909.
 RENEAUX JOSEPH (1882-1887) né dans le diocèse de Metz et 
				retourné dans ce diocèse après son passage à Vého.
 LEBON LOUIS (1887-1892), né à Bezange-la-Petite (1857), prêtre 
				(1883), vicaire à Baccarat (1883), curé de Vého (r887), de 
				Malleloy, jusqu'à sa mort (1892-1927).
 DEDENON ALPHONSE-JOSEPH (1893-19°0), né à Autrepierre (1865), 
				prêtre (1888), vicaire à Baccarat (1888), curé de Vého (1893), 
				de Favières (1900), aumônier à l'hôpital civil de Nancy (1910), 
				aumônier à Saint-Stanislas (1925).
 MEYER JOSEPH-DOMINIQUE-LÉON (1901-1905), né à Dieuze (1872), 
				prêtre (1896), vicaire à Baccarat (1896.), curé de Vého (1901), 
				de Domjevin (1905), jusqu'à sa mort (1925).
 COLIN MARIE-FRÉDÉRIC (1907-1914), né à Dornèvre-sur-Vesouze 
				(1876), prêtre (1902), vicaire à Frouard, curé de Vého (1907), 
				curé de Barbas (1918).
 Privée de curé résidant, la paroisse est actuellement 
				administrée par M. l'abbé Emile Klein, curé de Leintrey.
 Qu'il nous soit permis de placer à la suite de ces 
				ecclésiastiques le P. Henri Marchal, né à Vého, en 1875, prêtre 
				à Carthage en 1900, Assistant Général de la Société des 
				Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) que sa vocation et ses 
				talents rendent cher à ses compatriotes et à ses amis.
 
 6. Régents d'école et Instituteurs.
 
 D'après les actes paroissiaux, citons, comme régents d'école:
 Dominique FRACHAY (1741), Jean LAVAUX (1753), Charles LAURENT 
				(1783), et comme Instituteurs:
 GLAUDEL (1840), CLASQUIN (1844), BRIDEY (1856), BRETON, de 
				Leintrey (1859), qui passa à Foulcrey et à Igney, MONIN (1864), 
				BALLAND (1865), PIERRE Edouard (1869), maître de grande valeur, 
				qui resta pendant 34 ans fidèle à Vêho, malgré plusieurs offres 
				d'avancement et y mourut en 1903, deux ans après avoir pris sa 
				retraite.
 
 La grande guerre
 
 1. Destruction du village.
 
 Avant la guerre, Vého était un village paisible, laborieux, 
				aimant ses traditions. La vannerie ajoutait aux ressources 
				tirées de la terre un utile supplément. Un syndicat agricole 
				faisait apprécier les avantages de la mutualité. Sous la 
				direction d'un curé zélé, une société de jeunes gens cueillait 
				dans les concours des palmes nombreuses par son habileté 
				musicale. Continuer ainsi dans la paix eût été le bonheur ; mais 
				brutalement la guerre vint tout briser.
 Elle éclata dans les premiers jours d'août 1914. Aussitôt les 
				troupes de couverture, venant de Lunéville, occupèrent la zone 
				frontière, en se tenant à 10 kilomètres en arrière. Vého, qui se 
				trouvait à cette limite, fut rempli de soldats prêts à repousser 
				les premières incursions allemandes. Les mobilisés se rendirent 
				à leur poste et les civils anxieux suspendirent le travail des 
				moissons.
 La première collision sérieuse eut lieu, le 11 août, sur la 
				ligne Avricourt-Blâmont-Badonviller. Les Français cédèrent 
				quelque peu de terrain jusqu'à la Vesouze. Plusieurs soldats 
				tués ou blessés furent ramenés à Vého, où l'on improvisa un 
				cimetière militaire dans les jardins, au haut du village.
 L'offensive française du 20 août ayant échoué à Morhange, le 
				flot allemand accourut aussitôt, pour submerger le pays de la 
				Vesouze et de la Meurthe. Le 22, de violents combats essayèrent 
				d'arrêter cette invasion. Notre artillerie tenait les côtes 
				d'Emberméni1-Blémerey, tandis que nos troupes de ligne 
				s'échelonnaient devant Amenoncourt, Gondrexon, Chazelles. La 
				bataille dura deux jours sur ces positions. Vého était criblé 
				d'obus et rempli de blessés. Puis l'avance allemande déborda 
				Vého et Emberménil, pour atteindre le fort de Manonviller. Cet 
				ouvrage, que l'on croyait imprenable, avait été bombardé depuis 
				Chazelles et, en moins de trois jours, il avait été défoncé. La 
				garnison se rendit le 26.
 La population civile de Vého était toujours là. Du 23 au 30, 
				elle fut tenue enfermée: les hommes à la mairie, les femmes dans 
				diverses maisons. Quelques femmes seulement eurent permission de 
				sortir pour visiter le bétail que soignait la troupe. Aucun 
				sévices contre les personnes ne fut à regretter. Il y eut plutôt 
				des incidents comiques où se fait jour l'esprit teuton, comme 
				cette farce d'un goût douteux, provoquée par la naissance d'un 
				veau: l'animal est porté dans le lit des propriétaires; puis 
				ceux-ci sont amenés chez eux pour constater que leurs intérêts 
				sont bien soignés et, comme ils en restent ébahis, les gros 
				rires éclatent. Telle est la finesse d'Outre-Rhin.
 Pour célébrer la prise du fort de Manonviller, les vainqueurs 
				sonnent les cloches, relâchent les civils et les forcent à 
				déménager le fort. Jusqu'au 11 septembre, toute la région en 
				deçà de Lunéville reste sous la domination allemande. Mais la 
				victoire de la Marne force l'ennemi à reculer jusqu'à 
				Sarrebourg. Cependant cette délivrance n'est que passagère. 
				L'ennemi revient et l'état-major français juge prudent d'abriter 
				ses positions derrière la Vesouze. La zone qui s'étend au-delà 
				de cette rivière est sacrifiée. Les patrouilles des deux camps 
				s'y heurtent en collisions fréquentes et ont la manie d'accuser 
				les habitants d'espionnage. Vého cependant n'a de ce chef aucun 
				malheur à déplorer; Emberménil est moins favorisé.
 Dès le début de novembre, notre village subit le joug allemand. 
				Son occupation vint après des combats assez vifs. Ainsi, le 2 
				novembre, avait lieu un bombardement intense, au cours duquel 
				furent tués près de l'église le capitaine français Vergnaud et 
				son ordonnance. Le même jour, une balle d'obus vint frapper Mme 
				Liotté chez elle et la tua. Une autre balle atteignit M. Bastien 
				et lui cassa une jambe. Plusieurs dragons furent également tués 
				sur la hauteur.
 Obligés de battre en retraite, les Français laissèrent une 
				population atterrée et déjà réduite de moitié. Les Allemands, au 
				contraire, arrivèrent furieux de la résistance qu'ils 
				rencontraient. N'ayant pas de motif pour maltraiter les 
				personnes, ils tournèrent leur rage contre l'église. Le 5, les 
				soldats entassèrent de la paille et des fagots contre l'édifice 
				sacré et y mirent le feu. Les habitants durent assister 
				impuissants à l'incendie, jusqu'à l'effondrement du bâtiment. 
				Les jours suivants ce fut le tour de plusieurs autres maisons. 
				La période des ravages suédois semblait revivre. Toutes les 
				nuits, le ciel s'empourprait de rougeurs sinistres ; c'étaient 
				les villages de la contrée que l'ennemi brûlait l'un après 
				l'autre, pour effrayer la France.
 Les habitants qui avaient eu le courage de rester jusqu'alors 
				n'avaient plus qu'à songer à fuir vers l'arrière. Les Allemands 
				ne s'y opposèrent pas. L'exode se fit à la hâte, lamentable. Les 
				fugitifs se dirigèrent vers Laronxe, Bayon et d'autres lieux où 
				ils trouvèrent des connaissances. Le village abandonné fut 
				bientôt détruit par les déprédations que causaient sans scrupule 
				les patrouilles en campagne.
 Bientôt la guerre de mouvement fit place à la guerre de 
				tranchées qui dura jusqu'à l'armistice. Le front avait fini par 
				se stabiliser suivant une ligne qui, entre Emberménil et 
				Chazelles, suivait à peu près la limite des bans de Leintrey et 
				de Vého, puis de Gondrexon et de Reillon. Vého retomba donc au 
				pouvoir de l'armée française qui s'y retrancha de son mieux, en 
				utilisant les restes de ses constructions pour ses ouvrages de 
				défense.
 Quatre longues années se passèrent ainsi, marquées par l'exil 
				des habitants et par une destruction toujours plus grande du 
				malheureux village.
 
 2. La Reconstitution. du village.
 
 Aussitôt après l'armistice, les réfugiés accourent vers le pays 
				natal. Ils veulent voir, de leurs yeux, l'état de leurs foyers 
				et de leurs champs. Partout le spectacle est navrant. A Vého, le 
				sol est meurtri, couvert de fondrières et de trous d'obus, 
				encombré d'engins non éclatés.
 A mi-chemin de Leintrey, le chaos est indescriptible, des mines 
				formidables ont soulevé de vraies montagnes de terre et creusé 
				des entonnoirs devenus célèbres. Au village, on ne voit plus une 
				seule maison debout. Beaucoup ne pourront être relevées, à cause 
				des excavations pratiquées sous leurs ruines. L'église 
				elle-même, recouvrant un fortin, devra être reportée ailleurs. 
				C'est l'hiver. Le retour ne pourra se faire qu'à la bonne 
				saison. L'attente sera longue, mais elle s'impose.
 Les survivants se sont comptés et constatent que sept des leurs 
				sont tombés au champ d'honneur. Ce sont:
 Ary Emile, sous-lieutenant, tué le 25 septembre 1915, devant 
				St-Thomas (Argonne), 39 ans, croix de guerre, légion d'honneur 
				avec citation.
 Allain René, chasseur à pied, tué le 15 octobre 1916, à 
				Géviremont (Somme), 23 ans, médaille militaire, croix de guerre 
				et deux citations.
 Camaille Paul, chasseur à pied, blessé en Alsace, le 14 
				septembre 1914, mort à Rochefort, le 11 décembre suivant, 28 
				ans.
 Gérardin Jules, blessé à Neuville-St-Vaast (1915), tué au Ravin 
				de la Mort (Verdun), le 28 février 1916, 26 ans.
 Munier Célestin, chasseur alpin, tué, le 30 novembre 1915, au 
				Brauen-Kopf (Metzeral), 20 ans.
 Picard Paul, artilleur, tué au mont Quesnel (Somme), le 25 avril 
				1918, 24 ans.
 Ary Alphonse, mort le 27 mai 1917, 39 ans, au service du 6e 
				d'artillerie.
 Deux civils ont été également victimes de la guerre:
 Marie Rose Simon, femme Liotté Emile, tuée sur sa porte, par une 
				balle d'obus et le maire Jean-Baptiste Munier emmené en 
				captivité et mort à Vého, le 24 septembre 1922. Enfin Chéri 
				André, Auguste Crouvizier, Jules Barchat, Léon Antoine Sutter 
				ont succombé, peu après la démobilisation, à des maladies 
				diverses contractées au service de la patrie. Tel est le funèbre 
				bilan que commémore une plaque de marbre à l'église.
 La première installation ne fut possible que dans des baraques 
				en planches, prêtes seulement en mai 1919. Les familles Marange, 
				Bister Jean-Baptiste, Crouvizier Jules, Perrin, Robé et Sutter 
				Jules furent des premières à en profiter. Des prisonniers 
				allemands avaient déjà fait quelques déblais; le gouvernement 
				déclara zone rouge 90 hectares du territoire; l'initiative des 
				habitants remit en état le reste du sol. Il était avantageux de 
				remembrer le ban et de grouper les parcelles; les propriétaires 
				le comprirent et l'effectuèrent. Ces opérations retardèrent 
				quelque peu la reconstruction du village.
 Enfin, celle-ci fut entreprise par une Coopérative, installée 
				pour Vého et Reillon par M. l'abbé Meyer, ancien curé. Cette 
				association eut, comme Président, J.-B. Bister, et comme 
				trésorier, Camille Rassemusse. L'architecte en fut M. Desenclos, 
				d'Epinal, et les entrepreneurs, MM. Dupic et Villain, de 
				Lunéville.
 Cinq maisons furent réparées et quarante et une, au lieu de 
				cinquante-quatre, rebâties sur des plans nouveaux, plus 
				confortables. La maison communale fut achevée la première, en 
				1921 ; les travaux s'échelonnèrent entre 1921 et 1926.
 
 
				Entre temps, M. l'abbé Emile Klein avait été envoyé à Leintrey 
				pour réorganiser le service religieux dans les quatre paroisses 
				de Leintrey, Vého, Reillon, Gondrexon, restées sans prêtres. Les 
				offices y furent célébrés dans de pauvres baraques en planches 
				aussi incommodes en été qu'en hiver.A Vého, la chapelle provisoire fut dressée au faubourg. Une 
				cloche, survivante et mutilée, appelait les fidèles. Cinq 
				longues années s'écoulèrent ainsi. Deux fois, la communion 
				solennelle des enfants n'eut pour cadre qu'une grange, abri 
				aussi misérable que l'étable de Bethléem.
 Pourtant la question de la nouvelle église n'était pas oubliée. 
				On abandonna l'ancien emplacement, en raison d'un blockhaus 
				difficile à détruire et pour se conformer à un alignement 
				meilleur, et on choisit le terrain occupé jadis par le 
				presbytère et les maisons Lavaux et Rouillon.
 D'accord avec la Coopérative des Eglises, M. le Curé Klein sut 
				réaliser un monument d'un dessin gracieux. La tour servant 
				d'entrée est placée sur le côté. L'ensemble présente un aspect 
				nouveau où rien ne choque.
 Le 22 octobre 1925, l'édifice terminé put être bénit par M. le 
				curé, en attendant une inauguration solennelle. Cinq jours 
				après, avait lieu l'inoubliable fête du baptême des cloches, 
				sorties des ateliers du fondeur Farnier de Robécourt (Vosges).
 La cérémonie avait attiré un nombreux clergé et une foule 
				débordante de joie. M. le chanoine Gérardin, archiprêtre de 
				St-Jacques de Lunéville, donna le sermon; M. le chanoine Dedenon, 
				ancien curé, accomplit les cérémonies rituelles.
 Les trois cloches nouvelles égrenèrent ensuite leurs premières 
				notes: la grosse (sol dièze, 479kg.) en l'honneur de Saint 
				André, la moyenne (la dièze, 322 kg.) en l'honneur de la Sainte 
				Vierge; la petite (de, 234 kg.) en l'honneur de Sainte Jeanne 
				d'Arc. Cette dernière porte, inscrits sur son pourtour, les noms 
				des soldats du lieu, tombés au champ d'honneur. Puissent-elles 
				chanter longtemps, avec la résurrection de la paroisse, la foi 
				et l'espérance de ses habitants. Puissent-elles leur rendre 
				chères les fêtes religieuses et, aux jours de deuil, pleurer les 
				morts et consoler les vivants.
 Un presbytère est en voie de construction. C'est le dernier 
				organe nécessaire à toute paroisse. Espérons qu'une fois achevé, 
				il attirera dans ses murs le curé pour lequel il est préparé.
 Désormais renouvelé, Vého est capable de retrouver une 
				population qui soit aussi nombreuse qu'autrefois et qui devienne 
				encore plus prospère, à force d'intelligence et de travail.
 Que lui faut-il de plus pour retenir l'affection de ses 
				habitants et conserver sa bonne place et son bon renom dans le 
				pays blâmontais ?
 C'est le voeu que nous formons en terminant ces pages.
 
 Imprimerie des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) à 
				Maison-Carrée (Alger).
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