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Histoire du Blâmontois des origines à la Renaissance (2/9)
Abbé Alphonse Dedenon (1865-1940)
1931

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L'Histoire du Blâmontois des origines à la Renaissance est tombée dans le domaine public en 2010. Cette version numérique intégrale permet de faciliter les recherches, y compris dans l'édition papier publiée en 1998 par Le livre d'histoire.
Le présent texte est issu d'une correction apportée après reconnaissance optique de caractères, et peut donc, malgré le soin apporté, contenir encore des erreurs.
Par ailleurs, les notes de bas de page ont été ici renumérotées et placées en fin de chaque document.

NDLR :
L'abbé Dedenon a laissé dans ses carnets des notes manuscrites indiquant diverses corrections à apporter à ce texte.


DEUXIÈME PARTIE
La Société Romane


I
Le relèvement au Xe siècle

1° Réformes religieuses :

Monastères et prieurés
Nous arrivons à la période appelée par les historiens Haut Moyen-âge et par les écrivains qui s'occupent d'art Age roman. Les lieux et les faits vont se préciser et les personnes apparaîtront plus nettement avec leur rôle bien défini et leurs actions d'éclat.
Dès 920, les monastères de la Vôge se repeuplent, en faisant revivre l'ancienne discipline. Senones est relevé par le moine Einold, en 938; Etival, Moyenmoutier, par d'autres religieux; Saint-Dié est converti en Chapitre séculier. Les populations se rapprochent des abbayes, comme auparavant, et sentent le besoin de posséder, en plus grand nombre, des lieux de culte nécessaires à la vie chrétienne. Les riches familles fondent alors des Prieurés et des Maisons-Dieu. Lay-Saint-Christophe est donné par, la comtesse Eva à l'abbaye de Saint-Arnould de Metz, en 962; Saint-Quirin, par le comte Louis de Dabo, à l'abbaye de Marmoutier, en 966; Saint-Rémy de Lunéville, par Folmar III, en 999. Puis le mouvement se ralentit et ces créations utiles sont interrompues pendant un siècle, pour reprendre avec les prieurés de Vic (1124), de Deneuvre (1127),de Lorquin (1128), de Xures (1129).

Interventions épiscopales

Nos évêques, jusque-là si éloignés de nos contrées, purent aisément se rapprocher de leurs ouailles, en devenant leurs comtes ou en les gouvernant par leurs Voués. Nous n'irons pas jusqu'à dire que ce surcroît d'autorité terrestre rehaussa beaucoup leur caractère sacré. Nous regretterons, au contraire, que certains prélats aient paru préférer le casque à la mitre et partagé : l'ambition des princes séculiers, pour qui le pouvoir ne se comprenait qu'appuyé sur de vastes domaines. Les premiers prélats inaugurant ce régime furent saint Gauzelin à Toul (922-962) et le Bienheureux Adalbéron I à Metz (929-960). La. charte qui leur conféra leurs privilèges fut accordée (945) par l'empereur Othon Ier, à la demande de son frère, Brunon, archevêque de Trèves. Elle leur concédait non seulement le titre de comte, mais encore le droit de lever des impôts et de battre monnaie, le droit d'Immunité totale pour leurs biens personnels et pour ceux de leur église (1).
Un peu plus tard (1010), Berthold, évêque de Toul, crut utile de transférer le monastère de Bonmoutier. en pleine montagne, dans une solitude parfaite. Ce cloître agrandi fut dédié à Notre Sauveur, comme le voulait l'usage de ce temps (2) et cependant sa dévotion favorite fut toujours pour « Notre-Dame la Mère de Dieu ». Le complément de possessions que lui accorda l'évêque Berthold lui fut extrêmement utile. Il comportait, au témoignage de Dom Calmet (3), un vaste territoire avec ses manses et ses églises, qui avait Domèvre comme centre et qui s'étendait tout autour sur Barbas, Harbouey, Blémerey, Reillon, Gondrexon et Leintrey. C'était une sorte de fief que le comte Hugues, du Chaumontois, avait concédé, le 15 octobre 910, à trois de ses vassaux. Ceux-ci l'ayant mal géré, en furent dépouillés. Deux autres seigneurs, Balfried.et Renaud, le reçurent ensuite et le revendirent aux religieux de Saint-Maximin, de Trèves, lesquels le revendirent, à leur tour, à l'évêque de Toul. Après tous ces avatars, pendant lesquels le centre avait reçu le nom de Domèvre, tout ce territoire fertile devait rester comme un joyau précieux dans l'apanage séculaire de Saint-Sauveur.
En réalité, la donation de Berthold diminuait d'autant la zone sur laquelle Moyenmoutier avait jusque-là exercé son influence. Et ce n'était ni la première ni la seule soustraction de ce genre qui s'opérait à son détriment, car une autre brèche pareille était en train. de s'ouvrir avec le domaine temporel que les évêques de Metz se créaient autour de Deneuvre. A première vue, ce fait parait un mystère, mais les circonstances l'expliquent et la grande famille de Bar donne la clé de l'énigme. En remontant jusqu'à Vigéric, comte du pagus Bedensis, frère de Frédéric 1er, duc de Haute-Lorraine, et de Sigefroy, comte de Luxembourg et du Chaumontois, on découvre dans l'immense patrimoine de cette riche famille une multitude de possessions, situées dans nos régions. Deneuvre était de ce nombre, ainsi que plusieurs lieux environnants. Ce lot échut au fils de Vigéric, qui se nommait Adalbéron, tandis que la vouerie de Moyenmoutier était réservée à un autre fils, qui se nommait Frédéric. L'un fut l'évêque de Metz que nous avons cité, et dont le chroniqueur Sigebert a fait l'éloge en l'appelant «  le plus noble de tous les chrétiens et le plus chrétien de tous les nobles »; l'autre a continué la lignée de Bar. Tous deux comprirent sans peine que la longue falaise de Deneuvre offrait, un emplacement idéal pour construire un château-fort, tel que les familles en érigeaient alors. Adalbéron - c'est du moins le témoignage de la tradition - se mit à l'oeuvre et dressa sa citadelle sur la partie occidentale du roc, qui se termine en éperon, abrupt. La date exacte de l'édifice nous échappe ; cependant l'examen des murailles la fait supposer proche de 950.
Quand ils furent organisés, le château et la seigneurie furent confiés à des châtelains ou intendants (milites), pour être administrés au nom de la famille de Bar. Comme la plupart des évêques de Metz furent pris, à cette époque, dans la famille de Bar, les dits évêques s'habituèrent à regarder Deneuvre comme un fief de leur évêché, et l'abbaye de Senones, placée sous la protection des évêques de Metz, favorisa, tant qu'elle put, l'emprise progressive de ces nouveaux maîtres, au risque de supplanter l'autorité qu'avait acquise Moyenmoutier. Adalbéron II (984-1003), Thierry II (1007-1046), Adalbéron III (1046-1073) continuèrent cette politique d'envahissement. Plus tard, Etienne de Bar (1120-1163) l'accentua, en donnant positivement à l'église de Metz ses possessions personnelles de la région de Deneuvre, pour en faire, suivant une expression admise, «  un temporel évêchois », qui se développa encore sous Thierry III (1163-1171) et atteignit son maximum sous Jacques de Lorraine (1239-1260).
Comme nous l'avons insinué, Senones suivit pied-à-pied les progrès de la puissance temporelle de ses protecteurs et, sous leur couvert, substitua pacifiquement son influence spirituelle à celle de Moyenmoutier. Pour suivre les étapes de cette substitution, il suffit d'examiner la série des donations faites alors aux deux monastères. Jusqu'en 1080, Moyenmoutier ne voit pas baisser la faveur qui l'environne. En 1076, Matfried et Conon, de Buriville, lui donnent la moitié de leur alleu avec les serfs que celui-ci comporte. Thiesselin, de Montigny, donne également une demi-manse de ce lieu avec son serf, puis son alleu tout entier, avec champs, moulin et terres incultes, réservant seulement l'usufruit, sa vie durant. Rambald, de Frisonviller (hameau détruit plus tard, près de Domjevin), donne encore deux manses d'un alleu situé au milieu d'une forêt de chênes : l'un de ces dons est gratuit, l'autre est grevé d'une redevance de cinquante sols (4).
Bientôt après, générosités changent leur cours et s'orientent uniquement vers Senones. Ce revirement doit être imputé, sans doute, aux menées habiles de l'abbé Antoine, religieux aussi saint qu'entreprenant, qui arrivait de Vic, en 1098, après y avoir fondé un prieuré, et qui régit admirablement son abbaye, jusqu'à sa mort, en 1120. Cette oeuvre fut poursuivie par l'évêque Etienne de Bar avec une insistance d'autant plus pressante que la ville de Metz mettait plus d'entraves à son pouvoir temporel;. Alors affluèrent de puissants concours, entre autres, celui de Cunégonde de Richecourt, dont les bienfaits enrichirent Senones. Nous avons ainsi à citer la donation d'une grange à l'église de Buriville (1124), la fondation du Moniet à Deneuvre (1126), du Prieuré de Xures (1129), la donation d'une cour franche à l'église de Pettonville (1129), la donation, par et Thierry et Gérard, petits-fils de Cunégonde de Richecourt, de leurs possessions sur le ban de Brouville, la donation de l'alleu de ville, de l'église et du moulin d'Ogéviller.
Une bulle du pape Eugène III (1147), obtenue par Humbert, abbé de Senones, en énumérant tous ces lieux et bien d'autres, montre quelle extension avait prise le ban, dit de l'extérieur, qui relevait alors de l'abbaye vosgienne. Si l'on y ajoute lieux dont les églises ont été dédiées à saint Martin : Badonviller, Couvay, Hablainville, Saint-Martin, on remarque ce ban, aussi «  ban de la Rivière » (Verdurette) englobait le Blâmontois presque tout entier et ne laissait plus à Moyenmoutier qu'un petit groupe de villages autour de Repaix et un autre autour de Pexonne, appelé «  ban Saint-Pierre».
A côté des zones d'influence à Saint-Sauveur, Moyenmoutier et Senones, que nous venons de décrire, il y eut une place, mais vraiment bien petite, pour Hugoncourt, Saint-Remy et Saint-Symphorien. Les deux premières abbayes étaient des fondations de la famille Folmar, de Lunéville; elles reçurent quelques terres, ça et là dans l'immense apanage de cette famille. Hugoncourt eut Giroville, Tanconville, Lafrimbole ; Saint-Rémy, de Lunéville, eut Frémonville, Vého, Bénaménil.
Saint-Symphorien était un monastère de la banlieue messine. Comment eut-il à intervenir dans les parages de Badonviller ? Aucun document ne l'indique. Toujours est-il qu'il reçut un lot de terres assez disparates, qui a gardé le nom de «  ban le Moine », et dont la première église semble avoir été la Chapelotte.
Telles étaient, au XIIe siècle., les institutions monastiques qui s'étendaient jusqu'aux coins les plus reculés du Blâmontois, en offrant leur protection bienveillante, comme l'a toujours fait l'Eglise, mère des peuples.

2° Les créations de la noblesse :

Noblesse mosellane

La société romane eut sa noblesse, peu nombreuse, il est vrai, mais puissante et riche. Issue des Leudes austrasiens, cette classe privilégiée avait participé au gouvernement des pagi, et ses membres portaient les titres de ducs, comtes ou voués. La plupart se signalèrent par leurs fondations en faveur des églises et des monastères. Ils rendirent au peuple. le service de le défendre par les armes, de lui procurer des abris en cas de danger, de lui bâtir même des édifices communs, sanctuaires, hospices ou moulins. Il serait injuste de méconnaître de telles oeuvres, qui témoignent un sincère bon vouloir et qui se prolongèrent pendant de longs siècles.
Peu à peu, cependant, cette noblesse, pieuse au point d'entreprendre de fréquents et longs pèlerinages jusqu'aux lieux-Saints, prit goût aux aventures et devint turbulente, querelleuse, batailleuse. Ses équipées de châteaux à châteaux seront souvent de brigandages, mais n'est-ce pas parce que les motifs nous en échappent.? Ce sont, du moins, des prouesses qui nous étonnent par leur audace.
Deux sortes de noblesses, différentes d'allure et même de langue, vont intervenir dans notre histoire : nous les envisagerons l'une après l'autre.
La première fut précisément mosellane. Etant plus proche de nos ancêtres, on pourrait la croire plus mêlée à leur vie; elle leur fut, au contraire, plus étrangère. On sait que le duché de Haute-Moselle, nommé aussi Mosellane, fut constitué en 958. Il fut gouverné par trois princes appartenant à la famille de Bar-Ardennes, connus sous les noms de Frédéric Ier (959-978), Thierry Ier et Frédéric II (978-1033). A leur dynastie se rattachent les comtes de Luxembourg et de Salm, dont nous aurons à parler. Tous vécurent au loin, occupés à constituer le comté de Bar. Ils bâtirent la forteresse de Mousson. Les annales du temps sont remplies de leurs intrigues auprès des. empereurs allemands, pour accaparer les évêchés de Metz et de Verdun. Leur habileté cependant ne réussit pas à garder la suprématie sur le pays, puisqu'ils durent céder la place à Gérard d'Alsace, devenu le duc héréditaire de Lorraine, en 1048 (5).
Il y eut une seconde dynastie de Bar, dite : Bar-Montbéliard-Perrette, dont le point de départ fut le mariage de Sophie, la dernière héritière de Frédéric II, avec son cousin-germain, Louis de Montbéliard, souvent appelé aussi Louis de Dabo (6) : Cette famille eut de glorieuses destinées dans le Jura. Un de ses fils reprit le nom de Thierry 1er et mourut à Autun, en 1105, après avoir épousé Ermentrude de Bourgogne, nièce du pape Calixte II. Mais plusieurs de ses enfants, en revenant dans nos contrées, furent très mêlés à la vie de nos ancêtres. Il est bon de les citer tous, en attendant qu'ils se retrouvent au cours de notre histoire (7) :
1° Thierry II, comte de Montbéliard, +1182; 2° Frédéric Ier, comte de Ferrette et d'Amance, + 1168; 3° Renaud Ier, dit le Borgne, comte de Bar, de Mousson, de Briey, + 1163; 4° Etienne de Bar, évêque de Metz, + 1163; 5° Louis-le-Croisé, comte de Mousson, + 1102 ; 6° Agnès, épouse de Hermann II, comte de Salm, dite aussi Agnès de Langstein; 7° Norine, épouse d' Adalbert, comte de Moersberg; 8° Gunthilde, première abbesse de Biblisheim, + 1174.
Le Chaumontois eut aussi ses nobles, mais sur eux plane un oubli presque complet. Les huit générations de ses comtes descendaient de saint Arnould, évêque de Metz. Leur nom est à peine connu : Ansigise, Pépin d'Héristal, Drogon, Arnould Ier, Agnoralde, Hugues Ier, Hugues II et Arnould II. Ce dernier mourait à vingt ans, en 950. Sa grand'mère, veuve de Hugues Ier, recueillit tous ses biens et en fit la dotation du prieuré de Lay-Saint-Christophe.
D'autres grands ne furent connus que par des générosités pareilles : Odowin, le fondateur du prieuré de Froville (8); Bencelin, fondateur du prieuré de Landécourt (1100); Hugues, bénédictin de Moyenmoutier, fondateur du prieuré de Léomont (1095) ; Cunégonde, dame de Viviers de Richecourt, insigne bienfaitrice de l'abbé Antoine de Senones.
Les châtelains de Deneuvre furent, à leur tour, des hommes dignes d'être mentionnés. Parmi les premiers figure Herbert, qui mourut en 1076. D. Belhomme, le chroniqueur de Moyenmoutier, l'appelle : vir strenuus, homme vaillant et noble., Il montra sa bravoure, en 1073, en repoussant. l'assaut injustifié qu'infligeait à, sa citadelle Gérard de Vaudémont, le pillard bien connu. Il prouva également sa piété en laissant, en mourant, le quart de son alleu au monastère de Moyenmoutier, pour y avoir sa sépulture. De bonnes raisons le font passer pour le fondateur, ou tout au moins le bienfaiteur, d'Herbéviller (Herbertî villare). Son fils Guéry. lui succéda dans sa charge jusqu'en 1112. Celui-ci eut. à subir un nouveau siège en 1078, mais fut moins heureux que son père. C'était Thierry; duc de Lorraine, qui faisait la guerre à Hérimann, évêque de Metz, et s'efforçait d'entraver les progrès de sa puissance à travers le

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Cliché du «  Pays Lorrain »
Turquestein - La Roche Des Fées

Chaumontois. Deneuvre fut pris et dévasté. Les environs furent ravagés jusqu'à Epinal. Cependant le duc fut forcé de reconnaître ses torts; il rendit, un an plus rani, la ville prise à l'évêque et fit promettre à ses sujets de ne plus détruire, à l'avenir, les moissons, les vignes et les arbres fruitiers, de ne plus incendier les maisons et de ne plus maltraiter les personnes inoffensives. Il aurait dû donner l'exemple le premier et s'abstenir de tous ces désordres de la guerre. La châtellenie restaurée ne tarda pas à passer sous la domination effective de Senones. Elle prospérait et se montrait fidèle aux évêques de Metz, quand de nouvelles querelles armèrent le duc de Lorraine, Simon Ier, contre le prélat (1118).
Deneuvre fut alors assailli une deuxième fois par les Lorrains et défait malgré les efforts du comte Albert, son châtelain. Les vainqueurs gardèrent cinq ans leur conquête, jusqu'à l'arrivée d'Etienne de Bar, l'évêque intrépide qui, avant de s'installer dans son immense diocèse, dut en reprendre toutes les places, l'une après l'autre, et par la force des armes. Ainsi reconquis, en 1122, après Homhourg, Mirebeaux, Apremont, Faulquemont, Epinal, le château de Deneuvre fut rattaché au Temporel de l'évêché de Metz et reçut, comme châtelain, un seigneur que nous retrouverons : Vidric; marié à Gépa et père de Beaudoin et de Rambaud.
La défense et l'organisation devenaient chaque jour : plus nécessaires. On crut répondre aux besoins du moment en érigeant des châteaux de divers côtés. C'est l'époque où fut construit, sur un piton qui domine Raon-l'Etape, le château de Belroward ou Beauregard, que l'on attribue à un voué de Vezeval et de Moyenmoutier, nommé Othon, frère de Roland de Badonviller. Ainsi s'accusait la vitalité de la noblesse mosellane.

Noblesse alsacienne

Dans le même temps, une noblesse alsacienne trouvait le moyen de se mêler plus directement aux affaires de notre contrée. Issue d'Etikon, père de sainte Odile, tronc. vigoureux qui se ramifiait à l'infini dans les vieilles demeures d'Eguisheim, de Dagsbourg, d'Andlau, elle débordait des burgs pittoresques, dont les ruinés couronnent encore les flancs escarpés de l'autre versant vosgien, et offrait à chaque génération une nouvelle liste de Gérard, d'Adélard, d'Eberhard, de Liutfried, de Volmar, qu'il est parfois difficile d'identifier (9). Toute cette jeunesse s'en vint chercher fortune dans nos pays mosellans, attirée par les richesses intellectuelles qu'offrait le milieu toulois, ou choisie pour son renom de piété et de vaillance, par les évêques de Metz, afin de servir à leur défense. C'est ainsi que vint à Toul, amené par sa mère à l'âge de six ans, l'illustre Brunon de Dagsbourg (1008). On sait les progrès qu'il y fit dans les écoles épiscopales, en compagnie des nobles mosellans. On sait aussi qu'il fut évêque de cette ville (1026-1049), avant de ceindre la tiare pontificale (1049-1052), sous le nom de Léon IX.
Toute une dynastie de Gérard, proche parente du précédent, devint de la même façon le bras droit des évêques qui se succédèrent à Metz de 1005 à 1048. On lui attribue la création d'une ligne de défense très opportune de ce côté des Vosges, constituée par plusieurs forteresses fameuses. Nous avons cité; Arrenstein; près de la Petite-Pierre (Lutezelstein); Veverstein ou Veherstein, entre Berthelming et Sarrebourg, Turquestein, vers les sources de la Sarre. Pour prouver la commune origine de ces citadelles est-il besoin d'invoquer d'autres signes que leurs ressemblances de nom, de structure, et d'emplacement même sur des rocs étranges, comme celui de Dabo ? Ces forteresses, nous dirions volontiers ces nids d'aigles, restèrent, pendant de longs siècles, les boulevards du Temporel messin. Les seigneurs à qui la garde en fut confiée avaient seulement qualité de châtelains ou de voués. Tel fut Gérard Ier d'Alsace, qui était à la fois comte de Metz et voué de Turquestein, quand Berthold de Toul lui confia l'avouerie de Saint-Sauvent' (1010). Son successeur en cette qualité fut Albert ou Adalbert Ier, que certains disent un fils et d'autres son frère. Laurent de Liège, auteur d'une histoire des évêques de Verdun, l'appelle : «  le très noble Albert, comte de Longui castro». Il état bien tel, en effet, aux Lieux-Saints, en 1026, et en Italie chez la comtesse Mathilde, sa parente. Cependant ce titre de «  comte de Longui-castro » a pour nous un intérêt particulier : il nous permet de croire qu'il fut l'un des premiers possesseurs, sinon le créateur du château de Langenstein, ou Langstein, dénommé plus tard Pierre-Percée. M. Schaudel a cru pouvoir identifier ces deux noms : Longui-castro et Langenstein et son hypothèse est fondée (10). Albert, devient ainsi pour notre histoire un personnage important. On sait qu'à sa mort (1036), ses nombreux enfants occupèrent des postes brillants dans le pays messin.
Gérard II fut voué de Senones et de plusieurs autres monastère:.; il accompagna saint Léon IX dans les voyages qu'il fit dans nos parages entre 1046 et 1048. Adalbert II, créé duc de Mosellane en 1047, fut massacré l'année suivante par Godefroy-le-Barbu. Ce meurtre appela son neveu, Gérard III, à prendre sa succession, ce qui permit à celui-ci de devenir le premier duc héréditaire de Lorraine, en 1048.
Cependant, Adalbert II, privé de descendance masculine, laissait une fille, Mathilde, qui épousa un Folmar de Lunéville. Par ce mariage, on s'expliquera facilement que Langenstein et plusieurs autres possessions situées dans le Blâmontois se soient trouvés au pouvoir des Folmar, comme nous le dirons plus loin.
Comme dans la Mosellane, la noblesse d'Alsace s'est montrée remuante et belliqueuse et telles de ses aventures à travers les Vosges pourraient figurer à côté des prouesses racontées dans la chanson de Roland. Des échos plus ou moins fidèles nous en viennent encore, transmis par les légendes de la montagne. Ainsi les angoisses infligées à la célèbre comtesse Helvvige, mère de saint Léon IX. Son mari, Hugues IV d'Eguisheim, faisait campagne, comme un intrépide paladin, pour l'empereur d'Allemagne et ses alliés de Luxembourg contre Thierry de Bar, évêque de Metz. Son expédition dura cinq ans (1012-1017), pendant lesquels Heilvige se crut plus en sûreté dans son château paternel de Dagsbourg. Qui ne connaît cette demeure aérienne qui semblait défier toute attaque ? Or, un certain jour, l'alarme est jetée dans le castel solitaire; des bruits menaçants montent jusqu'au roc élevé. Ce sont les gens de l'évêque de Metz qui essayent un assaut. L'escalade est impossible; mais, si la place est cernée, elle devra bientôt se rendre, car elle n'a d'eau que celle qui tombe du ciel. De fait, pour ne pas mourir de soif, la châtelaine prend le parti de fuir avec sa maisonnée. La nuit cache son départ et les sentiers des bois l'amènent à Turquestein qui peut offrir un refuge assuré.
Mais les brigands ne se contentent pas dévaliser le château abandonné, c'est la fugitive qu'ils veulent comme une proie lucrative, et ils ont bientôt découvert sa retraite. Un même blocus recommence, bientôt suivi d'une capitulation pareille. Cette fois encore, Heilvige trompe la surveillance, s'enfuît avec peu de personnes et ses filles en bas et vient frapper, toute haletante, aux du monastère de Moyenmoutier. La course avait été longue. Sans autres bagages que son livre d'heures, la comtesse fut avec grande charité et demeura plusieurs mois chez les la paix conclue, étant là, disent les chroniques, plus en sûreté sous protection des saints que sous celle des hommes (11). Le danger passé, la sainte châtelaine rejoignit son époux et tous deux restaurèrent leur logis dévasté pour recevoir leur fils Brunon, l'étudiant de Toul, âgé de 15 ans, qui revenait, en 1017, leur accorder quelques mois de présence, avant d'être l'ornement de la ville par son savoir et ses vertus. On sait que les dignes parents, vénérés comme des saints par les contemporains, ne virent pas leur fils élevé au souverain pontificat. Tous deux moururent avant 1045; Heilvige s'éteignit en 1037, suivant Mabillon. Ils furent inhumés dans le cloître de Volfenheim, près d'Eguisheim, qu'ils avaient auparavant fondé.
Plusieurs autres épisodes du même genre seraient à citer, s'il n'était nécessaire d'être court.

Les Folmar de Lunéville
Cette souche alsacienne si méritante eut parmi ses nombreux rameaux une famille Volmar (en roman Folmar), qui joua dans notre histoire un rôle capital et qui mérite une étude attentive. Les rejetons qui porent ce nom apparaissent à chaque génération; ainsi est-il malaisé de souder cette dynastie à l'arbre commun. Avec les meilleurs généalogistes, nous donnons le nom de Folmar 1er à celui qui apparaît, au début du Xe siècle, préposé au Sargau (Pagus sarravensis) et à l'Albechove (pagus Albensis). La qualité de comté, dont lui et ses descendants furent revêtus, leur permit de s'implanter dans notre région et d'échelonner, tout le long de la voie qui mène du Donon au Léomont, une multitude de possessions dont ils firent leur apanage, groupé autour de Lunéville, leur capitale. La preuve en est dans les donations qu'ils feront plus tard aux monastères fondés par eux, Saint-Rémy de Lunéville et Hugoncourt en Alsace. Ces possessions comprennent Raon-lès-Leau, Frémonville, le Blanc-Mont, Amenoncourt (12), Remoncourt, Parroy, Hénaménil, Vého, Bénaménil, Pessincourt près d'Einville, Adoménil sous le Léomont
Folmar Ier est donc réputé le fondateur de la dynastie des comtes de Lunéville, il fut aussi bailli de Trèves et mourut en 929. De sa femme, Richilde, il eut trois fils : Etienne, qui fut évêque de Toul (994-995) sous le nom d'Etienne de Lunéville, mort accidentellement à Bonmoutier, au cours d'une visite pastorale, le 20 décembre 995 (13), Folcuin d'Amance, Folmar II, comte de Metz, Lunéville et Sargau en 970,comte du Bliesgau en 982, mort en 995. Berthe, femme de ce dernier, lui donna Richilde d'Amance, femme du duc de Lorraine, Thierry Ier, et Folmar III, dit le Vieux, qui fonda l'abbaye de Saint-Rémy de Lunéville, vers 999, tandis que son proche parent, Véher, ou Vuher, ou même Vernher d'Alsace, fondait une abbaye semblable à Hugoncourt, non loin de Villé (14).
Ce Folmar III fut très célèbre. Comte du palais épiscopal de Metz (1012-1026), il reçut le titre honorifique de Voué des Eglises et il mourut en 1033. Marié à Getberge, fille de Godefroy Ier de Verdun, il en eut deux fils, appelés par les contemporains comtes catholiques des Français, dont l'un, Godefroy Ier de Lunéville, vécut surtout à la tête du Bliesgau, où l'appela l'évêque Thierry II de Metz (1033), et l'autre, Heymann, fut plus mêlé à la vie de notre région où il organisa plusieurs manses rurales qui portent son nom (15). La descendance de ce dernier est restée inconnue. Peut-être éclairerait-elle le mystère qui plane sur la parenté rapprochée, qui est dès lors certaine. mais inexplicable, entre les familles de Lunéville et de Parroy. Au contraire, la descendance de Godefroy, son frère, marié à Judith de Luxembourg, se poursuit dans la personne de Folmar IV de Lunéville et de Godefroy II, qui fut probablement la souche des Folmar de Castres ou Bliescastel.
Les moines installés à Saint-Rémy par Folmar-le-Vieux furent, parait-il, bientôt à court de ferveur et durent être licenciés pour faire place à des religieuses ou moniales, que gouverna d'abord Adélaïde, puis Uda, vénérable nonne qui était soeur d'Adalbéron III, évêque de Metz. Elles adjoignirent. à leur monastère une Maison-Dieu hospitalière. Sur les entrefaites mourut le fondateur. Pour honorer sa mémoire et lui obtenir des prières, les deux fils détachèrent de leur patrimoine commun des parcelles qu'énumère une charte datée de 1034 et les donnèrent à Saint-Rémy. Ce sont : 1° le village de Bénaménil avec son église; 2° celui de Frémonville avec son église; 3° quatre manses à Vihoth avec son bois (16); 4° une chapelle à Pessincourt, village détruit près d'Einville; 5° Adoménil avec toutes ses dépendances. Ces donations furent Confirmées par une bulle d'Innocent II, en 1140, mais alors les religieuses n'étaient plus à Saint-Rémy. Les chanoines réguliers de Notre-Sauveur, qui les remplaçaient, devaient garder l'abbaye jusqu'à la Révolution.
Folmar IV, comte de Metz et de Lunéville (1055), mort en 1075, épousa Mathilde, fille d'Adalbert de Longui-castro (Langenstein) et en eut : 1° Folmar V comte Metz (1075-1111), fondateur de l'abbaye de Lixheim; 2° Theotgère qui fut évêque de Metz (1117-1120). : 3° Hermann II; 4° Clémence, qui épousa son cousin Folmar, fils de Godefroy II de Castres, le premier des Folmar de Castres; 5° Godefroy III, qui eut de sa mère Langenstein et les possessions avoisinantes et qui fut le premier mari d'Agnès de Bar, héroïne remarquable que notre histoire nous fera retrouver, quelques pages plus loin, avec Folmar V et les autres seigneurs du temps.
Notre connaissance de ces est trop sommaire pour nous permettre de plus longs développements. Nous ajouterons cependant que les maux causés par les luttes des seigneurs entre eux turent moindres que les terreurs bien connues de l'an mil, que les souffrances de la famine, surtout dans les années 1028 à 1031, et que les horreurs des pestes apportées de l'Orient. L'an 1042 vit se déchaîner la plus meurtrière de ces épidémies. On l'appela le mal des ardents et on y vit une punition divine. Au dire des savants de ce temps, le rna1 attaquait la tête, descendait comme un feu dans l'estomac, puis dans les entrailles, enfin dans les jambes. S'il sortait par les pieds après avoir traversé le corps, comme un serpent subtil, il y avait espoir de guérison; sinon, c'était la mort rapide dans d'horribles souffrances. Effrayés, les peuples accouraient aux sanctuaires de Saint-Vanne à Verdun, de Saint-Goeury à Epinal, de Saint-Quirin dans les Vosges. Pour implorer la démence du ciel, ils baisaient les saintes reliques, promettaient la Trêve-Dieu, buvaient du vin bénit, se munissaient d'eau aux sources miraculeuses.
Cc fut l'origine de plusieurs pèlerinages et l'occasion de marchés fameux. Sitôt le fléau disparu, la vie normale reprenait. Mais, à ce compte, la population croissait difficilement et les villages restaient avec un nombre d'habitants peu considérable.
Ce sombre, tableau justifie le nom de siècle de fer donné à ce temps; les visions de demain vont être plus radieuses et plus poétiques.

II
Les premiers Féodaux de la région

1° Les débuts de la Féodalité

Le régime féodal, déjà connu en France au Xe siècle, se développa en Lorraine an siècle suivant et finit par gagner notre région au XIIe siècle. Son but; on le sait, fut d'unir la souveraineté à la propriété terrienne, de manière à réaliser le principe bien connu : point de seigneur sans terres, point de terres sans seigneur.
M ais terres et seigneurs se subordonnaient suivant une hiérarchie basée sur des droits et des devoirs réciproques entre suzerains et vassaux.
Tous étaient également soumis à cette règle. Chacun était souverain dans son fief, mais restait néanmoins justiciable devant ses supérieurs. En un temps où la conscience et l'honneur jouissaient d'un prestige magnifique, ce système imposa une subordination sociale d'une puissance étonnante.
Est-il besoin. de définir l'hommage et l'investiture qui étaient à la hase du droit ? Le vassal, pour inaugurer son pouvoir; présentait à son supérieur lé dénombrement de son fief et lui jurait fidélité : c'était l'hommage, Le suzerain le confirmait dans ses droits, en lui remettant une bannière : c'était l'investiture. Ce rite était valable jusqu'à la mort, Ù moins de forfaiture. Le propriété ainsi acquise se transmettait par héritage et pouvait devenir l'objet de transactions diverses.
Les bénéfices ou concessions des biens, faites pal' les grands (ducs, comtes, évêques, abbés), assujettissaient d'ordinaire à une redevance et toujours au service militaire. Mais le subordonné, l'homme-lige, savait retrouver sa pleine autorité, soit sur son fonds, soit sur ses sujets, et il se proclamait leur seigneur.
Ainsi, le clergé mis à part, trois classes composaient la société d'alors : les nobles, les roturiers et les serfs.
Parmi les premiers s'organisa la chevalerie, dont on connaît les titres et les degrés. Il nous suffira de rappeler le luxe de ses cours, l'appareil majestueux de ses châteaux et de ses maisons fortes. la variété plaisante de ses armoiries et de ses fêtes. Jamais on ne vît plus chatoyante parure embellir la société française.
Les seconds, manants et vilains, formèrent la grande masse de là population libre, qui, dans les villes, acquit bientôt rang de bourgeoisie, et, dans les campagnes, eut faculté de posséder et même de transmettre par héritage le sol qu'elle cultivait.
Quant aux troisièmes, serfs ou anciens esclaves, ils furent affranchis par le. mouvement communal, qui fut très répandu dans le pays, messin, au cours des XIIIe et XIVe siècle. La loi de Beaumont ne fut appliquée chez nous qu'à Reillon et à Domjevin, et encore à une date inconnue, Son esprit cependant s'est infiltré dans tous nos milieux et y a créé une condition aussi privilégiée. On cite bien, vers'1494, une charte qui affranchit lès bûcherons de Dabo, et une autre, les habitants de Parux, mais les termes de ces écrits paraissent si surannés qu'on les croirait tombés d'un monde périmé.
Pour se transformer ainsi, la société devait fatalement contrarier les institutions religieuses dont le prestige avait été prépondérant jusque-là La féodalité supplanta le monachisme vosgien et ne lui laissa que son rôle spirituel : desservir les paroisses, présenter des titulaires aux cures, subventionner des édifices sacrés en échange des dîmes prévues. La zone de Moyenmoutier fut ainsi restreinte au ban Saint-Pierre, celle de Senones, au ban de la Rivière, celle de Saint-Symphorien, au ban Le Moine, celle de Saint-Sauveur, au ban du même nom. Nous avons dit aussi que les monastères avaient dû se choisir des Voués. Ces protecteurs, en exagérant leurs droits, finirent par se créer des Etats personnels au sein des domaines qu'ils devaient sauvegarder, sans que les procès, les excommunications mêmes; fussent capables. de réprimer leur audace. Le temps enfin sanctionna tous les faits accomplis. Nos premiers seigneurs féodaux furent les artisans de cette quasi-révolution; voyons les à l'oeuvre.

2° Nos châteaux primitifs :

Deneuvre et Turquestein
A la fin du XIe siècle, notre Blâmontois ne possédait pas encore de château proprement dit, bien qu'il comptât de nombreux alleux ou terres franches. Cependant on en pouvait voir tout autour et à une faible distance de ses limites. Les châteaux de Deneuvre et de Turquestein nous sont connus. Ils appartenaient à l'évêque de Metz. Les châtelains qui les gardaient restèrent étrangers aux destinées du pays et bornèrent leur action à soutenir des sièges (à Deneuvre, 1073 et 1078) qu'infligeaient des brigands, ou plus justement des Lorrains en guerre avec les Messins

Lunéville
Au château de Lunéville régnait un grand calme et il n'y fut pas question d'empiétement sur l'abbaye de Saint-Rémy, puisqu'au contraire les comtes s'attachaient à compléter son patrimoine. Quel était, au fond, ce castel primitif et quel séjour y faisait son maître, Folmar V ? L'histoire prête à ce paladin la vie la plus mouvementée. Elle le montre résidant à Hombourg, revenant à Metz pour soutenir avec fougue le parti de Grégoire VII contre l'empereur, fondant l'abbaye de Lixheim, accompagnant Poppon de Trèves au concile de Clermont (1095), partant pour la première croisade avec Adalbéron, archidiacre de Metz, et Pierre, fils du comte de Toul En 1106, il est chez la comtesse Mathilde à Guastalla (Italie). Il assiste à la fondation de Saint-Pierremont, dote Krauffthal, donne son château de Lixheim à Théotgère, abbé de Saint-Georges. Il prend tantôt le titre de comte de Hunebourg (près de Herrenstein, Alsace), tantôt celui de comte de Hombourg (près de Marsal, Lorraine) et il finit sa vie, sous l'habit religieux, près de son frère Théotgère, à Lixheim, où il a sa sépulture. Il laissa trois fils que lui donna une comtesse de Dagsbourg-Eguisheim dont le nom est inconnu : Folmar VI, que nous retrouverons, Hugues, mort en 1121, et Albert, comte de Marimont ou Morsperch.
Ces détails montrent en quelle estime il faut  tenir la maison de Lunéville, dont tous les membres aimaient à prendre le titre de comte, en raison de leurs fonctions près des évêques de Metz (17).

Langenstein
Un frère de Folmar V, Godefroy III, nous intéresse plus directement, puisqu'il posséda le château de Langenstein et y vécut en régissant la part de patrimoine qui lui était échue dans ces parages. Son histoire serait bien sommaire sans les déductions minutieuses qu'a su tirer M. Schaudel de documents divers, puisés chez les auteurs qui se sont occupés de ce temps. Nous ne reproduirons pas ces discussions savantes (18). Nous nous contenterons d'en indiquer les conclusions, en les estimant plausibles et bonnes, selon l'expression de l'érudit archéologue, il éclairer, comme autant d'étincelles, des personnages semi-légendaires, dont les figures ont été estompées par les enjolivures des siècles.
Godefroy III recueil1it, comme cadet, ce qui entrait dans la dot de sa mère. Or, d'après les meilleures données, celle-ci fut Mathilde, fille unique du comte Adalbert, pourvu du titre de Longui-castro (Langenstein) (19). De ce château, dont on connaît le site pittoresque aux abords d'une voie ancienne allant de Deneuvre au Donon, ce seigneur étendait

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son autorité sur Raon-les-Leau, où il percevait un droit de péage, sur le Blanc-Mont, sans doute, et sur les lieux de cette contrée qui échappaient à la domination de Saint-Sauveur.
Le mariage de ce comte fut digne de son rang. Il prit femme dans la très noble famille de Bar-Mousson-Montbéliard, dont on sait la grande place dans notre région de. l'Est. Agnès fut le nom de cette femme, l'une des sept, enfants de Thierry Ier et d'Ermentrude de Bourgogne (20). Frappée sans doute du rôle qu'elle remplit au château de Langenstein, la tradition ne lui a conservé que ce nom, mais, en réalité, elle. fut de Bar par sa naissance, de Langenstein par son premier mariage et de Salm par sa seconde union. Issue d'un mariage que l'on sait contracté en 1076, elle put être épousée elle-même dans la dernière dizaine du XIe siècle. On place, en effet, son union avec Godefroy entre 1090 et 1100.
C'était l'époque mouvementée de la première croisade, époque glorieuse mais tragique pour les frères d'Agnès de Bar. L'un, Louis, dit de Mousson ou le Croisé, partait avec Godefroy de Bouillon, le 21 mai 1096, et promenait sa bannière d'azur à deux barbeaux d'argent sur les chemins de Nicée et de Tarse en Cilicie ; il commandait en chef au siège d'Antioche et entrait à Jérusalem aux côtés de Tancrède, de Gaston de Foix, de Renaud de Toul et d'autres paladins célèbres. De retour en 1102, il fondait le prieuré d'Amange (Insming) et, bientôt après, trouvait une mort vulgaire, en voulant apaiser une émeute de serfs révoltés.
Un autre frère, Renaud le Borgne, faisait en Lorraine des chevauchées dont le but nous échappe. Fait prisonnier par des ennemis implacables, il fut traîné jusqu'au pied de Mousson, sa citadelle, afin d'en voir le siège et la ruine, sans pouvoir l'empêcher. Sa femme valeureuse était dans la place et en assurait la défense. Comme le castel résistait et paraissait devoir être imprenable, les assaillants députent un héraut à la châtelaine, pour la sommer d'ouvrir ses portes, sinon son mari. sera pendu. Or, la nuit même, la châtelaine était accouchée d'un garçon : «  Faites savoir à vos maîtres, répondit simplement l'héroïne, que le père aura un successeur, s'ils lui infligent la mort. » Tant de fierté découragea les assiégeants qui désarmèrent et firent la paix, en se contentant d'une rançon pour le comte qu'ils laissèrent en vie. Agnès était d'une trempe pareille, incapable de démentir ni son sang ni sa race.
Le jeune couple fut d'abord heureux. Il menait une existence tranquille au milieu des grands bois et dans la solitude des montagnes. La' résidence de Langenstein avait besoin d'être agrandie, embellie. Fermer de murailles l'étroite surface; déjà inabordable, de la longue roche, y dresser des logis pour les gens de service, un donjon pour la famille, une chapelle dédiée à saint Antoine, protecteur bien choisi, installer en contre-bas et aux abords de l'entrée une cour, la basse cour, surtout creuser un puits pour fournir l'eau nécessaire, tels étaient les ouvrages à réaliser; La tradition, on ne sait pourquoi, en attribue le mérite principal à la châtelaine. Le dernier de ces travaux, qui aboutit à trouver de l'eau à cent soixante pieds de profondeur sur une montagne de grés; parut même si étonnant que le castel. en perdit son nom alsacien pour prendre le nom plus roman de Petra Perceia ou Pertuisata, Pierre-Percée, qui lui est resté (21).
Cette habitation, plus pittoresque que gaie, prenait-elle tous les instants du couple seigneurial ? On peut en douter, car Raon-les-Leau leur offrait, à quelque distance, un séjour plus vivant et plus fructueux. Les marchés du Donon (22) et les affaires qui se traitaient entre l'Alsace et la Lorraine attiraient de ce côté de nombreux voyageurs, sur lesquels pesait un droit de péage au profit du comte. D'autre part, l'église de ce lieu (23), comme l'attestent des écrits postérieurs, a reçu la dépouille mortelle du comte Godefroy, de son fils Vuillaume et même, dit-on, de la comtesse Agnès. Si l'on ajoute la facilité de recourir au ministère des. moines, soit de Hugoncourt, soit de Saint-Sauveur, toujours chers dans la famille, toutes ces raisons font croire à une préférence marquée pour l'alleu que dominait la masse géante du Donon.
Combien d'années dura ce mariage heureux et quel genre de mort emporta. le père et le fils? Aucun document ne l'indique. Godefroy cependant dut s'éteindre avant 1108, puisque sa veuve était déjà remariée en 1110 ; d'autre part, Vuillaume, son fils, avait atteint l'âge adulte, puisque le but de la donation, faite en 1138 par Agnès, sera d'obtenir des suffrages pour les deux défunts.
De cette union trop courte nous connaissons trois enfants : 1° Vuillaume ou Guillaume, ci-dessus nommé; 2° Mathilde, la future épouse de Bencelin de Turquestein, qui figure, en 1147; dans la donation de l'église de Lorquin à Senones « par son mari Bencelin, sa femme Mathilde, son fils Cuonon et ses filles et par son neveu Gérard » (24) ; 3° Conrad, dit de Langenstein dans des actes antérieurs à 1127 et de Pierre-Percée dans d'autres. Ce seigneur tient une place à part à côté de ses frères utérins, toujours appelés consuls (25). Sa qualité de descendant direct de Godefroy en fera, plus tard, le possesseur de la seigneurie de Pierre-Percée et l'associé exclusif de sa mère dans les donations qu'elle fera après son second mariage et qui portent sut des biens situés dans l'apanage de son premier mari. Malheureusement il vivra peu et son avoir ira grossir celui de Salm, Il épousa Havide, fille de Gugues d'Eguisheim; et en eut trois enfants : Hugues, cité dans une charte de 1140; mort sans postérité, probablement avant son père; Conon, qui cèdera à Haute-Seille un droit de pâturage sur ses forêts; Adélaïde, bienfaitrice aussi de Haute-Seille et morte sans postérité (26), Toute cette famille était disparue pour 1147 et-les deux héritages de Langstein et de Salm étaient fondus ensemble, entre les mains d'Agnès, qui vivait encore, Nous laisserons là cette lignée, la : plus importante de la région en ce début du XIIe siècle (27).
Dans le voisinage immédiat de Pierre-Percée, au lieu même de Badonviller, alors très petit, s'annonçait, pleine d'espoir, une famille qui donna deux voués au monastère de Moyenmoutier et qui disparut bientôt sans laisser de traces. Le chroniqueur Jean de Bayon nous a conservé le nom de ces deux voués : Roland et Otton, en mentionnant une donation faite par eux pour avoir une sépulture dans le cloître abbatial; dans cette donation figuraient des manses, champs et prés situés près de Pexonne. Un peu plus tard (1124) on trouve, parmi les signataires de la dédicace de Senones, Rainero de Baldovillare, qui est certainement de la même famille. Plus tard encore (1243), il sera question de deux frères : Rodolphe et Raimbald, seigneurs de Fraquelfing, qui disposent en faveur de Saint-Sauveur d'une portion de leur alleu situé à Badonviller : Toutes ces personnes ont dû être liées entre elles par une parenté que nous ne pouvons établir. Furent-elles mêlées à la formation du ban le Moine (28) et à son attribution à l'abbaye de Saint-Symphorien de Metz, ou même à la création de la Chapelotte (29), sanctuaire si connu aujourd'hui et qui semble avoir été l'église mère pour ce ban ? La question se pose, mais sans réponse possible, du moins avec nos connaissances actuelles.

Parroy
En un point tout opposé et à la limite du Blâmontois, il faut signaler là famille de Parroy, dont les attaches avec la famille de Lunéville sont certaines, à partir de Folmar V, bien que le trait d'union reste inconnu.
Cette lignée descendait de leudes puissants dans le Chaumontois. On lit

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Cliché du «  Pays Lorrain »
LES RUINES DU CHATEAU DE PIERRE-PERCÉE EN 1829 (D'après une sépia de la Bibliothèque publique de Nancy)

dans sa charte familiale (30) : «  Les Seigneurs de Parroye sont si grands seigneurs qu'ils tiennent le village de Dieu et de l'épée et ne le tiennent ny de roy, ny de prince, le tenant comme franc alloeuf et héritage; le peuvent et dépendre sans prendre congé à personne, etc... » Cette fière déclaration donne l'idée des franchises reconnues aux alleux du même genre. Les armoiries de cette famille étaient toutes spéciales : de gueules à trois lions d'or, à la bordure engrelée d'azur; elles pourraient peut-être servir à fixer son origine. Toujours est-il qu'au temps de Bertrice, abbé de Moyenmoutier (1077-1115), Albert Ier de Parroy fit à ce dernier donation de son alleu de Malzéville, et Vauthier de Lorey, son frère, de la cense de Givicourt (31). Un peu plus tard, Albert II, fils du précédent, donna également à Séhérus, abbé de Chaumousey (1094-1128), un quartier et un petit bois à Basemont (Bauzemont) (32). De même, vers 1130, Simon de Parroy et ses fils Gérard et Beaudoin cèdent à Senones leur terre de Basemont (33). Ce sont des ancêtres dont nous retrouverons plus tard des descendants directs.
Pour terminer cette liste déjà longue de nos seigneurs féodaux, mettons en belle place une veuve vertueuse et bienfaisante. Cunégonde de Richecourt, à qui sa piété suggéra des donations sans nombre aux monastères de la région. Son histoire est des plus attachantes et parait mêlée à celle des sires de Parroy. Les Bénédictins de Metz font de cette femme la fille d'un certain Gérard de Richecourt (Château-Bréhain) et de dame Marthe. Elle se marie d'abord à Geoffroy ou Rottfried de Viviers, chevalier (1042), mais elle est bientôt veuve-et, en souvenir de Geoffroy, elle donne -à Chaumousey une portion de son patrimoine propre, situé à Bauzemont. C'est, du moins, le témoignage de l'abbé Séhérus.
Remariée à Mattfried de Tincry, elle est de nouveau veuve en 1103.
Ainsi s'expliquent les qualifications nombreuses que les auteurs lui attribuent (34).
On lui connait trois enfants :
1°' Thierry, tué dans sa jeunesse, et enterré à Senones vers 1097. De là vient la bienveillance de la comtesse pour l'abbé Antoine, qui venait d'y être transféré au sortir du prieuré de Saint-Christophe à Vic.
2° Gobert, fils du second mari, qui fut sous-voué de Senones. entre 1100 et 1110. C'est en 1103, alors que son père vivait encore. que furent' donnés à Senones les biens situés à Xures et à Mouacourt, qui servirent, en 1129, à constituer le prieuré de Xures.
3° Adélaïde ou Alaïde, qui épousa : Simon de Parroy, et dont les fils, Thierry et Gérard, sont bien connus.
D'autres donations complétèrent celles que nous venons d'énumérer, portant sur dès terres situées à Fresnes-en-Saulnois, Mouacourt, Coincourt, Martincourt (près de Vaucourt), Craincourt, la forêt de Valandies (près de Xures), l'église de Berg (Mont) avec une vigne à Foulcrey, les eaux et la pêcherie du Sanon, le prieuré de Mervaville sur Azerailles, fondé en 1129. On ignore la date et le lieu de la mort de cette vénérable personne.
A lire ce qui précède, on aperçoit déjà les éléments principaux qui fournirent au Blâmontois sa structure féodale. L'organisme n'aura plus qu'à grandir en s'assimilant chacun de nos villages.

(A suivre)


(1) R. PARISOT : Les origines de la Hante Lorraine. - E. MARTIN : Histoire du diocèse de Toul, I, p. 137.
(2) Plusieurs monastères reçurent le même vocable; le nôtre fut toujours nommé Saint-Sauveur en Vôge., On sait que l'abbé E. Chatton en a publié une histoire très complète.
(3) R. PARISOT : Le royaume de Lorraine sous les Carlovingiens, p. 572.
(4) L. JEROME : Hist. de Moyenmoutier, p. 225 et 239
(5) Leur généalogie se trouve dans plusieurs histoires de Lorraine, notamment dans Les origines de la Haute-Lorraine, de M. R. PARISOT.
(6) Dans l'apanage de Montbéliard. il y avait un château nommé Blâmont; d'où cette inscription relevée par M. de Martimprey sur un sceau, à la date de 962 : S. Oleardi. com. Ablamontis (sceau d'Oléard, comte de Blâmont). Oléard, Liutfried, Ludvig. sont des formes diverses de Louis et s'appliquent au même personnage : Louis de Dabo.
(7), Pour ces généalogies de Bar, consulter : DUCHESSE : Histoire de la Maison de Bar.; L : DUVERNOY : Ephémérides du comté de Montbéliard, L. VIELLARD : Documents, etc.; TUEFFERT : Histoire des comtés souverains de Montbéliard, 1877.
(8) Une charte de Pibon, évêque de Toul, datée de 1091, énumère les terres données par ce seigneur sur Froville, Domèvre et Gondrexon. - H. LEPAGE : Comm., I, art. Froville.
(9) Pour ces généalogie, consulter : SCHOEPFLIN : Alsatia diplomatica et Alsatia illutstrata; P. BRUCKER : Vie de saint Léon IX; CHATELAIN : Le comté de Metz et la vouerie épiscopale du VIIe au XIIIe siècle (Jahrbuch, 1898-1899).
(10) L. SCHAUDEL; Les comtes de Salm et l'abbaye de Senones, p. 16.
(11) Chroniques de Moyenmoutier, par Jean de BAYON, cité par D. BELHOMME.
(12) Pourquoi. le qualificatif amoenus (agréable) qui entre dans la composition de ce mot ? Sans doute, à cause de la bonne exposition de ce lieu, en plein midi. Cet adjectif ne peut être contesté. Un document, concernant Hénaménil, cite ce lieu sous la forme Amenowïlla. La forêt voisine s'appelle les Amnienbois, et le ruisseau qui en découle vers Emberménil : le ruisseau des Amis.
(13) Nécrologe de Bonmoutier, cité par E. AMBROISE : Les vieux Châteaux de la Vezouze, p. 14.
(14) Les formes onomastiques étaient alors très peu fixées. On ne s'étonnera pas de ces altérations qui paraissent importantes. Certains auteurs vont même jusqu'à identifier ce Véher avec Volmar, et lui attribuent ces deux fondations, Voir H. LEPAGE : Les communes de la Meurthe, art. Lunéville.
(15) Ainsi : Hermamagney, écrit aussi par Lepage, Hermaménil ou Hennaménil, terres peu fertiles entre les Amniemboix et Remoncourt; Hénaménil, près de Parroy, et même Remoncourt, Remabois, si déplaçant l'r, on prononce Ermoncourt, comme le fait encore le langage vulgaire.
(16) En rapprochant les formes anciennes de Vého : à savoir Vïhoth (1034), Véhois ou Vehey (1311). de même Vihuviler et Huviller (Jolivet), de Vuher; ou Véher, ou Vernher, mentionné plus haut, on peut se demander si ce dernier n'a pas contribué à la formation de ces lieux.
(17) Par là s'explique le titre de comté donné à ses principaux apanages ? En un temps où chaque famille noble avait soin d'adopter un blason, Folmar V choisit pour Lunéville les armoiries que l'on sait : d'or à la bande d'azur, chargée de trois croissants montant d'argent,
(18) L. SCHAUDEL : Les comtes de Salm et l'abbaye de Senones, chap. II.
(19) Schoepflin et Châtelain, qui l'appellent Spanehilde, héritière de Dagshourg-Eguisheim, font une confusion, à moins qu'il ne s'agisse d'un second mariage de Folmar V, ce qui serait encore possible. (L. SCHAUDEI, op. cit., p. 60.)
(20) GERMAIN DE MAIDY : Note sur Agnès de Langstein J.S.A.L., 1888.
(21) Ce nom apparait pour la première fois, en 1127, dans la fondation du Moniet de Deneuvre.
(22) Voir sur ces marchés : T. LINCKENHELD : Un sanctuaire de frontière - Notre-Dame de Délivrance aux pieds du Donon. B.S.A.L., 1929, p. 180.
(23) Cette église, dédiée à Saint-Pierre, était située à une faible distance du village actuel. L'église plus récente de ce lieu est sous le vocable de la Nativité de la Sainte Vierge.
(24) D. CALMET : Hist. de Lorr., IV, col. 285.
(25) Ce titre, dit Bertholet, était donné aux fils de familles considérables, sans impliquer une fonction particulière.
(26) SCHAUDEL. op.. cit., p. 97, et Arch. départ. de M.-et-M. II. 542.
(27) J.-C Docteur, enfant du lieu, en publiant Le Château de Pierre-Percée (Raon-l'Etape 1840) a fait un roman historique plus curieux à lire que sûr à consulter. De tels écrits bourrés de légendes controuvées, déforment plutôt l'histoire, Cependant l'auteur fut en grande vogue dans nos campagnes, avec son almanach de la gaieté et d'antres écrits du même genre, il est mort à Pierre-Percée en 1880. M. René Perrou a donné sa biographie et son portrait dans la Revue Lorraine illustrée (1913).
(28) Le ban le Moine comprenait Bréménil et Neuviller (rive droite de la Brune), le hameau de Sainte-Agathe. Angomont, Allemcombe et I,uvigny.
(29) La chapelle actuelle est une reconstruction récente, Elle abrite une madone remarquable en pierre. que les connaisseurs font remonter au XVe siècle, non loin se dresse un joli portail roman du XIIe siècle, seul vestige d'un bâtiment inconnu.
(30) H. Lepage a publié. cette charte dans Les Communes de la Meurthe, H, p. 758.
(31) Givicourt, près de Parroy, avait l'église-mère pour Parroy. Hénaménil et Bauzemont.
(32) Doc. Hist. des Vosges, t. II, p. 129.
(33) D. CALMET : Hist. de Lorraine, IV, 66,46.
(34) Certains auteurs la nomment même dame de Réchicourt, Ce qui est une confusion évidente. La seigneurie de Réchicourt-le-Château, constituée à cette époque par quelque membre de la famille de Dabo, ne tarda pas à tomber. par suite de mariage, dans l'apanage de la famille de Leyningen (Linange) et n'en est pas sortie.
 

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