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La tour des voués - Baccarat


Le correspondant
Août 1866
J.T. Loyson
Les cristalleries de Baccarat

La petite ville de Baccarat est située dans une délicieuse vallée, arrosée par la Meurthe et bornée dans le fond par la chaîne des Vosges. A cheval sur la rivière, elle jette à droite sa cristallerie et quelques habitations, maintient à gauche sa partie principale, et relie le tout par un grand pont de pierre. Son nom apparaît pour la première fois vers la fin du treizième siècle, dans un acte de partage de 1292. Ce n'était alors qu'un assemblage de masures s'élevant sur la rive droite de la Meurthe, qu'elles ne franchissaient pas, et confondues avec Deneuvre (Danubrium) dans une seule cité. Il est cependant probable que, malgré cette intime union, Baccarat était déjà désigné dans la langue usuelle sous le nom qu'il a porté depuis. Il formait, en effet, un quartier à part, naturellement séparé du corps de la ville, qui s'élageait sur la côte voisine, par le ruisseau du Rupt. Ce ruisseau déchargeait à travers la vallée l'étang des Moines de Mamet, dont le trop-plein allait se perdre plus bas dans la Meurthe. L'acte de partage de 1292 stipulait cession, par l'évêque Bouchard d'Avesnes à Henri de Blâmont, de tout ce qui était au delà de ce petit cours d'eau, sur la gauche; la rive droite était conservée sous la régale des évêques de Metz. Deneuvre cessait d'appartenir à ces prélats; Baccarat leur restait. C'était garder bien peu. Mais ce petit groupe de maisons, grâce à la domination ecclésiastique, infiniment plus intelligente et soigneuse que celle de la plupart des seigneurs de cette époque, ne tarda pas à prendre une réelle importance. Abrité par le château des évêques, il parut bientôt, même à Deneuvre, d'une rivalité menaçante, et le sire de Blâmont, voué de l'évêché de Metz à cause des grands biens qu'il possédait dans le pays, jugea prudent de se précautionner en construisant, de 1300 à 1320, une grosse tour dont les restes subsistent, et dont la dénomination de tour des Voués, qui ne s'est point perdue, atteste encore l'origine. L'évêque Adémare de Montil répondit à cette démonstration en entourant Baccarat d'une forte muraille (1330). Vainqueur dans une guerre contre la régente de Lorraine au sujet de Château-Salins, qu'il prit et réunit avec d'autres bourgs de la province à ses domaines, il profita enfin de l'ascendant que lui donnait la victoire pour acheter la tour des Voués et la relier à l'enceinte qu'il avait établie.


Études historiques et critiques, ou Memoires pour servir a l'histoire de Baccarat
Charles Mangin
1861

Nous avons dit que ce fut ce dernier évêque [Adémare de Montil] qui éleva la forteresse que l'on voyait à Baccarat. Quelques années après ce prélat fit l'acquisition de la grosse tour que nous possédons encore. Ce monument fut construit au commencement du 14me siècle (1300 à 1320) par Henri II, sire de Blâmont, premier du nom seigneur de Deneuvre, et voué de l'évêché de Metz pour les grands biens que celui-ci possédait dans nos environs. C'est cette circonstance qui lui fit donner le nom de Tour des Voués. Cette tour, bâtie sur le roc, d'un carré imparfait, * sans aucuns reliefs, sans aucune architecture, n'a de remarquable que sa masse imposante. Les murs hors des fondations ont 2 m. 86 c. de largeur (c'est juste l'ancienne toise de Lorraine) et conservent cette largeur jusqu'au faite de l'édifice où l'on parvient encore fort difficilement par un escalier ménagé dans la maçonnerie et en grande partie délabré et même détruit. Ce monument composé de trois étages recevait la lumière par des fenêtres et des meurtrières au nombre de quatorze ou quinze ouvertures qui semblent percées au hazard et sont disséminées sur toutes les faces de l'édifice ; excepté cependant sur le mur situé au midi qui s'en trouve entièrement privé. Cette particularité est très-facile à comprendre. En effet, si l'évêque de Metz permit à son voué d'élever cette forteresse sur un fonds qui lui appartenait, il est à croire qu'il lui défendit d'y percer aucun jour donnant du côté de son château qui n'en était qu'à une portée d'arbalète. Une vaste ouverture cintrée située à une assez grande hauteur au nord, et à laquelle on arrivait par un large escalier dont il est très-facile de reconnaître les traces, conduisait sous une voûte qui s'est effondrée de nos jours; et de là, l'on gagnait seulement par un second escalier (remplacé aujourd'hui par une échelle) la porte qui donnait accès dans la tour. Cette entrée primitive percée à côté du monument auquel elle est reliée par un ouvrage de maçonnerie, a dû être condamnée et murée quand les évêques de Metz achetèrent et réunirent la tour des Voués à leur château. C'est alors que le grand passage voûté que nous voyons au-dessous de l'hôtel de la Gendarmerie devint la seule et unique entrée pour pénétrer dans cette enceinte fortifiée. Il y a déjà quelques années que l'on voulut essayer la démolition de l'oeuvre des comtes de Blâmont, mais les profits ne devant pas répondre aux espérances de l'entrepreneur, ce vandalisme cessa. C'est de cette époque que les planchers disparurent; ils se trouvaient supportés par des poutres si rapprochées les unes des autres qu'elles concouraient aussi à la solidité de l'édifice. La toiture en forme de flèche s'élevant à une assez grande hauteur fut également enlevée; et depuis ce moment l'ancienne tour des Voués, exposée au dedans et au dehors à l'intempérie des saisons, s'est trouvée complètement abandonnée. L'escalier se détériore de plus en plus sans que l'on ait jamais songé à le réparer; et quelle dépense faudrait-il doue pour le remettre en bon état ? Ce travail qui pourrait être couvert au moyen d'une modique souscription permettrait du moins à la nombreuse classe des curieux d'aller contempler le beau panorama dont on jouit du haut de ce monument féodal. Mais qui doit prendre l'initiative? N'appartient-elle pas à notre édilité ? Quel beau saut à faire pour ceux d'entre nous qui voudraient quitter ce bas monde d'une façon originale !
Ce fut l'évêque guerrier, Adémare de Montil, qui fit l'acquisition de cette tour lorsqu'il était en guerre avec la régente de Lorraine au sujet de Château-Salins que ce prélat prit et ruina avec d'autres bourgs de la province. Craignant de semblables représailles pour sa cité de Baccarat il ne crut mieux faire pour en renforcer les fortifications que d'en proposer l'achat à son possesseur, le sire de Blâmont, Henri II. Mais comme nous venons de le dire, ce ne fut que sous l'épiscopat de Conrad Bayer de Boppart qu'elle fut réunie au château.

* Largeur au nord, 11 m. 70 c: à l'est, 14 m. 70 c. ; hauteur actuelle, 27 m. 32 c. (Note communiquée par M. Lallemand, à l'obligeance duquel nous avons eu souvent recours pour renseignements du même genre.)


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