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1706 - «  Un tas de canailles formant la Bourgeoisie de Blâmont »
 


Dans le chapitre V de «  L'Abbaye de Haute-Seille », Edmond de Martimprey écrit :
«  Dom Moreau eut, en 1706, l'honneur de donner pendant quelques jours l'hospitalité au prince Camille et à l'abbé de Lorraine, son frère. Ce fait se trouve consigné dans les Mémoires de M. Moreau de Brazey, neveu de l'abbé de Haute-Seille ».

Camille de Lorraine (25 octobre 1666 - 6 février 1715 au château de Lunéville), appelé le prince Camille, était le 5ème des 14 enfants de Louis I de Lorraine (7 décembre 1641-13 juin 1718) comte d'Armagnac, de Charny, de Brionne, vicomte de Marsan, Chevalier des Ordres du Roi, Grand Écuyer de France, Sénéchal de Bourgogne et Gouverneur d'Anjou. Camille servit en Allemagne au siège de Philippsbourg en 1688 et les années suivantes avec un régiment de cavalerie. Fait lieutenant général des armées, puis Grand Maréchal de Lorraine en 1704, il était Grand Maître de la Maison de Lorraine
Son frère aîné, François Armand de Lorraine, chevalier de Lorraine (13 février 1665 - 9 juin1728), fut, à l'âge de onze ans en 1676, nommé abbé de Notre-Dame-des-Chastelliers, puis en 1686, abbé de Saint-Faron et en 1689, abbé de Royaumont. Primat de l'église collégiale et ducale de Nancy, il sera nommé, évêque de Bayeux en 1718.

La visite à l'abbaye de Haute-Seille est relatée dans le texte ci-dessous, source d'E. de Martimprey, tiré des «  Mémoires Politiques » de Jacques Moreau, neveu de l'abbé de Haute-Seille, qui travestit son nom est ses titres. Le grand dictionnaire historique de Moreri n'hésite pas à affirmer que «  Les bienséances » «  sont encore plus blessées » dans ces mémoires que dans les autres ouvrages de Jacques Moreau.


Memoires politiques, amusans et satiriques, de Messire J.N.D.B.C. de L., Colonel du Regiment de Dragons Casanski & Brigadier des Armées de Sa M. Czarienne.
Jean Nicolas Moreau de Brasey
1735

[...] De bons amis me conseillerent de tenter de mettre dans mes intérêts la Cour de Lorraine, où si je ne réussìssois point, pour mon retour en France par ce canal, je pourrois du moins exciter Mr. Moreau Abbé de Hauteseille mon Oncle à me secourir, comme est obligé de le faire un bon parent qui en a plus que son Neveu, & qui sans faire tort, ni a son Abbaye, ni a lui même, pouvoit me procurer de quoi soûtenir, & soulager ma famille en terre étrangere, jusqu'à ce que je pusse m'orienter dans un poste fixe, qui me produisit de quoi n'être à charge à personne. Ce conseil m'étant donné directement de Paris par de bons & de fidèles amis, & me paroissant le meilleur que je pusse prendre, je partis de Londres pour Dunkerke à la fin de Juillet 1712. où j'arrivai le lendemain de mon départ, & où Mr. Dugué Intendant General de la Marine, fils du deffunt Premier President de la Chambre des Comptes de Dijon, me reçut avec toutes les graces & tous les agrémens que je pouvois attendre d'un bon Compatriote. De Dunkerke je me rendis à Lille, & de Lille à St. Amant, [...]
[...] je pris une chaise à St. Amant qui me mena par, Bouchain, Guize, nôtre Dame de Liesse, Retel, Verdun, & Nanci, à LunevilIe où j'arrivai le 5. de Septembre, & où j'apris en arrivant, que Mr. le Prince Camille de Lorraine de la branche d'Armagnac, venoit de s'y rendre de la Cour de France, pour faire sa Cour à Leurs Altesses Royales Monseigneur le Duc & Madame la Duchesse de Lorraine.
J'avois en 1706. eu l'honneur de voir ce Prince avec Mr. l'Abbé de Lorraine son frere, suivis de Mrs. de Maienville, de Lozandierre, & d'Angener à l'Abbaye de Hauteseille, où ils vínrent se délasser des plaisirs de la Cour, & où mon Oncle les reçût autant bien qu'on peut recevoir des Princes dans un desert situé dans le païs le plus sauvage de la Lorraine, & qui n'a commerce qu'avec Blamon, ville sans resource. La bataille de Ramillies, nous avoit cette année privé de nôtre établissement à Bruxelles, où nous avions bâti Tabernacle depuis que Mr. de Chamillart m'avoit envoyé dans le service de Philippe V. L'Abbé de Hauteseille avoit offert une retraite à ma femme obligée de quitter Bruxelles, jusqu'à ce que je fusse de retour de ma Campagne sur le Rhin où je servois pour lors. Cette plus chere moitié de moi-même, ne pouvant mieux faire, que de se jetter entre les bras d'un Oncle, qui les lui tendoit de si bonne grace, se rendit à Mets, & de Mets à Nancy, où l'Abbé de Hauteseille la vint prendre dans son Carosse, & la conduisit dans sa maison Abbatiale, où elle m'attendit avec plaisir. Mon Oncle n'ayant rien épargné pour adoucir les pertes que sa Niece venoit de faire à Bruxelles. La Campagne finie, je me rendis auprès d'elle avec tout mon équipage, tandis que ma troupe alla prendre son quartier d'hyver à Arlon dans le pais de Luxembourg, & ce fut quelques jours après mon arrivée à l'Abbaye que le Prince de Camille, & l'Abbé de Lorraine s'y rendirent. Ils eurent toutes les complaisances possibles pour nous, & j'ose avancer qu'ils firent l'honneur à mon Oncle de le féliciter, sur l'acquisition d'une Niéce aussi meritante, & aussi bien élevée que leur parut ma chere compagne.
N'étant donc pas inconnu du Prince Camille, & sachant par moi même qu'il faisoit l'honneur à l'Abbé de Hauteseille de lui vouloir du bien, je fus lui rendre mes devoirs, & je m'ouvris à lui au sujet de mon arrivée en Lorraine, & sur l'état où nous nous trouvions en terre étrangere, où j'avois laissé ma femme & ma fille unique. Ce Prince eut la bonté de me promettre de faire ses efforts pour engager l'Abbé à nous secourir, & dès le lendemain il envoya un homme exprès à l'Abbaye porter une lettre à l'Abbé, pour qu'il se rendît à Luneville pour affaire pressante. Mon Oncle ne fit point de résistance aux honnêtetez d'un Prince, qui lui faisoit l'honneur de souhaiter de le voir à la Cour ; il s'y rendit; & comme il ne me croyoit pas si près de lui, il fut surpris d'aprendre que le Neveu qu'il croyoit dans le fond du Nord, se trouvoit à Luneville. Je puis vous assurer, Madame, qu'on ne peut pas mieux faire les choses que les fit l'Abbé à mon égard après la premiére entrevue, mais après avoir demeuré un jour avec moi il retourna à Blamon petite ville de Lorraine à une heure de son Abbaye, où il fait sa résidence ordinaire; il y oublia son Neveu, & se laissa gouverner comme toute la vie il l'a été, par certaines personnes, qui l'ont toûjours éloigné de sa famille, dans la crainte; qu'étant dans l'obligation de donner à ses parens, qui en ont besoin, cela ne diminuât ce que ces honnêtes sangsues en tirent, & en arrachent. Je pourrois, Madame, nommer les masques si je le voulois; puisque je ne suis que trop bien instruit de tout ce qui s'est passé, & de ce qui se passe; mais le respect que j'ai pour mon Oncle, & la sincère reconnoissance que je conserve des attentions qu'il a eues pour ma chere compagne, quoi qu'elles n'ayent pas duré longtemps, me retiennent & me forcent au silence. Et plût à Dieu, que ceux qu'il croit les meilleurs de ses amis, ne parlassent pas plus que moi, on ne sauroit pas dans le monde tant de traits grotesques des mauvais tours qu'on lui à faits dans son voisinage, & qu'il s'est attiré pour avoir la rage de familiariser avec un tas de canailles formant la Bourgeoisie de Blamont & des autres endroits du voisinage de son Abbaye, dont il ne peut encore se desabuser, malgré ce qu'il voit & ce qu'il à veu. La bonne amitié, & la bonne volonté de l'Abbé de Hauteseille ne se soûtinrent qu'autant qu'il fut séparé des personnes, qui seduisoient son coeur & son esprit, sur le compte de son Neveu, par mille mauvajs raports, plus dignes de l'imagination des canailles qui l'obsèdent, que de la croyance d'un aussì honnête homme & aussì bien né que l'Abbé l'est. II me manqua de parole des qu'il fut rentré dans son voisinage. Le Prince Camille fit tout ce qu'il crût qui le pourroit ramener à la voix du sang, l'Evêque de Thoul même, son Evêque Diocésain, qui se trouvoit à la Cour de Lorraine pour lors, lui en écrivit tans fruit; ainsi le compere, la çommere, la voisine, & le cabaretier Fremion l'emportèrent. Ce qui obligea le Prince Camille de me procurer un présent de Son Altesse Royalle Monseigneur le Duc de Lorraine, qui me servit a retourner à Dantzic, pour savoir où je pourrois rejoindre ma chere famille, dont j'étois en peine, depuis une lettre que j'avois écrite & envoyée par un Marchand de Londres à Dantzic à qui on l'avoit renvoyée en lui marquant, que la Comtesse de Lion n'étoit plus à Dantzic, sans autre éclaircissement.
[...]


Le grand dictionnaire historique, ou Le mélange curieux de l'histoire sacrée
Louis Moreri
Tome VII - 1759

MOREAU (Jacques) fils unique d'Etienne Moreau, dont on vient de parler, naquit à Dijon, le 18 août 1663. Il prenoit la qualité de sieur de Brassey, quoique cette terre n'ait jamais appartenu à sa famille. Il prit le parti des armes, & fut capitaine de cavalerie dans le régiment des Cuirassiers Espagnols du comte de Louvigny. II est mort âgé de soixante ans, à Briançon en Dauphiné. Quoiqu'il ne se fût pas livré à l'étude avec autant d'application que son pere, son génie vif & aisé suppléa en quelque sorte à ce qui pouvoit lui manquer du côte de l'érudition. C'est lui qui est l'auteur du Journal de la campagne de Piémont sous le commandement de M. de Catinat, en 1690, in-12. Ce journal est court, mais bien fait. Autre Journal de la campagne de Piémont pendant 1691, & du siège de Montmélian, sous M. de Catinat, en 1691, in-12. Relation de ce qui s'est passé à Châlons-sur-Saone à l'entrée du duc de Bourgogne, le 14 avril 1701, in 4° a Lyon. Jacques Moreau a fait d'autres ouvrages d'un genre différent qui lui ont fait peu d'honneur : savoir, la suite du Virgile travesti de Scarron, ou les cinq derniers livres de Virgile travesti, in-12, en 1706. Les bienséances sont violées dans tout cet ouvrage. Elles sont encore plus blessées dans le suivant, intitulé, Mémoires politiques, amusans & satyriques de Messire J. N. D. B. C. de L. colonel du régiment de dragons de Casanski, & brigadier des armées de sa majesté czarienne, 3. volumes in-11, à Véritopolie, chez Jean Disant-vrai, en 1716, mais réellement à Amsterdam, chez Etienne Roger. Dans le troisième volume qui contient bien des poésies libres, l'auteur a inséré aussi deux comédies de sa composition, la Prévention ridicule, & l'Escroc. En 1744, on a imprimé à Amsterdam un volume in-8°, qui est attribué au même Jacques Moreau de Brasey ou Brazey, sous ce titre : Le Guidon d'Angleterre, out Relation curieuse du voyage de M. de B** contenant un détail exact de tout ce que la campagne & les principales villes de ce royaume ont de plus remarquable ; avec une exposition fidèle du génie & des coutumes de la nation ; & une description circonstanciée de la ville de Londres, & des amusemens des eaux de Tunbridge & d'Epsom, enrichi d'une carte géographique pour l'intelligence du pays. Cette relation est en forme de lettres, qui sont au nombre de quatorze. Elles ont été écrites successivement dans les années 1712 et 1713, 1714. * Voyez l'extrait de cet ouvrage dans la Bibliothèque raisonnée des ouvrages des favoris de l'Europe, tome XXXIV, première partie, article IX. Jacques Moreau épousa en premières noces Charlotte Segaud de Beaune, & en secondes noces N. de la Vallée, fille du grand écuyer du duc de Zell, &: veuve du sieur de la Primaudaye, de la religion prétendue réformée, qu'elle suivoit aussi, mais qu'elle abandonna en faveur de son mariage avec M. Moreau.

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