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5 novembre 1674 - Bénaménil

1674 - Charles IV de Lorraine - Ultimes combats - 1674 - Bénaménil



Mémoires Du Marquis de Beauvau, Pour servir à l'Histoire De Charles IV, Duc de Lorraine & de Bar
Henri de Beauvau
Ed. Cologne 1688

Cependant les Troupes des Princes Confédérez étoient toûjours autour de Strasbourg ; celles de Monsieur de Turenne aux environs de Saverne, & sans se déterminer à rien entreprendre, ils se tenoient de part & d'autre dans de bons retranchemens. Son Altesse de Lorraine, qui ne pouvoit demeurer en repos, ayant appris la marche de 4 .ou 500. Gentilshommes de l'Arriére -Ban d'Anjou, par la Lorraine, pour venir joindre Monsieur de Turenne, détacha quatre Régimens de Cavalerie de ses Troupes, avec 100. Dragons, sous la conduite des Colonels Dupui, Merci, le Rhingrave, & la Roche, pour percer par des chemins détournez jusqu'à eux. Ils conduisirent cette entreprise avec tant d'adresse & de bonheur, que leur étant tombé sur les bras au Village de Benaménil, entre Lunevils & Blamont, quoi que ce fut sur les 9. heures du matin, ils les trouvérent faisant si mauvaise garde, qu'ils en tuérent la plus grande partie, & en firent 154 : prisonniers, entre lesquels se trouva le Marquis de Sablé qui les commandoit.
Le butin fut d'environ 400. chevaux quasi tous Anglois, & de 13. mulets, & en argent ou en hardes, la valeur de 400000. livres. Quoi qu'ils se trouvassent surpris & qu'ils n'eussent pas le loisir de monter à cheval, ils ne laissérent pas de se défendre fort vigoureusement d'abord, à coups de fusil & de mousqueton ; ce qui contraignit les Lorrains de mettre le feu au quartier, dont ce pauvre Village fut entièrement embrasé ; de sorte qu'il en périt plus par le feu que par les armes. Merci y fut blessé de sept coups de mousquet, deux ou trois Capitaines de Cavalerie, dont je n'ai pas appris les noms, y furent tuez, & un de Dragons : Sainte Croix, & Braco d'Ayo blessez mortellement ; mais peu de Cavaliers y perdirent la vie .Merci ne pouvant passer Badonville à cause de ses blessures, dont il en avoit une dans le petit ventre, fut contraint d'y rester prisonnier de guerre du Comte de Bissi, qui en l'absence du Marquis de Rochefort commandoit en Lorraine, & qui lui permit fort civilement de s'y faire traiter. Quand il fut guéri Son Altesse paya sa rançon, & il retourna la trouver à Strasbourg

 

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