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Stratégie militaire de défense de la Vezouze - 1897
 


Comme on le voit dans cet exposé anonyme de 1897, les stratégies militaires en prévision d'une future guerre avec l'Allemagne, envisagent de regrouper un maximum de troupes sur Blâmont, avec «  l'occupation solide de la ligne de la Vezouze ».
On sait cependant que 17 ans plus tard, il n'en est rien pour les Français, seuls quelques régiments patrouillant dans le canton lorsque l'armée bavaroise entre dans Blâmont le 8 août 1914.

L'Allemagne a commencé sa mobilisation générale le 1er août, la France le 2 août. Si l'on considère cependant la date du 3 août à 18 h (où l'ambassadeur d'Allemagne remet à Paris la déclaration de guerre), les prévisions pour l'armée allemande (malgré la création de nouveaux corps d'armée en 1913) s'avèrent précises : «  Le Ier corps bavarois, embarqué en chemin de fer le 5e jour au matin, ne serait à destination que dans la soirée et même dans la nuit du 6e jour. ».

Le 6ème jour de guerre à 18 heures, le Ier corps bavarois entre dans Blâmont.


Vive la France ! Capitaine X***.
Éd. E. Branchard (Briey) - 1897

SUR LA MOSELLE
Une troisième armée allemande opérerait certainement dans la trouée de la Moselle.
Les corps d'armée qui pourraient en faire partie seraient probablement les suivants :
XVe corps, quartier général Strasbourg;
XIVe corps, quartier général Carlsruhe ;
XIIIe corps, quartier général Stuttgart ;
Ier corps bavarois, quartier général Munich.
Le XVe corps, ainsi que la partie du XIVe stationnée en Alsace, sont à effectifs renforcés ; ils se mettraient en marche quelques heures après la réception de l'ordre de mobilisation, et se rendraient à leurs points de concentration, partie par route, mais pour la plupart en chemin de fer.
Voici dans quels délais la concentration de l'armée allemande de la Moselle pourrait être effectuée.
Les 2 régiments de cavalerie stationnés à Sarrebourg (à 60 kilomètres, de Lunéville) pourraient se trouver le Ier jour à Blâmont (30 kilomètres) ; ils seraient rejoints le même jour par le régiment d'infanterie de Sarrebourg.
Les 2 batteries à cheval de Bischwiller, transportées en chemin de fer, seraient débarquées, aussi le 1er jour, à Blâmont (110 kilomètres).
Le régiment d'infanterie de Saverne, voyageant par route, serait à Blâmont (60 kilomètres) le 2e jour, et le régiment d'infanterie de Dieuze serait aussi à Blâmont (40 kilomètres) le 2e jour, mais dans la matinée.
Le régiment d'infanterie de Wissembourg, transporté par chemin de fer, serait à Réchicourt-le-Château (125 kilomètres), à 10 kilomètres au nord de Blâmont, le Ier jour.
Les troupes de Haguenau (1 régiment de cavalerie, 1 régiment d'infanterie et 9 batteries d'artillerie), transportées en chemin de fer, seraient à Réchicourt (100 kilomètres) le Ier et le 2e jour de la mobilisation.
Les troupes de Strasbourg (I régiment de cavalerie, 3 régiments d'infanterie, 2 batteries d'artillerie à cheval, 9 batteries d'artillerie, 3 bataillons de pionniers, dont 1 détaché du XIVe corps, et 2 bataillons d'artillerie à pied, détachés du XIVe corps), pourraient être transportées de la façon suivante : le régiment de cavalerie, 1 régiment d'infanterie et les 2 batteries à cheval débarqueraient à Schirmeck (50 kilomètres) le Ier jour, et se trouveraient le 2e jour à Badonviller (30 kilomètres), à 12 kilomètres au sud de Blâmont; les 2 autres régiments d'infanterie seraient transportés jusqu'à Saales, point terminus de la ligne (75 kilomètres), ils y seraient le Ier jour et auraient 25 kilomètres à faire sur route pour se trouver le 2e jour à Raon l'Etape, à 15 kilomètres au sud de Badonviller.
Les 9 batteries seraient embarquées en chemin de fer le 2e jour, elles arriveraient le même jour, partie à Schirmeck, partie à Saales, et seraient le 3e jour à Badonviller et à Raon-l'Etape.
Les 3 bataillons de pionniers pourraient débarquer aussi le 2e jour, l'un à Réchicourt (100 kilomètres), l'autre à Schirmeck et le 3e à Saales. Le premier serait à son poste dès l'arrivée, les deux autres, après avoir effectué une étape, seraient le 3e jour seulement à Badonviller et à Saint-Dié.
Enfin, les 2 bataillons d'artillerie à pied, seraient transportés en chemin de fer dans la nuit du 2e jour et débarqueraient : l'un à Réchicourt le 3e jour au matin, il serait à son poste ; l'autre à Schirmeck le 3e jour au matin et serait à Badonviller le soir du même jour.
Le XVe corps serait donc complètement concentré le 3e jour au soir.
Le XIVe corps a une partie de ses troupes à effectifs renforcés, qui serait également embarquée en chemin de fer dès le Ier jour de la mobilisation.
Le régiment de cavalerie de Colmar, voyageant par étapes, serait à Saint-Dié (60 kilomètres) le 2e jour.
Le bataillon de chasseurs à pied de Schlestadt, transporté en chemin de fer à Sainte-Marie-aux-Mines (30 kilomètres) y serait le Ier jour et arriverait le 2e jour au matin à Saint-Dié (28 kilomètres), précédant la cavalerie. Les 3 bataillons de chasseurs à pied de Colmar, seraient à Sainte-Marie-aux-Mines (45 kilomètres) le Ier jour et à Saint-Dié le 2e jour, en même temps que la cavalerie.
Les 3 batteries d'artillerie de Neuf-Brisach débarqueraient à Sainte-Marie-aux-Mines (70-kilomètres) dans la nuit du Ier jour et seraient aussi à Saint-Dié le 2e jour.
Enfin, le. régiment de cavalerie et les 2 régiments d'infanterie de Mulhouse débarqueraient à Sainte-Marie-aux-Mines le 2e jour et seraient à Saint-Dié, la cavalerie le 2e jour au soir et l'infanterie le 3e jour au matin.
Le front occupé par l'armée allemande de la Moselle serait de 45 à 50 kilomètres, de Réchicourt-le-Château à Saint-Dié. Cette armée occuperait la vallée de la Meurthe et se préparerait à se précipiter sur la Moselle, pour la franchir.
La seconde partie du XIVe corps ne pourrait se mettre en mouvement que le 5e jour de la mobilisation.
Le régiment d'infanterie stationné à Fribourg serait transporté en chemin de fer à Sainte-Marie-aux-Mines (100 kilomètres); il y arriverait le même jour et serait à Saint-Dié le 6e jour.
Le restant du corps d'armée, stationné partie à Rastatt, emprunterait la voie ferrée Strasbourg, Saales (120 kilomètres) et arriverait à Saales le soir du 5e jour, il serait à Raon-l'Etape le 6e ; l'autre partie, stationnée à Carlsruhe prendrait la voie ferrée Rastatt, Kehl, Strasbourg, Schlestadt, Sainte-Marie-aux-Mines (160 kilomètres) et y serait aussi le 5e jour dans la nuit, pour être le 6e jour à Saint-Dié.
Le XIIIe corps aurait à sa disposition 4 lignes de chemins de fer.
1° Une ligne à double voie de Neckar, Neustadt, Sarrebruck, Remilly à Benestroff (250 kilomètres).
2° Une ligne à double voie de Stuttgart, Landau, Sarreguemines à Benestroff (250 kilomètres).
3° Une ligne à double voie d'Ulm, Stuttgart, Carlsruhe, Strasbourg à Benestroff (375 kilomètres).
4° Une ligne à simple voie d'Ulm à Offenbourg (300 kilomètres) et à double voie d'Offenbourg, Strasbourg à Benestroff (150 kilomètres). Ensemble 450 kilomètres.
Le XIIIe corps partant le 5e jour au matin serait à Benestroff le même jour, au plus tard dans la nuit de ce jour.
Le Ier corps bavarois disposerait des lignes suivantes :
1° Une ligne à double voie d'Ingolstadt, Bretten, Landau, Sarreguemines à Benestroff (550 kilomètres).
2° Une ligne à simple voie d'Augsbourg, Stuttgart à Appenweier (300 kilomètres) et à double voie d'Appenweier, Strasbourg à Benestroff (150 kilomètres). Ensemble 450 kilomètres.
3° Une ligne à double voie d'Augsbourg, Stuttgart, Landau, Sarreguemines à Benestroff (450 kilomètres).
4° Une ligne à simple voie de Munich, Aulendorf à Offenbourg (450 kilomètres) et à double voie d'Offenbourg, Strasbourg à Benestroff (150 kilomètres). Ensemble 600 kilomètres.
5° Les troupes de Munich pourraient se servir concurremment des lignes d'Ingolstadt, Landau, Benestroff (650 kilomètres), et d'Augsbourg, Ulm, Stuttgart, Strasbourg, Benestroff (600 kilomètres), toutes deux à double voie, utilisées déjà pour d'autres transports.
Le Ier corps bavarois, embarqué en chemin de fer le 5e jour au matin, ne serait à destination que dans la soirée et même dans la nuit du 6e jour.
L'armée allemande de la Moselle serait donc complètement concentrée sur sa base d'opérations le 7e jour au matin.
Les corps de landwehr pourraient être rendus au point de concentration dans les délais suivants :
Le XVe corps de landwehr resterait probablement à la garde des places fortes de l'Alsace.
Le XIVe corps de landwehr partant le 9e jour de la mobilisation serait à son poste le IIe.
Le XIIIe corps de landwehr partant aussi le 9e jour serait arrivé le 10e jour au matin.
Le Ier corps bavarois de landwehr partant le 9e jour serait rendu au point de rassemblement le 12e jour au matin.
L'armée forte de 7 corps serait donc concentrée dès le 13e jour.

Quelle serait à ce moment la situation de l'armée française de la Moselle ?
La plus grande partie du 6e corps paraît, d'après les garnisons occupées en temps de paix, devoir faire partie de cette armée.
La division de cavalerie de Lunéville, dont 4 régiments sont groupés, pourrait se porter sur Réchicourt-le-Château et Blâmont (30 à 35 kilomètres), accompagnée de ses 2 batteries d'artillerie et suivie à courte distance par le bataillon de chasseurs de Lunéville. Le bataillon de chasseurs de Baccarat se porterait aussi, rapidement, sur Blâmont (25 kilomètres).
Ces troupes seraient à leur poste le Ier jour ; elles prendraient, dès leur arrivée, le contact avec les Allemands venant de Sarrebourg et de Bischwiller, mais auraient sur ces derniers la supériorité de 2 régiments de cavalerie.
La division d'infanterie de Nancy serait à Réchicourt et à Blâmont (environ 60 kilomètres) le 2e jour, en même temps que l'avant-garde ennemie.
Les 2 autres régiments de la division de cavalerie de Lunéville arriveraient : celui d'Epinal, à Raon-l'Etape (50 kilomètres), le 2e jour; celui de Neufchâteau, transporté en chemin de fer, à Baccarat (300 kilomètres), le Ier jour de la mobilisation.
Le régiment de cavalerie de Nancy serait à Moyenvic (40 kilomètres) le Ier jour, et celui de Pont-à-Mousson à Château-Salins (40 kilomètres), aussi le Ier jour.
La division des Vosges pourrait occuper les positions suivantes :
Les 2 bataillons de chasseurs de Saint-Dié défendraient les routes de Saales et de Schirmeck, vers Provenchères (15 kilomètres) et les hauteurs de Senones (20 kilomètres). Le bataillon de chasseurs de Rambervillers irait garder la route nord de Schirmeck, vers Raon-l'Etape (28 kilomètres). Les 2 bataillons de chasseurs de Remiremont, transportés en chemins de fer à Saint-Dié (80 kilomètres), défendraient la route de Sainte-Marie-aux-Mines, vers Wisembach, à 20 kilomètres à l'est de Saint-Dié.
Tous ces bataillons seraient à leurs postes le 1er jour, avec une avance d'au moins 24 heures sur l'ennemi.
Les 2 régiments d'infanterie d'Epinal seraient le 2e jour, l'un à Raon-l'Etape (50 kilomètres), l'autre à Saint-Dié (60 kilomètres).
Le reste du corps d'armée serait transporté en chemin de fer.
La division de Commercy arriverait : les 2 régiments d'infanterie de Toul, à Réchicourt (100 kilomètres), le Ier jour; le régiment de Commercy et celui de Lérouville (150 kilomètres), à Badonviller, aussi le 1er jour.
La division de Saint-Mihiel suivrait rapidement.
Les 2 régiments d'infanterie et les 2 bataillons de chasseurs de Saint-Mihiel seraient à Raon-l'Etape le 2e jour; le régiment d'infanterie de Bar-le-Duc et celui, de Châlons arriveraient à Saint-Dié, celui de Bar-le-Duc (240 kilomètres), le Ier jour et celui de Châlons (325 kilomètres), quelques heures après.
L'artillerie de ces divisions, stationnée à Nancy, Toul, et Saint-Mihiel, aurait suivi de près les troupes d'infanterie.
Enfin, 2 régiments d'infanterie, stationnés à Toul, et le bataillon de chasseurs de Saint-Nicolas, formant ce que l'on est convenu d'appeler la brigade de Nancy, pourraient être chargés plus spécialement de couvrir les positions de Nancy et occuperaient dès le Ier jour le plateau de Lanfroicourt, entre la Seille et la Moselle.
Les autres corps d'armée, pouvant entrer dans la composition de l'armée de la Moselle, paraissent devoir être les suivants : 8e, 13e et 12e corps.
Le 8e corps pourrait disposer de 6 lignes de chemins de fer, dont 4 à double voie et 2 partie à double voie, partie à simple voie, d'un parcours moyen de 400 à 450 kilomètres.
Le nombre de lignes dont dispose le 8e corps paraît énorme, même exagéré, et l'on peut se demander comment il se fait que ce corps soit si bien partagé.
Il ne faut pas oublier que Bourges, le grand magasin central de l'artillerie française, fait partie du 8e corps et qu'il a besoin, pour pourvoir aux besoins des armées, de lignes nombreuses et à grand rendement.
Le 8e corps partant le 5e jour arriverait le même jour, ayant encore 2 étapes à faire, et serait à son poste le 7e jour.
Le 13e corps dispose de 3 lignes de chemins de fer dont 1 à double voie et 2 partie à double voie, partie à simple voie, avec une longueur moyenne de 675 kilomètres.
Ce corps partant le 5e jour arriverait les 6e et 7e jours, ayant encore 2 étapes à faire, il serait à son poste les 8e et 9e jours.
Le 12e corps dispose de 3 lignes, dont 2 à double voie et 1 à simple voie, distance moyenne 750 kilomètres.
Ce corps partant le 5e jour arriverait le 7e, ayant encore 2 étapes à faire et serait à son poste le 9° jour de la mobilisation.
Nous éprouverions donc, pour la concentration de l'armée de la Moselle, un retard de 2 jours sur l'ennemi.
Mais il ne faut pas oublier que notre avant-garde (6e corps) aurait au contraire de l'avance sur l'avant-garde allemande, ce qui permettrait l'occupation solide de la ligne de la Vezouze et des massifs montagneux des Vosges.
Cette occupation obligerait l'armée allemande à se concentrer plus à l'est, au moins à une journée de marche de nos avant-postes, afin de n'être pas exposée à des attaques pendant sa concentration.
D'où un jour au moins de retard pour l'ennemi, ce qui permettrait à nos corps d'armée d'arriver à temps pour le combat.
La nécessité de former les garnisons de nos places fortes de Lorraine occasionnerait un mouvement considérable de troupes, ce qui ne permettrait pas, sans doute, de faire suivre immédiatement un second échelon de corps d'armée.
Dans ces conditions nous aurions devant nous, dès le 12e jour, 7 corps d'armée allemands auxquels nous ne pourrions en opposer que 5 (en comprenant dans ce nombre le 6e corps français pour 2 corps, puisqu'il en aurait les effectifs)
Etant donné la solidité des lignes de défense, solidité accrue par des travaux de fortification passagère, l'armée de la Moselle serait quand même dans de bonnes conditions.
De même que l'armée de la Meuse, l'armée de la Moselle pourrait retenir l'ennemi sur son front suffisamment longtemps pour permettre aux renforts d'arriver enfin.

 

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