15 janvier 1910 - n° 3
- p. 51
Fêtes en l'honneur de la bienheureuse Jeanne d'Arc
[...] Le 26 septembre, l'annexe d'Ogéviller, Buriville, eut
également son tour. L'exiguïté du village et la modicité des
ressources ne permirent pas de donner à la fête tout l'éclat
qu'elle revêtit dans la paroisse mère. Pourtant, grâce à la
bonne volonté de tous, notre Bienheureuse Jeanne fut dignement
exaltée. Au témoignage général, jamais la petite église n'avait
été témoin d'une pareille fête.
Le 24 octobre, à Amenoncourt, la fanfare paroissiale « La
Lorraine » unit les accents vibrants de ses trompettes aux
joyeux carillons des cloches pour honorer « l'humble et douce
Guerrière », dont l'image gracieuse dominant le maître-autel, et
les jeunes gens, avec enthousiasme, chantèrent l'hymne des
Jeunes Lorrains.
Nous qui croyons en Dieu,
Croyons à la Patrie;
Songeons à nos aïeux,
Imitons leurs combats.
La foi garde au Français
Qui travaille et qui prie,
Le ciel là-haut
Et la France ici-bas.
29 janvier 1910 - n°
5 - p. 85
Calendrier de la Semaine
[...] Mercredi, PURIFICATION de la Ste Vierge. (Blanc). -
Fréménil.
La solennité en est remise à dimanche.
5 mars 1910 - n° 10
- p. 194
Chronique des oeuvres d'Hommes et de Jeunes Gens
[...] Non moins que les Fraternités et les associations
paroissiales d'Hommes, l'Union catholique du personnel des
Chemins de Fer est l'objet de la sollicitude pastorale de
Monseigneur l'Évêque.
Cette oeuvre corporative, fondée en juillet 1898, par M. l'abbé
Reymann, vicaire à Saint-Ambroise, à Paris, groupe actuellement,
en France, plus de quarante mille sociétaires.
Dans notre diocèse, elle compte déjà plusieurs centres. Celui de
Nancy, le plus ancien et le plus important, a pour directeur M.
l'abbé Henry, vicaire à Saint-Joseph. Le groupe Jeanne d'Arc, d'Avricourt,
dirigé par M. le Curé, a eu, cet hiver, le visite du délégué
général et du secrétaire général. Après s'être réuni quelques
mois à la sacristie, il a reçu l'hospitalité dans la salle
paroissiale que vient de construire M. l'abbé oertel, et voici en
quels termes il manifeste son contentement dans le Bulletin de
février ( 1).
« Nous sommes enfin chez nous ! Oh ! ce qu'il fait bon pouvoir
dire ce mot ! Que de choses dans ces deux mots si simples et si
doux « chez nous » ! Nous avons une belle salle, grande, haute,
bien éclairée, enfin une vraie salle de réunion et de
conférence ! Non pas que nous voulions conspirer plus à notre
aise dans cette salle qu'à la Sacristie, comme certains le
prétendent à tort, car notre salle reste ouverte à tous, pour
venir y réapprendre le Pater oublié!
« Et comment, me dira-t-on, après un si grand dénûment,
êtes-vous tout à coup si riches ? En deux mots, la raison de
notre richesse ! Notre Directeur qui, lui-même, n'est guère plus
riche que nous, car fils de cheminot comme nous, je doute fort
qu'il ait hérité de quelque million, notre Directeur, dis-je,
n'écoutant que son zèle et son grand coeur, a fait sortir de
terre par ses propres deniers, cette salle si magnifique, devant
servir aux grands et aux petits ! Et voilà pourquoi cette
réunion était pour nous si grande et si joyeuse, car ce jour-là,
exactement à 8 h, 15 du soir, notre prêtre-directeur, en
présence de 50 unionistes mettait généreusement et gracieusement
cette salle à notre pleine et entière. disposition ! Je ne
voudrais plus blesser sa modestie, car je crains d'être grondé
encore une fois (je l'ai déjà été pour la fête Jeanne d'Arc),
mais content ou pas content, notre Directeur ne m'empêchera pas
de lui dire, au nom du groupe, du fond du coeur : Merci, »
(1) Bulletin de l'Union catholique du personnel des chemins de
fer, mensuel, 83bis, bouleavard Richard-Lenoir, Paris, 3 francs
par an.
26 mars 1910 - n° 13
- p. 249
[...] Samedi, de l'Octave. (Blanc). - Leintrey.
C'est en ce jour que les Catéchumènes, jadis, déposaient les
blancs vêtements, symboles de la régénération baptismale qu'ils
avaient reçue le samedi-Saint. - Mém. de S. FRANÇOIS-DE-PAULE,
fondateur des Minimes, mort en 1507.
26 mars 1910 - n° 13
- p. 249
Chronique des missions paroissiales
[...] c'est également à l'Adoration perpétuelle que prépara la
mission de Gogney. Dès le premier soir, toute la paroisse fut
réunie au pied de la chaire; sauf huit personnes, presque toutes
étrangères à la localité, tout le monde fit ses Pâques. Une
Association de Mères chrétiennes fut établie; elle aura ses
réunions le Premier dimanche du mois.
26 mars 1910 - n° 13
- p. 259
La spoliation
[...] Un décret du 24 février 1910 a attribué aux Bureaux de
bienfaisance de: Barbonville, Bayon, Benney, Bezange-la-Grande,
Blainville-sur-l'Eau, Bouxières-aux-Chênes, Brin, Champey,
Chanteheux, Deneuvre, Einvaux, Emberménil, Essey-les-Nancy,
Fléville, Frémonville, Froville, Gerbécourt-et-Haplemont,
Gripport, Haraucourt, Hériménil, Juvrecourt, Laneuveville-aux-Bois,
Laneuveville-devant-Bayon, Lemainville, Lenoncourt, Loromontzey,
Marainviller, Marbache, Merviller, Montigny-sur-Chiers,
Moriviller, Mouacourt, Moyen, Neuviller-sur-Moselle, Ormes
et-Ville, Norroy, Pagny-sur-Moselle, Pont-Saint-Vincent, Sainte
Geneviève, Serres, Sommerviller, Sornéville, Thiébauménil, Ugny,
Vandières, Varangéville, Vého, Verdenal, Villacourt,
Villers-les-Nancy, les biens ayant appartenu aux fabriques des
églises de ces communes. [...]
7 mai 1910 - n° 19 -
p. 380
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. l'abbé
Gridel, décédé à Baccarat le 28 avril 1910.
Né à Brouville le 19juin 1858, ordonné prêtre le 2 juillet 1893,
M. l'abbé Alphonse-Jean-Baptiste Gridel avait été successivement
vicaire à Arnaville (1893), à Einville (1895), économe de
l'institution Saint-Pierre-Fourier (1895), euro de Hénaménil
(1896) et de Nonhigny (1903). Il était retiré du saint
ministère, depuis le 30 novembre 1906.
M. l'abbé Gridel était membre de l'association de prières.
14 mai 1910 - n° 20
- p. 389
Calendrier de la Semaine.
[...] Adoration perpétuelle: à Norroy-le-Sec et à Ogéviller.
14 mai 1910 - n° 20
- p. 397
M. l'abbé
Gridel.
Le samedi 30 avril, la paroisse de Brouville rendait les
derniers devoirs à l'un de ses enfants, M. l'abbé Alphonse
Gridel. Si cette humble localité honore ses prêtres, on peut
dire que ceux-ci la paient de retour en lui créant une auréole
d'honneur et que leur souvenir pieusement conservé la
maintiennent dans la fidelité aux pratiques religieuses qui en
font une des meilleures paroisses du doyenné de Baccarat.
Si vous visitez son église, vous verrez à l'entrée un monument
érigé à l'abbé Litaize « Confesseur de la Foi durant la Grande
Révolution». A l'intérieur, vous verrez incrusté dans la
muraille à droite un beau médaillon en bronze rappelant le
souvenir de l'abbé Gridel, vicaire général de Nancy, illustre
par sa science et ses écrits.
M. Alphonse Gridel, son arrière-neveu, n'a pas sans doute
illustré son pays en subissant la persécution violente, ni en
publiant de savants livres; mais il a embaumé de la bonne odeur
de Jésus-Christ par l'aménité et la franchise de son caracctère,
la sûreté de ses relations, la solide piété de son coeur et la
fermeté de ses principes de foi, tous les lieux par lesquels il
a passé.
Garçon boulanger jusqu'à l'âge de 28 ans, il se sent pressé par
l'appel d'En Haut de pétrir et de distribuer aux âmes le pain
nécessaire aujourd'hui plus que jamais, de la doctrine et de la
grâce de Jésus-Christ. Il apprend auprès de M. l'abbé Chanel les
éléments du latin. Il passe les cinq années de Grand Séminaire
en contribuant à l'édification commune par sa piété, son
application sérieuse à l'étude des sciences sacrées, et son
obéissance scrupuleuse au règlement. Sa mémoire rouillée par le
manque d'exercice, son intelligence rebelle aux spéculations
philosophiques et théologiques lui rendaient cuisants ses
nouveaux labeurs et doux par comparaison les durs pétrissages
d'autrefois. Mais il entrevoyait le saint autel ! Sa volonté s'y
élançait par ses ascensions réitérées. Aussi, quel beau triomphe
fut celui de cette première messe qu'il chanta dans cette chère
église de Brouville au commencement de juillet 1893, entouré de
tous ses compatriotes et d'une nombreuse couronne de prêtres.
Bien qu'il eût alors 35 ans, solidement taillé comme il l'était,
il semblait devoir fournir une aussi longue carrière que la
plupart des nouveaux prêtres. Pourquoi faut-il qu'après 13 ans
seulement d'un ministère fécond à Arnaville, à Einville, au
collège Saint-Pierre Fourier, à Hénaménil et à Nonhigny, il lui
ait fallu accepter, la tristesse au coeur, une retraite qui
devait mettre un dernier trait de perfection à sa vertu ? Dieu
voulut-il montrer que l'Eglise n'a pas seulement besoin de
science et d'apostolat, mais aussi d'âmes crucifiées qui
achèvent en elles-mêmes ce qui manque à la Passion de
Jésus-Christ ?
Depuis 8 mois, en particulier, la paralysie et la souffrance ne
lui permettaient plus de dire la Sainte Messe ni même le Saint
Office. « Que vous êtes heureux de pouvoir monter tous les jours
à l'autel », disait-il dernièrement M. le doyen de Baccarat.
Néanmoins, avec cette volonté énergique qui l'animait, il voulut
encore le 24 avril remplir son devoir électoral. Ce seul moyen à
sa disposition de défendre activement la religion, il n'eut
garde de le manquer. Il se fit conduire en voiture à la mairie
de Baccarat, se fit porter à la salle de vote et déposa son
bulletin, cette arme dont trop de catholiques de nos jours,
traitres à leur baptême, se servent pour frapper leur Mère la
Sainte Eglise. - Il paya cher cette audace de dévouement à la
cause de Dieu, car en descendant de la mairie, il tombait d'une
dernière attaque ; mais il était heureux d'avoir au prix de sa
vie, satisfait sa conscience et accompli ce suprême devoir.
Jusqu'au Jeudi, il ne fit qu'agoniser, reconnaissant toutefois
ses visiteurs, et les saluant d'un sourire malgré ses douleurs.
Environ 40 prêtres accompagnèrent sa dépouille mortelle soit à
l'église de Baccarat où fut célébré un premier service funèbre,
soit à Brouville où se terminèrent les funérailles. M. l'abbé
Clanché, curé de Dieulouard, chanta la messe, M. le chanoine
Lacombe, Supérieur de l'Institution Saint-Pierre Fourier fit
l'absoute. M. le Doyen de Baccarat prononça une courte, mais
très appréciée Oraison funèbre, rappelant délicatement les
vertus du défunt, les voies merveilleuses de sa vocation, le
dévouement de cette parente qui, durant de longues armés, fut
pour lui une vraie soeur de charité, et les religieuses
sympathies des paroissiens de Brouville.
Cher abbé Gridel, si, comme nous osons l'espérer, vos
souffrances si saintement supportées ont complètement purifié
votre âme, souvenez-vous de nous dans ce royaume de Jésus-Christ
dont vous fûtes le si fidèle ministre !
A. G.
2 juillet 1910 - n°
27 - p. 529
Calendrier de la semaine
[...] Lundi, S. ULRICH (Blanc). - Reillon.
Evêque d'Augsbourg au Xe siècle, il est honoré dans notre
diocèse à cause d'une chapelle qui fut élevée en son honneur
près de Sarrebourg, qui appartint de 1802 à 1874 au diocèse de
Nancy et qui est devenu le but de pieux pèlerinages.
2 juillet 1910 - n°
27 - p. 543
[...] M. le Vicaire général BARBIER donne alors la Statistique
des oeuvres de Jeunesse du Diocèse, d'après les renseignements
recueillis par l'enquête sur l'action des Comités catholiques.
Sur 466 paroisses pourvues de curé, on compte 208 paroisses
ainsi repartis:
[...] Archiprêtré de Lunéville, 46 ; dont pour les doyennés de
[...] Blâmont, 5; de Cirey, 4.
16 juillet 1910 - n°
29 - p. 573
Calendrier de la semaine
[...] Jeudi, S. Victor (Rouge) - Repaix. l
Soldat de la Légion Hébéenne, martyr (290).- Mém. de Ste Praxède,
vierge (164).
23 juillet 1910 - n°
47 - p. 696
Concours sportif de Blâmont.
Une lettre nous annonçait un compte rendu de cc concours de
gymnastique et de musique qui groupa, dimanche, à Blâmont, plus
de huit cents jeunes gens de nos Patronages, sous la présidence
de M. le Vicaire général Barbier.
A l'instant où nous mettons sous presse, nous ne l'avons pas
encore reçu ; nous pensons pouvoir le publier dans notre
prochain numéro.
30 juillet 1910 - n°
31 - 621
Concours sportif de Blâmont.
Des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont
empêché d'envoyer plus tôt à la Semaine Religieuse le compte
rendu de la fête sportive qui eut lieu à Blamont, le dimanche 17
juillet. Il n'est jamais trop tard pour se féliciter d'un
succès, et pour en féliciter les auteurs.
Car ce fut un succès, du matin au soir : succès d'abord sur le
temps qui, durant toute la fête, a tenu ses nuages en laisse.
Succès sur mille difficultés, inhérentes en grande partie à lu
situation politique de Blâmont. Il suffit, pour en donner une
idée, de rappeler ce geste qui déjà s'est attiré un si bel
accueil d'hilarité : le geste magnanime du maire, proposant un
sou de subvention à la fête (à comparer avec l'amabilité et la
courtoisie des protestants de Colmar). Succès surtout dans la
teneur même de la fête : 22 sociétés présentes, savez-vous que
c'est coquet pour une ville aussi lointaine ? Et parmi ces 22
sociétés, trois de Nancy, et la Laurentin, de Benfeld, voilà qui
relevait singulièrement le contingent. L'excellente musique de
la Cotonnière Lorraine (Val-et-Châtillon) répandit, au cours de
la journée, une harmonie plus fournie encore que les éclats de
nos cuivres, clairons et trompettes, et tout le monde l'a fêtée.
L'on a bien fêté aussi tous ces gymnastes aux fiers costumes. Et
malgré les allégations de journaux mal intentionnés, il faut
bien dire que leur tenue était de nature à faire sur les
spectateurs une excellente impression. Le public n'était point
admis au concours du matin ; mais quand arriva l'heure de la «
Messe militaire » célébrée sur le terrain par M. le Curé de
Blâmont, les tribunes étaient bondées, M. le Vicaire Barbier, à
l'Evangile, adressa la parole aux gymnastes, pour leur
transmettre les bénédictions de leur évêque. « Vous êtes, leur
dit-il en substance, vous êtes pour les catholiques, pour nous
prêtres, un charme, un réconfort, un espoir. Il les engagea,
dans une péroraison qu'on ne put s'empêcher d'applaudir, à
donner un vigoureux appel qui tire toute la vallée de la
torpeur, et qui soit entendu jusqu'à Dieu, tel l'appel de Roland
qui parvint de Roncevaux jusqu'à l'armée de Charlemagne. » Le
chant du Credo, puis celui des Jeunes Lorrains furent enlevés
par toutes ces voix jeunes et vibrantes.
A midi moins 1/4, chaque société regagnait ses cantonnements
pour le déjeuner. A une heure, elles étaient de retour dans
l'église; elles sont un bon quart d'heure à entrer, tant, au
dehors, la foule est compacte : elles emplissent bientôt
jusqu'aux moindres recoins de la nef coquette et claire.
Quelques morceaux de musique, pour mettre un peu de calme dans
cette ruche en effervescence, impatiente de l'office, de vêpres
militaires, c'est-à-dire courtes et vigoureusement enlevées - et
.... en route pour la fête. Les colonnes se forment, et défilent
au pas. Le monde se presse sur leur parcours, se presse et
s'écrase sur le stand - où l'on compte plus de 4,000 entrées.
Après le salut aux drapeaux et l'exécution de la Marseillaise
par la musique de la Cotonnière, la série des numéros
athlétiques et sportifs se déroule sans interruption deux heures
durant : boxe, canne, massues, appareils, pyramides hardies à
faire haleter d'effroi, ballets réglés avec un art qui arrache
les applaudissements : bravo pour les désopilants chinois de
Nomexy, pour les jardiniers de l'Amicale Saint-Nicolas, aux
gracieuses évolutions. Bravo aussi aux excellentes trompettes de
la Jeanne d'Arc et de Vého. Puis, couronnement de la fête : les
ensembles.
Enfin, sonne l'heure des récompenses. M. le Curé de Blâmont sait
trouver le mot qu'il faut pour chaque société. Et à chacune, en
un geste élégant et discret, il fait remettre par de jeunes
Blâmontaises une magnifique gerbe de fleurs. Puis, c'est la
dislocation, les derniers adieux, les dernières sonneries, les
derniers coups de sifflets des trains emportant de çà et de là
héros et spectateurs d'une fête qu'on n'oubliera pas.
Un Témoin.
6 août 1910 - n° 32
Calendrier de la Semaine.
Dimanche 7 août (12e après la Pentecôte), S. GAETAN (Blanc). -
Blâmont, Paroisse.
Voici, à la méme époque que S. Ignace, pour combattre les mêmes
erreurs et lutter contre la même corruption des idées et des
moeurs: voici, au XVIe siècle, sur un autre terrain, un autre
fondateur de prêtres missionnaires-prédicateurs, les Clers-réguliers
appelés plus tard Théatins. C'est un jeune Italien, de la plus
haute noblesse vicentine, de la famille quasi-royale des Thieni,
Mais, pour réussir dans ses desseins, il commence par renoncer à
ses titres et à ses richesses: il s'appuie sur la base solide de
l'humilité et ne veut compter que sur la divine Providence, à
tel point que, prié d'accepter avec une vaste maison à Naples,
les revenus nécessaires à son entretien et au besoin de ses
frères, il refuse, et, quand on insiste, il aime mieux quitter
cette résidence, se retirer dans une humble demeure et y vivre
pauvre, que de s'embarrasser de biens temporels. Il veut avant
tout compter sur Dieu et se conformer à la parole du divin
Maitre qui envoie ses disciples à la conquête des âmes, sans
avoir de quoi se nourrir ni changer de vêtements. Voilà ce qui
est rappelé dans l'Oraison et l'Évangile de la Messe, les deux
seules parties propres à cette fête, le reste étant pris au
commun d'un confesseur. L'Oraison fait tout l'éloge de notre
Saint, en disant que Dieu lui a fait la grâce d'imiter le genre
de vie des Apôtres apostolicam vivendi formam imitari ; aussi,
admirant cette conduite, sans pouvoir l'imiter en tout, nous
demandons au moins, par l'intercession de notre Saint, d'avoir
en Dieu une confiance inébranlable, in te semper confidere, et
de rechercher de préférence les biens du ciel, sola coelestia
desiderare. Et, pour nous affermir dans ces dispositions,
l'Evangile nous fait relire ce passage admirable du Sermon sur
la Montagne où Notre-Seigneur nous montre par de poétiques
comparaisons comment nous devons nous fier à Dieu et compter sur
la bonne Providence, nous rappelant que Chrétiens nous ne devons
pas agir comme les païens, nous exhortant à chercher d'abord le
royaume de Dieu et sa justice, et nous assurant que le reste
nous sera donné par surcroît. C'est cette maxime évangélique si
vraie, si juste, qui est rappelée comme conclusion à l'Antienne
de Magnificat. - Du dimanche, on fait mémoire, et, à la fin de
la Messe, on lit l'Évangile (Parabole du bon Samaritain) ;
mémoire aussi de S. DONAT, Évêque, martyrisé en 362.
20 août 1910 - n° 34
- p. 666
ACTES OFFICIELS
Nominations.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, ont été nommés: [...]
Professeurs au Petit Séminaire, M. l'Abbé
Charles Bastien,
précédemment curé de Domèvre-sur-Vezouse ; M. l'Abbé Georges
Reibel, précedemment vicaire à St-Léon ;
Curé de Domêvre sur-Vezouse, M. l'Abbé
Renault, précédemment économe des Séminaires ; [...]
20 août 1910 - n° 34
- p. 674
M. l'abbé Gom, curé de Parroy.
Charles-Camille Gom était né à Bréménil le 28 mai 1845, au sein
d'une famille profondémen t chrétienne. Dans un foyer chaud et
pur, éclairé par une piété solide, les vocations religieuses et
sacerdotales éclosent toutes seules, dit Monseigneur Bougaud.
C'était absolument le cas. Tandis qu'une de ses soeurs se vouait
à Dieu dans la Congrégation de la Doctrine chrétienne, Camille,
dont les attraits avaient été délicatement secondés par le curé
de la paroisse, M. l'abbé Mienville, entrait en troisième au
Petit-Seminaire de Pont-à-Mousson, après deux années passées au
Collège ecclésiastique de Blâmont. .
Le jeune humaniste, au témoignage de ses condisciples, ne
possédait pas et ne poursuivit jamais ces facultés parfois
périlleuses d'une imagination vive et d'une sensibilité ardente;
il se contentait d'être plein de bon sens, élève très attentif
et studieux. Ces qualités sérieuses jointe à à la piété et à la
régularité furent appréciées plus tard au Grand Séminaire de
Nancy, Toute sa vie en portera le reflet.
Ordonné prêtre le 18 septembre 1869, il fut successivement
vicaire à Saint-Pierre et à Gerbeviller; puis, en 1872, il était
nommé curé à Lafrimbole, petit village qui, à la suite de
l'annexion, a été rattaché au diocèse de Metz. Il ne put rester
que deux ans dans cette chrétienne paroisse dont il garda
toujours le plus affectueux souvenir. Et ceci est tout à l'éloge
de son patriotisme: malgré les avantages séduisants qui lui
étaient offerts, il préféra quitter Lafrimbole pour rester curé
français. En janvier 1875, il était envoyé par l'administration
diocésaine dans la paroisse de Germonville, avec Bralleville
pour annexe.
C'est sur cet humble terrain, cultivé avec une patience
persévérante pendant vingt années, que nous l'avons vu à
l'oeuvre. Sa modestie eut été bien alarmée, et il m'aurait grondé
- avec quelque humeur peut-être - si j'eusse révélé de son
vivant l'estime et l'amour que ses paroissiens lui avaient
voués. Mais comment n'aurait-on pas vu sans une grande
édification l'exactitude exemplaire du bon curé à remplir ses
devoirs religieux, sa ponctualité presque scrupuleuse dans la
récitation du bréviaire, toujours dit à l'heure fixée, avant
toute autre occupation; comment ne pas apprécier ses relations
douces et faciles avec les paroissiens, son hospitalité
bienveillante, empreinte d'une si charmante simplicité ; comment
surtout ne pas admirer cette charité discrète pour les pauvres à
laquelle s'associaient avec tant d'amabilité sa pieuse mère et
la soeur dévouée qui lui survit ? Pendant près de deux ans, un
jeune enfant qu'il avait pris chez lui pour lui donner des
leçons de latin, fut l'intermédiaire de ces aumônes; il ne se
passa presque pas un jour où il ne portât un bouillon
réconfortant ou quelques autres douceurs à des malades sans
ressources. Et - Dieu pardonne au petit espiègle ! - il se
rendit compte une fois, une seule ! que le presbytère n'envoyait
pas aux pauvres ce qu'il avait de moins bon.
La maison de Dieu fut avec le soin des âmes sa principale
préoccupation : ses deux églises furent dotées de belles
cloches. et celle de Germonville lui doit en plus son pavé
carrelé et ses vitraux. Il fut largement aidé en ceci par la
générosité d'une famille riche qui l'estimait beaucoup.
Le ministère de l'abbé Gom fut marqué en cette petite localité
d'une consolation spéciale ; le bon curé put y encourager une
vocation sacerdotale. Malgré plusieurs essais dans son ministère
de 40 ans, il n'a formé qu'un prêtre ; mais, du moins, il en a
formé un, et ce fut une des plus pures joies de sa vie : il ne
sut Jamais cacher longtemps à de nouveaux confrères combien il
était heureux de cette oeuvre.
Au mois de mai 1895, fatigué d'un binage qui durait depuis 20
ans, M. l'abbé Gom accepta la paroisse de Parroy qui la mort de
M. Robin venait de laisser vacante. Sur ce nouveau champ de
bataille, il n'eut pas à modifier sa tactique pour gagner les
coeurs. La charité et la bienveillance sont partout conquérantes.
Mais qui peut se flatter de les gagner tous, même avec le plus
pur dévouement ? Et quel est aujourd'hui le pasteur qui ne
gémisse de la diminution de l'esprit chrétien dans sa paroisse ?
Cette peine, l'abbé Gom la connut comme tant d'autres et la
ressentit vivement. On allait voir pourtant bientôt quel trésor
de sympathies latentes s'accumule dans le coeur d'une paroisse.
Le vendredi 5 août, après deux jours de douleurs assez vives qui
paraissaient n'avoir rien d'inquiétant, l'abbé Gom était
foudroyé en moins d'une minute par une congestion pulmonaire. Ce
fut dans tout le village un long cri de stupeur et de regret,
Pendant près de trois jours, une procession touchante se déroula
dans les salles du vieux château qui sert de presbytère: chacun
voulut revoir encore et pleurer celui qui venait de consumer sa
vie au service de tous.
La paroisse entière fit de touchantes funérailles au pasteur
qui, par un sincère témoignage d'affection, avait résolu de
dormir son dernier sommeil au milieu de ses enfants. Près de
quarante prêtres, dont plusieurs du diocèse de Metz, vinrent
offrir le suprême hommage de leurs prières au cher confrère
qu'ils estimaient. Malgré la distance et la fatigue d'un long
voyage, son vénérable ami, M. l'abbé Poussardin, curé au diocèse
d'Orléans, accourut à Parroy et chanta la messe solennelle. M.
le Curé-doyen d'Arracourt qui présidait aux obsèques, fit avec
une vive émotion l'éloge funèbre du regretté défunt, insistant
avec beaucoup d'à-propos sur cette carrière sacerdotale si
brusquement terminée, qui doit rester une source d'édification
pour ceux qui en furent les témoins.
Les paroissiens de M. l'abbé Gom conserveront toujours le
souvenir reconnaissant de ses bienfaits et de son dévouement.
Puissent ils faire mieux encore ! combler ses voeux en se
montrant fidèles aux devoirs de chrétiens qu'il leur a
énergiquement et si souvent prêchés !
E. B.
27 août 1910 - n° 35
- p. 681
Calendrier de la semaine
Lundi, MARTYRE DE SAINT JEAN-BAPTISTE (Rouge). - Blâmont,
hospice.
Les mères liront avec profit dans l'Evangile le récit de ce
dégoûtant forfait, qui est bien le plus grand crime commis après
le crucifiement du Sauveur. Profitant de cette terrible leçon,
elles verront qu'il a été demandé par une jeune fille légère et
perpétré à l'instigation d'une mère sans moeurs. Car, enfin, dit
Saint Ambroise, la tête du prophète fut la récompense de la
danseuse, qui n'a pu recevoir d'une mère adultère que des leçons
d'impudeur. Que de mères dont les encouragements et les exemples
poussent leurs jeunes filles au plaisir plus qu'au devoir et
leur enseignent mieux la danse que la vertu - En faisant mémoire
de Sainte SABINE, illustre dame romaine, nous avons l'exemple
bien différent d'une femme qui affirme sa foi devant son juge
inique et subit courageusement le martyre en 119.
3 septembre 1910 -
n° 36 - p. 698
ACTES OFFICIELS
Nomination.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, a été nommé curé de
Gemonville, M. l'abbé
Grosse, précédemment vicaire Blâmont.
10 septembre 1910 -
n° 37 - p. 718
ACTES OFFICIELS
Nomination.
Par décision de Monseigneur l'Evêque, a été nommé vicaire à
Blâmont, M. l'Abbé
Royer, précédemment vicaire à Homécourt.
1er octobre 1910 -
n° 40 - p. 793
Nécrologie
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. l'abbé
Martin, chanoine honoraire, curé de Pagny-sur-Moselle,
décédé le 24 septembre f910.
Né à Haraucourt le 11 avril1821, ordonné-prêtre le 17 juin 1848,
M. l'abbé Nicolas-Auguste Martin avait été successivement
vicaire à Gerbéviller ( 1848) ; curé de Blémerey ( 1853).
Il était curé de Pagny-sur-Moselle depuis 1856 et avait été
nommé chanoine honoraire le 4 novembre 1886.
M. l'abbé Martin était membre de l'Association de prières.
8 octobre 1910 - n°
41 - p. 803
L'Union catholique du personnel des chemins de fer à
Avricourt.
Dimanche prochain 16 octobre, le Groupe Est-Jeanne-d'Arc, d'AVRICOURT,
célébrera la fête solennelle de la Bénédiction de son drapeau.
Monseigneur l'Evèque, à peine rentré de la réunion de Besançon,
se fera un plaisir de montrer aux dévoués employés des chemins
de fer de l'Est toute sa sympathie, et il ira bénir le drapeau
de ce nouveau groupe; M. le Vicaire général Ruch assistera
Monseigneur pendant cette cérémonie.
La journée du reste promet d'être intéressante, si nous en
jugeons par le programme :
A 5 h. 3/4, Messe de communion.
A 9 h., Séance d'Etudes, salle Jeanne d'Arc, sous la présidence
de M. l'abbé Heymann, directeur général de l'Union catholique
des chemins de fer, et de M. Abrial, délégué général.
A 10 h., Messe corporative avec chants. Sermon par M. l'abbé
REYMANN. Bénédiction solennelle du drapeau par Monseigneur
TURINAZ, évêque de Nancy.
A midi, Banquet fraternel, hôtel de l'Est, sous la présidence de
Monseigneur.
A 3 h., Vêpres solennelles. Allocution de Monseigneur.
Bénédiction du Très Saint-Sacrement. Consécration du groupe au
Sacré-Coeur.
L'Avant-Garde à Avricourt et les Sociétés de Lunéville prêteront
leur concours pour rehausser l'éclat de la fête. Les nombreux
employés de l'importante gare d'Avricourt et les employés des
autres groupes de l'Est seront reconnaissants au curé d'Avricourt,
M. l'abbé Oertel, fils d'un de leurs anciens camarades, de leur
préparer une aussi belle journée.
29 octobre 1910 - n°
44 - p. 857
Samedi, de l'Octave (Blanc) - Vého.
19 novembre 1910 -
n° 47 - p. 926
Fête de l'Union catholique du Personnel des Chemins de Fer à
Avricourt.
LA MATINÉE,
Chose à noter en cette pluvieuse année, ce fut par un radieux
soleil d'« été de la Saint-Martin » que s'ouvrit cette journée
où le Groupe Jeanne d'Arc, d'Avricourt, allait goûter la joie de
recevoir la visite du premier Pasteur du diocèse, d'accueillir
de nombreux représentants des groupes de l'Union catholique du
personnel des chemins de fer et de présenter son drapeau à la
bénédiction de son Evêque.
Comme toutes les fêtes de l'Union, ce dimanche 13 novembre
devait être marqué d'une note profondément chrétienne. Dès le
matin, quatre-vingts « Unionistes » et jeunes gens d'Avricourt
s'approchèrent du Banquet des Forts et les larmes qui coulaient
silencieuses sur certains visages, témoignaient avec quelle foi
et quelle piété ce grand acte était accompli. Ces hommes, on le
sentait et on devait s'en convaincre durant toute la journée, «
vivaient » vraiment. le refrain de leur cantate :
Coeur de Jésus sous ta bannière
Nous voulons vivre et, fiers de Toi,
Chanter jusqu'à l'heure dernière :
« Nous avons conservé la Foi ! »
A 9 heures, une séance de travail réunit, à la salle
paroissiale, sous la présidence de M. l'abbé De Clercq,
sous-directeur de l'Union catholique du personnel des chemins de
fer français, les membres du groupe d'Avricourt que leur service
ne retenait pas et les délégués des groupes de
Paris-Saint-Georges ; Paris-Saint François de Sales : Paris-Est
Jeanne d'Arc; Paris-Métropolitain; Aillevillers; Amagne-Lucquy;
; Bar-le-Duc; Belfort; Blainville ; Calais; Chaumont; Epernay;
Epinal; Jarny; Longuyon; Lunéville; Lure; Nancy;
Pagny-sur-Moselle ; Pantin ; Reims ; Remiremont; Troyes;
Varangéville; Vitry-le-Françoiss ; en tout, de 120 à à 130 «
Unionistes.»
M. l'abbé De Clercq y précisa le but de l'oeuvre. Elle n'est pas
un groupement politique : les questions politiques sont
rigoureusement exclues de son programme et de ses réunions. Elle
n'est pas un syndicat, une mutualité : elle abandonne les soucis
matériels ou professionnels à d'autres groupements. Quoique
visant uniquement un but spirituel, elle ne constitue pas une
confrérie, à proprement parler, car elle n'a point d'offices
religieux périodiques, et ne peut en avoir. Elle est une
association de Chrétiens qui, par des réunions d'études, sous la
direction de prêtres, veulent apprendre à mieux connaître
l'Evangile et leur Religion : conserver, éclairer et fortifier
leur foi ; vivre sans peur et sans reproche, conformément à leur
croyance, et contribuer, selon la mesure de leurs forces et dans
le cercle de leurs relations, à la réalisation du programme de
Pie X : « Instaurare omnia in Christo ; renouveler tout par le
Christ. » (1)
On examina ensuite la situation de L'Union dans la région; on
constata qu'elle se présentait fort encourageante et l'on étudia
les moyens de développer les groupes existants et de fonder de
nouveaux groupes.
Cependant, Monseigneur l'Evêque était arrivé en automobile,
accompagné de M. le Vicaire général Ruch et de M. le Chanoine
Martin. L'Avant-Garde, d'Avricourt, en tenue sportive - bérets
rouges, maillots blancs, ceintures et sautoirs bleus, couleurs
du drapeau national, comme il sied à une section de l'extrême
frontière - vint saluer Sa Grandeur de ses joyeuses sonneries,
lui offrir une gerbe de fleurs, gracieux symbole fourni par les
parterres de la paroisse et lui présenter son bel étendard qui
devait être béni l'après-midi.
Puis, elle alla chercher les « Unionistes » et le défilé - non
la procession, car, à Avricourt, les manifestations extérieures
du Culte sont interdites - s'organisa pour la Messe. Et le coup
d'oeil était très pittoresque, de ces gymnastes, vrais drapeaux
vivants, dont les cuivres étincelaient au soleil, pendant que
tous les échos vibraient de leurs mâles accents ; et de ces
seize étendards des groupes, de toute forme et de toute couleur,
où brillait, à côté de la croix ou l'image d'un saint, une
locomotive, avec la devise de l'Union : « Fidem servavi ! » (2)
Monseigneur suivait, entouré de M. le Vicaire général, de M.
l'abbé De Clercq, de M. le Curé d'Avricourt, de M. le Chanoine
Martin, de plusieurs directeurs de groupes, venus avec leurs «
hommes » : M. le doyen de Longuyon, M. l'abbé Frizenhausen,
d'Epinal, MM. les curés de Damelevières, de Jarny et de
Varangéville, un vicaire de Bar-le-Duc, M. l'abbé Collin,
vicaire à Saint-Jacques de Lunéville .... Près de l'église, M.
le Curé de l'ancien Avricourt, aujourd'hui annexé, - le Curé d'«
en bas », comme l'on dit - vint se joindre au cortège, heureux
d'apporter à son confrère d'« en haut » ses félicitations et ses
voeux et à l'Evèque de Nancy l'hommage respectueux du clergé
messin.
LA MESSE.
L'humble église ne se reconnaissait plus sous sa parure de fête:
à l'entrée du choeur, sur un transparent, se détachait l'image de
la bienheureuse Jeanne d'Arc, accompagnée d'un faisceau de
drapeaux tricolores et d'une locomotive, insignes de l'Union :
le long des tribunes, flottaient des drapeaux et des oriflammes
et couraient de gracieuses guirlandes ; le sanctuaire était
tapissé de verdure et de fleurs, avec un goût parfait ..... Mais
le plus bel ornement était ce groupe compact d'hommes dont
l'attitude recueillie rendait témoignage au Dieu de
l'Eucharistie, et le cercle des étendards qui montait autour de
l'autel une garde d'honneur.
Pendant la Messe, servie par deux gymnastes, en costume, les
chants, le Credo surtout, furent enlevés avec beaucoup
d'ensemble, par toute l'assistance, et les chanteuses, qui
forment le lutrin ordinaire de la paroisse, exécutèrent avec art
un très beau motet : filles ou soeurs d'« Unionistes », elles
devaient être de cette fête de famille.
Avant que Monseigneur bénisse le drapeau du Groupe Jeanne d'Arc
d'Avricourt, M. le Vicaire général Ruch expliqua la portée de la
belle devise de l'Union : « Fidem servavi », en prenant avec un
à propos très apprécié ses comparaisons au langage technique des
Chemins de fer.
Puis, le drapeau s'avança, portant sur les couleurs lorraines
l'image de la « Sainte de la Patrie » ; il était présenté par M.
Veillon, maire de Val-et-Châtillon, et par Mademoiselle d'Hausen,
de Blâmont, ses parrain et marraine. Sa Grandeur le bénit,
demandant, par l'intercession de la Bienheureuse Jeanne d'Arc,
selon la formule du Rituel romain (3), que « tous ceux qui
serviraient sous ses plis le Seigneur, Dieu des Armées,
surmontent, en cette vie, tous leurs ennemis, visibles et
invisibles, et méritent, après leur mort, de triompher dans les
Cieux ».
La cérémonie s'acheva par le Chant de l'Union catholique du
personnel des chemins de fer :
Jadis, sans chefs, sans freins et sans consigne,
Des grands devoirs nous étions oublieux ;
Mais aujourd'hui nous connaissons la ligne
Et nous mettons l'aiguille sur les cieux.
Nous ayons pris pour guide l'Evangile,
Le Christ, pour chef, et pour amis, les siens.
Et maintenant nous sommes trente mille,
Qui voulons être et paraître chrétiens.
L'OEUVRE du jeudi, récemment organisée par les soins de dames
dévouées, attendait Monseigneur dans la salle paroissiale. Sa
Grandeur remercia les directrices, exhorta les fillettes à bien
profiter des leçons qu'elles reçoivent et émit l'espoir que de
cette oeuvre, surgira bientôt un patronage de plein exercice :
les patronages de jeunes filles, en effet, sont l'un des
meilleurs moyens de préparer l'avenir religieux d'une paroisse :
ne forment ils pas les futures épouses, les mères de famille de
demain ?
LE BANQUET.
A midi, un banquet de 140 couverts réunit les « Unionistes » et
leurs invités. Monseigneur le présida, et la plus franche, la
plus cordiale gaieté montra que l'on s'y trouvait en famille.
Des toasts furent portés, tous profondément pénétrés d'esprit
chrétien. M. Karrnann, président du groupe d'Avricourt, remercia
Sa Grandeur de cette visite paternelle et souhaita la bienvenue
à tous. M. Stainmesse, délégué du Comité central, compara fort
justement l'Union à un arbre devenu gigantesque, dont les
racines profondes vont chercher leur sève au Sacré-Coeur de
Montmartre, dont les rameaux couvrent la France ... et dépassent
même les frontières, jetant dans les autres pays des semences
fécondes qui commencent à lever. M. Veillon dit pourquoi il
avait accepté avec joie d'être parrain du drapeau du Groupe
Jeanne d'Arc, drapeau qu'il savait être celui de bons
Catholiques et de bons Français. M. l'abbé De Clercq fit
acclamer notre Saint Père le Pape Pie X, N .N. S.S. les Evêques
de France, Monseigneur l'Evèque de Nancy ; il dit les regrets de
M. l'abbé Heymann, le bien-aimé fondateur et directeur général
de l'Union, retenu à Paris pour la réunion du Comité général, et
insista derechef sur l'esprit surnaturel qui anime et qui doit
animer les membres de l'Union.
Le toast de Monseigneur remercia tous les promoteurs et
organisateurs de cette belle fête ; il dit son admiration, sa
sympathie, son dévouement pour l'oeuvre: « Depuis de longues
années, ajouta-t-il, nous, les Evêques de France, travaillons à
former un convoi qui ramène notre pays vers ses traditions ;
désormais, avec l'aide des cheminots catholiques, notre train ne
connaîtra ni obstacles, ni barrières, et il conduira la France à
sa grande et providentielle mission ! »
L'APRÈS-MIDI.
Le drapeau de l'Avant-Garde, d'Avricourt, devait être béni a
l'office de l'après-midi : la Légion Saint-Maurice, de Blâmont,
vint assister à la fête, conduite par M. le Doyen. Elle prit
part au défilé, avec son drapeau et ses clairons ... et, dans
les rues, une foule se pressait, accourue des villages voisins,
et l'on y reconnaissait un certain nombre d'Allemands, employés
de Deutsch-Avricourt.
Après le Magnificat, Monseigneur bénit le drapeau de l'Avant-Garde
; puis, montant sur les degrés de l'autel, devant celle
assistance que l'église ne pouvait contenir, il remercia avec
effusion les « Unionistes » de l'exemple qu'ils donnaient, sans
forfanterie, comme sans respect humain, à cette frontière
extrême et, de la joie comme des espérances, qu'ils mettaient en
son coeur pastoral; il les félicita de l'esprit surnaturel qui
anime leurs groupements ; ils les engagea à le maintenir
soigneusement, à le garder de route influence mauvaise et à le
développer sans relâche ; il leur montra combien leur Union les
aide à conserver, à pratiquer et à propager leur foi, et ii leur
fit un chaleureux appel à l'apostolat « pour Dieu, pour l'Eglise
et pour la France ! »
La consécration que prononça, avant la bénédiction du Très
Saint-Sacrement, le président du groupe Jeanne d'Arc, fut la
digne réponse à cette vibrante allocution :
« Divin Sauveur, dit-il, suivant l'exemple que vous leur avez
donné à l'atelier de Nazareth, les membres de l'Union catholique
du personnel des chemins de fer ont travaillé, jusqu'à ce jour,
sous la protection de la Bienheureuse Jeanne d'Arc, leur vénérée
patronne.
« Faisant en ce moment leur entrée dans la vie publique, ils
viennent, humblement prosternés au pied de votre autel, se
consacrer entièrement à votre Sacré-Coeur.
« Unis à vous par la sainte Communion qu'ils ont faite ce matin,
les membres du groupe Jeanne d'Arc, d'Avricourt, et ceux des
nombreux groupes qui entourent en ce moment leur étendard, vous
jurent fidélité et s'engagent à vous servir jusqu'à la mort.
« Faites, Seigneur, que leur bouche ne profère jamais aucun
blasphème. Inspirez-leur une ardente charité pour leurs frères
du travail qui n'ont pas le bonheur de vous connaître ou qui,
vous connaissant, vous abandonnent et vous outragent.
« Vous avez, Seigneur, visiblement béni les efforts des «
Unionistes » ; ils vous en remercient du fond du coeur et ils
vous demandent Instamment de leur continuer votre protection.
« Cette protection, ils vous la demandent, Seigneur, pour leur
chère Patrie, et c'est comme Français qu'ils se consacrent en ce
moment a votre Coeur adorable.
« Si de malheureux insensés ont l'audace de supprimer les
honneurs publics qu'un peuple civilisé doit à son Créateur, les
membres de l'Union catholique du personnel des chemins de fer
tiennent à vous dire publiquement qu'ils sont tous fermement
résolus à vous faire régner sur eux et sur leurs familles.
« Ils feront plus, Divin Sauveur, car ils s'efforceront de vous
faire aimer et servir par tous ceux: qui les entourent, voulant
ainsi aider de toutes leurs forces à la restauration de ln
France chrétienne.
« Pour arriver à cette fin, les membres de l'Union catholique du
personnel des chemins de fer s'engagent formellement à suivre
les enseignements du Souverain Pontife, des Evêques et de leurs
Prêtres directeurs, avec lesquels ils se diront toujours les
enfants soumis de l'Eglise.
« Recevez enfin, Seigneur, les vifs sentiments de foi,
d'espérance et de charité des « Unionistes » et daignez, après
les épreuves de cette vie, les admettre tous un jour à l'honneur
de chanter vos louanges en compagnie des Anges et des Saints et
redisant à jamais: Gloire, honneur, louanges et bénédictions au
Père, au Fils et au Saint-Esprit. - Ainsi soit-il. »
Et tous, ratifiant cette consécration, entonnèrent ce couplet de
leur cantate.
Coeur de Jésus voilà donc le partage,
Qu'à l'ouvrier réserve ton amour.
Nous le jurons, nous aurons du courage,
Pour te servir et pour te voir un jour.
Nous le jurons, nous serons tes apôtres,
Tes chevaliers et tes adorateurs,
Nous te voulons faire aimer par les autres,
Et proclamer tes droits sur tous les coeurs.
M. l'abbé Huriet était arrivé dans l'après-midi. Monseigneur
l'Evêque le présenta aux groupes de son diocèse, comme son
représentant auprès d'eux, et M. l'abbé De Clercq,
l'investissant, au nom du Comité central, lui épingla sur la
poitrine l'insigne de l'Union.
Une plus ample connaissance devait se faire, dans une réunion
intime, le soir, entre les représentants des groupes et l'apôtre
zélé que notre premier Pasteur a chargé de visiter et
d'encourager en son nom, les oeuvres de jeunes gens et d'hommes
de son diocèse; bien des idées fécondes furent alors échangées,
qui s'épanouiront, tout permet de l'espérer, en consolantes
réalisations.
Monseigneur l'Evêque emporta de cette fête un souvenir
impérissable. Cette foi, cet esprit surnaturel, cette docilité
aux directions du Pape, des évêques et des prêtres, ce désir de
mieux connaître l'Evangile, ce courage et cette ardeur
apostolique qui sont la note si bien marquée de l'Union
catholique du personnel des chemins de fer, lui semblent un
modèle à proposer à tous nos groupements catholiques d'hommes et
de jeunes gens. Son voeu est que cette union se développe dans
son diocèse et que des groupements professionnels analogues se
fondent pour d'autres corporations ... et son désir est que,
dans la Journée des Hommes, au mois de janvier prochain, une
section soit spécialement affectée à l'Union catholique du
personnel des chemins de fer, à laquelle il garde une profonde
reconnaissance de l'édification qu'elle lui a donnée et des
espérances qu'elle lui fait concevoir.
La première journée des « Cheminots» lorrains méritait bien
cette notice un peu longue. Puisse cet esprit de foi et
d'apostolat gagner tous les fidèles de notre bien-aimé diocèse !
Coeur de Jésus, sous ta bannière
Nous voulons vivre et, fiers de toi,
Chanter jusqu'à l'heure dernière :
« Nous avons conservé la foi, »
une foi agissante et conquérante ! - Ainsi soit-il !
E. M.
(1) L'Union catholique du personnel des chemins de fer français,
fondée à Montmartre en 1898 par M. l'abbé Reymann, vicaire à
Saint-Ambroise de Paris, a pris de l'extension depuis 1905.
Grace au zèle de ses membres, elle compte aujourd'hui
trente-cinq mille membres et s'accroit tous les jours. Les
administrateurs des Compagnies s'accordent pour lui rendre ce
témoignage que dans les centres où les groupes sont importants,
le mouvement révolutionnaire dernier a pu être conjuré.
(2) « J'ai conservé la foi. » (II Tim., IV, 7).
(3) Benedictio Vexilli processionalis.
26 novembre 1910 -
n° 48 - p. 941
Bulletin trimestriel des Comités catholiques.
Dans le numéro d'Octobre, dont la Semaine Religieuse de samedi
dernier annonça l'envoi aux Comités, nous relevons ces
innovations dont nos lecteurs apprécieront toute la portée.
Les réunions générales des Comités catholiques auront lieu,
cette année, non pas au chef-lieu de chaque doyenné, mais dans
neuf centres principaux : Nancy, Lunéville, Toul, Briey,
Baccarat, Blâmont, Saint-Nicolas-du-Port, Longuyon et Vézelise,
sous la présidence de Monseigneur l'Évêque.
A ces réunions assisteront, le matin, dans des salles à elles
réservées, les dames et les jeunes filles qui s'occupent
d'oeuvres dans la ville choisie pour lieu de réunion, et les
directrices d'oeuvres des paroisses convoquées.
L'après-midi, aura lieu la réunion des hommes.
3 décembre 1910 - n°
49 - p. 961
Calendrier de la semaine
[...] Mardi, S. NICOLAS (Blanc). - Nonhigny.
17 décembre 1910 -
n° 51 - p. 1012
Nécrologie.
Nous recommandons aux prières de nos lecteurs l'âme de M. l'abbé
Déviot, curé de Val-et-Châtillon, décédé le 10 décembre
1910.
Né à Harbouey le 30 avril 1849, ordonné prêtre le 29 juin 1873,
M. l'abbé Charles-Joseph-Justin Déviot avait été successivement
sous-directeur à la Maison des Apprentis ( 1873), curé d'Anthelupt
(1874), curé de Chenevières (1887). Il était curé de
Val-et-Châtillon depuis le 13juin 1896.
M. l'abbé Déviot faisait partie de l'Association de prières.
24 décembre 1910 -
n° 52 - p. 1021
Calendrier de la semaine
[...] Mardi, S. JEAN (Blanc). - Autrepierre.
C'est la principale fête de l'Apôtre-Évangéliste, qui fut le
Disciple bien-aimé ; la fête de son martyre est le 6 mai.
31 décembre 1910 -
n° 53 - p. 1041
Calendrier de la semaine
[...] Mercredi, OCTAVE DES SS. INNOCENTS (Rouge). - Barbas.
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