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				L'Est Républicain 
				 
				- 1953 -
 
				  
                
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              22 janvier 1953 
				Le bébé de Gogney sera vengé 
				Le bourreau du petit J. Weiss est arrêté par la police de 
				Saint-Dié 
				LUNEVILLE (de notre rédaction). - Le 17 juillet dernier, Vincent 
				Burckhardt, 23 ans, vannier à Gogney, frappait avec une 
				sauvagerie inouïe le petit Jean Weiss, âgé de 10 mois, fils de 
				son amie, Catherine Weiss. C'est pendant une absence de 
				celle-ci, partie dans des localités voisines vendre des paniers, 
				qu'il avait roué de coups ce petit être qu'il n'aimait pas. 
				L'enfant était dans le coma lorsqu'il fut trouvé, le visage et 
				la tête couverts de taches bleuâtres, par des voisins qui le 
				firent transporter à l'hôpital de Nancy, où il décédait le 
				lendemain. 
				A l'époque, ces faits lamentables avaient jeté la consternation 
				dans le village de Gogney. M. le juge d'instruction avait lancé 
				immédiatement un mandat d'arrêt contre ln brute qui avait pris 
				la fuite, mais, jusqu'à présent, on n'avait pu retrouver sa 
				trace. 
				Hier, M. le juge d'instruction de Lunéville était avisé que 
				Vincent Burckhardt avait été arrêté par la police de Saint-Dié. 
				Il sera appelé prochainement à venir s'expliquer sur son triste 
				forfait. 
				24 janvier 1953 
				Le vannier de Gogney est écroué à Nancy 
				LUNEVILLE (de notre rédaction). - Vinrent Burckhardt, 23 ans, 
				vannier à Gogney, arrêté par la sûreté du commissariat de police 
				de Saint-Dié à la suite d'un mandat d'arrêt de M le Juge 
				d'instruction de Lunéville, sur l'inculpation de coups à enfant 
				ayant entraîné la mort sans intention de la donner, a été amené 
				à Lunéville et immédiatement transféré à la maison d'arrêt de 
				Nancy. 6 février 1953 
				Interrogé, hier, pour la première fois 
				Le vannier de Gogney avoue avoir battu à mort le fils de son 
				amie parce qu'il pleurait et que ça l'énervait 
				LUNEVILLE (de notre rédaction). - Vincent Burckhardt, 23 ans, 
				vannier, arrêté dernièrement à Saint-Dié, a été entendu jeudi 
				après-midi par M. le juge d'instruction de Lunéville. 
				On se souvient qu'il avait disparu depuis le 17 Juillet 1952, 
				après avoir frappé avec une telle brutalité le petit Jean Weiss, 
				âgé de 8 mois, fils de son amie, que les coups portés avalent 
				entrainé la mort de l'enfant. 
				Burckhardt fut interrogé hier pour la première fois. Il passa 
				aux aveux sans difficulté et relata son sinistre forfait sans la 
				moindre émotion. 
				Son amie étant partie vendre des paniers dans les localités 
				environnantes, le 17 juillet, elle l'avait chargé de garder son 
				enfant pendant son absence. Le bébé s'étant à mis à pleurer. 
				Burckhardt lui donna du lait, mais comme le petit ne se taisait 
				toujours pas, il le frappa sur tout le corps avec la main, puis 
				le replaça dans son lit. 
				S'étant alors aperçu que l'enfant semblait perdre connaissance, 
				il lui trempa le visage dans une cuvette d'eau pour le revigorer 
				et appela son frère qui se trouvait dans une pièce voisine en 
				lui disant : « Regarde, l'enfant est à la mort. ». 
				Sa belle-sœur avisa alors le maire de la localité. En le voyant 
				arriver, Burckhardt se sauva par une porte d'écurie donnant 
				derrière la maison. 
				En cours de route, il rencontra son amie qui regagnait le 
				domicile et lui déclara en poursuivant son chemin : « J'ai 
				frappé le petit et il est à la mort. » 
				Burckhardt a reconnu avoir donné quelques « tapes » à l'enfant, 
				« mais rarement, dit-il, et sans violence, parce qu'il pleurait 
				et que ça m'énervait. » 
				Depuis sa fuite de Gogney, le bourreau s'était réfugié en Alsace 
				avant de venir à Saint-Dié, où il fut appréhendé. 25 février 1953 
				Le 9 avril, à Blâmont 
				Grande Foire aux bestiaux 
				La grande foire aux bestiaux de printemps se déroulera à Blâmont 
				le jeudi 9 avril. 
				Cette importante manifestation, dont le succès est toujours 
				croissant, est organisée avec le concours de la municipalité de 
				Blâmont et des associations agricoles du canton. 
				D'ores et déjà, il est recommandé aux exposants de matériel 
				agricole et aux commerçants ambulants de retenir leur place à la 
				mairie de Blâmont. 21 avril 1953 
				En cours d'appel 
				Les empoisonnements de la Vezouze 
				M. Gaston Jouin, 50 ans, directeur de la Société Cotonnière 
				Lorraine, dont le siège est à Val- et-Châtillon, faisait appel 
				de deux jugements du tribunal de Lunéville le condamnant pour 
				déversement, dans la Vezouze, de substances nocives. 
				Dans une première affaire, M. Jouin avait été condamné à 50.000 
				fr. d'amende et à 50.000 fr. de dommages-intérêts envers la 
				Fédération départementale des associations de pêche et de 
				pisciculture, partie civile par l'intermédiaire de Me Robert 
				Kalis, assisté de Me Jean Bertin, avoué. 
				On lui reprochait d'avoir, au début de juin 1950, vidangé un 
				bassin de décantation dont les eaux colorées teintèrent en bleu 
				celles de la rivière sur une longue distance Le bâtonnier Deubel, 
				plaidant pour M. Jouin, fit observer qu'aucun poisson mort ne 
				fut aperçu au fil de l'eau à cette époque, pas plus par les 
				gendarmes de Blâmont que par le garde fédéral Westrich. 
				L'arrêt de la cour répond qu'il n'en reste pas moins établi par 
				l'analyse des échantillons prélevés dans le Val, que l'eau était 
				chargée dans une forte proportion de matières organiques très 
				nocives pour le poisson. 
				Toutefois, l'amende est réduite à 30.000 fr. et les 
				dommages-intérêts à 10.000 francs. 
				Le 15 mars 1952, un second procès-verbal fut dressé à M. Jouin. 
				Des perches, mourantes ou mortes, venaient d'être vues dans la 
				Vezouze et Cirey. 
				Le prélèvement d'eau effectué par le garde fédéral Westrich la 
				sortie du bassin de décantation fut soumis à une analyse et 
				reconnu très polluée par des matières nocives pour le poisson. 
				Dans cette seconde affaire, le tribunal de Lunéville avait 
				condamné M. Jouin à un mois de prison avec sursis, 100.000 
				francs d'amende, 100.000 fr de dommages-intérêt à la société de 
				pêche Le Roseau de Vezouze et 25.000 fr à la fédération 
				départementale des sociétés de pêche et de pisciculture. 
				L'arrêt rendu par la cour supprime la peine d'emprisonnement 
				avec sursis, réduit l'amende à 50.000 fr et confirme les 
				dommages-intérêts accordés aux deux groupements représentés par 
				Me Robert Kalls. 18 juin 1953 
				Un bel exemple de ténacité 
				La Société Vatan & Viroux, d'Emberménil était, avant 1914, la 
				seule de France à travailler pour la marine fluviale 
				Il est permis & l'arrondissement de Lunéville de tirer quelque 
				fierté de ses industries. Plusieurs d'entre elles sont uniques 
				dans le département, voire dans la région. Certaines ont déjà 
				fait l'objet d'un article dans ces colonnes. En voici une, peu 
				connue du public, qui a droit, elle aussi, à la vedette : la 
				Société Vatan et Viroux, d'Emberménil. 
				Avant la guerre de 1914, elle fut la seule de France à 
				travailler pour la marine fluviale. 
				Avant la guerre de 14... C'est dire quelle n'est pas née d'hier. 
				Elle existe depuis le début du siècle. Et elle a du mérite 
				d'avoir survécu, car elle a subi de rudes chocs. En 14-18, elle 
				a été totalement rasée. Durant la seconde guerre elle a été 
				pillée, bombardée, minée : tel était le chaos, après la 
				tourmente, Que plus d un homme se trouvant à la place des 
				propriétaires eût renoncé à relever les ruines ; des cadavres de 
				soldats gisaient parmi les vestiges de l'établissement. 
				 
				UNE NOUVELLE ENTREPRISE SURGIT DES RUINES 
				L'entreprise redémarra en 1946. Au prix de grandes difficultés, 
				elle arriva à se procurer les bois spéciaux pour la marine. 
				Aujourd'hui, elle a repris son activité. Que fait-elle en dehors 
				de ses fabrications pour la marine ? Des échelles de tous genres 
				et de toutes tailles : échelles de maçon à coulisse, 
				transformables, doubles à fruits; pour les cultivateurs, des 
				échelles spéciales de voitures, des râteliers, des « perroquets 
				» pour les foins, des tuteurs d'arbres, des piquets de clôtures 
				électriques. 
				Le domaine de l'entreprise s'étend sur cinq hectares, près de la 
				gare d'Emberménil. Le chantier lui-même occupe deux hectares et 
				se trouve raccordé à la S.N.C F par une voie ferrée. 
				Pour ses fabrications, la Société Vatan et Viroux emploie du 
				sapin de la Forêt Noire, des bois du Nord et des Vosges. Il lui 
				faut un bois très beau, parfaitement droit, sans gros nœuds. Ces 
				bois arrivent par wagons complets et par camions. 
				Comme toutes les entreprises qui veulent « tenir », la firme d'Emberménil 
				s'est mécanisée et a modernisé ses moyens de travail. Dans 
				l'atelier principal où s'accomplissent les fabrications, elle 
				dispose d'un outillage important : écorceuse, 
				raboteuse-dégauchisseuse, toupies, perceuses, ponceuses, machine 
				à faire les échelles, machine à tourner les bois ronds, scies 
				circulaires, à ruban, tronçonneuses, etc... etc... 
				La Société Vatan et Viroux emploie une quinzaine d'ouvriers. Une 
				petite entreprise, mais diligente, très laborieuse et oui, 
				certes, n'a fait qu'accroître la considération dont elle jouit 
				rapidement dans sa branche d'activité. - L.
  
				 1er septembre 1953 
				Archives départementales 
				[...] 
				On y trouve également une affiche portant un « jugement du 
				tribunal révolutionnaire établi à Nancy par le représentant du 
				Peuple ». Elle apprend que Louis Laugier, ci-devant baron, 
				demeurant ordinairement à Bellecourt, district de Blâmont est 
				accusé d'avoir entretenu une correspondance criminelle avec les 
				ennemis de la République et d'avoir fait passer des fonds aux 
				émigrés. « Le tribunal condamne ledit Louis Laugier à la peine 
				de mort. Déclare ses biens acquis et confisqués au profit de la 
				République. Ordonne que le présent jugement sera exécuté à la 
				diligence de l'accusateur public, imprimé et affiché dans tout 
				le département. » Le prénom du président atteste son civisme : 
				il se nomme Tricolor Marque. Ce la se passait le 19 frimaire, an 
				second de la République française une et indivisible... Ce fut 
				la seule condamnation à la peine capitale prononcée par le 
				tribunal révolutionnaire de Nancy. 28 septembre 1953 
				Doyen des curés de Nancy, le chanoine Peitz fait ses adieux à la 
				paroisse Saint Mansuy 
				Le plus vieux curé de Nancy, le chanoine Peitz, a fait ses 
				adieux à ses paroissiens et à sa paroisse de Saint-Mansuy, qu'il 
				dirigeait depuis près de trente années. 
				Le parvis de l'église était noir de monde et beaucoup surtout 
				parmi les anciens, pleuraient. Le chanoine a célébré pour la 
				dernière fois la grand-messe de 9 h. 30. assisté des abbés 
				Corne, professeur, et Kunegel. vicaire nancéien ; dans le chœur 
				avaient pris place les abbés Michel, aumônier de la Visitation ; 
				Pierre Jacob, curé de Reméréville ; Hayotte et Collin. 
				La Schola paroissiale était menée par M Donninger ; les chants 
				des fidèles étaient dirigés par l'abbé Freyburger, vicaire. 
				Aux premiers rangs de l'assistance se trouvaient MM. Charles 
				Jacob adjoint au maire et représentant la municipalité, et Feder, 
				conseiller municipal. 
				Toutes les organisations paroissiales et les associations les 
				plus importantes du quartier avaient envoyé des délégations ou 
				des représentants. 
				« Les Amis de Boudonville » entouraient leur président, M. 
				Sittler ; une délégation représentait « Les Amis de la Butte ». 
				dont le président M. Charton. s'était excusé ; les A.C.P.G. du 
				quartier avaient là leur comité, mené par M. Lacour. président. 
				A l'issue de la messe, sur le parvis, le chanoine Peitz bénit 
				une dernière fois ses paroissiens. 
				M. Charles Jacob salua celui qui était depuis. 57 ans au service 
				de l'Eglise. Né en 1872. à Autrepierre, près de Blâmont. ordonné 
				prêtre en 1896, il vint à Saint- Mansuy dès 1924. en cette 
				période d'entre deux guerres qui vit se développer 
				considérablement le quartier. 
				Composée en majeure partie d'ouvriers et d'employés la 
				population de la paroisse s'est élevée à 7,600 habitants, sans 
				parler des étudiants de la Cité Universitaire et de 
				l'Institution Saint-Joseph. 
				L'orateur rend hommage à l'infatigable dévouement du vénéré 
				pasteur et souligne la simplicité de vie, l'esprit fait de 
				compréhension et de finesse du chanoine qui a vécu bien des 
				heures douloureuses : la loi de séparation de 1904, les deux 
				guerres, son arrestation par la Gestapo pendant l'occupation... 
				L'orateur note encore que le chanoine a su pendant 30 ans, 
				rendre de plus en plus populaire la dévotion des foules à la 
				grotte Saint-Mansuy. 
				« En vous, la municipalité de Nancy reconnaît l'un de ses 
				meilleurs fils et serviteurs », termine t-il. 
				Sans chercher à cacher son émotion, le chanoine Peitz remercie 
				l'adjoint Jacob : « J'ai grande peine à vous quitter dit-il ; 
				mon cœur ne résiste pas à l'émotion A vous tous, merci » 
				Scouts, guides, routiers forment cercle autour du doyen des 
				curés de la capitale lorraine. Ils entonnent le « Chant des 
				adieux »... 8 octobre 1953 
				Trois importantes affaires criminelles seront évoquées devant le 
				jury au cours de la prochaine session d'assises qui s'ouvrira le 
				26 octobre 
				La quatrième session de la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle 
				s'ouvrira le lundi 26 octobre sous la présidence de M. Facq, 
				conseiller à la cour, assisté de M. le conseiller Rosambert et 
				de M. Adam, juge au tribunal. 
				Le rôle comprend les quatre affaires suivantes 
				Lundi 26 octobre, à 14 heures. Coups mortels à enfant. Accusé 
				Vincent Burckhardt, 23 ans, vannier à Gogney, près de Blâmont 
				Ministère public : M. Hauss. avocat général. Défenseur : Me 
				Michel. avocat à Lunéville. (Burckhardt s'était mis en ménage 
				avec une jeune fille déjà mère d'un enfant de 11 mois. Le 17 
				juillet 1952, irrité par les pleurs de cet enfant, il essaya de 
				le calmer. N'y réussissant pas, il le frappa. L'enfant succomba 
				peu après d'une hémorragie méningée d'origine traumatique) 27 octobre 1953 
				AUX ASSISES DE MEURTHE-ET-MOSELLE 
				Dix ans de bagne au vannier BURKHARDT 
				bourreau expéditif d'un bébé qui pleurait 
				Première affaire de la session d'assises de Meurthe-et-Moselle à 
				Nancy. Le vannier Vincent Burkhardt, 25 ans, domicilié à Gogney, 
				près Blâmont, a battu à mort l'enfant (11 mois) de sa concubine, 
				sous prétexte qu'il pleurait. Après de brefs débats, il est 
				condamné à dix ans de travaux forcés. 
				Le vannier est assis, devant le baraquement qu'il a troqué 
				contre la roulotte de ses ancêtres. Dans le ruisseau, braillent 
				et se chamaillent les six enfants de son frère. Avec agacement, 
				l'homme continue à tresser l'osier du panier qu'il bâtit. Son 
				amie est partie avec la charge légère, faire le porte à porte. 
				Elle lui a laissé la garde de son bébé, dont les cris 
				retentissent au premier étage. 
				Exaspéré, l'homme grimpe les escaliers et se précipite sur 
				l'enfant qui a déclenché en lui le mécanisme compliqué de la 
				jalousie rétrospective. De ses grandes mains lourdes, il frappe 
				la tête fragile à coups redoublés, et il ne tient bientôt plus 
				qu'un cadavre. Alors, recouvrant son sang-froid, il endosse son 
				costume des dimanches et prend le maquis. 
				 
				L'habitude des cris et des coups 
				La vie nomade est son affaire. Il se cache pendant six mois. 
				Aujourd'hui, il répond de son crime. Il a toujours son costume 
				du dimanche : pantalon bleu pétrole, veston de velours bleu. II 
				n'a pas l'air plus mauvais ni plus violent qu'un autre. Né dans 
				le Bas-Rhin, dans une famille de quinze gosses , il a dû 
				entendre pousser, tout au long de son enfance, des hurlements 
				exaspérants des mômes en haillon de la roulotte paternelle. Il a 
				dû en pousser lui-même, et quelle piètre excuse que l'obsession 
				des cris du petit Jean Weiss qu'il avait promis de légitimer 
				parce qu'il aimait sa mère, et qu'il flattait d'ailleurs 
				hypocritement quand elle était là. 
				Burkhardt, et ce sera le seul élément en sa faveur, n'a reçu 
				aucune instruction ni formation morale. A treize ans, il a été 
				interné en vertu de la mesure générale allemande frappant les 
				nomades, et en est sorti, tout heureux de n'avoir pas été choisi 
				pour servir de cobaye à une quelconque expérience du professeur 
				Haagen. Depuis, il erre selon la fantaisie de son tempérament, 
				et peut-on décemment lui reprocher son manque d'assiduité dans 
				les emplois qu'il occupe, du reste avec conscience ? Enfin, il 
				semble trouver sa voie. II a un travail stable, on l'apprécie, 
				on lui confie la conduite d'une grue excavatrice. 
				 
				Pas une lueur de sensibilité 
				Mais, par une sorte de loi inexorable, il rencontre l'amour sous 
				les traits d'une jeune nomade. Et lui qui tentait, sinon de 
				s'embourgeoiser, du moins de se fixer, le voilà qui s'entend 
				demander de faire des paniers, de reprendre cette occupation 
				honorable mais mineure, ce travail qui n'empêche pas de tourner 
				dans la tête des pensées confuses et troubles, ce travail qui ne 
				fatigue pas et qui laisse le loisir de boire. 
				Ce petit qui n'est pas de lui, qu'il garde et nourrit, qu'il 
				entend geindre, il le déteste bientôt. Le président Facq qui 
				interroge le bourreau, essaie de susciter en lui une lueur de 
				sensibilité : 
				- Vous avez frappé, vous le colosse, sur ce petit corps.. Il 
				devait crier ; cela ne vous a rien fait de l'entendre crier ? 
				- ...Il criait tout le temps. 
				- Bien sûr ! 
				 
				Nécessité de l'exemplarité 
				L'avocat général M. Hauss, admet que pour juger un homme, il 
				faut le connaître. La connaissance qu'il a de Burkhardt ne 
				l'incline pas à la clémence. 
				Il nous apprend que le personnage a, un jour tailladé le visage 
				de son propre père à coups de serpette, au cours d'une affolante 
				querelle d'ivrognes, devant toute la famille assemblée. 
				Insistant sur la circonstance aggravante que constitue l'abus 
				d'autorité de fait - le concubin, au même titre que le parâtre 
				ou le domestique, possédant le droit de garde - l'avocat général 
				souligne la nécessité du caractère d'exemplarité de la sentence 
				qui doit être prononcée, et se déclare partisan d'une lourde 
				peine de travaux forcés. 
				 
				Ceux qui torturent 
				ceux qui affament... 
				Il faudrait tout citer de ta très belle plaidoirie de Me Michel, 
				du barreau de Lunéville, pour lequel on peut craindre un instant 
				le mauvais effet d'un film célèbre : « Nous sommes tous les 
				Assassins », devenu la pièce maîtresse, l'ouvrage-clé de la 
				défense en cour d'assises. Dans ce film, en effet, un bourreau 
				d'enfant se montre particulièrement odieux. 
				Mais c'est que Me Michel nie à son client le cruel qualificatif 
				de bourreau. Il le réserve - argument un peu spécieux - à ceux 
				qui torturent, qui affament par esprit pervers. Il n'en faut pas 
				pour autant absoudre ceux qui assomment d'un seul coup de poing 
				de tueur ! 
				L'avocat brosse le tableau de la chambre exiguë et sordide où 
				vivait le couple et le bébé, couché avec eux dans l'unique lit, 
				et s'écrie : « Dans les familles bien logées, on ne tue pas les 
				enfants. » 
				 
				Que lui avez-vous donné ? 
				La seule instruction du vannier, singulière école pour apprendre 
				la maîtrise de soi et la sensibilité, il l'a trouvée dans les 
				vexations de l'autorité vis-à-vis des nomades, dans la suspicion 
				des sédentaires, de ceux qui vivent sous un toit, dans ces 
				portes qui se ferment, ces chiens qui aboient, ces écriteaux 
				d'interdiction qui se dressent au détour des chemins, à l'orée 
				des villes, devant la roulotte des éternels vagabonds. 
				« Que lui avez-vous donné, que lui avez-vous enseigné, demande 
				Me Michel... Alors, que pouvez-vous lui demander ? » 
				...Les jurés demandent à Burkhardt dix années de sa vie qu'il 
				passera aux travaux forcés. Il y confectionnera sans doute, 
				c'est la coutume, des objets en osier. On n'échappe pas à son 
				destin. 
				Georges DIRAND. 2 décembre 1953 
				Il aurait manqué une balle à un peloton d'exécution pour venir à 
				bout de la génisse rebelle 
				Devant la persistance des brouillards matinaux, un notable 
				cultivateur de Remoncourt (M.-et-M.) avait décidé de rentrer à 
				l'étable ses jeunes bêtes vivant dans les parcs. Mais faire 
				entendre raison à des animaux depuis plusieurs mois grisés de 
				liberté n'est pas chose facile ! 
				Témoin l'aventure arrivée à l'une des plus belles génisses, à 
				qui la perspective d'une chaîne au cou et des quatre murs de 
				l'étable ne plaisait absolument pas. Après avoir tout tenté pour 
				lui faire rejoindre docilement le troupeau, force fut de se 
				rendre à l'évidence : elle prenait mal l'affaire. Il fut alors 
				décidé de l'abattre sur place, plutôt que d'aller à l'encontre 
				d'un accident. 
				Au jour « J » donc, arrive un représentant de l'ordre, en 
				l'occurrence un gendarme d'Avricourt dont la réputation de fin 
				tireur n'est plus à faire. Devant son Mauser pas d'histoire, la 
				bête s'inclinera ! Suivent le boucher, armé de son coutelas, et 
				ravi de l'aubaine, et tous les curieux. 
				Sur le champ de bataille, la vue des « autorités » ne fait 
				qu'exciter la rage de la rebelle. Au lieu de se rendre, elle se 
				retranche derrière un buisson, cornes basses. Tout à l'heure 
				encore, gracieuse « jouvencelle » au regard si doux, elle a pris 
				soudain une allure si... méchante qu'on ne l'approche qu'à 60 
				mètres. Une balle de Mauser siffle... Rien ! Quatre autres, puis 
				la sixième se succèdent. Les deux yeux coléreux brillent 
				toujours dans le buisson. Le bovin est bien campé sur ses quatre 
				pattes, et le fusil est vide... 
				Décidément la bête est blindée ! Une seule ressource : appeler 
				un chasseur du pays. Aussitôt dit, aussitôt fait. La musique 
				recommence ; pan ! pan !... 
				Le quadrupède est toujours debout ! 
				Le courageux nemrod avance droit au buisson et brûle encore deux 
				cartouches. Réaction inattendue : la bête charge et envoie d'un 
				violent coup de tête l'audacieux à plusieurs mètres. 
				Heureusement pour lui, il se relève sans mal, glisse rapidement 
				deux autres balles dans son canon et attaque à nouveau 
				l'indomptable déjà retranchée dans son buisson. Cette fois, la 
				cinquième balle la fait chanceler et la sixième la foudroie bel 
				et bien, à la grande satisfaction de toutes les personnes 
				présentes. 
				Il n'en avait pas moins fallu douze coups de fusil pour abattre 
				la terrible génisse. 
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