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RECUEIL DES ACTES ADMINISTRATIFS
POUR LE DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE

- 1850 - Tome 36


1850 - Recueil n° 14 - p. 129
Arrêté concernant la sous-répartition du contingent assigné au département de la Meurthe, dans l'appel de la classe de 1849

Le Préfet du département de la Meurthe, [....]
ARRÊTE :

ART. 1er. La sous-répartition des 1,084 hommes assignés au département de la Meurthe, proportionnellement au nombre de jeunes gens compris sur la liste de tirage de chaque canton, est fixé ainsi qu'il suit, savoir :

ARRONDISSEMENTS CANTONS NOMBRE de jeunes gens ayant participé au tirage SOUS répartition entre les cantons
...      
Lunéville Blâmont 127 33
...      

[...]
Nancy, le 20 avril 1850.

A. BRUN



1850 - Recueil n° 42 - p. 258
Nomination des Commissions chargées dans le département, l'histoire de la péripneumonie épizootique du gros bétail.
NOUS, PREFET DE LA MEURTHE,
Vu la circulaire de M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce en date du 10 juillet dernier, portant qu'il sera institué par les Préfets, des Commissions chargées de faire toutes les opérations et de réunir  tous les documents nécessaires à éclairer l'histoire de la péripneumonie épizootique du gros bétail;
Vu les présentations de MM. les Sous-Préfets,
ARRETONS
Art. 1er. Sont nommés membres de la commission départementale :
[...]
M. Mangenot, médecin-vétérinaire à Blâmont.
[...]
A Nancy, le 20 novembre 1850

A. DE SIVRY


1850 - Recueil n° 47 - p. 285
Circulaire à MM. les Sous-Préfets et MM. les Maires, concernant la distribution des livrets de caisse d'épargne donnés par M. Boulay (de la Meurthe), Vice-Président de la République, aux écoles primaires communales du département, à l'école professionnelle Callot et aux enfants Bouchard de Nancy.

Nancy, la 12 décembre 1850

MESSIEURS,
M. Boulay (de la Meurthe), Vice-Président de la République, a bien voulu meure à ma disposition une somme de 13,940 francs pour en disposer ainsi qu'il suit :
1° 12;000 francs à employer en 600 livrets de caisse d'épargne de 20 francs chacun, qui seront attribués aux 600 écoles primaires communales des deux sexes du département de la Meurthe, qui compteront le plus grand nombre d'élèves;
2° 800 francs à placer en rente à 5 p. 0/0, et dont l'intérêt sera consacré à la fondation de deux livrets annuels au profit de l'école communale de garçons et de l'école communale de filles de la ville de Nancy qui compteront le plus grand nombre d'élèves;
3° 800 francs à placer en rente 5 p. 0/0, et dont l'intérêt sera consacré à la fondation de deux livrets annuels. au profit de l'école communale de garçons et l'école communale de filles de la ville de Lunéville, qui compteront le plus grand nombre d'élèves;
4° 40 francs à employer' en deux livrets de 20 francs chacun, qui seront attribués à l'école professionnelle Callot, dirigée par M. Loritz, à Nancy.
Ces livrets seront donnés dans chaque école, par le comité d'arrondissement, sur la proposition du directeur ou de la directrice de l'école, après avis du comité local, à celui ou à celle des élèves appartenant à des familles nécessiteuses, qui se sera le plus distingué par sa bonne conduite, son exactitude, son travail et ses progrès;
5° 300 francs à employer en six livrets de 50 francs, qui seront donnés aux six enfants les plus jeunes des sieur et dame Bouchard, parents du jeune Bouchard qui a péri dans la catastrophe du 8 mai 1842, sur le chemin de fer de Paris à Versailles (rive gauche) *.
Les sommes affectées spécialement aux écoles des villes de Nancy et de Lunéville ont été versées dans les caisses de ces villes et employées en achat de rentes sur l'Etat.
J'ai fait moi-même la remise aux enfants Bouchard de Nancy, des livrets qui leur étaient destinés.
L'arrêté que j'ai l'honneur, Messieurs, de vous adresser ci-après, pourvoit à la distribution des autres livrets, conformément aux propositions des comités locaux et d'arrondissements. Le retard apporté à cette opération, par des causes indépendantes de ma volonté, ayant fait séjourner dans la caisse de M. le Receveur général des finances la somme si généreusement donnée par M. le Vice-Président de la République, il en est résulté une production d'intérêt qui non-seulement a couvert les frais d'impression des livrets, mais encore, a permis de porter au delà de 600 le nombre de ceux à délivrer.
Je vous ferai incessamment l'envoi de ces livrets, qui devront être remis aux destinataires par les soins de MM. les Maires.
J'ai fait indiquer sur la première page de chaque livret l'origine de la donation, avec la mention que, selon les intentions du donateur, les livrets sont inaliénables avec leurs intérêts capitalisés jusqu'à la majorité des élèves qui en seront possesseurs. Je vous prie d'appeler l'attention des familles sur cette condition et de veiller, chacun en ce qui vous concerne, à son exécution.
Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération très-distinguée.

Le Préfet.
A. de SIVRY

LE PRÉFET DU DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE

Vu la lettre de M. Boulay (de la Meurthe), Vice-Président de la République, par laquelle il annonce qu'il affecte:
1 ° Une somme de 12,000 francs à l'acquisition de six cents livrets de caisse d'épargne, de 20 francs chacun, pour être distribués aux six cents écoles primaires des deux sexes de ce département, qui comptent le plus grand nombre d'élèves;
2° Une somme de 40 francs à la constitution de deux livrets de 20 francs chacun, pour être attribuée à l'école professionnelle Callot, dirigée par M. Loritz, à Nancy;
Vu la note des intérêts produits par les sommes déposées à la caisse du receveur général des finances;
Vu la liste des élèves désignés, conformément à la lettre ci-dessus, par les comités supérieurs d'instruction primaire, sur les propositions des instituteurs, des institutrices et des comités locaux, pour profiter des livrets dont il s'agit;

ARRETE:
Art. 1er. Les livrets de caisse d'épargne rappelés plus haut sont distribués aux élèves des deux sexes, désignés dans le tableau ci. après:

NOMS DES COMMUNES PRÉNOMS ET NOMS DE L'ENFANT AGE OU DATE DE NAISSANCE
...    
Blâmont Jean Saliège 11
Idem Marie Poucher 11
...    

1850 - Recueil n° 50 - p. 323
Arrêté qui classe les agents-voyers cantonaux du département.
LE PREFET DU DEPARTEMENT DE LA MEURTHE
[...]
Art. 2. - Sont nommés agents-voyers cantonaux de 2ème classe au traitement de 900 francs :
[...]
Pour la division de Blâmont, M.Boris, actuellement agent voyer cantonal à cette résidence.
[...]
Nancy, le 27 décembre 1850

A. DE SIVRY



* NDLR :
Le mai 1842, se produit sur la ligne Paris Versailles par la Rive Gauche, le premier grand accident ferroviaire de l'histoire des Chemins de fer français. 41 personnes périssent brûlées dans ce sinistre.
Ce dimanche entre 5h30 et 6h, le convoi, composé de 2 locomotives et des 5 wagons, déraille. Lorsque la première locomotive, à 4 roues suivie de son tender, déraille pour des raisons inconnues, elle est recouverte par la seconde, grosse locomotive de Sharp et Roberts à 6 roues suivie de son tender. Les chaudières ne se percent pas mais les charbons ardents s'échappent des tenders, et enflamment l'ensemble des wagons essentiellement en bois.

Lors de la Cérémonie funèbre des victimes de la catastrophe du 8 mai 1842, Henry Boulay de La Meurthe (1795-1858), prononce un discours édité dès 1842 sous le titre «  Mort du jeune Bouchard ». Huit ans plus tard, ce fidèle de Louis-Napoléon Bonaparte, élu vice-président de la République en 1849, confirme son intérêt envers les questions d éducation et d'enseignement en accordant des livrets aux élèves méritants (en 1842, il était président de la Société pour l'instruction élémentaire.)

Voici ci-dessous une autre relation de l'accident ferroviaire de 1842.

Lamentation sur la catastrophe du 8 mai 1842, au chemin de fer de Versailles,
par Alexandre Guillemin, avocat a la cour royale de paris, ancien avocat à la cour de cassation
Paris - 1842

Les effrayans et nombreux détails de la catastrophe du 8 mai 1842 ne sont que trop connus. Nous rappelons seulement ici les faits qui doivent retrouver les mêmes larmes dans tous les coeurs, et dans tous les temps.
Un grand nombre de victimes ont péri, comme frappées par la foudre. Un plus grand nombre ont été, ou brûlées, ou asphyxiées en quelques minutes.
La plupart de celles qui ont vécu encore des heures, ou des jours, étoient horriblement mutilées.
Jamais il ne sera possible de compter celles qui ont été réduites en poudre par ce feu où les métaux se sont fondus et où la cendre garde le secret de tant d'immolations. Des familles entières ont péri.
Au premier choc, le directeur et les chauffeurs des locomotives ont été dispersés en lambeaux. Les wagons de devant, par l'impulsion de leur force acquise, se sont rués les uns sur les autres en s'écrasant. Le premier trouvant moins de résistance, n'a pas été broyé comme les deux suivans. Le quatrième a été ouvert un moment par la violence de la commotion ; et le pieux jeune homme, qui nous a raconté cet épisode du sinistre, a saisi ce moment pour s'élancer sain et sauf vers le talus du chemin avec trois de ses compagnons blessés. A la minute même, la partie supérieure du compartiment s'est enfoncée sur les malheureux restés dans l'intérieur. Ainsi, grâce à un accident du désastre, l'une des portières si fatalement closes, a été déchirée, et a livré passage à quatre voyageurs seulement.
Déjà le feu et la fumée rouloient en tourbillons sous les wagons et sous les diligences. Le plancher des voitures se détachoit dans la rapidité de l'incendie, et les impériales s'écrouloient. On comprend l'affreux chaos, le désespoir, l'enfer d'une pareille scène. Mais les témoins eux-mêmes ne pourroient pas la traduire par des paroles.
On a besoin de pleurer, et de pleurer encore.
Dieu nous garde de chercher là d'autres textes que ceux des grandes leçons de sa justice et de sa miséricorde ! Au temps même où il conduisoit son peuple comme par la main, sa providence laissoit parfois tomber sur Israël des fléaux éloquens et des enseignemens terribles ; alors des voix inspirées gémissoient, avec un rythme douloureux, sur les malheurs publics et pleuroient les pleurs de Sion.
Aujourd'hui, sans usurper une mission sacrée, il est permis d'essayer le chant des lamentations, en pleurant aussi avec tant de familles décimées par le plus tragique événement qui ait désolé la terre.
Toutes les circonstances en sont lamentables. La plupart des voyageurs avoient été attirés à Versailles par une fête. Les grandes eaux jouoient le 8 mai à l'occasion de la Saint-Philippe; et ce magnifique divertissement étoit ainsi ajourné, sans doute, pour ne pas se trouver en concurrence avec Paris, au 1er mai.
Le jeune homme dont je tiens une partie de cette, relation, y avoit été conduit par un devoir de piété filiale auprès de son vénérable aïeul.
Revenu de sa première stupeur, il retourna avec ceux qui étoient délivrés miraculeusement comme lui, auprès des wagons enflammés, et contribua au salut de plusieurs victimes. Il fut de toute impossibilité d'approcher celle qui dominoit cette scène de désolation et d'horreur. C'étoit une femme élevée, comme sur un bûcher, au dessus de l'incendie. Après avoir vainement espéré du secours, elle leva les yeux et les mains au ciel ; puis, dans une altitude résignée, elle attendit l'invasion des flammes, et disparut dans la fournaise.
On peut juger de ce qui se passoit dans l'intérieur des voitures. La résignation pouvoit-elle se rencontrer dans toutes les âmes au milieu du trouble, des chocs, des meurtrissures, des flammes, des tourbillons de fumée ? Hélas! étoient-ils coupables de se briser, de se mordre dans leurs convulsions de terreur et de rage, ces malheureux que l'instinct de la conservation précipitait les uns sur les autres, dans l'espoir de trouver une issue ? L'un d'eux eut plusieurs doigts emportés par des morsures, et ne put s'échapper qu'en blessant lui-même ceux qui lui disputoient ainsi le passage.
Que d'autres martyrs nous consolent par la piété de leur héroïsme ! Dans l'un des wagons brûlés, se trouvoient M. Le Pontois, sa fille âgée de quatorze ans, déjà orpheline de mère, M. Le Pontois avocat son frère, et M. Lemarié, artiste distingué, son beau-frère: ils ont péri tous trois. La jeune fille seule a été sauvée. Elle fut jetée évidemment par leurs soins, sur la berge du chemin. L'orpheline perdant son père et ses pareils, puis se trouvant ainsi abandonnée au milieu de cette tragédie, et couverte de blessures, pouvoit à peine donner ces tristes explications.
Les traits de dévoument se multiplioient à l'extérieur sur toute la ligne du désastre; on avoit enfin reçu de l'un des conducteurs blessés, la clef des portières ; et alors toutes celles qui n'avoient pas été écrasées dans la commotion, ou brisées par les voyageurs, furent ouvertes. Mais le ravage des flammes engouffrées entre les talus de la tranchée de Bellevue s'étendoit toujours et rendoit plus périlleux les abords des wagons.
Un frère est mortellement brûlé en dégageant sa soeur de la prison de feu.
Un père, vieil officier, se précipite à terre avec son fils; la fumée tourbillonne; il ne le voit pas; il l'appelle; il retourne au fatal wagon et y trouve la mort, tandis que le malheureux fils est vivant !
Une mère croit emporter sa fille et n'emporte que la moitié de son corps. Une autre mère serre son enfant dans ses bras, sans le quitter jamais, même au milieu du brasier ; leurs membres calcinés en déposent.
Les voyageurs, rendus à la liberté et à la vie, sont parens et amis de tous ceux qui souffrent dans ce vaste supplice; ils assiègent l'incendie partout où il y a espoir de salut. Trop souvent, hélas ! il faut abandonner les victimes! Une femme étoit déjà à moitié sauvée; mais les jambes sont retenues par l'enchevêtrement des ferrures et des bois du wagon. Les flammes s'élancent de toutes parts. Il faut renoncer à celle délivrance ! Un bruit funeste a dit qu'une femme avoit été retenue par ses compagnons de détresse, qui auraient saisi ses pieds et ses vêtemens. Le récit de mon jeune témoin, espérons le, contient le seul fait véritable, et l'autre version est l'altération du même fait.
Quelles expressions pourraient rendre les soupirs, les cris, les hurlemens de tant de malheureux! ce concert étoit effroyable ! et cependant le silence qui succédoit par intervalles, et surtout celui qui termina la grande scène d'horreur, fut encore plus déchirant.
Il n'y avoit plus d'espérance !
Souvent les victimes mouraient peu d'instans après avoir été retirées du théâtre de la catastrophe. Les morts étoient défigurés. Il y en avoit dont la moitié du corps étoit intacte, tandis que l'autre moitié étoit calcinée.
Beaucoup de blessés avoient les membres tellement meurtris ou fracturés qu'ils ne pouvoient être portés ; il falloit les traîner doucement avec les plus grandes précautions et avec le secours de plusieurs personnes. Les officiers et le corps entier de la gendarmerie locale ont été admirables de zèle et de dévoùment. Il faut citer aussi avec honneur les habitans de Bellevue, de Meudon et de Sèvres, accourus sur le lieu du sinistre. On comprend que les autorités de la capitale durent arriver bien plus tard. M. le préfet de police eut soin de pourvoir à tout pour le plus grand soulagement des blessés.
Nous ne parlerons pas des Soeurs de la Chanté venues des communes du voisinage. Le zèle des filles de Saint-Vincent de Paul ne manque jamais à aucune souffrance. Le champ étoit vaste ici !
La reconnoissance d'une famille a publié un document qu'il importe de conserver. C'est une lettre déjà recueillie par toute la presse ; elle étoit adressée d'abord au rédacteur du Siècle. La voici :
«  Monsieur,
«  Je revenois avec ma fille, mes trois petites-filles et leur bonne, par le convoi de cinq heures et demie. A peine avions-nous ressenti le premier choc que le wagon où nous étions enfermé fut renversé sur le côté, ne laissant pour toute issue que le carreau de la portière. Les jeunes gens qui se trouvoient avec nous cherchèrent à fuir. Les flammes entouraient les parois de la voiture; mes malheureuses petites-filles jetoient des cris perçans, la plus jeune avoit été renversée et le feu prenoit déjà à ses vêtemens ; j'avois la tête perdue, car avec mes soixante-neuf ans j'étois fort peu capable de sauver ma fille et ses pauvres enfans.
«  Dans ce moment terrible nous apparut un monsieur coiffé d'un chapeau gris, qui faisoit de violens efforts pour briser les panneaux du wagon; il y parvint enfin, sauva d'abord les trois enfans l'un après l'autre, arracha ma fille évanouie aux flammes qui l'entouraient de toutes parts. Puis il nous transporta tous les cinq à cent pas environ de l'incendie ; et voyant que nous étions sans habits, il nous offrit sa bourse et nous força d'accepter 20 fr. pour ne pas nous exposer, dit-il, à l'hospitalité douteuse des aubergistes de la banlieue. Il nous quitta de nouveau pour secourir notre malheureuse bonne, la rapporta sur son dos ; ses jambes brûlées l'empêchoient de marcher. Nous nous aperçûmes alors que le pantalon de notre libérateur étoit en cendres et que ses bottes, à tiges rouges, étoient à moitié brûlées ; il n'avoit plus qu'un lambeau d'habit, dont les basques avoient été dévorées par le feu.
«  Nous le priâmes avec instances de nous dire son nom ; il nous répondit en souriant : «  Je m'appelle Arthur trois étoiles, je n'avois rien à craindre du feu, mon cher oncle m'ayant fait assurer contre l'incendie. » Puis il s'éloigna en boitant.
«  J'ignore le nom de l'homme généreux qui nous a sauvés ; j'ai fait prendre des renseignemens à Sèvres et à Versailles ; on ne le connoît que de vue; on le voit souvent, m'a-t-on dit, dans une voiture sans autre armoirie qu'une couronne sur le siége. Je lui ai dit mon nom et mon adresse, mais je doute qu'il m'accorde le bonheur de lui exprimer ma reconnoissance; je proclame donc ici que je lui dois la vie, celle de ma famille, et 20 fr. que je voudrais bien lui
rendre.
«  Agréez, etc. B. DURIEUX,
«  Ancien fabricant, à Montrouge, 116, chez Mme Bager. »

Les premiers voeux des mourans et des blessés avoient appelé les secours de la religion. Un prêtre ! un prêtre ! s'écria le jeune élève de l'école Polytechnique, à qui il ne restoit plus quelques heures à vivre. Il les employa tout entières à la contemplation des choses éternelles où il alloit entrer; et quand on lui parloit du soin de ses blessures, il répondoit: Dieu seul ! et il se préparait ainsi à paraître devant lui. Toute l'école fut présente à ses obsèques, en l'église de Saint-Étienne-du-Mont; les larmes et le recueillement religieux de tout ce cortège funèbre s'inspiraient des pensées du jeune mourant. Un ecclésiastique du département du Var se trouoit parmi les voyageurs délivrés. Il donna aussitôt l'absolution générale aux victimes expirantes et récita des prières pour les morts. Bientôt après, M. le curé de Meudon, malgré son état de souffrance, vint avec son vicaire leur prodiguer ses soins. Tous les pasteurs des contrées voisines, les prêtres du séminaire d'Issy, de même que ceux du séminaire des missions étrangères, et leurs élèves, firent des miracles de charité et de dévoùment. Combien d'âmes ont pu trouver le salut dans le sein même du désastre !
Un autre ministre des autels dont la vie est consacrée à une institution qui rappelle les beaux jours de l'éducation chrétienne, s'empressa, à la première nouvelle de la catastrophe, d'y porter
aussi son tribut de zèle ; et nous ajouterions son tribut de force, si la perte de deux de ses anciens élèves, MM. Lemarié, et Paul de Drionville, n'avoit pas consterné d'abord son courage. Mais ce courage, il le retrouva, et pour visiter les agonisans, et pour consoler les familles en larmes.
On sait déjà que le dernier acte de la vie de l'un des deux anciens élèves dont nous parlons, fut un acte digne de l'éternelle couronne. Ah ! sans doute, l'autre élève ne fut pas surpris non plus par la mort dans l'oubli des devoirs du chrétien. Une révélation fortuite nous a fait connoître hier que la lecture de l'Imitation avoit été sa dernière lecture le matin même du 8 mai. Oh ! oui, au milieu de tant de douleurs, on peut dire au coeur d'un père, au coeur d'une mère : Consolamini ! consolamini!
Un autre élève de la pieuse maison de Vaugirard, le jeune Cleenwerk, échappa miraculeusement au désastre. Il étoit dans le même wagon que Paul de Drionville, en face de lui. Il l'entendit s'écrier : Nous sommes morts ! et sans se rappeler rien de tout ce qui se passa depuis ce fatal instant, il se réveilla à terre loin du feu, se releva et courut vainement au wagon pour retrouver son ami. Les flammes avoient tout envahi.
[...]

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